Dimanche. Toujours penché sur son journal dominical préféré, BiBi a goûté à la prose du canard-laquais de Lagardère, Olivier Jay. A ses temps perdus, le Journaleux fait des ménages aux Rencontres du Medef mais, ce dimanche, il nous fait la leçon en prônant « Sérénité, Sérénité ». A ce Jay au Parler-Perroquet, BiBi répond : «Fuck You, Serenity».
Ce Jay, du haut de son olivier perché, nous enjoint d’être sereins (pas serins). Et soyons-en sûrs : ce n’est pas demain, ni dimanche prochain, qu’il va changer de nid. Il continuera de nous seriner : «Sérénité, Sérénité ».
Examinons un peu ces propos bien volatiles. D’abord, bien comprendre, nous dit-il, que «2011 sera une année de pause électorale». C’est vrai, faudrait pas avoir à recommencer ces mouvements de grève 2010, ces manifs de rue 2010, faudrait pas avoir à gueuler comme Jean-Luc Mélenchon ou à s’énerver bêtement ou inutilement contre Nicolas, le «Maître du Monde» (comme le titrait le JDD, il y a à peine une année).
Sérénité : voilà bien un mot de Maitre, un mot-pivot pour nous faire entrer dans le rang, un mot de belle posture aristocratique. C’est qu’Olivier Jay s’est hissé tout en haut de l’arbre et il regarde de haut la France d’En-bas. Il crie à la foule vociférant (disons les cris des 3 millions de manifestants d’Octobre) : «Ohé ! Du calme ! Du calme ! Sérénité ! Sérénité ! Faites un peu comme moi, repliez vos ailes et garez votre zèle ! Comme «aucun grand pays ne connaitra d’élection décisive», c’est le bon moment pour que le Pays se calme et retrouve la Sérénité. Yes, Sérénité ! Serenity !»
Joli refrain égrené et destiné aux Frères des «autres pays du G20». Aux Frères espagnols : Ne bougez pas ! Admirez le jeu du Barça et basta ! Aux Frères irlandais : revenez à vos églises et à vos moutons ! Aux Frères anglais : payez vos frais d’Université et ouvrez vos cahiers ! Aux Frères grecs, soyez philosophes, retrouvez votre sagesse antique ! Aux Frères islandais : retenez votre Volcan de malheur ! Sérénité. Serenity.
Et pour les Frères qui vivent en France, dans notre beau pays «dégagé de la pression immédiate de son opinion publique», Olivier nous délivre cette belle et très sereine prière : «Je vous en conjure, chers lecteurs et lectrices de notre Journal «intello-populaire», quittez ce rôle d’éternels râleurs, rangez vos fourches de 1789 et vos drapeaux rouges et repartons «sur un nouveau pied» ! Oui ! Sérénité ! Serenity ! C’est «l’état auquel nous aspirons». Voila «l’occasion» unique «de mieux maitriser la forte croissance mondiale et ses désordres»!
Sérénité, Serenity ? BiBi et ses amis ne pensent pas au-dessus du Monde. Ils pensent et ils agissent dans le Monde. Ils ne veulent être ni sages, ni tranquilous, ni impassibles. Ils veulent de la contradiction vivante, des dialogues sans complaisance, des vérités à cracher, des heurts dans la Pensée. Bref du Vif et du Vivant.
BiBi présentera donc ses vœux à ce cher Jay, éternellement perché sur le même olivier, et il lui dira : «Olivier, garde pour toi cette «année sereine» que tu nous promets. Ces 365 jours, BiBi les veut pleins de rage, de bruit et de fureur. Et sache que cela ne diminuera en rien la force des Pensées qui le traversent et le traverseront pour 2011. Fuck You, Serenity».