Du tout et du n’importe quoi.
On trouve vraiment de tout, et du n’importe quoi, chez Clearstream. Des particuliers aux comptes publiés ou non publiés. Des sociétés off shore au patronyme ronflant. Des banques pakistanaises en faillite. Des chapelets d’institutions financières inscrites à Caïman, Jersey, Vanuatu ou Turk and Caïcos, des noms exotiques ou très français (BNP, AXA etc). On retrouve aussi le poumon Clearstream dans le cœur des affaires de l’époque : Elf, les otages de Téhéran, l’Ambrosiano, les banques liées au terrorisme, la amabilités de la mafia (l’assassinat à Londres de Roberto Calvi), l’affaire des frégates de Taiwan, la loge P2, le scandale du Crédit Lyonnais, celui de la BCCI. Vertige encore… à imaginer toutes celles qu’on tait aujourd’hui.
Notons que le 10 décembre 2001, c’est la Deutsche Börse qui achète Clearstream.
Aucun contrôle public.
Clearstream n’est contrôlée par aucun organisme extérieur. Cette confession a été faite sur procès-verbal par le directeur de la Commission de surveillance du secteur financier. Ce non-contrôle de Clearstream est une des révélations du travail entrepris par Denis Robert.
«Aujourd’hui, les dérives de Clearstream, les quantités industrielles de comptes non publiés, la présence en ses listes de milliers de comptes inscrits dans des paradis fiscaux – y compris par les banques les plus réputées – montrent qu’un point de non-retour a été atteint. Il faut absolument – c’est devenu vital pour nos démocraties, mais aussi pour les économies, et pour l’équilibre Nord-Sud – exercer un contrôle public sur les deux chambres de compensation internationales : Clearstream et Euroclear».
Espérons – sans trop y croire – que l’Europe de Strasbourg vienne un jour y mettre son nez.
Des traces (électroniques).
Une autre révélation est que chez Clearstream, comme chez Euroclear, tout est tracé. Et traçable. Donc, retraçable. Chaque transaction financière fait l’objet d’un archivage sur microfiche. Notons qu’après la publication de «Révélation$», de drôles d’informaticiens venus d’ailleurs ont travaillé pendant plusieurs week-ends à Clearstream pour «nettoyer» le système informatique.
C’est la rencontre avec Régis Hempel, ex-employé de Clearstream, lui aussi éjecté en son temps, qui aida Denis Robert à décoder les transactions inscrites dans ces milliers de microfiches. Pour voir à quoi elles ressemblent, se reporter à l’article-BiBi ici.
Obstination de Denis Robert (2004).
«Nous avons également mis au jour, pour la première fois, un système de double, voire de triple fond chez Clearstream. Il y a bien sûr les comptes non publiés, mais aussi les injonctions de la direction d’effacer les traces de certaines transactions. Là-dessus, nous sommes inattaquables. On peut perdre des procès sur des détails, pas sur l’essentiel. Des clients ont utilisé ce système pour dissimuler des opérations de grande importance à l’échelle planétaire».
A suivre billet 3.