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Asphalt Jungle : Guy Pellaert, Tarzan et Jane.

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BiBi a préféré les  salles fraîches du Musée Maillol aux rives ensoleillées de Paris-Plage. Rue de Grenelle déserte, terrasse de café sous un soleil de plomb et là, tout à côté, le théâtre du Vieux-Colombier où Antonin Artaud fit sa célèbre Conférence devant un Tout-Paris médusé.

BiBi est venu voir les œuvres exposées de Guy Peellaert au second étage. BiBi avait beaucoup apprécié les planches du touche-à-tout belge dans les vieux numéros de Rock&Folk. Il retrouve là l’originalité et la singularité de Guy Pellaert, décédé il y a peu. La planche se situe dans un entre-deux : entre la photographie et le dessin, entre l’encre et le grain argentique. Les 30 planches de l’album «Rock Dreams» paru en 1973 avaient touché à vif BiBi et ses amis, fans de Rock and Roll première et seconde génération. Les oeuvres sont exposées dans une double salle avec des mesures de Rock en fond sonore.

Un tableau touchant : Ray Davies, leader des Kinks, pousse un landau dans la banlieue ouvrière de Londres. Est-ce Chrissie Hynde à ses côtés ? Dylan (il y avait mieux à faire), Ray Charles ( magnifique, à la façon du Belmondo de Godard en voiture), Cochran qui mate trois jolies filles dans la rue, Paul Anka, Chuck Berry chez le barbier. Les Stones à l’entrée, propriété de Jean-Bernard Hebey et les Beatles façon Strawberry Fields for ever complètent l’expo. Toutes les planches exposent les Stars dans un embryon de fiction. A chaque visiteur de poursuivre l’histoire esquissée. Et ces visiteurs sont potentiellement nombreux car, rappelons qu’entre 60 et 75, il était très difficile d’«échapper» aux mythes musicaux américains.

Au premier étage, BiBi esquissera de petits sourires aux dessins et aux tableaux de George Condo. Le programme de l’entrée dit que les œuvres de ce peintre américain sont autant de «gifles au Consensuel». BiBi pense que le cynisme, le j’men foutisme, l’apolitisme des créateurs d’aujourd’hui s’accommodent parfaitement de l’humour-dérision, façon «Trois Nickelés» de Condo. Cela mérite t-il pour autant deux étages ?

Tarzan et Jane

Pour assouvir sa fringale, BiBi sauta dans le métro, direction Musée du Quai Branly pour l’expo (décevante) sur Tarzan. Seul intérêt, l’épisode retracé de la Censure d’une Jane dénudée. La Revue française «Tarzan» publia les dessins de Rex Maxon en 1947 mais elle tomba bien vite sous le coup de la loi de 1949 qui réprima tout écart. Dans les Commissions de contrôle d’alors, il y eut unanimité : les Catholiques aidés des Communistes arrivèrent à leurs fins. On rhabilla Jane puis on fit interdire la revue. Tarzan, lui, n’eut pas les mêmes problèmes de censure puisqu’il n’ôta jamais son slip-panthère…
L’expo délivre très peu de renseignements sur le créateur de la créature, Edgar Burroughs, presque rien sur la vie et la mort de Johnny Weissmuller. A tout prendre, pour vous éviter une entrée à huit euros cinquante, la gratuité vous attend dans les deux articles de BiBi :

Flèches amoureuses.

Flèches d’amour

Johnny Weissmuller sort de l’eau (1).

Johnny et ses deux carrières.

L’Amérique et le CIO aiment les icônes sportives et les chouchoutent. Dans le pays des Self-made men, l’histoire de Johnny Weissmuller, né le 2 juin1904, est racontée comme un conte de fées. On gomme les aspérités, on arrange des pans de biographie, on gomme des faits, on écarte ce qui gêne et du coup, on affadit le personnage et au final, on le trahit. BiBi, lui, aime les contradictions, les faiblesses qui font la grandeur des vies et les trajets biographiques déjantés.

Tarzan sort de sa Forêt (2).

Tarzan fatigué.

L’offre des Studios hollywoodiens pour le rôle de Tarzan (1) arriva au début des années trente. Weissmuller devint l’Homme-Singe en 1932. Il vivra douze aventures, dont la moitié en compagnie de Maureen O’Sullivan (Jane). Les Dames patronnesses et les Ligues féministes américaines crièrent au scandale car Jane fut filmée nue, se baignant avec Tarzan. De plus, elle ne portait pas d’alliance ce qui fit d’elle une Femme vivant en « état de péché permanent ». Ensemble, ils connaîtront l’apogée du mythe, mettant à profit l’éphémère tolérance de Hollywood pour pousser la sensualité à un extrême que la Censure américaine ne permettra plus de sitôt. Pourtant, ils se détestaient. Maureen avait déclaré une fois que « Cheetah », la guenon de Tarzan, « sentait meilleur que Johnny ».