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Le JDD : entre lapsus et mots d’Ordre.

Journal

L’Abécédaire de la semaine (7/14 septembre).

A comme Abécédaire 

Le JDD : grand journal aux petites notes (exclusives).

JDD en exclusivité

Pour justifier sa politique, le Pouvoir fait jouer ses pistons médiatiques et avouons que Frère Lagardère en est un merveilleux. Avec son support médiatique dominical (le JDD en deux versions), la Machine idéologique est habilement chauffée et peut repartir à l’assaut de son lectorat réel et potentiel chaque samedi et chaque dimanche.

Une pensée BiBi pour Denis Robert.


12-Denis Robert
envoyé par ParadisFJ. – L'actualité du moment en vidéo.

BiBi avait déjà eu une pensée (1) pour Denis Robert à propos de son passage à TéléLibre, invité qu’il était avec le mielleux Laurent Valdiguié aujourd’hui dans l’équipe du JDD. BiBi a suivi, livre après livre, les aventures de Denis Robert avec la Chambre de Compensation Clearstream. BiBi se retrouve un peu dans son parcours puisque dans sa biographie, Denis Robert avait commencé par travailler dans le Social. Aujourd’hui entre l’affaire Clearstream 2 et la bande dessinée, il a gardé son optimisme, faisant confiance à ses supporters contre cette énorme machine qu’est Clearstream. Batailleur, il a réussi à percer les secrets de la Haute Finance (Clearstream a changé de Président, de siège social). Aujourd’hui, en simple citoyen, il demande à ce que les opinions européennes aient un droit de regard sur les comptes de Clearstream. BiBi ne peut que l’approuver. Pour appuyer cette demande, BiBi reprend ici des morceaux choisis de son interview récent au Nouvel Observateur (2) :

Les listings de Denis Robert A publier

Les listings de Clearstream :
En mettant le nez dans ces interminables listes de comptes et de clients, on voyage beaucoup. On trouve des multinationales, des agents de change, des sociétés offshore, des banques évidemment. Le plus intéressant, je trouve, c’est la vision très concrète de l’univers financier. En lisant les noms des milliers de clients acceptés par Clearstream dans des paradis fiscaux – Caïman, les Barbades, les Antilles néerlandaises, Jersey… – on voit bien que les clients peuvent utiliser l’outil informatique pour émarger vers ses ailleurs. En valeur, voilà ce que cela représente : d’après une dépêche Reuters, dix TRILLIONS d’euros (10  000 000 000 000 €) étaient officiellement conservés chez Clearstream en janvier 2009.

Un concurrent à Clearstream ?
Barack Obama est en train de créer une chambre de compensation internationale pour les banques américaines qui va concurrencer les deux chambres de compensation européennes existantes : Clearstream et Euroclear. Ces deux multinationales ont le monopole du marché obligataire. Elles sont présentes sur toute la planète et dans tous les paradis fiscaux. Elles voient passer chaque année près de 150 trillions d’euros (150 000 000 000 000 000 000 €).

La Route du Paradis.
Les listes de l’OCDE ne sont pas assez radicales. Elles sont faites sous la pression des Etats. Les critères de sélection sont discutables. Les informations fournies par les paradis fiscaux restent floues et peu vérifiables. Tout se fait dans la précipitation. Mais c’est un début. Et on voit bien que contrairement à ce qu’on nous faisait croire – souvenez-vous de Jospin qui avouait sa démission face aux puissances économiques – les politiques peuvent avoir un réel pouvoir quand ils sont acculés (3).

La pression est possible.
Plus le public sera informé sur ce qu’on peut appeler «les circuits de l’argent invisible», plus la pression se fera sur les politiques et donc sur les banquiers. Les politiques ont laissé les banquiers s’autocontrôler depuis tant d’années. J’avais posé la question en 2002 à Jean-Claude Trichet alors gouverneur de la Banque de France du contrôle exercé sur les filiales des banques françaises à Vanuatu ou à Caïman. M’inspirant des listings de comptes de Clearstream, je lui avais livré des faits précis. Il avait répondu que ces filiales de banques françaises dépendaient des autorités judiciaires des pays en question. Le patron de la COB avait confirmé. L’hypocrisie du système est résumée dans ces réponses.

Comment ça marche ?
Les subprimes dont on dit qu’ils sont à l’origine de la crise sont – au départ – un crime financier. (…) Certaines banques font passer pour un service (prendre votre argent, le transformer en compte bancaire…) ce qui devrait être un devoir. Ces banques ont inventé un business : le commerce de notre argent. Il fonctionne sur des promesses et la gestion du temps. C’est un univers très complexe si on le prend par petits bouts, mais simple à comprendre si on prend du recul. Les banquiers vendent en chaîne des promesses de remboursements.  Qu’on appelle ça «obligation», «warrant» ou «hedge funds», cela participe du même esprit de spéculation. Plus ces banquiers vendent, plus ils s’enrichissent. Ils mettent en place un casino virtuel où ils sont les seuls joueurs à ne pas perdre.

L’Informatique et ses traces.
L’Informatique représente aussi un piège formidable pour les fraudeurs pour une raison que j’ai compris en enquêtant sur Clearstream. Il y a toujours des traces en informatique. Même les dissimulations ou les écrasements de fichiers laissent des traces.

Madoff.
Madoff avait des comptes chez Clearstream et Euroclear. La stratégie de Madoff était celle du joueur de bonneteau. Il cachait ses détournements dans ses comptes en les faisant voyager très vite. Pour ça, il avait besoin d’outils informatiques sûrs, rapides, discrets, efficaces.

(1) Non, Denis Robert n’est pas un personnage.

(2) http://bibliobs.nouvelobs.com/20090827/14188/denis-robert-le-proces-clearstream-sera-celui-dune-epoque

(3) BiBi rend justice à Bernard Bertossa.

L’impossible Une du JDD.

BiBi s’est mis à faire un impossible rêve, à toucher à l’inaccessible étoile : celle de voir dans le ciel de nos libertés, la Une impossible du JDD. Il est très vite redescendu sur terre pour analyser la construction de la hiérarchie de l’Info du Journal de Lagardère en regardant attentivement la Une de ce 28 août 2009.

Dans le cas de la Une de gauche ( celle du journal réel), la mort de Ted Kennedy – si importante soit-elle pour les Américains – occupe toute la place. La Une est immense et ramène les encarts afférents à la portion congrue. Subtile censure : nous ne sommes plus au temps de la Censure directe mais dans celui de la Manipulation maligne. Dans la seconde image (la Une rêvée à droite),  BiBi en présente une autre possible, évidemment très différente. Cette seconde Une engage une autre représentation du Réel et surtout un autre parti pris : celui de dire que cette Réforme de la Justice (avec la suppression du juge d’instruction) est importante pour la vie démocratique du pays. Pas plus, pas moins. Juste le minimum d’objectivité.

 JDD Les Unes.

La  censure douce du JDD se place, elle, à deux niveaux : le premier plan est de nous persuader qu’il y a des évènements beaucoup plus importants dans le Monde (La preuve ? La mort de Ted Kennedy) et, en 2, de nous dire qu’il y a même des choses beaucoup plus importantes en France. Cela légitime pour le JDD que le rapport Léger soit en page 10 et non en page deux ou trois ou quatre.

Enfin, petit plus à ne pas négliger : le JDD en profite pour se placer en journal au service des libertés citoyennes puisqu’il a eu… l’exclusivité du Rapport  Léger (Comment ? Pourquoi ? On n’en sait rien mais on nous laisse croire que sa Rédaction et ses journaleux se sont démenés pour se mettre à notre service). Le sous-titre en est : «Le JDD a eu accès à l’intégralité du rapport». Puisque ce grand Journal  nous livre le contenu du rapport, comment voir derrière tout ça une habile et diabolique manœuvre ? Sauf à être de mauvaise foi, sauf à chercher des poux là où il n’y en a pas, sauf à être très vilain et très méchant comme BiBi.

Quand on a connaissance des lois qui se préparent, de la réorganisation éhontée de notre Justice, on peut légitimement s’indigner des attaques contre nos libertés qui continuent et qui se préparent en douce. L’affaire Outreau vient ici pour servir de paravent et légitimer le pire recul des libertés publiques depuis des décennies. Nous entrons dans l’ère d’une concentration des Pouvoirs jamais vue. Jusqu’alors, on pouvait encore traiter (avec quelles difficultés ! -puisque le travail de journaliste d’investigation n’existe plus) d’affaires importantes. Demain, après-demain, il y aura un Parquet aux Ordres, des Procureurs aux Ordres. Ajoutons-y la volonté de dépénaliser le Droit des Affaires qui est dans l’œil du Cyclope depuis l’arrivée au pouvoir de Little Nikos et on aura une petite idée de ce qui se prépare.

Ce n’est évidemment pas la Une de droite que le lecteur du JDD ( journal dont le propriétaire est Frère Lagardère) aurait pu trouver dans son kiosque aujourd’hui. Et dimanche prochain, le ciel du Journal sera le même : chargé de très, très lourds nuages.