Ce qui surprend dans la vie des peintres (1), c’est le nombre d’amis qui sont là, à l’atelier ou sur la terrasse, au jardin ou dans la serre. De ces amis qui proposent le gîte et le couvert, qui lèvent le voile et le coude et qui tâtent aussi du pinceau. La peinture est un travail de solitaire – mais contrairement à l’écriture – il est immédiatement partagé. On montre, on laisse voir aux proches, aux potes, aux amours. Voyages, mobilité, amitiés. Il y a là comme un monde qui sera à jamais interdit à BiBi.
Dans l’écrit, on est dans une solitude crasse : difficile de trouver un ami disponible à qui refiler immédiatement ses tableaux, à qui faire renifler ses travaux. Il est souvent absent le lecteur solide, bien campé sur ses deux jambes.
Pour tout au monde, BiBi donnerait un lien, une corde, un bout de ficelle, un filin, un câble pour s’amarrer à la chaîne des peintres.
(1) « Marc Chagall » par Pierre SCHNEIDER (Editions Flammarion).