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Toutes petites pensées politiques.

C’est un capharnaüm, ça arrive de partout. Ce ne sont pas des grandes pensées politiques qui vous envahissent. Non, juste des petits détails, des flashes qui vous éblouissent ou vous désespèrent. Vous pêchez ces miscellanées dans n’importe quoi, n’importe où, là sur une pulsion d’achat du mensuel La Décroissance, ici sur une pub TV ou encore tout là-bas dans le fatras d’Internet. Voici donc, en vrac, de toutes petites pensées politiques…

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Livres de lecture.

On n’a pas toujours envie de parler. On a juste ce désir de rester sans voix, sans paroles, de se taire, de laisser venir à nous, moins les lectures (c’est impossible) que les souvenirs de lecture, ceux qui se sont emparés de nous ces derniers temps. Très souvent, trop souvent, les livres s’éloignent, ils nous perdent de vue, les phrases qui nous ont brûlés sont de cendres, émiettées, emportées par les vents. Paysage de désolation. Qu’avons-nous retenu ? Le flux, le reflux, le feu peut-être ? Restent quand-même des bribes qui nous reviennent, qui nous retiennent.

La Presse alternative existe, je l’ai rencontrée.

LA DECROISSANCE

On a une presse alternative. Il y a Fakir arrivé à nos oreilles et sur les écrans, un Fakir sur les clous avec son film Merci Patron, tout bardé de son opiniâtreté pour percer la puissante muraille Bernard Arnault. Il y a aussi le mensuel La Décroissance (prix à l’unité: 2,50 euros) plus confidentiel mais que je suis assez régulièrement. Un journal qui fait vivre la différence, qui fait réfléchir (même si des désaccords existent) et qui offre dans son dernier numéro des entretiens de qualité dans des articles de grand intérêt. Aussi feuilletons-en ensemble quelques pages.

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21 ans déjà : le N°1 de L’Autre Journal.

L’Autre Journal : mai 1990.

On ouvrait avec une joie à peine contenue la page 1 sur l’éditorial de lancement du Mensuel. Michel Butel y écrivait : «Avec peu de tremblements, une voix dit la nouvelle phrase générale et la nouvelle phrase intime. Et elle écrit ce journal. Mais qui parle ? Et que dit cette voix ? Et ici, qu’est-ce qui est écrit ?»

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On était quelques-uns à se réjouir de cette voix nouvelle, multiple, aux écrivants de qualité. Il faut croire que dans la Jungle du Marché, cela ne fut pas suffisant. Le Numéro Un comptait 355 pages. Peu de pub. Des billets très denses, très informés. Des Contes. Des chroniques. Une page débat. Celle, 110, où on peut lire les réflexions lucides ô combien de Gilles Deleuze sur 4 pages : Les Sociétés de Contrôle.

«On nous apprend que les entreprises ont une âme, ce qui est bien la la nouvelle la plus terrifiante du monde. Le marketing est l’instrument du nouveau contrôle social et forme la nouvelle race impudente de nos maîtres. Le contrôle est à court terme et à rotation rapide, mais aussi continu et illimité, tandis que la discipline était de longue durée, infinie, discontinue. L’homme n’est plus l’homme enfermé, mais l’homme endetté. Il est vrai que le capitalisme a gardé pour constante l’extrême misère des trois-quarts de l’humanité, trop pauvres pour la dette, trop nombreux pour l’enfermement : le contrôle n’aura pas seulement à affronter les dissipations de frontières, mais les explosions de bidonvilles et de ghettos».

Rien que par cet extrait, on était heureux de débourser 30 francs par mois.

Innombrables étaient les rubriques : Enquête/Dossier/Entretien/Vies (à Tchernobyl)/Affiche/Mémoire/Destin/Voix/Œuvres (avec des dessins et une longue conversation avec Fellini, un article sur le premier amour de Van Gogh)/Almanach/Lieux (sur l’OM)/Lecteurs/Pêle-Mêle/Epilogue.

Et aussi cette phrase terrible de Lioubov Kovalevskaïa, journaliste soviétique, irradiée à Tchernobyl, témoin condamnée qui avait prédit, un mois avant, la Catastrophe nucléaire. Lioubov, privée de tout moment amical et convivial… Elle parlait de sa vie d’autrefois mais tout avait changé, tout avait basculé après le désastre nucléaire de mai 1986  (Article de Basile Karlinski ici).  :

«Où aller ? Tous mes amis en ville avaient des enfants pour qui la poussière radioactive dont j’étais couverte était dangereuse».

Une fois la relecture du Mensuel achevée, on se surprend à fredonner, un peu désabusé : «Que sont mes Journaux devenus /Ceux que j’avais de si près tenus ?»

Aujourd’hui, on a Politis, mince comme une feuille de papier à cigarettes, on parcourt les Inrocks avec indifférence, on lit La Décroissance, le Sarkophage en une heure, on cherche des pépites dans un  Zélium bien lourd.

Et on reste sur sa faim – attendant sans trop y croire – un Autre Journal.

 

Anne Lauvergeon surveillera Demorand et son équipe…

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1. Non, ce n’était pas une bombe mais il faut se rappeler qu’en plein été, Anne Lauvergeon a eu les faveurs d’Edouard de Rothschild, de Jacaranda Caracciolo et de Bruno Ledoux. Nos trois messieurs, «garants» de «l’indépendance» de «Libération», ont nommé Anne Lauvergeon, ex-Patronne d’Areva, au Conseil de Surveillance du journal.

2. Cette nomination n’est pas une surprise car Anne a pour amie sa consœur Anne (Méaux) d’Image 7, vous savez celle qui fait la pluie et le beau temps dans la Météo médiatique (Lire ici le billet-BiBi). Anne Lauvergeon, placée en 24ième position au rang des femmes les plus puissantes du Monde, rêvait d’entrer à Libé. La voilà rayonnante, elle y est et sa consœur Anne-bis en est toute émoustillée.

3. Anne Lauvergeon, ex-conseillère de François Mitterrand, amie de Ségolène et laudatrice de Sarkozy (oui, oui c’est compatible) va surveiller les comptes, les écrits, les billets, les humeurs de l’ex- journal gauchiste rentré dans le rang.

4. Son nouveau Directeur de Rédaction, Nicolas Demorand, très volatile, oiseau d’hiver de France Inter, perroquet de printemps à Europe 1 puis à Libé s’enflamme :

«Anne Lauvergeon à la tête du Conseil de Surveillance de «Libération». C’est une très bonne nouvelle non seulement pour nous, mais plus largement pour le monde de la presse. (…) L’impact de l’arrivée d’Anne Lauvergeon sur la ligne éditoriale de «Libération» ? Il n’y en aura aucun ! (…) En tant que Directeur de la rédaction, je suis garant de la liberté absolue des journalistes de «Libération», sur tous les sujets sur lesquels ils travaillent et enquêtent. Y compris le nucléaire et les politiques énergétiques !» (13 juillet 2011). Source : La Décroissance. Septembre 2011).

5. On admirera la courtoisie du nouvel entrant qui a déjà eu contre lui une motion de défiance (adoptée à 78 % dans un scrutin organisé par la Société civile des personnels de Libération). Faut dire que ses silences successifs sur les mises à la porte de Michel Benasayag (de France-Culture 2004) et Didier Porte (de France Inter 2011) ne peuvent faire de lui un Héros auprès de ses pairs.