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Nous sommes la Rage et le Courage.

« La Première dame ne sort guère plus. La plupart du temps, elle déjeune dans son bureau, sur la table de réunion, avec le conseiller présent ».

Quand tu lis ça, tu vois Marie-Antoinette à Versailles avant la fuite du Roi et avant son arrestation à Varennes. Sauf qu’aujourd’hui, tu n’as pas la conclusion : l’analogie s’arrête là. La tête de Macron, branlante certes, est toujours sur ses épaules. La différence est là : le confinement à moitié souhaité, à moitié décrié par le même Macron, interdit toute manifestation, toute protestation extérieure. Mais la rage est là. Elle se repère dans les réseaux sociaux consultés un peu plus que d’ordinaire.

Ailleurs, dans les Télévisions de la Honte, que voyons-nous ? Des «débats» autour des animateurs présents, omniprésents. Ils invitent des experts à la botte, dépolitisant tout problème. Enumérons-les : médecins, sondologues, infectiologues, onctologues, dermatologues, psys, sociologues qui tournent comme des girouettes, squattant les micros, envahissant nos images.

Verbiage de nos perroquets.

France Info se dit au plus près des soignants et des malades. La Radio démultiplie les témoignages autour des souffrances en nombre (autour du manque de sommeil, des animaux, des enfants confinés, de la solitude, de la promiscuité, des liens familiaux, des enterrements, des livres à lire, des musiques à écouter, des initiatives bienvenues etc). En a t-on entendu des paroles de ceux et celles qui vivent cette terrible épreuve qu’est le COVID19 ! Comment ne pas s’y reconnaître ? Il n’est personne qui y échappe – à des degrés divers.

De la mort, du mourir, de la chance et de la malchance, de la protection ou de l’exposition, du risque maximal au retrait qui préserve, les Médias en font leur soupe quotidienne. Ils répondent aux questions, ils donnent des réponses (approximatives ou précises), on remercie Paul et Tristan, on salue Pierre et Virginie pour leurs appels si émouvants. On remercie les auditeurs qui, à leur tour, remercient le Media si bon, si bienveillant. Merci pour votre fidélité, merci pour votre confiance en ces temps difficiles. On va jusqu’à clamer, chaque matin, les taux d’audimat, on s’enorgueuillie de détenir des informations inédites. Ecoutez notre expert du jour. Regardez nos chiffres du jour. Tout ne va pas si mal : regardez ailleurs... Habituelle propagande du « La Politique du Pire, c’est ailleurs. Du coup, hein, ce n’est pas si mal ici ».

Au Top de l’Obscénité de ma semaine.

Chritophe Barbier sur la Chaine de l’évasion fiscale plastronne en se faisant le… chantre de la solidité de notre Service Public et fustige les Vilains qui osent demander de la coordination, de la Planification. Les Vilains Collectivistes.

Jean Quatremer, l’imbécile de Bruxelles, solidement arrimé à Libération, hausse les épaules : «Pourquoi s’affoler ? Il n’y a que 100.000 morts». Gens de rien qui ne comptent pour rien.  Vous tous d’âge avancé, vous pouvez crever. Qui s’en souciera ?

Hubert Huertas, la journaille molle de MediapartExcusez le pléonasme» diront certains) sort ses couteaux aiguisés et les plante dans le dos des enseignants qui ne veulent pas reprendre le 11 mai. Avec l’odieux argument de la division : «Regardez les Caissières, les soignants, les éboueurs qui vont au charbon, est-ce qu’ils se plaignent ?».

Propaganda.

A France Inter, le summum de la Propagande se fait sous formes d’inserts sur le COVID19 avec toutes les pubs gouvernementales. Se laver les mains. Les masques. Ne pas se frotter les yeux. Distance à respecter. Avec une conclusion inéluctable, mille fois répétée aux heures de plus grande écoute: «Ceci est un conseil du Ministère que vous pouvez retrouver sur Gouv.fr ». Sans évoquer les autres inserts avec éloges de nos grandes Sociétés Humanistes. Grandes Sociétés d’Assurances. BNP Paribas. Etc.

Les questions des auditeurs, pourtant triées, laissent parfois passer quelques brèves remontrances sur la gestion de la Crise par le Pouvoir mais elles sont automatiquement reformulées par l’Animateur ou pire encore, elles sont suivies d’un rappel des paroles «fortes» de notre Président.

Indécrottable Stratégie de division. Diviser, voilà l’opération centrale et continuelle de la Propagande qui, sans paradoxe aucun, bannit les uns et glorifie le même jour les autres. Du bon côté les enseignants qui reprendront le travail le 11 mai. Du mauvais, ces odieux syndiqués qui – comme toujours – foutent le bordel.

Des radios, des TV ouvertes à tout. A tout ?

Non, Radios et Télévisions passent leurs énergies dans l’incessante esquive. Ecoutez une journée nos radios publiques (France Info, France Inter). On vous y abreuve de témoignages vrais, indiscutables, émouvants. Mais ces interventions ont toutes un point commun : il ne faut pas nommer les Responsables. Les pleurs, les souffrances, ça va mais pas touche au Politique, pas touche aux responsabilités d’un Pouvoir qui met la Mort En Marche. C’est l’ obsession de cette Journaille : taire, faire taire toute parole qui remettrait en cause ce qui nous crève les yeux : l’énorme, l’incroyable désastre qu’est la gestion de Macron sur cette Crise sanitaire.

Le Royaume des Crapules et Doyens Medias.

Nous sommes au Royaume des Crapules médiatiques. Non qu’elles n’existaient pas auparavant. Mais aujourd’hui, elles bénéficient d’une exposition maximale, jamais vue, jamais autant entendue. Nos héros des semaines de confinement s’appellent Pascal Praud, Jean-François Achilli, les Grandes Gueules de Truchot-Marschall, les Brunet à la chemise brune, les Pujadas et Yves Calvi, les Elkrief et Jean-Jacques Bourdin. Sans oublier nos Seniors en Or.

Atteints par la limite d’âge, ils ne sont pourtant pas confinés chez eux. Car leur chez eux, ce sont les Studios où ils dorment jour et nuit, squattant la Parole, couvrant inlassablement les méfaits d’un Pouvoir aux abois.

Le Pouvoir justement (1)

Macron préparé

Macron navigue à vue, débitant mensonges sur mensonges. Un jour il exhorte les Français à aller au théâtre (Il croit encore à l’infaillibilité du Libéralisme) et un mois après, il envoie Brigitte plastronner derrière les écrans de VisioConférences. Elle prêche les gestes barrière – avec force photos du Torchon Lagardère- Paris Match – à ces Vieux de 70 ans et plus qui, pour son Mimi Manu, sont bons à jeter dans la fosse commune.

Le Pouvoir justement (2)

Souvenez-vous des deuxièmes parties des Quinquennats précédents. Sarkozy 2, passée l’esbrouffe de ses premières gesticulations, en perte de popularité, convoqua ses larbins pour essayer de gagner une partie des Intellectuels (relire ici cet article de Raphaëlle Bacqué du Monde célébrant en Sarkozy un fabuleux personnage de roman !)

Rappelons-nous de cet autre Président, ennemi de la Finance, voulant quitter sa panoplie de Citoyen Français moyen pour endosser celle du Président aux Gros Bras, s’en allant-en-guerre au Mali.

Idem pour Macron II : le voilà qui veut se « réinventer », qui veut « préparer le Jour d’Après avec une France Unie », lui, le Destructeur, le Matraqueur, le Démolisseur de nos Services Publics. Pour se transformer en Caméléon, il appelle à la rescousse ses Chiens de Garde. Mais, rien à faire, malgré son nez poudré et son bronzage du Touquet, il reste scotché à cette place qu’il ne peut quitter : celle du ringard, du puceau de 14 ans, théâtreux de la 4ième de son Collège amiénois.

Le Pouvoir justement (3).

Ils savaient mais ils se sont tus. Aujourd’hui, ils s’inquiétent. Ils ont peur. Ils manoeuvrent. Mais ils ont des atouts. Ils misent sur notre silence et notre confinement. Ils misent sur la division. Ils insultent. Ils pommadent. Ils disent Oui un jour, le contraire un autre. Ils disent le 4 mai, puis le 11 mai. Ils sortent les drônes. Ils surveillent. Ils passent commandes de LBD et gaz.

Ils s’inquiétent. Ils ont peur.

C’est que nous sommes la cocotte-minute de la Résistance.

Et indéfectiblement, nous sommes la Rage et le Courage.

Le Cirque médiatique.

Il est des intellectuels d’aujourd’hui qui font honneur à leur statut, se parant en gilets jaunes, défilant, manifestant, signant aussi la pétition pour les défendre. Bien entendu, ils n’ont guère d’espace médiatique pour faire connaître leur soutien. En sens contraire, on voit à longueur de journée des intellectuels mediatiques qui sont bien loin de penser le libéralisme (sa violence économique et policière) comme le premier des périls et quioccupent massivement la piste audiovisuelle. La plupart, sous-fiffres au capital culturel faiblard ou vieux arrogants indéboulonnables, déversent hargne et haine contre les Oubliés de l’Histoire, des Oubliés qui se rappelent chaque week-end, à leurs très mauvais souvenirs.

Tout cela est connu. C’est la France de Macron.

Guère besoin de présenter ces grandes étoiles du Cirque médiatique, experts en tous genre, sondeurs inamovibles, animateurs (trices) serrant amoureusement leurs micros, cyniques à l’humour de potaches, Chevaliers à l’écharpe rouge ou à la chemise blance, Goupil sorti des fourrés de 68, acteur berléanisé et terrorisé etc. Au total, une petite cinquantaine de personnes fières d’être touche-à-tout, répondant à tout, à tous, ouvert à tout, à tous. Avec bien entendu du poil à gratter anti-élite quand il est urgent de ne pas paraître trop servile, avec un zeste de citron acide pour endosser l’habit très consensuel du Rebelle, cet habit très bien porté par la nouvelle génération libérale-libertaire.

Ces clowns de la Grande Parade, les Medias n’ont guère besoin d’aller les chercher, ils les sonnent, ils arrivent, tous déjà connus de par leurs réseaux (ce sont les mêmes). Leurs lieux de retrouvailles ? Les Diners du Siècle, les repas chez Alain Minc, les séances photos de Mimi Marchand, les petits fours Avenue Montaigne, les parties de chasse en Sologne, les Croisières en Méditerranée, les petites sauteries (le JDD pour le 70 ème anniversaire du torchon) etc.

Tout cela est connu. C’était la France de Sarkozy-Hollande, c’est celle de la France de Macron.

Toujours étonnante la défense tarabiscotée de beaucoup de cesintellectuels dès qu’il s’agit pour eux de répondre, de se positionner vis-à-vis de ce mouvement social : «Et vous ? Et les Gilets Jaunes ? Et leurs revendications de justice sociale, dites-nous un peu ? » Les silences à ces questions… très rarement posées (il ne faut pas mettre ces gentils invités sous pression) sont toujours recouverts par leurs parlottes publicitaires. Nous en sommes à l’acte 16 des gilets jaunes mais ils causent : «Oui c’est mon dernier livre ; oui c’est mon dernier album ; c’est important de rappeler combien l’amour est essentiel, oui, il faut se battre, la Planète est en danger, les extrêmes, ah oui les extrêmes, et l’antisémitisme, mon dieu (le visage est grave, une seconde d’arrêt, de recueillement) mon dieu comme c’est affreux ».

Tout cela est connu. C’est la France de Macron. C’est aussi la France des BiBis.

Et là, voilà des questions qui me mettent mal à l’aise. Comment expliquer la gêne qui me prend à suivre ces émissions LCI-BFMTV-GGRMC-CNEWS, où je vois et entends des intervenants avec lequel je suis solidaire ? Pourquoi ai-je toujours cette impression durable qu’ils s’enfoncent, qu’ils s’embourbent irrémédiablement alors que ce ne sont pas leur arguments très justes qui sont en cause ? Pourquoi ai-je ce dépit toujours tenace qu’à la fin de ces pseudos-débats, de ces émissions-poubelles (aux thèmes pré-définis, jamais interrogés), de ces nullités télévisuelles ces Opposants se sont fait avoir ?

ANALYSE. Osons l’écrire : singulières croyances, singuliers aveuglements que les leurs. D’abord, cette croyance que leur présence va faire avancer les luttes en cours, illusion qui perdure même lorsqu’ils écoutent les saloperies distillées. Sur ces ignominies, ils vont quand-même répondre alors que le seul geste à faire serait de se pincer le nez et quitter le studio. Croyance donc increvable que chacune de leur intervention leur fera gagner un ou une électrice. On oublie hélas le passé, ce passé où les communistes du PCF de Georges Marchais avaient été fascinés par les interventions TV de leur Premier Secrétaire pendant que, dans le Réel, le potentiel militant était, lui, de moins en moins nombreux, qu’il était de moins en moins écouté, passant de 22% à 2% dix ans plus tard. On a aussi oublié qu’au référendum de 2005, 95% des Medias omni-présents pour le Oui ont été insuffisants pour contrecarrer le résultat.

C’était la France de la fin du XXème siècle mais on continue de l’ignorer.

On l’a oublié et – hélas – ces Organisations contre l’Ordre établi (et leurs chefs charismatiques) croient toujours que présenter leurs arguments politiques devant les présentateurs de JT, devant les animateurs des émissions politiques feront avancer leur Schmilblick.
Et voilà ces mêmes organisations prises totalement au dépourvu devant le Mouvement naissant des Gilets Jaunes, s’étonnant que malgré leurs (souvent justes) revendications, ces mêmes Gilets Jaunes se montrent réticents à leurs arguments (souvent convergents d’aileurs) et se méfient de la bureaucratie de leurs Organisations.

Ces Opposants – hors micro et écran – analysent très souvent avec justesse les Medias mais ils y vont quand-même. Et dès qu’ils sont sur les plateaux ou dans les studios, curieusement, ils rangent leurs armes critiques. Pourquoi ? Je crois que cela tient à une insuffisance de reflexion sur les dispositifs de ces émissions et surtout-surtout à un manque d’analyse sur la place prépondérante des grands Chefs que sont les animateurs/trices. Véritables despotes aux gestes amicaux, aux sourires consensuels etc, ce sont eux et eux seuls qui mènent la danse pro-libérale et gagnent toujours à la fin.

Cette impression de défaite des Opposants ne tient pas seulement à leur minorité (seuls contre deux, voire trois autres invités).

Cette déception qui nous prend à toute émission de cet acabit tient à ce que ces Opposants acceptent d’emblée – sans jamais la critiquer (on rêve d’un Godard venant décentrer toute question de Ruth Elkrief ou d’Yves Calvi) – la supposée position de neutralité, d’indépendance, d’objectivité de ces Meneurs d’émission qui sont là, nommés par leurs Patrons milliardaires, parce que d’obédience libérale.

Là où le bât blesse, c’est que ces invités estimables de la Gauche ne voit pas le dispositif qui les enserre. La contrainte inexorable n’est pas dans le trois contre Un, elle se situe dans l’omni-présence décisive à chaque moment (jusqu’au mot final) du présentateur/trice.

Seul moment de grace : lorsque Xavier Mathieu, invité des Gilets Jaunes, fit exploser le studio de BFMTV en s’en prenant à la position mise en pleine lumière de la pseudo-neutralité de la présentatrice Ruth Elkrief et de Bruce Toussaint.

Car c’est bien là que, tactiquement et stratégiquement, ces invités devraient porter leurs coups – quitte à… quitter majestueusement le studio.

Hélas, tout cela n’est pas assez connu. Et le restera encore longtemps.

Les gilets jaunes et le rire de Pantagruel.

Ce que les Chiens de garde médiatiques ne peuvent pas faire, c’est prévoir l’avenir. Désorientés, ils ne peuvent pas imaginer ce qui se passera désormais les samedis qui viennent. Ils ne sont plus maitres des jours et des nuits, abasourdis par la tenacité et le courage de ces gilets jaunes. Ces derniers les dépossèdent de la maîtrise du Calendrier. Ces derniers ne les écoutent pas, ils construisent leurs combats de fins de semaine sans prêter l’oreille aux pilonnages de LCI -Pujadas, sans demander l’avis de Ruth Elkrief BFMTV, de Delahousse de France2 ou d’Yves Calvi. Ils se gaussent – suprême outrage – de l’ami Aphatie écumant sa haine sur Radio-Lagardère.

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Il faut mesurer ce que veut dire cette phrase : les Dominants ne sont plus maîtres du Temps, ce Temps qui, habituellement pour eux, est de l’Argent. Essayez de vous asseoir quotidiennement devant les écrans TV. Ils pensent que, passé le week-end, les gilets jaunes vont se rhabiller, qu’ils vont remettre leurs bleus de travail, que le lundi, le mardi, le mercredi, tout va rentrer dans l’Ordre (du libéralisme).

Ces Chiens de garde pensent qu’ils vont pouvoir souffler, retrouver leurs baballes, sortir dans le jardin, recommencer leurs petites conversations habituelles. Mais, malgré leurs efforts habituellement couronnés de succès, leur espace de vision reste surchargé de couleur jaune. Aux carrefours, sur les routes, jusqu’au cœur de l’Entreprise Drahi-Bouygues-Bolloré, ils sont cernés. Ô stupeur ! Les gilets jaunes frappent à leur porte et s’installent sur leurs plateaux jusqu’à lâcher à l’une d’entre eux «Vous êtes méprisante, vous êtes méprisable».

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Les Chiens de garde ont perdu momentanément l’initiative, les voila obligés de bousculer leurs programmes financés par l’argent des publicitaires, renonçant aux invitations de longue date d’autres Chiens de garde. Prisonniers de l’audimat, en fureur ravalée, ils annulent leurs rendez-vous et ne peuvent faire autrement que de faire place aux manifestants sur les plateaux (sinon, adieu l’audience !). On voit leur gêne, leurs visages décomposés, leur effroi. On lit leur stupeur devant ces extra-terrestres qui, il y a deux mois, leur étaient invisibles, inconnus. Et pour cause, vissés sur leurs fauteuils d’éditocrates, comment pourraient-ils avoir la plus petite idée de ceux qui, habituellement, les regardent ?

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Un mot ici, sur les analyses de journalistes à propos des audiences TV. Il y en a, dans les chaînes (principalement en continu) qui exhibent fièrement leurs chiffres d’audience, insistant sur la place redevenue centrale de la Télévision. Ils ne se doutent pas que ces millions de télespectateurs (21) qui ont regardé par exemple l’intervention de 13 minutes de Macron, qui ont allumé leur poste pour Xavier Mathieu et pour Emmanuel Todd, pour cette femme-là qui crache sa souffrance d’humiliée, pour cet homme qui serre les poings devant les caméras, cette journaille ne veut pas entendre cette hypothèse confirmée : les gilets jaunes et ceux qui les soutiennent regardent leur télévision parce qu’ils la haïssent et parce que – secondairement mais non sans importance – parce que ça fait du lien social. Quand tu traînes dans les carrefours, tu entends cettejoie : «T’as vu ce que Xavier Mathieu leur a mis hier !» etc.

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Bien entendu, les pseudo-sociologues, ces experts à la con traduiront cette colère en haine -mauvaise-conseillère bien malvenue dans le «débat démocratique» et qu’il faut «raison garder». Mais, ce faisant, c’est la grande frousse des Dominants qui se montre malgré leurs dénis, malgré leurs tentatives de conrôler le débit de leurs voix, malgré la distribution de la parole qu’ils ne peuvent plus organiser ni maîtriser.

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Cela écrit, le Pouvoir n’est pas vacant. Et je pense qu’on se trompe à croire qu’en trois semaines, la position des Dominants est désormais «fragile» (oui, en partie) , qu’elle vacille (oui, en partie). J’ai trop connu d’espoirs avortés, trop de désillusions pour envisager l’avenir de façon complètement sereine. Ici, pas de Merlin l’Enchanteur qui lit l’Avenir dans sa boule de cristal, ce n’est pas en mon pouvoir de savoir ce qui va se passer.

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A la différence des Chiens de Garde que cette imprévisibilité effraie au plus haut point, je me suis senti joyeux, empli d’une joie qui dépasse le contentement narcissique et la pulsion quelque peu sadique de voir la débandade de ces Roitelets de l’Information (d’Alain Duhamel à Ruth Elkrief, d’Aphatie à Eric Brunet). Nul ne m’enlèvera cette joie qui monte des entrailles de la Terre, ces secousses qui, à l’air libre, m’ont fait danser, rire, hurler « Macron, démission » à gorge déployée.

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Une joie qui, surtout, fait parler. Il n’est que de participer aux Manifestations, de se tenir aux Carrefours en jaune pour écouter la… circulation de ces paroles, le croisement, le chevauchement joyeux des échanges. Une extraordinaire joie qui traverse vos fibres, qui ramène de la lumière, instants d’échanges et de partage, si, si… quasi-christiques. La joie des Dominés, c’est quand-même quelque chose : ça ne parle pas pour soi (on n’est pas dans le misérabilisme mis en scène par les montages audio-visuels de TF1). On est dans une autre dimension parce que ça parle pour UN et ça parle pour TOUS.

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Cette parole, chacun, chacune s’en empare, chacun, chacune sent qu’elle vibre intensément ici et ailleurs, dans une joie collective, marmite nationale toute jaune. Une joie qui traverse une infinité de corps fourbus, marqués, fatigués mais soudainement métamorphosés. Et dans cet incroyable charivari, naissent des propositions admirables (mi-spontanées mi-superbement pensées) de lutte.  Qu’on s’arrête un instant sur la trouvaille de s’être parés de gilets jaunes, gilets rendus obligatoires par les Forces de Sécurité (routière, gouvernementale) et détournés de leur sens imposé. Qu’on s’arrête aussi à ces Carrefours et à leur symbolique.

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Elles : il faut le dire, le répéter : les femmes tiennent le haut du pavé dans cette lutte. Elles qui ont été si longtemps étouffées, honnies, ignorées.

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Et côté faiseurs d’opinion, rédacteurs, journalistes de pointe, éditocrates, experts, sondeurs-politologues, politiques (pas tous), ils continuent de nous exposer leurs visions abracadabrantesques. Souvenons-nous de la façon dont ils nous ont seriné depuis des siècles les pourcentages de Fillon, de Marine Le Pen, de Macron, de Mélenchon (ils plaçaient Marine Le Pen à 30%) avec ce point continu de leur aveuglement de Dominants : ignorer les 70 à 80% d’abstentionnistes qui, aujourd’hui, occupent majoritairement routes et carrefours. Aujourd’hui encore, ces Chiens de garde ne comprennent toujours pas les raisons de la colère. A l’Assemblée, Edouard Philippe tressait des lauriers au nouveau député élu LREM à Evry, il le faisait applaudir pour sa victoire alors que plus de 80% d’inscrits avaient opté pour… l’abstention.

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Paroles : celle du Président avant-hier. Ce n’est pas l’esbrouffe de ses annonces qui m’a frappé. En effet, qu’attendre comme mesures positives d’un banquier Président, lorsqu’on le sait suppôt du MEDEF, en plein accord avec l’Europe libérale qui délègue des policiers belges aux frontières pour les Casseurs, qu’il est aux ordres de Juncker et de ses lois d’airain, que c’est un poltron qui poste des avions pour préparer sa fuite ? Non seulement il n’y a rien pour le populo mais il y a encore beaucoup pour les Employeurs et le Grand Patronat.

Non, ce qui m’a frappé une fois encore chez lui, c’est le grain inhumain de sa voix lorsque, cravate de travers, il parle des Gueux et choisit ses exemples. Ce que j’ai retenu de lui une fois encore, c’est le timbre blafard, couleur de mort, de sa voix lorsqu’il dit ressentir «cette colère juste à bien des égards». Parole non habitée sur cette scène télévisuelle, parole avec laquelle il massacrait probablement les textes shakespeariens sur la scène de son Collège privé d’Amiens.

Ecoutez le réciter son texte écrit par ses Agents de Com. Là, il se penche sur ce «couple de salariés qui ne finit pas ses fins de mois et qui se lève chaque jour tôt et se lève tard pour aller travailler loin »(ouf !), là il pleure sur cette «mère de famille célibataire, veuve ou divorcée qui ne vit mêmeplus, qui n’a pas les moyens de garder ses enfants et d’améliorer ses fins de mois et n’a plus d’espoir». Ouf ! Ouf ! Comique. Du plus haut comique.

Et c’est à cet instant-là que je me souvins de cette Lettre aux Acteurs de Valère Novarina.

«Faut des acteurs d’intensité, pas des acteurs d’intention. Mettre son corps au travail. Et d’abord, matérialistement, renifler, mâcher, respirer le texte. C’est en partant des lettres, en butantsur les consonnes, en soufflant les voyelles, en mâchant, en mâchant ça fort, qu’on trouve comment ça se respire et comment c’est rythmé ». Avec Macron, on en est loin. On est dans l’étouffement, dans l’apnée, dans la cadence d’En Marche militaire.

Tu vois, ami(e) lecteur, à l’écouter, tu sens tout de suite qu’il y a un autre monde, que ça ne boxe pas dans la même catégorie.

Et dans ce choc des contraires qui me gagne instantanément, dans l’étincelle de cet antagonisme de classe, je suis parti d’un rire, d’un rire inconnu, des pieds à la tête, du bas-ventre au plus haut de mes pensées.

Un rire pantagruelesque, un rire tout habillé d’un magnifique gilet jaune.

Mes Voyages de la quinzaine dans TWITTER.

Pour ce billet de mi-juin, j’ai refait le périple TWITTER des 15 premiers jours. Et j’en ai tiré la substantifique moëlle.

Une expertise-BiBi sur Bruno Jeudy du JDD.

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Je regardais Manuel Valls répondre à Marine Le Pen (émission «Des Paroles et des Actes»). La soirée de ce jeudi 6 décembre s’annonçait belle, n’est-ce pas ? Sur mon ordinateur tout proche, écran ouvert sur Twitter, je repère mon grand ami Bruno Jeudy qui lance son premier tweet à propos de la même émission et du même débat. Il distribue ses bons et mauvais points à la manière de ces instituteurs rances de la Troisième République. Le score du match était sans appel :

#Le Pen 1 #Valls 0. …