Hé oui, je me suis payé la Une du JDD, la Une du numéro de ce dimanche 20 janvier 2013.
Depuis l’achat d’une page anti-IVG de la part de la Fondation Lejeune au Nouvel Observateur (1), j’ai réuni mes économies (32000 euros la page du NO, un peu plus cher chez Lagardère) pour me payer la Une de ce journal si admirable dans son objectivité, si admiré et tant de fois invité pour sa sériosité politique. Rappelons que sur le sujet de la guerre au Mali, le Boss du JDD, Arnaud Lagardère, détient des parts importantes et stratégiques dans les Canons et sur le Marché mondial des armes…
Sur Télé Obs, supplément au Nouvel Observateur, on a vu apparaître une publicité anti-IVG pleine page. Pub acceptée, sélectionnée, aussitôt remarquée sur Twitter par une internaute, et hop voilà que l’incompréhension s’empare de la Toile. Incompréhension et colère justifiée. L’équipe du Nouvel Obs (Directeur : Laurent Joffrin) réagira dans la foulée par deux tweets de Renaud Dély. Certains amis-BiBi pensent qu’il ne faut pas en faire un fromage. Ils disent que j’exagère. Le Nouvel Observateur n’a-t-il pas été à l’initiative en avril 1971 du «Manifeste des 343 Salopes» puis n’a-t-il pas publié 41 ans plus tard le Manifeste contre le viol signé par 313 femmes déclarant avoir été violées ?
De plus, Renaud Dély présente ses excuses. «Nous demandons à nos lecteurs de nous excuser pour cet impair. Nous veillerons à ce que ce type d’incident ne se reproduise pas». Il parlera encore d’ «erreur de fonctionnement interne» et de «dysfonctionnement»
Stop ! On arrête tout.
Sauf qu’au «Stop», BiBi a enclenché la première et a redémarré.
Depuis le mois de septembre dernier, les déboires de TF1 n’en finissent pas. Les audiences s’écroulent pour le foot acheté à prix d’or, le funeste «Grand show des Enfants», «Ushaïa Nature» etc. Chic ! Voilà les murs de la Maison Bouygues qui se lézardent.
BiBi avait déjà eu une pensée (1) pour Denis Robert à propos de son passage à TéléLibre, invité qu’il était avec le mielleux Laurent Valdiguié aujourd’hui dans l’équipe du JDD. BiBi a suivi, livre après livre, les aventures de Denis Robert avec la Chambre de Compensation Clearstream. BiBi se retrouve un peu dans son parcours puisque dans sa biographie, Denis Robert avait commencé par travailler dans le Social. Aujourd’hui entre l’affaire Clearstream 2 et la bande dessinée, il a gardé son optimisme, faisant confiance à ses supporters contre cette énorme machine qu’est Clearstream. Batailleur, il a réussi à percer les secrets de la Haute Finance (Clearstream a changé de Président, de siège social). Aujourd’hui, en simple citoyen, il demande à ce que les opinions européennes aient un droit de regard sur les comptes de Clearstream. BiBi ne peut que l’approuver. Pour appuyer cette demande, BiBi reprend ici des morceaux choisis de son interview récent au Nouvel Observateur (2) :
Les listings de Clearstream :
En mettant le nez dans ces interminables listes de comptes et de clients, on voyage beaucoup. On trouve des multinationales, des agents de change, des sociétés offshore, des banques évidemment. Le plus intéressant, je trouve, c’est la vision très concrète de l’univers financier. En lisant les noms des milliers de clients acceptés par Clearstream dans des paradis fiscaux – Caïman, les Barbades, les Antilles néerlandaises, Jersey… – on voit bien que les clients peuvent utiliser l’outil informatique pour émarger vers ses ailleurs. En valeur, voilà ce que cela représente : d’après une dépêche Reuters, dix TRILLIONS d’euros (10 000 000 000 000 €) étaient officiellement conservés chez Clearstream en janvier 2009.
Un concurrent à Clearstream ?
Barack Obama est en train de créer une chambre de compensation internationale pour les banques américaines qui va concurrencer les deux chambres de compensation européennes existantes : Clearstream et Euroclear. Ces deux multinationales ont le monopole du marché obligataire. Elles sont présentes sur toute la planète et dans tous les paradis fiscaux. Elles voient passer chaque année près de 150 trillions d’euros (150 000 000 000 000 000 000 €).
La Route du Paradis. Les listes de l’OCDE ne sont pas assez radicales. Elles sont faites sous la pression des Etats. Les critères de sélection sont discutables. Les informations fournies par les paradis fiscaux restent floues et peu vérifiables. Tout se fait dans la précipitation. Mais c’est un début. Et on voit bien que contrairement à ce qu’on nous faisait croire – souvenez-vous de Jospin qui avouait sa démission face aux puissances économiques – les politiques peuvent avoir un réel pouvoir quand ils sont acculés (3).
La pression est possible. Plus le public sera informé sur ce qu’on peut appeler «les circuits de l’argent invisible», plus la pression se fera sur les politiques et donc sur les banquiers. Les politiques ont laissé les banquiers s’autocontrôler depuis tant d’années. J’avais posé la question en 2002 à Jean-Claude Trichet alors gouverneur de la Banque de France du contrôle exercé sur les filiales des banques françaises à Vanuatu ou à Caïman. M’inspirant des listings de comptes de Clearstream, je lui avais livré des faits précis. Il avait répondu que ces filiales de banques françaises dépendaient des autorités judiciaires des pays en question. Le patron de la COB avait confirmé. L’hypocrisie du système est résumée dans ces réponses.
Comment ça marche ? Les subprimes dont on dit qu’ils sont à l’origine de la crise sont – au départ – un crime financier. (…) Certaines banques font passer pour un service (prendre votre argent, le transformer en compte bancaire…) ce qui devrait être un devoir. Ces banques ont inventé un business : le commerce de notre argent. Il fonctionne sur des promesses et la gestion du temps. C’est un univers très complexe si on le prend par petits bouts, mais simple à comprendre si on prend du recul. Les banquiers vendent en chaîne des promesses de remboursements. Qu’on appelle ça «obligation», «warrant» ou «hedge funds», cela participe du même esprit de spéculation. Plus ces banquiers vendent, plus ils s’enrichissent. Ils mettent en place un casino virtuel où ils sont les seuls joueurs à ne pas perdre.
L’Informatique et ses traces.
L’Informatique représente aussi un piège formidable pour les fraudeurs pour une raison que j’ai compris en enquêtant sur Clearstream. Il y a toujours des traces en informatique. Même les dissimulations ou les écrasements de fichiers laissent des traces.
Madoff. Madoff avait des comptes chez Clearstream et Euroclear. La stratégie de Madoff était celle du joueur de bonneteau. Il cachait ses détournements dans ses comptes en les faisant voyager très vite. Pour ça, il avait besoin d’outils informatiques sûrs, rapides, discrets, efficaces.