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Lecture de Paris-Match du 13 janvier (Part.2)

BiBi, un peu moins enthousiaste qu’à l’ouverture du numéro, finit sa corvée de lecture de Paris-Match. Après les trois hommes (Guillon-Sollers-Valls), l’hebdo cancane sur trois femmes : Farah Pahlavi, Marion Cotillard et Danièle Thompson.

Farah Pahlavi.

Paris-Match pleure sur le destin de Farah Dibah qui a perdu son second fils. Par contre, l’hebdo ne pipera mot sur les souffrances passées des Iraniens, de ce temps pas si lointain où le Shah avait aux ordres une police qui torturait, pendait, emprisonnait, coupait les mains et les têtes à tout va.

Farah a quand-même beaucoup de chance dans son malheur d’exilée : «A 72 ans, elle réside principalement à Paris, rive gauche, où elle bénéficie d’une discrète surveillance policière [ah bon ? Qui paye ?]. Elle y mène une existence assez mondaine [dégustons le «assez»], est reçue à l’Elysée par Chouchou, côtoie les Chirac, les Giscard, les Pinault et se rend parfois à des premières, toujours élégante». BiBi se demande si, en partant d’Iran, elle a pensé à faire comme Leila Ben Ali : partir avec une tonne et demie d’or dans son sac à main. Bien entendu, vous avez  la réponse : c’était beaucoup, beaucoup plus.

Marion Cotillard continue de piaffer.


Toujours dans le même numéro de Paris-Match, on s’étend sur Marion Cotillard et Guillaume Canet : «Marion a quitté son appartement pour se rapprocher de lui [touchant !] dans le Marais [ah, quand-même !]. Mais ils n’habitent pas ensemble [Moderne le couple !]. Ils jouent aux 4 coins sur une jolie place autour d’un jardin [ils y jouent avec l’infantile Philippe Sollers ?], elle dans un deux-pièces sous les combles [comme elle doit avoir froid l’hiver – ou trop chaud l’été, la pôvrette]. Lui, dans un duplex un peu plus vaste».

Qui aura un clap de fin pour dire à Marion que Piaf, c’est fini ?

Danièle Thompson.


Tournons la page de ce si riche numéro : au Théâtre Marigny (propriété de Pinault simple François), Danièle Thompson, décorée récemment par l’ami Sarkozy, fait répéter Bernadette Lafont dans «L’amour, la Mort, les Fringues». Paris-Match rapporte une réplique de la pièce ce jour-là :

«Évidemment, maintenant, il y a le Botox… parce que là aussi… quelle misère ! Alors opter pour un visage tendu comme une peau de yack sur un tambourin au-dessus d’un corps plissé, franchement, où est l’intérêt ?».

Conseil à Danièle : si Carla et Arielle (Dombasle) sont invitées à votre Première, retirez la réplique.

Lecture de Paris-Match du 13 janvier (Part 1).

BiBi furetant à la Bibliothèque Municipale se dit que cette fois-ci, il n’épluchera pas le sinistre Figaro ou les pages du Monde, il ne soupirera ni devant les billets Libé ni devant les constats de Politis. Alors, plein d’enthousiasme, il a choisi le numéro de Paris-Match du 13 janvier.

Un Stéphane Guillon bien tiède.

Hier, il quittait France-Inter sous les huées de Val. Aujourd’hui, il donne une interview dans le Paris-Match (13 janvier). A la question : «Existe-t-il des politiques qui trouvent grâce à vos yeux ?», il répond : « Même si je ne suis pas d’accord avec sa politique, je trouve que Fillon est un homme d’Etat. Si nous étions dans un monde normal,  il devrait être évidemment candidat en 2012». BiBi entend déjà les défenseurs de l’Humoriste : «Enfin, BiBi, il a clairement dit qu’il n’était pas d’accord avec sa politique. Que veux-tu de plus ?»

Hé bien, justement, c’est ce petit plus, cette petite phrase démultipliée ici, là et là («je trouve que c’est un homme d’Etat») qui contribue justement à ce leurre de l’image de Fillon comme Homme d’Etat  (représentant ainsi d’une Droite «acceptable»), leurre répété qui, en fin de compte, le légitime et – plus grave – légitime la politique qu’il mène.

Alors, à Guillon, BiBi offre cette jolie photo de cet homme normal dans une France et une Tunisie normales.

L’enfant Philippe Sollers et Papy Jean-Marie Rouart.

Toujours dans le même numéro de Paris-Match, Philippe Sollers et Jean-Marie Rouart papotent. «Un dialogue passionné» note l’hebdo. Extraits :

JMR : Ne me dites pas que vous n’avez pas connu le bonheur de la souffrance !

PS : Je l’ai éprouvé et même suffisamment pour m’en tenir éloigné. Je l’ai connu lorsque j’étais adolescent.

JMR : Voilà, vous n’avez pas su le rester comme moi !

PS : Non, je suis resté enfantin.

Ah ! Nos grands écrivains sont restés de grands enfants ! BiBi imagine alors Philippe détaler et aller préparer son papier mensuel pour le JDD. Vous avez remarqué ? Non ? Paris-Match et le JDD, hé ben, oui, oui, ils ont le même patron : Arnaud… Arnaud Lagardère.

Manuel Valls la braise.

Toujours dans le même numéro, on nous dévoile un pan de la vie secrète de Manuel Valls ( il connaît dans le même temps les honneurs du «Point»de cette même semaine. Article : «L’Homme qui ose»!). Le Socialiste présente sa nouvelle femme, Anne Gravoin. Un même tempérament de feu, violoniste de son état, elle dirige la Société Régie Orchestre – merci Paris-Match pour la pub 1 ! La musique, Valls la connaît ! Il pleure à chaque fois à la Traviata. On apprend aussi son surnom au PS : «Monsieur Moi-Même». BiBi lui rappelle que «Monsieur BiBi» est une marque déjà déposée 🙂

L’article se finit par une seconde tranche de pub : «Le dernier CD de son Travelling Quartet est riche de 14 titres arrangés des Beatles» et – formidable preuve d’amour – le morceau préféré d’Anne est dédié au travailleur Manuel : « All you Need is… ». Ah, l’Amour, il n’y a que ça de vrai !

Suite de cette lecture demain ? Après-demain ?

Enquête sur une image de Nathalie Kosciusko-Morizet (2).

Lire première partie : Enquête sur une image de NKM (1).

Hier Secrétaire d’État, aujourd’hui Ministre de Sarkozy, NKM fut prise en photo à l’automne 2005. Enceinte, elle était alors en pleine ascension politique. Paris-Match lui ouvrit alors les bras et cette double-page ahurissante.

FEMME SIMPLE ET FEMME DE POUVOIR.

1. Un mot sur cette légende : «Son premier bébé, c’est la politique». Cette phrase vient rappeler que NKM n’est pas n’importe quelle Femme. Elle est porteuse de bébé et… de projet politique. Quelle femme (ordinaire) peut en dire autant, hein ?

2. Elle est donc une femme parmi toutes les femmes : elle procrée, elle joue de sa beauté – robe blanche, un quasi-déshabillé, pieds nus adorables, une position relâchée, sans ostentation, non lascive. Attention, elle est plutôt le contraire de la Femme à l’Odalisque malgré les similitudes (voir tableaux en photos ) ou de la Putain berbère sur son lit (Matisse). La chevelure mi-bouclée est admirable, au coloris roux…en parfaite communion ainsi avec les couleurs de la forêt automnale : marron des livres, gris-vert du banc de pierre, bois patiné de la Harpe.

3. Mais NKM, Secrétaire d’Etat, aujourd’hui Ministre, est aussi la Femme de demain, la Femme (de Pouvoir) qui annonce les lendemains qui chanteront pour tous (ou presque tous). Elle est donc singulière et, de fait, au-dessus du lot.

4. L’écrit de Paris-Match détaille les deux statuts de cette femme hors-norme lorsqu’ils lui sont associés : «Députée, Conseillère Régionale» qui va «mettre au Monde son premier bébé» et qui, dans le même temps, continuera sa carrière sans la mettre «en congé maternité». Femme du Présent et du Futur. Femme d’exception : il ne resterait plus qu’à admirer, à se prosterner.

UN CONTEXTE A-HISTORIQUE.

«Une sorte de halte» nous dit-elle. La «Nature» fait ici cliché.

La composition de la photo nous offre une Terre dégagée du poids de toute histoire humaine. Les bois, le feuillage lointain des arbres, le parterre de feuilles signifient le Monde éternel où Musique et Lecture sont là depuis la Nuit des Temps. La Harpe dans son silence fait le joint entre Passé et Présent. Les deux gros livres, l’un ouvert, l’autre fermé sont là pour signifier que Madame lit, Madame rêve en lisant mais elle reste, elle restera les deux pieds (nus) sur terre.

Elle nous dit : «Profitons ensemble de cette incise dans le Temps (ma grossesse l’est) pour penser hors le tumulte sur terre. Laissons au loin les cris des Manifestants, la rage destructrice des Guerriers urbains, la vulgarité des pauvres Femmes du Peuple (bref  la Lutte des Classes) et n’oublions pas que cette halte est une aire pour «partager les réflexions que nous inspirent l’actualité aussi bien que mes différentes missions».

DÉGRADATION.

Dans son livre «Fragments d’un Discours amoureux», Roland Barthes citait «Nous Deux» (le Roman-photo) comme archétype de l’Obscénité.

BiBi caractérisera, lui, cet extraordinaire photographie du Pouvoir comme le cliché de la dégradation lente et latente, bientôt extrême, du Politique.

Enquête sur une image de Nathalie Kosciusko-Morizet (1).

Comment BiBi a pu rater cette extraordinaire photo ? Il avait bien repéré l’image d’un Ministre (Frédéric Mitterrand) en… pyjama dans le Monde-Magazine) mais il avait zappé ce cliché de Nathalie Kosciusko-Morizet, l’actuelle ministre sarkozyste, dans un des Paris-Match de la fin de l’année 2005. C’est pour lui une des Images de communication politique des Années 2005/2010.

LA QUESTION POSÉE.

Il y a très longtemps, dans la revue Tel Quel, Jean-Luc Godard (1) avait magnifiquement réfléchi sur la photographie de Jane Fonda de «retour de Hanoï». Le cinéaste se posait la question : «Quel rôle les Intellectuels doivent-ils jouer dans la révolution ?» Ici, on pourrait croire qu’on en est bien loin mais méfions-nous des apparences car la question qui préoccupe BiBi, ce pourrait être : «Quel rôle joue cette photographie de Femme-Ministre dans un hebdo tenu par le Frère Lagardère dans ces moments de lutte idéologique et politique intense» ? Et autre question, seconde mais pas secondaire : «Que faisons-nous de cette image ?»

UNE « SORTE DE HALTE ».

BiBi n’a jamais vraiment compris l’attirance de beaucoup d’internautes pour la Dame, certainement aveuglés qu’ils étaient par ses compétences numériques (le frangin est une grosse tête financière du Web français). BiBi est donc allé voir le site de Nathalie, nouvellement nommé à l’Ecologie et au Développement durable.

La phrase d’entame de la présentation du site fait déjà écho à la photo de Paris-Match : «J’ai voulu bâtir ici une sorte de halte, écrit  la nouvelle Ministre de Sarkozy, un endroit bien à moi, pour partager avec vous les réflexions que m’inspirent l’actualité aussi bien que mes différentes missions».

INVENTAIRE.

Mère (future mère), Ondine mystérieuse, Ophélie avant noyade, Dame blanche, Habitante un peu inquiétante des Forêts (malgré le soin mis à en dénier l’étrangeté), NKM se tient allongée près d’un banc de pierre (lieu du Philosophe du XVIII ième). A ses côtés, une Harpe, deux gros livres anciens (exemplaires de la Bible ?). Autour d’elle, des feuilles et du feuillage, des rayons de soleil, des couleurs qui tirent sur le Marron et ses dégradés. La robe est blanchâtre, pas remontée, au-dessous du genou ( retenons le « au-dessous« ). C’est un quasi-déshabillé ( retenons le « quasi« ). Les pieds sont nus. Bracelet au poignet. Les doigts de la main en léger éventail.

LA FORÊT.

Forêt : lieu du Mystère comme la Femme l’est aux yeux de l’Homme. La Forêt : lieu du silence. Au XVIIIième siècle : celui qui se retirait dans le silence exprimait sa supériorité. Ici, comme nous sommes dans un Temps sans histoire, NKM vient dire silencieusement : «Je suis Femme hors-temps, autre que la Femme vulgaire, celle par exemple qui braille après son homme et ses enfants». Discours latent : «Je suis Femme-modèle, au-dessus du commun».

Une forêt dense mais avec des trouées de lumière (Ne vous en faites pas : le Mystère va s’éclaircir grâce à Moi, NKM). Une forêt d’automne qui n’engendre pas vraiment la Mélancolie, une Forêt qui apaise. La Forêt, berceau naturel, est aussi un lieu, une sorte de halte où on peut se reposer et… penser.

DES PENSÉES TRÈS DÉLICATES.

Pensées délicates (la délicatesse est féminine, n’est-ce pas ?), à l’opposé des passions violentes de l’Amoureuse, pensées embryonnaires, prêtes à une majestueuse arborescence (le Libéralisme et le Numérique sont à l’orée des Temps Nouveaux), pensées qui grandiront, pensées rythmées par la musique fine et douce d’une Harpe maternelle. A l’opposé de la brutalité quotidienne (du Libéralisme).

A Suivre.

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(1) La photo ci-dessous de Jane Fonda date de juillet 72. Elle parut dans l’Express avec cette légende : «Jane Fonda interrogeant des habitants d’Hanoï sur les bombardements américains ». BiBi a retrouvé cette photographie commentée par Jean-Luc Godard et Jean-Pierre Gorin et envoyée sous forme épistolaire à l’actrice américaine via la Revue Tel Quel (n°52).

NB :Cliquez ici pour lire la seconde partie du billet de BiBi.

Les Inrocks et l’horrible Lorie ?

Un p’tit tour en forêt…

Les « Inrocks » dénient à la chanteuse Lorie le droit de s’exposer nue sur la mousse d’une belle forêt. Diane Lisarelli, la journaleuse de service, s’aiguise les dents en ne cessant de se moquer de la posture de la starlette qui pose dans Paris-Match. Son intervention, pourtant, est toute aussi affligeante que celle de l’hebdo de Lagardère. Lorie y est traitée par exemple de «Lady Chatterley de supermarché». Elle prendrait une «pose lascive mais sauf naturelle» (Quoi ? N’aurait droit de cité que des poses «naturelles» ?) Passons.

Diane chasseresse.

Diane Lisarelli, l’Inrockuptible, se gausse donc de cette pauvre Lorie mais n’a pas un mot sur le canard laquais de Paris-Match bien préservé en cette occasion. Elle n’en reste même pas là : pas gênée du tout, notre Diane chasseresse de Lorie placarde… la photo qu’elle dénonce !

Procédé courant qui a un double bénéfice : celui de satisfaire notre pulsion voyeuriste (via la reprise de la photo de Paris-Match) et celui de conforter notre morale de rebelle inrockuptible (via la critique empreinte de jalousie de la journaleuse). Jolie manipulation, non ?

Renvoi d’ascenseur ?

Il ne reste plus à Paris-Match qu’à renvoyer l’ascenseur dans un de ses prochains torchons. BiBi proposerait bien une légende appropriée : «Diane chasseresse et ses jolis champignons au cœur de la forêt».