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A table ! C’est l’heure de la soupe !

Ce n’est évidemment pas la première fois que, dans les plaisirs de la table, on peut relier le personnel politique aux hommes et femmes des Médias. Quand il s’agit de réceptions, dîners, déjeuners, fêtes organisées par les Possédants, les « ami-e-s » invité(e)s sont particulièrement triés sur le volet. Via une compétition d’une férocité extrême pour être l’élu(e). Souvenons-nous des épisodes qui concernaient les interviews de Macron. A chaque fois, cela engendrait des haines et des luttes au couteau à l’intérieur du champ journalistique dès lors qu’il y avait un choix à faire dans les intervieweurs.

Mais restons-en aux dîners et déjeuners : ces derniers n’ont pas que le plaisir comme visée. Bien entendu, le but poursuivi en est la perpétuation et la consolidation express du pouvoir en place, toujours plus ou moins aux abois.

Pour ces assoiffés et affamés du PAF, être invité, se mettre à table (au propre comme au figuré), c’est une habitude. On adore ! Et, dans les invité(e)s, on ne trouve pas que des top-cadres médiatiques, il y a aussi des Artistes, des Intellectuels de plus ou moins grande renommée (Historiens, Scientifiques etc). Ils sont aussi très sensibles, très fiers de s’asseoir à la même table. Voyez par exemple l’acteur François Cluzet en extase au dîner de Carlos Ghosn au Château de Versailles. En contrechamp, me revient l’image du Tout-puissant mafieux Robert De Niro dans les Incorruptibles règlant ses comptes à coups de battes de base-ball à table, avant de servir l’apéritif. Une constante plus ou moins violente dans les mafias de tous ordres. Directement politique ou non pour que tout cela entre bien dans vos têtes ! Compris, hein ?

Déjeuner, dîner avec les Dominants, c’est un honneur, une jouissance inégalable, un profit de distinction qui classe son bonhomme médiatique et sa petite dame aux dents longues. N’oublions pas aussi que lorsque le dîner se fait rare, il y a la liaison… téléphonique. Là, vous avez Macron prenant illico des nouvelles de Zemmour soi-disant « agressé dans la rue » par téléphone. Il y a aussi Pascal Praud, ordure zélée, présentateur de CNews, qui a régulièrement au bigophone une certaine première dame.

A propos de celle-ci, rappelons que c’est elle qui présenta son petit Emmanuel autour de la table de Bernard Arnault. Xavier Niel, patron du Monde et compagnon de Delphine Arnault était aussi de la partie. Sarkozy, lui, en recherche désespérément d’une première dame, avait raté Laurence Ferrari dans sa visite discrète à son papa mais il se rattrapa in-extremis autour d’une table. C’est là qu’on lui présenta Carla lors d’un repas en présence de journaleux triés sur le volet et autres crétins moutonniers (Jacques Séguéla). A France 2 tv, nous avons non seulement Nathalie Saint Cricq mais aussi Anne Sophie Lapix dont on loue les rebellions devant le Chef de l’Etat (défense de rire). C’est Challenges qui nous a appris qu’avec son mari (Arthur Sadoun numéro 1 de Publicis) ils dînaient très régulièrement at home avec des patrons du CAC 40. Quant à Hollande, lui, il baffrait à l’Elysée avec les Lagardère boys (Elkabbach en tête).

Et voilà qu’aujourd’hui, nous apprenons sans surprise que les dîners et déjeuners existent aussi sous l’ère de Macron II. Dans le plus grand secret (mais éventré) s’est déroulé un déjeuner où se sont agenouillés et retrouvés les journaleux appartenant à la fine fleur de la Mediacratie. Au menu : « Comment faire pour retourner l’opinion sur cette réforme des retraites qu’il s’agit de faire passer coûte que coûte ? »

Citons les invité(e)s : l’inénarrable Dominique Seux de France Inter (une radio que l’extrême-droite nous présente comme d’extrême-gauche), Nathalie Saint Cricq de France2 tv qui hurle sa haine sur Mélenchon à chacune de ses apparitions TV, Benjamin Duhamel son fiston-à-pistons qui officie dans cette calamiteuse chaîne BFMTV (chaîne reine de l’évasion fiscale) , Guillaume Tabard du Figaro (inutile d’insister sur ce vaurien) et – attention la classe – voilà la représentante du Monde dont on nous serine depuis tant d’années le sérieux et la neutralité : Françoise Fressoz invitée très très régulière de nos TV publiques. En aparté, citons le premier journaliste non-invité qui répercuta allègrement les éléments de langage présidentiel : Yael Goosz de… Libération, évidemment pas en reste.!

HOLLANDE AUSSI.

Tout ce petit monde doit être cité car ce déjeuner – dont tous leurs collègues taisent l’ampleur, les effets, les raisons, le sens – est le prélude à une campagne médiatique sans précédent. Cette solidarité de classe ressoudée ne vient pas à n’importe quel moment. Ce repas est organisé pour resserrer les rangs, pour marcher d’un seul pas contre le populo qui se lève (et pas qu’un peu) contre cette réforme des retraites qui risque de faire basculer le pays dans une horreur jamais vue et subie. Ces enragé(e)s du PAF ont beau plastronner et minimiser l’ampleur de la Révolte contre cette réforme des retraites, ils ne sont pas si naïfs que ça sur le rapport des forces du jour. Les Renseignements Généraux eux ne mentent pas dans leurs remontées à Beauvau et donnent vraiment le pouls du pays à leurs maîtres.

Cette bataille risque de mettre en danger jusqu’à Macron. C’est que plus le pouvoir des Dominants est contesté, plus la lutte s’exacerbe, plus le Pouvoir vis(s)e haut dans les médias et plus il s’organise et fait (va faire) preuve violence dans la rue.

Ce Déjeuner que Macron a essayé de tenir secret est une opération pour appuyer, marteler, pilonner les éléments de langage indispensables pour justifier sa réforme liberticide. C’est aussi via cette violence symbolique que pourra continuer de s’exercer sa domination. Pour la violence physique, Macron est déjà servi : il a déjà passé commande à son serviteur n°1 : Darmanin.

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PS : Aux dernières nouvelles, les convives étaient au nombre de dix. Il en manquerait donc 4 à l’appel. Il serait d’ailleurs plus interessant de savoir pour qui ils travaillent, de savoir quels sont ces médias présents qui veulent tenir leur présence au secret. Bien inutile d’interpeller, bien entendu, ceux et celles ci-dessus invités déjà nommés : même pas penauds, ils passeraient devant vous la tête haute.

MARINADES EN MAI.

DARMANIN

Darmanin est un habitué des clubs libertins. Monsieur le ministre veut les réouvrir. En particulier, celui, parisien, des Chandelles. On se rappellera de quelle élégante façon Carla Bruni Sarkozy charria l’ami de Nicolas en ces termes : « Nicolas, lui, ne m’a jamais emmenée aux Chandelles ! » Solidarité oblige, il se murmura que Nicolas défendit non son épouse mais… son ami Gérald. On ne dit pas non plus si l’un ou l’autre osèrent demander à Carla de s’excuser.

10 MAI 1981.

Sur la route, direction Lyon dans ma première voiture. Je suivais la Simca de devant, celle de mon père. Je n’avais pas d’autoradio dans la mienne. Il était vingt heures. On s’était mis d’accord : « Si Mitterrand gagne, tu mets le clignotant à gauche ». Ce fut donc à gauche. Aujourd’hui, il mettrait les feux de détresse.

MITTERRAND ET VICHY.

Lorsque Mitterrand venait voir ses amis au bord de l’Allier, en particulier Michel Charasse, Pierre Coursol ou Guy Ligier (le constructeur automobile), il évitait expréssément de passer par Vichy pour les rejoindre. Pour qui n’en comprendrait pas les raisons, Mitterrand travailla jusqu’à début 1943 dans les Services de la Documentation de la Légion des Combattants. Ses amis d’alors furent Eugène Schneider, André Bettencourt, collaborateurs notoires. Mitterrand ne se hasarda jamais à revoir l’hôtel Cécil, le Castel français,  l’hôtel de Tours (où il déjeunait chaque jour) de peur qu’un photographe ne traîne par là et immortalise un coin de son passé d’extrême-droite, passé qu’il s’évertua à cacher tout au long de sa vie politique.

JEAN D’ORMESSON.

Pour avoir rappelé que Jean d’Ormesson avait minoré l’étendue de son pognon et ainsi échappé à l’impôt, je me suis vu rabroué par nombre d’admirateurs et admiratrices excédés. Faut-il rappeler qu’écrire des livres – bons ou mauvais – sont une chose et que le comportement dans la vie citoyenne en est une autre. Il se trouve que j’ai en horreur la littérature du Sieur D’Ormesson et que d’autre part frauder le fisc n’emporte pas du tout mon adhésion… Disons que je préfère de loin la prose de René Char et son comportement exemplaire devant les Chiens de l’Enfer.

POESIE, LITTERATURE.

Dis-moi ce que tu lis, dis-moi tes écrivain(e)s préféré(e)s et je saurais à peu près qui tu es. L’écrivain admiré de toujours par Mitterrand fut Jacques Chardonne.

BILL GATES ET MADAME.

Ai appris que le couple Gates allait se séparer. En cause le brave Bill qui – paraît-il – faisait des tournées régulières dans les bars de Jeffrey Epstein. Le couple a une fortune qui s’élèverait à quelques 145 milliards de dollars. Chez ces gens-là, on compte en milliards.

MICHEL FOURNIRET.

Certains se réjouissent de la mort du tueur en série Michel Fourniret oubliant la douleur des familles qui auront les pires difficultés à faire leur deuil et à connaître la vérité sur la mort de leurs enfants. Tueurs en série ou dictateurs sanguinaires impunis : voilà que je pense à Pinochet mort dans son lit. Je pense aussi avec effroi aux vautours qui vont se précipiter sur cette affaire Fourniret pour sortir dare-dare des films, des séries TV, écrire des livres, des enquêtes, faire des Unes Paris-Match, promouvoir des émissions spéciales (BFMTV, CNews, LCI) etc.

1930-1940-2021.

Que d’analogies entre les temps présents et ceux qui couvrent la décennie 1930-1940 ! Ici, Niel-Bolloré-Arnault-Bouygues tenant les rênes des Médias; là Le Temps dirigé par l’industriel De Wendel. Ici les fachos et leurs supports promus quotidiennement sur les Chaînes de la Honte; là le pouvoir des ligues et des Cagoulards financés par banquiers et industriels. Ici les Marianne et Valeurs Actuelles faisant feu de tout bois contre l’immigration et les musulmans; là, les torchons antisémites du Pilori à Je Suis Partout. Ici une partie des classes moyennes frileuses, en peur, réclamant un pouvoir fort en 1940; là, la Droite, extrême-droite et Centre unis tentant de s’appuyer sur elles, réprimant toute opposition dans la rue et sur les écrans.

BERNARD CAZENEUVE, EX-MINISTRE DE L’INTERIEUR.

Bernard Cazeneuve, ex-ministre de l’Intérieur, invité régulier des médias, pérorait dans un entretien à L’Express : « Jean-Luc Mélenchon doit être combattu ». Espérons que ce Cazeneuve ne combattra pas le leader de la France Insoumise comme il a combattu Rémi Fraisse avec sa police.

ENFER MEDIATIQUE

NAGUI. Petits arrangements entre mari et femme. France 2 TV a choisi l’animateur-producteur multimillionnaire Nagui pour coproduire un programme de 6 épisodes fictionnels. Jusque-là rien à en redire sauf que. Sauf qu’en regardant de près l’inventaire des acteurs et actrices embauché(e)s pour la cause, on trouve une certaine Mélanie Page qui se trouve être la femme de… Nagui. Une femme qui a beaucoup d’humour : elle refuse avec véhémence que « l’on puisse évoquer le moindre piston ».

PASCAL PRAUD. Cela ne fait aucunement réagir l’Entre Soi médiatico-politique. Tous ces journalistes militant(e)s restent bien muets lorsque Pascal Praud, une de leurs figures adorées, un de mes fox-terriers « préférés », va prendre ses ordres directement dans la niche élyséenne.

C’EST UN JOLI NOM « CAMARADES ».

Dites Camarades, si je verse, plus que d’habitude, dans la « tristesse solemnelle » (Fernando Pessoa) c’est que j’ai de gros soucis à entendre votre Boss Fabien Roussel clamer qu’il est « favorable à des sanctions plus lourdes pour les attaques contre les détenteurs de l’autorité publique ». Et donc – de fait – de réclamer des peines plus légères pour le type qui tue sa femme ou ses enfants. Et comme si cela ne suffisait pas, voilà le même Fabien (bien éloigné du Colonel Fabien) qui vient draguer pour le 19 mai les pires syndicats de la Maison Poulaga. Une semaine donc où j’ai bien peur que mes marinades du moment et que ma tristesse solennelle durent beaucoup plus qu’un quart d’heure.

Du Luxembourg à « En Thérapie ».

La violence : c’est par elle que le néo-libéralisme peut tenir et prolonger son règne. Une violence qui passe par le physique (fatigue, usure, dépressions, rage épuisante, suicides, morts dans la rue etc). Une violence démultipliée par la pression exercée sur les corps en entreprise, dans le No Future des Pôles-Emplois, dans les mains tendues et les files d’étudiant(e)s aux Restos du Coeur.

Cette violence des deux dernières semaines, je l’ai trouvée dans la fraude fiscale au Luxembourg, sur les chaînes C8 et CNews, au Club select du Siècle et, pour terminer, je l’ai vue se déposer sur le divan de Philippe Dayan, le psy des 35 épisodes de la série d’Arte, « En Thérapie ».

L comme Luxembourg.

Souvenons-nous de la phrase-mensonge de Nicolas Sarkozy en octobre 2009 à la veille du G20 de Pittsburgh  «Les paradis fiscaux, c’est ter-mi-né» alors qu’aujourd’hui éclate le scandale de l’OpenLux. Sur les 50 familles françaises, 37 d’entre elles ont usé de la fraude fiscale, planquant des milliards dans les coffre-forts du Duché. De LVMH (Bernard Arnault) à BNP Paribas, de Kering (Pinault) à Total, tous ont des filiales dans les paradis fiscaux. Et l’un des plus importants – avec Chypre et Malte – c’est le Luxembourg. A un abonné qui se demandait si les membres ces grandes familles n’avaient pas honte, j’ai répondu – via Monique Pinçon-Charlot  L’Argent sans foi ni loi » Editions Textuel).

« Au sein de ces grandes familles, on apprend que le système capitaliste est le seul qui soit naturel et imaginable. Les autres systèmes de pensée n’étant qu’idéologies. Du coup, pratiquer l’optimisation fiscale voire la fraude fiscale avec le recours aux paradis fscaux, tout cela leur paraît aller de soi face à un Etat qui est à leurs yeux trop gourmand. Elles intériorisent tout un discours autojustificateur contre l’Etat et l’impôt, contre les fonctionnaires, pour que leurs biens restent dans la famille. Pour prendre la mesure de ce sentiment de non-culpabilité, il faut comprendre que les membres de ces grandes familles sont à longueur de journée ds l’élégance et la sociabilité mondaine de l’entre-soi».

Résumé : ces grandes familles ne vivent pas dans notre monde mais elles sont maitresses du nôtre.

P comme Pesquet & Praud

Après le passage de Mélenchon chez Hanouna, Pascal Praud a redoublé de haine envers le représentant de la France Insoumise. Probable que la fille de l’animateur (qui avait voté pour Mélenchon en 2017) l’ait à nouveau titillé en lui disant qu’elle n’irait pas toucher à son poste ce soir-là et qu’elle resterait sur C8.

Ailleurs, sur CNEWS, autre TV de la Honte, il suffit de deux minutes pour savoir de quoi il en retourne. Une habitante de Trappes, française musulmane, dit que dans sa ville « ce n’est pas du tout ce qu’on dit ». L’animateur Julien Pesquet, petite frappe bolloréenne, reprend l’antenne et s’en amuse en hochant la tête d’un air entendu. Son mépris ahurissant ira juqu’à chantonner en direction de cette femme alpaguée via un micro-trottoir : « C’est ça, c’est ça tout va très bien Madame la Marquise ».

Le respect Bolloré, quoi.

S comme Siècle.

La cohésion de la classe dominante est toujours déjà-là. Cette classe possède les médias (elle a placé des directeurs de télés et radios publiques, serviteurs zélés de la Macronie), elle a ses Instituts de sondages couplés avec la Presse, elle a ses réseaux avec ses think-tanks et ses Clubs multi-cartes. Aujourd’hui, c’est le Siècle qui est sur la sellette avec son président Olivier Duhamel mais cette surexposition s’accompagne d’un silence total sur toutes les autres instances de solidarité de classe, instances plus solides que jamais.

Au contraire des classes dominées pour lesquelles il faut sans arrêt se battre durement pour s’unir, la classe des riches est instantanément mobilisée via ces groupes et ses réseaux. Citons-les : Le Jockey-Club, le Cercle Interallié, le Cercle de l’Industrie, The Travellers, le Cercle MBC (beaucoup sont affilés au Siècle), le Club des Trente, les Gracques (où se côtoient les patrons du MEDEF et des Denis Olivennes patron de Liberation), le Club Démocratie. Rajoutons que toutes ses accointances leur sont facilitées car leurs réunions, leurs dîners se déroulent exclusivement à Paris.

T comme Thérapie.

J’ai suivi les 35 épisodes de En Thérapie mais je n’ai pas très bien compris la raison pour laquelle Ariane, Camille et le couple étaient venus en séance. Pour Ariane, est-ce le seul trauma (et rien d’autre) suite à l’attentat du Bataclan qui l’a poussée à consulter ? Camille, elle, vient voir le psy car elle a juste besoin d’un certificat demandé par les Assurances. Quant au couple, je suis surpris qu’en psy lacanien, Philippe Dayan accepte une… psychothérapie de couple.

Comme dans la série « Soprano », les réalisateurs d’En Thérapie ont installé une caméra au cœur des séances. Du coup, le surmoi du télespectateur vient doubler la place du patient et/ou celle de l’analyste. On tourne à trois. L’espace privé – condition incontournable du maintien et de la poursuite de toute cure – est devenu… public. Et le côté public fait qu’il y a des explications, des petits cours de psy pour télespectateurs moins avertis sur les fondements de la théorie freudienne. On peut en sourire.

On peut aussi relever que les moments de cure dans la série sont toujours vus à travers des paroles extraordinaires, petits coups de théâtre permanents qui éliminent tout «ennui». Est-ce ainsi dans la vraie vie d’une séance ? Et on peut noter que la contrainte de la fiction pousse à écrire une fin obligatoire – du coup, par ricochet – une fin de… l’analyse (finie la drogue ? Si facilement ?).

Les jeux de Frédéric Pierrot, de Reda Kateb et de la prometteuse Céleste Brunquell sont formidables. En situation, ils traduisent bien les effets de cette belle parole de Françoise Dolto qui est dans la droite ligne des enseignements de Freud et illustre bien le dispositif de la cure qu’il mit génialement en pratique : « Ecouter l’autre, c’est le faire exister ».

En contrepoint bienvenu, on applaudira la mise en scène champ/contrechamp qui ne laisse pas de place aux mouvements de caméra surexcités habituels (ceux de l’info), nous laissant avec un certain plaisir dans le temps, rare télévisuellement, de l’écoute et du laisser-parler.

Nous sommes la Rage et le Courage.

« La Première dame ne sort guère plus. La plupart du temps, elle déjeune dans son bureau, sur la table de réunion, avec le conseiller présent ».

Quand tu lis ça, tu vois Marie-Antoinette à Versailles avant la fuite du Roi et avant son arrestation à Varennes. Sauf qu’aujourd’hui, tu n’as pas la conclusion : l’analogie s’arrête là. La tête de Macron, branlante certes, est toujours sur ses épaules. La différence est là : le confinement à moitié souhaité, à moitié décrié par le même Macron, interdit toute manifestation, toute protestation extérieure. Mais la rage est là. Elle se repère dans les réseaux sociaux consultés un peu plus que d’ordinaire.

Ailleurs, dans les Télévisions de la Honte, que voyons-nous ? Des «débats» autour des animateurs présents, omniprésents. Ils invitent des experts à la botte, dépolitisant tout problème. Enumérons-les : médecins, sondologues, infectiologues, onctologues, dermatologues, psys, sociologues qui tournent comme des girouettes, squattant les micros, envahissant nos images.

Verbiage de nos perroquets.

France Info se dit au plus près des soignants et des malades. La Radio démultiplie les témoignages autour des souffrances en nombre (autour du manque de sommeil, des animaux, des enfants confinés, de la solitude, de la promiscuité, des liens familiaux, des enterrements, des livres à lire, des musiques à écouter, des initiatives bienvenues etc). En a t-on entendu des paroles de ceux et celles qui vivent cette terrible épreuve qu’est le COVID19 ! Comment ne pas s’y reconnaître ? Il n’est personne qui y échappe – à des degrés divers.

De la mort, du mourir, de la chance et de la malchance, de la protection ou de l’exposition, du risque maximal au retrait qui préserve, les Médias en font leur soupe quotidienne. Ils répondent aux questions, ils donnent des réponses (approximatives ou précises), on remercie Paul et Tristan, on salue Pierre et Virginie pour leurs appels si émouvants. On remercie les auditeurs qui, à leur tour, remercient le Media si bon, si bienveillant. Merci pour votre fidélité, merci pour votre confiance en ces temps difficiles. On va jusqu’à clamer, chaque matin, les taux d’audimat, on s’enorgueuillie de détenir des informations inédites. Ecoutez notre expert du jour. Regardez nos chiffres du jour. Tout ne va pas si mal : regardez ailleurs... Habituelle propagande du « La Politique du Pire, c’est ailleurs. Du coup, hein, ce n’est pas si mal ici ».

Au Top de l’Obscénité de ma semaine.

Chritophe Barbier sur la Chaine de l’évasion fiscale plastronne en se faisant le… chantre de la solidité de notre Service Public et fustige les Vilains qui osent demander de la coordination, de la Planification. Les Vilains Collectivistes.

Jean Quatremer, l’imbécile de Bruxelles, solidement arrimé à Libération, hausse les épaules : «Pourquoi s’affoler ? Il n’y a que 100.000 morts». Gens de rien qui ne comptent pour rien.  Vous tous d’âge avancé, vous pouvez crever. Qui s’en souciera ?

Hubert Huertas, la journaille molle de MediapartExcusez le pléonasme» diront certains) sort ses couteaux aiguisés et les plante dans le dos des enseignants qui ne veulent pas reprendre le 11 mai. Avec l’odieux argument de la division : «Regardez les Caissières, les soignants, les éboueurs qui vont au charbon, est-ce qu’ils se plaignent ?».

Propaganda.

A France Inter, le summum de la Propagande se fait sous formes d’inserts sur le COVID19 avec toutes les pubs gouvernementales. Se laver les mains. Les masques. Ne pas se frotter les yeux. Distance à respecter. Avec une conclusion inéluctable, mille fois répétée aux heures de plus grande écoute: «Ceci est un conseil du Ministère que vous pouvez retrouver sur Gouv.fr ». Sans évoquer les autres inserts avec éloges de nos grandes Sociétés Humanistes. Grandes Sociétés d’Assurances. BNP Paribas. Etc.

Les questions des auditeurs, pourtant triées, laissent parfois passer quelques brèves remontrances sur la gestion de la Crise par le Pouvoir mais elles sont automatiquement reformulées par l’Animateur ou pire encore, elles sont suivies d’un rappel des paroles «fortes» de notre Président.

Indécrottable Stratégie de division. Diviser, voilà l’opération centrale et continuelle de la Propagande qui, sans paradoxe aucun, bannit les uns et glorifie le même jour les autres. Du bon côté les enseignants qui reprendront le travail le 11 mai. Du mauvais, ces odieux syndiqués qui – comme toujours – foutent le bordel.

Des radios, des TV ouvertes à tout. A tout ?

Non, Radios et Télévisions passent leurs énergies dans l’incessante esquive. Ecoutez une journée nos radios publiques (France Info, France Inter). On vous y abreuve de témoignages vrais, indiscutables, émouvants. Mais ces interventions ont toutes un point commun : il ne faut pas nommer les Responsables. Les pleurs, les souffrances, ça va mais pas touche au Politique, pas touche aux responsabilités d’un Pouvoir qui met la Mort En Marche. C’est l’ obsession de cette Journaille : taire, faire taire toute parole qui remettrait en cause ce qui nous crève les yeux : l’énorme, l’incroyable désastre qu’est la gestion de Macron sur cette Crise sanitaire.

Le Royaume des Crapules et Doyens Medias.

Nous sommes au Royaume des Crapules médiatiques. Non qu’elles n’existaient pas auparavant. Mais aujourd’hui, elles bénéficient d’une exposition maximale, jamais vue, jamais autant entendue. Nos héros des semaines de confinement s’appellent Pascal Praud, Jean-François Achilli, les Grandes Gueules de Truchot-Marschall, les Brunet à la chemise brune, les Pujadas et Yves Calvi, les Elkrief et Jean-Jacques Bourdin. Sans oublier nos Seniors en Or.

Atteints par la limite d’âge, ils ne sont pourtant pas confinés chez eux. Car leur chez eux, ce sont les Studios où ils dorment jour et nuit, squattant la Parole, couvrant inlassablement les méfaits d’un Pouvoir aux abois.

Le Pouvoir justement (1)

Macron préparé

Macron navigue à vue, débitant mensonges sur mensonges. Un jour il exhorte les Français à aller au théâtre (Il croit encore à l’infaillibilité du Libéralisme) et un mois après, il envoie Brigitte plastronner derrière les écrans de VisioConférences. Elle prêche les gestes barrière – avec force photos du Torchon Lagardère- Paris Match – à ces Vieux de 70 ans et plus qui, pour son Mimi Manu, sont bons à jeter dans la fosse commune.

Le Pouvoir justement (2)

Souvenez-vous des deuxièmes parties des Quinquennats précédents. Sarkozy 2, passée l’esbrouffe de ses premières gesticulations, en perte de popularité, convoqua ses larbins pour essayer de gagner une partie des Intellectuels (relire ici cet article de Raphaëlle Bacqué du Monde célébrant en Sarkozy un fabuleux personnage de roman !)

Rappelons-nous de cet autre Président, ennemi de la Finance, voulant quitter sa panoplie de Citoyen Français moyen pour endosser celle du Président aux Gros Bras, s’en allant-en-guerre au Mali.

Idem pour Macron II : le voilà qui veut se « réinventer », qui veut « préparer le Jour d’Après avec une France Unie », lui, le Destructeur, le Matraqueur, le Démolisseur de nos Services Publics. Pour se transformer en Caméléon, il appelle à la rescousse ses Chiens de Garde. Mais, rien à faire, malgré son nez poudré et son bronzage du Touquet, il reste scotché à cette place qu’il ne peut quitter : celle du ringard, du puceau de 14 ans, théâtreux de la 4ième de son Collège amiénois.

Le Pouvoir justement (3).

Ils savaient mais ils se sont tus. Aujourd’hui, ils s’inquiétent. Ils ont peur. Ils manoeuvrent. Mais ils ont des atouts. Ils misent sur notre silence et notre confinement. Ils misent sur la division. Ils insultent. Ils pommadent. Ils disent Oui un jour, le contraire un autre. Ils disent le 4 mai, puis le 11 mai. Ils sortent les drônes. Ils surveillent. Ils passent commandes de LBD et gaz.

Ils s’inquiétent. Ils ont peur.

C’est que nous sommes la cocotte-minute de la Résistance.

Et indéfectiblement, nous sommes la Rage et le Courage.

Mes rages 2019. (Lettre au Père Noël).

Cher Père Noël,

Je sais que jamais on ne vous verra vous mettre en colère. Ou pire encore : vous consumer de rage. Vous voir l’écume aux lèvres, poings serrés, éructant, bondissant comme un fauve sur les enfants qui vous attendent, enragé comme jamais, on ne verra jamais ça chez vous. Mais perso, ces moments de rage, j’en ai traversés beaucoup en cette année 2019. Sachez pourtant que je ne les regrette pas du tout et que je ne m’en excuse pas. Dominer ses faiblesses, on peut en rêver mais que voulez-vous, cher Père Noël, je ne crois pas en la Paix sur cette terre. Ni extérieure, ni intérieure.

*

Moment de rage donc contre ces Grandes Gueules de Radio Monte-Carlo, patronnées par Drahi, payées par l’argent de l’évasion fiscale sur lequel les charognards de Truchot, de Marschall, de Zohra Bitan et consorts font silence.

Contre le Service Politique de l’Afp et de son Directeur affichant sans regret l’image d’un Macron triomphant sur son compte Twitter. Rage contre les obscénités hebdomadaires du Point et les Unes du Journal Du Dimanche.

Rage contre la Kommandantur de nos radios publiques qui ont installé des Chiens de Garde aux Niches d’entrée de l’info politique. Je parle ici des éditocrates, des rubricards, des journaleux et journaleuses de nos stations. Mais rage surtout contre les grandes chefferies qui, dans l’ombre, téléguident leurs annonces macronistes et détruisent nos Ondes par leurs projets obscènes : de Vincent Giret de franceinfo à Sibyle Veil, directrice sarko-macroniste de Radio France.

Moment de rage contre les loulous des Decodeurs du Monde et les Checknewsfr de Liberation qui se pavanent en débusqueurs de fakenews, en champions de l’Objectivité se glorifiant – au nom certainement de la liberté de la Presse et de l’Information – d’être inféodés à FaceBook qui leur verse 245.000 dollars par an. Combien le montant de leurs soumissions en 2019 ? A quand une réponse sur Edouard Philippe, sa femme placée à Science-Po Paris ? Chutt… Omerta.

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Rage contre les instigateurs du LOL, toujours en course, toujours en place. Rage contre les signataires 2009 qui ont défendu Polanski et qui se taisent, se terrent aujourd’hui. Rage contre les circuits du petit monde littéraire parisien des Années 70-80 qui a encensé Gabriel Matzneff, pollueurs littéraires toujours en action aujourd’hui. De BHL à Sollers, de Josyane Savigneau («Le Monde Des Livres») à Pivot («Apostrophes»)

Rage contre la quasi-indifférence sur Julian Assange, sur Françoise Nicolas et sur tous les lanceurs d’alerte qui sont comme des phares qui éclairent et qui nous enseignent le courage à toute épreuve.

Rage contre Bernard Lavilliers, Alain Souchon, Renaud et tous ces artistes (ils le sont) qui – case d’arrération mentale et politique accrochée à eux comme du lichen à la pierre – voient en Macron un homme intelligent, cultivé, sans alternative possible.

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Rage quotidienne contre les violences policières quotidiennes. Rage contre l’impunité des forces de l’Ordre, de la BAC, contre ces décisions de justice qui condamnent des innocents et rage contre les gardes à vue ahurissantes. Rage encore contre les enquêtes bâtardes sur le décès de Zineb Redouane de Marseille et celui de Steve Maia Caniço de Nantes.


Rage contre l’Afp (bis), Le Monde et la quasi-totalité des Médias annonçant « l’essoufflement » du Mouvement des gilets jaunes dès novembre 2018. Comme ils annonceront – ici sarcasme au plus haut point – la magnifique arrestation de Dupont de Ligonnès.

Rage contre Ruth Elkrief insultant de «comédien» Xavier Mathieu parlant politique en débat sur les gilets jaunes. Rage contre les charognards Pascal Praud, Frédéric Haziza et Thomas Misrachi. Ce dernier désignant à l’antenne – sans complexe aucun – la porte à un gilet jaune.

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Rage contre ces experts-politologues-sondeurs omniprésents dans les poubelles TV-Radios : Jérôme Fourquet, Bruno Jeudy, Roland Cayrol, Jean-Michel Aphatie, Jean Garrigues, Yves Calvi, Bruce Toussaint, Thomas Legrand, Apolline de Malherbe, Laurent Delahousse, François Lenglet, Dominique Seux. Et contre ces émissions fabriquées par Lagardère (C’est Dans l’Air) ou par les amis de Niel (C’est A Vous).

Rage contre Castaner, Delevoye, immonde truand-girouette, contre Pietraszewski qui joue la violence contre une salariée d’Auchan qui s’était trompée de 80 centimes d’euros dans son compte de caisse. Castaner, Delevoye, Pietrazewski : le Trio 2019.

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Je sais qu’après cette lettre que je t’adresse pour conter toutes mes rages 2019, tout va aller vers un apaisement personnel. Car c’est vrai que l’écriture apaise. La première maitresse d’école dont je me souviens me disait qu’en écrivant 50 fois « je suis en colère » sur une page blanche, la colère finissait par tomber. Rage, rage, rage, rage, je suis en rage, je suis en rage, je suis en rage.

Je relis ma lettre et bien voilà : je ne suis pas loin de cinquante fois.

Alors, bonne fin d’année quand-même, Père Noël. Et plein de belles choses aussi à ceux et celles qui nous ont suivis tout au long de cette année de luttes 2019.