«Les journalistes, ce sont des nullards, il faut leur cracher à la gueule, il faut leur marcher dessus, les écraser. Ce sont des bandits. Et encore, les bandits, eux, ont une morale».
Tout le Monde a reconnu les propos de Little Nikos. Ils sont ramenés par Le Canard Enchainé de cette semaine.
Et pendant ce temps-là, Laurent Valdiguié prépare tout tranquillement les JDD de la fin de semaine. Et pendant ce temps-là, Karl Laske de Libération et auteur d’un livre sur le Canard, ne bronche pas. Et pendant ce temps-là, Jean Daniel félicite Little Nikos pour son discours de Dakar. Et pendant ce temps-là, Laurence Ferrari se promène sur la Une de Paris-Match au bras de Renaud Capuçon. Et pendant ce temps-là, Jean-Luc Hees choisit son smoking d’intronisation. Et pendant ce temps, Val prépare la soupe. Et pendant ce temps-là, André Glucksmann, émerveillé par Little Nikos, reçoit sa Légion d’Honneur sous les vivas de Kouchner et BHL. Et pendant ce temps-là, Françoise Laborde, nouvelle membre du CSA, épouse Jean-Claude Paris, ancien dirigeant d’I.TV sous les applaudissements de droite à « gauche » : Henri Guaïno, Michel Boyon, Claire Chazal, Bayrou,, Jean-Paul Huchon et Bertrand Delanoë. Et pendant ce temps-là, Olivier Nuc, Michèle Stouvenot, Christian de Villeneuve, Jean-Michel Aphatie, Olivier Jay, Claude Askolovitch, Nicolas Demorand, Virginie Le Guay se taisent, se terrent, se couchent.
Salutaire et juste fut ce coup de gueule d’Alain Accardo qui s’adressait dernièrement aux journalistes dans une chronique (1) :
«Pour pouvoir crier au loup de façon crédible, il faudrait que vous commenciez par reconnaître la lourde part de responsabilité qui est la vôtre dans la situation indigne où l’Audiovisuel public a sombré depuis bien longtemps, à force d’agenouillement devant le Pouvoir de l’Argent et d’adhésion au Nouvel Esprit du Capitalisme. Il faudrait que, au lieu de servir la soupe aux puissants, vous vous soyez battu(e)s inlassablement contre «la main mise du Pouvoir», les atteintes à «l’indépendance» et la «dégradation» des programmes. Mais, à l’exception d’une infime minorité de journalistes qu’on doit saluer avec respect parce qu’ils/elles ont eu la probité et le courage, au milieu de rédactions hostiles ou indifférentes, de dénoncer l’aliénation du milieu journalistique par l’argent et les amitiés politiques, la très grande majorité d’entre vous, par conviction partisane, par carriérisme, par lâcheté, par inculture ou par bêtise, est restée muette quand elle n’a pas collaboré (…).On ne vous a pas entendus protester, sinon du bout des lèvres, contre l’instrumentalisation hypocrite du CSA par le Pouvoir ni contre la précarisation massive du travail des jeunes au sein de vos rédactions (…). Franchement, on a du mal à vous plaindre, et plus encore à vous prendre au sérieux ».
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(1) Chronique d.Alain Accardo : «Jérémiades audiovisuelles» (Journal La Décroissance, février 2009).