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Fatigué mais entêté.

« Savoir consume des forces, mais ne pas savoir les épuise »

(Maurice Blanchot. « Le pas au-delà »)

Ne nous voilons pas la face : la période est à la fatigue.

* Fatigue de devoir rappeler que nous sommes dix ans après le début des persécutions contre le toujours emprisonné Julian Assange, fondateur de Wikileaks. Fatigue mais entêtement à le rappeler surtout à toute cette journaille qui regarde ailleurs.

* Fatigue de voir toutes ces commémorations.

Celle du 11 novembre par exemple qui voit tous nos politiques pleurnichant les morts de cette boucherie 1914-1918 en taisant la responsabilité des Etats impérialistes d’alors. A ceux que la fatigue n’a pas submergé, lire et relire le petit opuscule de Lénine («L’impérialisme, stade suprême du Capitalisme»).

* Fatigue sur le silence de ces anniversaires non célébrés par nos si éminents Européens. Ainsi des funestes Accords de Munich (28-29 septembre 1938) qui virent les gouvernements anglais et français baisser leur froc devant le pacifiste Hitler. Oui, fatigue.

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*Fatigue, écoeurement (mais sans étonnement) de voir les crevures racistes tenant le haut du panier médiatique déverser quotidiennement leur haine du prochain.

*Fatigue à voir surtout les genuflexions ou les silences des Courtisans. Je pense ici aux troupeaux de moutons, de ceux qui plastronnent sur les écrans des milliardaires, qui ont des mots très durs sur le monde d’aujourd’hui mais oublient les mots «Macron, fascisme, Meloni, Darmanin, RN, Hanouna, Bolloré» dans leurs logorrhées.

Hanouna et ses soutiens.

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*Fatigue de devoir rappeler que, le 15 janvier 2022, Mediapart publiait un article sur les violences sexistes à Radio France, parlant d’un «constat accablant». Sa directrice sarko-macroniste compatible, Sibyle Veil s’engageait à mener une enquête tout azimuth. Pour l’instant, silence dans les rangs radiophoniques. De Léa Salamé à Sophia Aram, de Renaud Dely à Bruno Duvic, de Fabienne Sintès à Marc Fauvelle qui ont pignon sur rue médiatiques.

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*Fatigue mais entêtement à rappeler les conflits d’intérêts dans le scandale qui touche Agnès Runacher-Pannier, Ministre de la Transition écologique qui a violenté ses enfants en leur ouvrant des comptes dans les paradis fiscaux.

*Fatigue à rappeler ce que font les fils et filles de. Prenons Bolloré. Il a préparé notre présent et notre avenir et surtout celui des Africains depuis longtemps. Voyez les destins de ses deux rejetons Yannick et Chloé. Voyez, pas loin, le coquelet Antoine Arnault et la petite Delphine, copine de Brigitte. Bourdieu parlait déjà de ça dans les Héritiers. Trente ans après, le mécanisme de la reproduction sociale est de plus en plus perfectionné jusqu’à nous épuiser.

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L’accumulation de scandales, d’exhibitions de pourritures sur nos écrans (quand on les ouvre) sont là, non seulement pour nous éreinter mais pour nous démobiliser et nous pousser à faire les autruchons. En quatre jours de Macronie, on a eu : les obscénités d’un De Fournas, la Ministre Runacher Pannier, le larbin Hanouna et le sinistre de l’Intérieur Darmanin revêtant la panoplie de l’antifasciste et du protecteur de migrants. Où trouver les antidotes contre cette fatigue qu’ils nous inoculent ?

Me souviens de ce vieux bonhomme fatigué sur lequel j’avais fait mon premier clip-vidéo.

« Hier en Italie, à l’âge de 93 ans, est mort un homme qui vivait depuis vingt ans dans les chemins de fer. Il ne cessait d’aller d’un train à l’autre, n’ayant pas d’autre domicile. Ancien député, il disposait de billets gratuits. Sa grande fortune ayant disparu, il ne lui restait plus que ces billets. Il mourut dans la gare principale de Turin, alors qu’il s’apprêtait à changer de train. »

*Fatigue, soupir : chacun sa façon singulière de descendre au Terminus.

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*Fatigués, bien sûr. Comment ne le serions-nous pas ? Heureusement, d’autres l’étaient et nous ont rapporté leur expérience singulière de résistance.

Imre Kertesz, rescapé d’Auschwitz et de Buchenwald, rapportait ce mot allemand «Weltvertrauen» qu’il avait emprunté à Jean Améry, autre survivant, mot qu’on pourrait traduire par «la confiance accordée au monde». C’est de cette confiance basique, indestructible qui nous préserve du pire, qui nous fait tenir debout malgré nos corps endoloris, malgré le poids de confusion dans nos pensées.

Et c’est encore Jim Thomson («1275 âmes», n° 1000 en Série Noire) qui, du fond de son agitation intérieure, nous en parlait le mieux.

«Je m’appelle Nick Corey. Je suis le shérif d’un patelin habité par des saoulauds, des fornicateurs, des incestueux, des feignasses et des saloupiauds de tout acabit. Mon épouse me hait, ma maîtresse m’épuise et la seule femme que j’aime me snobe. Enfin j’ai une vague idée que tous les coups de pied qui se distribuent dans ce bas monde, c’est mon postère qui les reçoit. Eh bien, les gars, ça va cesser. Je ne sais pas comment, mais cet enfer va cesser». 

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Bien entendu, cette fatigue infernale ne cessera pas mais, comme tout se termine en musique, on pourra s’arrêter sur cet instrumental qui nous persuadera provisoirement que la Vie l’emportera.

Deux jours au Salon des Lanceurs d’Alerte.

En assistant aux deux journées si riches du Salon des Lanceurs d’Alerte à la Maison des Sciences de l’Homme, il m’est revenu en mémoire le livre de Léa Salamé qui avait fait récemment son beurre éditorial en promouvant jusqu’à l’overdose ses émissions de radio publique et surtout son livre au titre de « Femmes Puissantes » (2 tomes SVP et il paraît que… ce n’est pas fini).

Au retour du premier jour de ce Salon de La Plaine St-Denis, ce samedi soir, je suis allé chercher quelques unes de ses interviewées. Et c’est vrai que, pour beaucoup d’entre elles, c’est la Puissance qui les caractérise : là, c’est Anne Hidalgo dans toute sa splendeur et sa prédominance parisienne qui applaudit puissamment le facheux facho Didier Lallement en Conseil de Paris; ici c’est au tour de Nathalie Kosciusko-Morizet qui lâche : « Je suis une femme puissante, comme vous, comme toutes celles qui nous écoutent « . Apprécions ici la Grande Famille dans laquelle elle veut nous insérer avec ce  « je suis comme… vous » ! Pour la similitude entre elle et « nous », je renvoie les bibis à la lecture de mes deux billets qui avaient pour support l’incroyable photographie de Paris-Match de Madame en ces temps (2011) où elle servait les hommes très très… puissants (Sarkozy).

Enfumage de NKM. « Mon premier bébé c’est la politique »

Parmi ces femmes puissantes, Léa Salamé a aussi glorifié Christine Lagarde dont la vue de ces seules photos (ci-dessous) suffirait à se gausser ou… à se mettre en rage. Et mon étonnement sera encore plus grand lorsque je découvris Anne Méaux dans cet inventaire, elle sur qui j’avais écrit un billet assassin, rappelant à mon pauvre panel de lecteurs et lectrices qu’elle avait pour clients les magnats de l’entreprise (120 SVP), Benali, Wade tous deux charmants dictateurs, qu’elle appartint en son temps au parti fasciste des Forces Nouvelles et qu’on la surnommait… Eva Braun ! Je passerai sur l’inclusion de Carla Bruni dont la puissance était probablement vraie (mais peut-être pas dans sa voix de gnan-gnan).

A droite, les propos obscènes de Mme Lagarde.

Bref, j’en étais là de mes réflexions lorsque je me suis aventuré dans les amphithéâtres du Salon des Lanceurs et Lanceuses d’alerte dirigés de main de maitre par Daniel Ibanez (et son équipe). Un amphithéâtre et auditorium où je me suis installé en prêtant l’oreille à toutes ces femmes lanceuses d’alerte, incroyablement puissantes dans le compte-rendu de leur parcours. Attention, ici, nous ne sommes plus dans la même puissance salamesque, nous avons quitté les ondes radiophoniques de Radio France commandée par la sarko-macroniste Sibyle Veil.

Alors citons ces femmes si courageuses : Françoise Nicolas (voir mon billet de soutien ici de 2018), Maureen Kearney, admirable dans son combat contre l’ogre Areva, Denise Schneider qui se bat depuis plus de vingt ans dans son village de Bourg-Fidèle dans les Ardennes. Ahurissant témoignage de cette combattante contre les pollutions des sols et de l’eau de l’usine de retraitement de batteries Métal blanc. Et aussi les journalistes menacées en Bretagne (Inès Léraud et Morgan Large ou encore Brigitte Gothière de L214). Ajoutons enfin les trajectoires plus connues d’Irène Frachon (Affaire Le Mediator) et Elisabeth Borrel qui se battent, elles aussi, depuis tant d’années.

En soutien à Julian Assange.
(Avec son père, à droite)

Il faut les avoir écoutées pour avoir idée de leur infinie solitude, de leurs forces pour surmonter celle-ci, pour avoir idée de leur courage pour trouver réseaux d’amitiés et de solidarité. Leur puissance est là, toute entière, basique, indestructible. Malgré les aléas, le découragement, le désespoir, admirons à chaque fois la reprise de leur combat envers et contre tout. Elles sont bien évidemment à distance millénaire du choix des invitées de Léa Salame. Oublié l’inventaire que cette dernière a vite catalogué en « femmes puissantes » (rajoutons sans rire dans ce lot : Leïla Slimani, Marion Cotillard, Laure Adler, Line Renaud). Un choix d’élite qui vient dire la… puissance exorbitante de cette entre-soi… au service des Puissants.

Inutile de dire que je n’ai croisé ni Lea Salame, ni Laure Adler, ni Natacha Polony, ni Sophia Mabrouk, ni Fabienne Sintes à ces deux journées passionnantes et riches. Par contre, il convient de féliciter les élèves de l’Ecole de Journalisme de Grenoble (Compte Twitter @EJDGrenoble) qui – je l’espère – deviendront les relayeurs sociaux et mediatiques de ces femmes et de ces hommes. Des hommes, eux aussi puissants : citons ici Christian Chouvat, père de Cédric, le policier de Nice Ludovic Fayolle dans l’affaire Legay, Daniel Corcos sur les mammographies. Enfin haute fut la tenue des débats avec les éclairages d’Arié Alimi, de Serge Portelli, d’Asma Mhalla, d’Aymeric Monville, avec les films des cinéastes (Anne Richard, Juan Pancorbo venu soutenir Julian Assange en présence du père) et l’intervention tout simplement merveilleuse de l’écrivain-citoyen italien Erri De Luca.

Mes rages 2019. (Lettre au Père Noël).

Cher Père Noël,

Je sais que jamais on ne vous verra vous mettre en colère. Ou pire encore : vous consumer de rage. Vous voir l’écume aux lèvres, poings serrés, éructant, bondissant comme un fauve sur les enfants qui vous attendent, enragé comme jamais, on ne verra jamais ça chez vous. Mais perso, ces moments de rage, j’en ai traversés beaucoup en cette année 2019. Sachez pourtant que je ne les regrette pas du tout et que je ne m’en excuse pas. Dominer ses faiblesses, on peut en rêver mais que voulez-vous, cher Père Noël, je ne crois pas en la Paix sur cette terre. Ni extérieure, ni intérieure.

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Moment de rage donc contre ces Grandes Gueules de Radio Monte-Carlo, patronnées par Drahi, payées par l’argent de l’évasion fiscale sur lequel les charognards de Truchot, de Marschall, de Zohra Bitan et consorts font silence.

Contre le Service Politique de l’Afp et de son Directeur affichant sans regret l’image d’un Macron triomphant sur son compte Twitter. Rage contre les obscénités hebdomadaires du Point et les Unes du Journal Du Dimanche.

Rage contre la Kommandantur de nos radios publiques qui ont installé des Chiens de Garde aux Niches d’entrée de l’info politique. Je parle ici des éditocrates, des rubricards, des journaleux et journaleuses de nos stations. Mais rage surtout contre les grandes chefferies qui, dans l’ombre, téléguident leurs annonces macronistes et détruisent nos Ondes par leurs projets obscènes : de Vincent Giret de franceinfo à Sibyle Veil, directrice sarko-macroniste de Radio France.

Moment de rage contre les loulous des Decodeurs du Monde et les Checknewsfr de Liberation qui se pavanent en débusqueurs de fakenews, en champions de l’Objectivité se glorifiant – au nom certainement de la liberté de la Presse et de l’Information – d’être inféodés à FaceBook qui leur verse 245.000 dollars par an. Combien le montant de leurs soumissions en 2019 ? A quand une réponse sur Edouard Philippe, sa femme placée à Science-Po Paris ? Chutt… Omerta.

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Rage contre les instigateurs du LOL, toujours en course, toujours en place. Rage contre les signataires 2009 qui ont défendu Polanski et qui se taisent, se terrent aujourd’hui. Rage contre les circuits du petit monde littéraire parisien des Années 70-80 qui a encensé Gabriel Matzneff, pollueurs littéraires toujours en action aujourd’hui. De BHL à Sollers, de Josyane Savigneau («Le Monde Des Livres») à Pivot («Apostrophes»)

Rage contre la quasi-indifférence sur Julian Assange, sur Françoise Nicolas et sur tous les lanceurs d’alerte qui sont comme des phares qui éclairent et qui nous enseignent le courage à toute épreuve.

Rage contre Bernard Lavilliers, Alain Souchon, Renaud et tous ces artistes (ils le sont) qui – case d’arrération mentale et politique accrochée à eux comme du lichen à la pierre – voient en Macron un homme intelligent, cultivé, sans alternative possible.

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Rage quotidienne contre les violences policières quotidiennes. Rage contre l’impunité des forces de l’Ordre, de la BAC, contre ces décisions de justice qui condamnent des innocents et rage contre les gardes à vue ahurissantes. Rage encore contre les enquêtes bâtardes sur le décès de Zineb Redouane de Marseille et celui de Steve Maia Caniço de Nantes.


Rage contre l’Afp (bis), Le Monde et la quasi-totalité des Médias annonçant « l’essoufflement » du Mouvement des gilets jaunes dès novembre 2018. Comme ils annonceront – ici sarcasme au plus haut point – la magnifique arrestation de Dupont de Ligonnès.

Rage contre Ruth Elkrief insultant de «comédien» Xavier Mathieu parlant politique en débat sur les gilets jaunes. Rage contre les charognards Pascal Praud, Frédéric Haziza et Thomas Misrachi. Ce dernier désignant à l’antenne – sans complexe aucun – la porte à un gilet jaune.

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Rage contre ces experts-politologues-sondeurs omniprésents dans les poubelles TV-Radios : Jérôme Fourquet, Bruno Jeudy, Roland Cayrol, Jean-Michel Aphatie, Jean Garrigues, Yves Calvi, Bruce Toussaint, Thomas Legrand, Apolline de Malherbe, Laurent Delahousse, François Lenglet, Dominique Seux. Et contre ces émissions fabriquées par Lagardère (C’est Dans l’Air) ou par les amis de Niel (C’est A Vous).

Rage contre Castaner, Delevoye, immonde truand-girouette, contre Pietraszewski qui joue la violence contre une salariée d’Auchan qui s’était trompée de 80 centimes d’euros dans son compte de caisse. Castaner, Delevoye, Pietrazewski : le Trio 2019.

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Je sais qu’après cette lettre que je t’adresse pour conter toutes mes rages 2019, tout va aller vers un apaisement personnel. Car c’est vrai que l’écriture apaise. La première maitresse d’école dont je me souviens me disait qu’en écrivant 50 fois « je suis en colère » sur une page blanche, la colère finissait par tomber. Rage, rage, rage, rage, je suis en rage, je suis en rage, je suis en rage.

Je relis ma lettre et bien voilà : je ne suis pas loin de cinquante fois.

Alors, bonne fin d’année quand-même, Père Noël. Et plein de belles choses aussi à ceux et celles qui nous ont suivis tout au long de cette année de luttes 2019.

Cédric Villani, Laurent Bouvet et M. Valls, les 3 héros de M Magazine.

Le Monde est-il toujours ce quotidien de l’objectivité, du sérieux, de l’exigence ? Euh…

En tous cas, il reste un journal d’élite pour l’élite, un journal qui continue de jouer de son fort capital intellectuel. Des chroniques, des articles, des analyses mais peu de photos (on laisse ça aux journaux people). Le quotidien, qui n’a guère de concurrent, veut encore nous faire croire à sa fonction… critique.

Soupirons devant ce qu’est devenu ce «monument». Et balayons devant la porte de son objectivité. Pour ça, il suffit juste de reprendre le tweet du défunt Pierre Bergé, membre de la Troïka aux mains de fer (avec Pigasse et Niel), un tweet qui résumera la posture de ce quotidien pendant ce moment décisif que fut la dernière Présidentielle. Aucune surprise…

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