Les manifestants furent plus nombreux qu’à l’ordinaire. Les lycéens ont apporté leur soutien à ceux qui s’inquiètent des retombées de cette réforme inique.
En réponse au Président, ce défilé du 12 octobre 2010 à Thonon les Bains fut encore plus coloré et plus bruyant que d’habitude.
L’a t-il entendu cette fois-ci ?
L’a t-il même vu ? On remettra donc ça le 16 pour lui déboucher les oreilles et lui ôter ses Ray-Ban.
BiBi – un parmi d’autres – a défilé pour fêter le 140 ième anniversaire d’une République qu’il veut plus ouverte, plus respectueuse des Droits de l’Homme. Comment ne pas réagir – entre dégoût et détermination – contre ces choix politiques odieux qui livrent à la vindicte publique des catégories entières de population ?
C’est donc avec ses tripes, son cœur, sa rage et toute sa raison que BiBi s’en alla rejoindre le petit millier de manifestants du Chablais à 14 heures. Après de courtes interventions, le cortège gagna les rues du centre-ville avant qu’on ne recommande – à titre individuel – d’aller se recueillir sous l’arbre de la Déportation.
Semaine chargée puisque mardi 7 septembre, les Hauts-savoyards auront le choix : manifestation à Annecy le mardi 7 septembre à 10 heures devant la Préfecture et rassemblement à 18 heures, Place Aristide Briand à Thonon-les-Bains.
Le 2 juin 2008, BiBi avait publié un article un peu mégalo-maniaque intitulé «GuGusse,ancêtre de BiBi ?». Gugusse était cette figure de marionnette, présente sur la Foire de Crête d’autrefois, Foire qui se tient toujours à Thonon-les-Bains (Haute Savoie) dans les premiers jours de septembre. Avec Gugusse, Valère Novarina, gloire locale et (inter)nationale, trouva le déclic qui le poussa à l’écriture et à la mise en scène théâtrale.
« Cette Foire se trouve être l’une des plus vieilles foires de France. On y vient pour toutes sortes de choses et de raisons : pour vendre (des cloches, des animaux, des imperméables, des fromages et des friandises), boire (du Crêpy des coteaux de Marin), manger, jouer, acheter (des cloches, des animaux, des imperméables, des fromages et des friandises).
Dès les années d’après-guerre jusqu’à l’an 2000, l’une des attractions les plus spectaculaires de la Foire consistait en un étrange numéro de marionnette mi-humaine, mi-pantin. Cette attraction avait été imaginée par un couple qui avait nommé son unique personnage «GuGusse» et appelé l’ensemble de ce Théâtre miniature « La Loterie Pierrot ».
Debout sur l’avant-scène d’un minuscule castelet, GuGusse, un petit personnage à la grosse tête humaine, tapait du pied, agitait ses petits bras cotonnés, grimaçait, mimait les attitudes d’un chanteur de Café-Concert. Il chantait avec un appareil de play-back «L’Ami Bidasse», des airs de Bourvil, des refrains de Dario Moreno et des rengaines populaires des Trois Vallées. Tandis que le corps et les membres de ce pantin avaient à peu près les dimensions de ceux des poupées offertes aux gagnants de la loterie, sa tête n’était autre que celle du propriétaire, surnommé Gugusse.
Le numéro était, à l’origine, complété par le boniment de sa sœur, vêtue d’un frac, coiffée d’un gibus et qui lançait la roue. Parfois dans ces rêveries un peu étranges, BiBi voit GuGusse en Ami lointain, en Double saugrenu et un peu déjanté.
L’étrangeté de ce minuscule militaire à grosse tête impressionnait par sa difformité, par sa gestuelle saccadée et ses mimiques appuyées qui accompagnaient les refrains. La greffe inquiétante d’un visage humain sur un corps de pantin le constituait en une sorte d’icône burlesque.
Valère Novarina, dramaturge de cette Contrée et Enfant du Pays, l’utilisa directement dans deux de ses pièces. Une première fois lorsqu’il monta la version scénique de « La Chair de l’homme », présentée en 1995 au Festival d’Avignon. Une seconde fois dans le début de sa pièce «L’Acte inconnu ».
Sabine Weiss est photographe. « J’ai photographié de tout : de la publicité, de la mode, de la politique mais ce que je préfère, ce sont les gens ». Ses sujets de prédilection sont les enfants, les artistes (Stravinski, Stan Getz, Giacometti, Cocteau, Dubuffet) comme les gens ordinaires. Avec Willy Ronis et Robert Doisneau, elle fait partie des grands photographes humanistes.
Sabine Weiss, âgée de 85 ans, est revenue du Laos pour inaugurer l’exposition «Des Enfants » qui se tient à la Galerie de l’Etrave du 27 mars au 4 juin à Thonon-les-Bains.
Sur sa méthode, elle ne s’étend guère sauf à avouer à BiBi : «Quand je vais dans un pays, je ne me dis jamais « tiens, je vais faire du religieux ou des paysages ». Je ne m’attache pas à des sujets précis… »
Sur ses pairs, elle dit n’avoir jamais eu de Maître mais concède que « Robert Doisneau a été le seul photographe important pour moi. En 1952, un jour que j’allais montrer mes photos chez Vogue, il y avait un petit monsieur qui a dit : « Elle a tout compris ». C’était Doisneau. Le lendemain, l’Agence Rapho et Vogue m’engageaient ».
Elle ne regarde pas beaucoup les photographies des autres (« je n’ai pas beaucoup de temps »). Elle va faire très bientôt un vernissage à Moscou et a inauguré récemment une exposition à Valladolid. Elle a beaucoup aimé les couleurs de l’Inde et a une tendresse particulière pour les Masques du Burkina-Faso ( photos regroupées dans « Le Trou », revue mensuelle suisse).
A propos de sa passion, elle dit ne pas se souvenir de son premier appareil-photo mais plutôt de ses bricolages pour les tirer. Son père était chimiste à Saint-Gingolph et lui fabriqua son premier agrandisseur, sa première tireuse et un trépied.
Sabine Weiss s’est mise au numérique sans en être gênée. « Au contraire, car à mon âge, je ne peux plus porter le matériel, les objectifs, les lampes. C’est beaucoup moins lourd avec les appareils d’aujourd’hui».
Des enfants, elle dit encore : « J’aime travailler avec eux. C’est un défi de les avoir au naturel. Ils sont spontanés, merveilleux »… Merveilleux, spontanés à l’instar de ses clichés présentés à la Galerie de l’Étrave de Thonon-les-Bains.
A Thonon-les-Bains, c’est un froid qui pique ce matin. Mais dans le défilé, on peut compter sur le personnel hospitalier pour réchauffer l’atmosphère. Si on veut gagner plus, ce ne sera pas pour aujourd’hui car les salariés du Casino d’Evian, présents avec leurs banderoles, ont déserté les tables de jeu. Les enfants des professeurs et des parents d’élèves sont là aussi, entourant les instituteurs du Public et du Privé. Le Handicap a déployé sa bannière pour se refaire une santé et les Services Sociaux sont clairement du côté des Usagers qu’ils accompagnent le reste de l’année. A la tête du rassemblement, les lycéens aux porte-voix de l’UNL battent la mesure en chefs d’orchestre. Un bon millier de personnes avance Rue Jules Ferry, passe devant la Mairie en houspillant le Chef de la Cité thononaise, garé à droite, puis le serpentin revient Place des Arts, départ et terminus. Certains poursuivront la Manifestation à Annecy l’après-midi. La France et la Haute-Savoie remuent en profondeur. Il reste que le mécontentement devra se traduire sur la Scène politique. Les syndicats ont montré la voie de l’Unité pour rendre visibles les revendications sectorielles et toutes celles qui touchent au pouvoir d’achat et à l’emploi. BiBi attend toujours les commentaires de Martine Aubry, de Ségolène Royal étonnamment discrets sur ce coup-là.
La recherche d’une unité des forces politiques de Gauche au plus haut niveau devrait être le seul objectif des prochaines semaines, des prochains mois, des deux prochaines années. Sans quoi, le désespoir, la radicalisation minoritaire, le flirt socialiste avec la Pensée libérale redonneront le sourire à Qui-vous-Savez.