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Le camp de Didier Lallement, préfet de Police.

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La guerre est déclarée. C’est le Préfet de Police de Paris, (in)digne descendant d’un Bousquet et d’un Papon qui nous le dit sans détour. D’un air supérieur qui rappelle les dignitaire nazis passant en revue ses troupes, Didier Lallement vient répliquer à une Citoyenne qui lui dit son appartenance aux gilets jaunes en ces termes incroyables : « Hé bien, nous ne sommes pas dans le même camp, Madame ». On s’offusque bien entendu d’un tel aveu. Ahurissement devant les propos de ce fonctionnaire de Police, tenu au devoir de réserve et représentant la République, donc l’ensemble des Français sans distinction. Rappel ici du Code de déontologie de la police nationale, article R. 434-29. « Le policier est tenu à l’obligation de neutralité« . Mais hélas, nous n’en sommes plus à essayer de convaincre ce fonctionnaire qu’il est hors-la-loi. Nous sommes au plus proche du pire.

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L’appareil répressif d’Etat, commandé par Macron, lui-même présent pour faire passer les diktats anti-sociaux prônés par le Medef et ses think-tanks) est bien au-delà de ces contraintes démocratiques et de la morale républicaine. L’aveu de Lallement vient confirmer ce qui se passe depuis une année de gilets jaunes : c’est la guerre. En effet, comment caractériser l’affrontement entre les deux camps dont se vante Didier Lallement sinon en la déclarant… « guerre » ?

Deux camps.

Guerre d’aujourd’hui, ultra sophistiquée avec matériel de guerre. Guerre économique dans laquelle on promeut l’achat d’actions à la Française des Jeux au détriment de l’intérêt public. Guerre sociale. Guerre stratégique (Didier Lallement interdisant à 14h une manifestation prévue et autorisée à 14 heures). Je n’en finirais pas de faire l’inventaire de cette guerre dont il faut noter qu’en face des Lallement, la seule défense du Camp jaune, c’est la présence dans la rue, c’est le nombre, ce sont les cris de révolte, c’est la tranquille assurance d’être dans le bon droit, c’est la persévérance dans les propositions, c’est une tenue et des défilés sans armes de guerre. Ici, plutôt fier d’avoir décelé dès mon billet du 20 novembre 2018 la portée historique du Mouvement des gilets jaunes.

La guerre donc. Une guerre qui, comme toute guerre, ne peut se faire sans cohortes de miliciens, sans Soldats de réserve ou grenadiers-voltigeurs en première ligne. C’est contre les manœuvres de tous ces suppôts du Pouvoir dont il faut s’occuper aussi.

Les Toutous du Système.

Je parle bien sur de ces intellectuels médiatiques, de ces pseudo-experts tenant de main de fer les Officines Radio-TV-Presse. Car une guerre ne se gagne jamais sans ces sous-fiffres.

Faisons un peu d’histoire pour se rappeler qu’en tout temps, il ne suffisait pas aux Dominants de mener en actes les opérations sur les champs de bataille : il leur fallait une force idéologique, une puissance des idées toute matérielle pour tenir, pour gagner, pour magnifier les victoires. Ainsi pendant la guerre des Camisards et la répression des Huguenots, la Cour du Roi célébrait les dragonnades, les galères, le bûcher, la corde ou les supplices de la roue pour glorifier les initiatives du Roi prônant les massacres. Avec l’aide des Bossuet, Racine, La Fontaine, La Bruyère etc.

Lors des évènements de la Commune, les écrivains bourgeois volèrent au secours de la classe menacée. D’Alphonse Daudet qualifiant les insurgés de « ramassis de bien vilain monde », de « nègres » d’« enragés » à Flaubert (1) en passant par Alexandre Dumas fils jusqu’à Zola dans sa jeunesse.

Exécutions de Communards.

Dominants mais pas tout-puissants : en guerre. En guerre contre les Courbet, les Hugo, les Rimbaud, les Louise Michel et autres Jean-Baptiste Clément.

Aujourd’hui nous avons aussi ces supplétifs du Pouvoir que sont pseudo-experts, « intellectuels » médiatiques envahissant quotidiennement, squattant en continu les écrans qui sont au cœur du lien social. Guère besoin de faire l’inventaire de ces Soldats, leurs noms nous reviennent avec leurs armures, leurs activités nous sont imposées sur les écrans, leurs sons et images (des Grandes Gueules aux 20heures de TF1, des émissions de Pujadas à celles de Ruth Elkrief, des colonnes domonicales du JDD à la propagande de leur partenaire France Info). Une cinquantaine d’entre eux occupent les scènes des opérations (de Propagande). J’ai obseervé ces experts, intellectuels médiatiques, toutous du Système, rebelles de Droite et d’extrême-droite, provocateurs dans le bocal, gros paresseux derrière les murs de leur Citadelle, vieillards increvables ou jeunes loulous trentenaires, femmes assujetties si heureuses d’arriver aux sommets : tous, ils sont tous bouffis d’orgueil, pleins de morgue et de mépris, gonflés d’une pseudo-notoriété qui les rend ivres et hargneux (sans se douter de la haine qu’ils suscitent).

Voilà les Soldats du Règne Macron.

Ayons toujours une pensée pour eux. Dans les rues du 5 décembre. Aux carrefours jaunes. Dans nos analyses et dans nos traits d’humour féroces.

Solitaire, solidaire.

Nous savons encore mieux d’où ils viennent, d’où ils sont, d’où ils affutent leurs flèches : ils sont dans le camp du Préfet de Police.

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(1). Flaubert écrivant à George Sand sur les Communards : « Quels sauvages ! C’est la dernière manifestation du Moyen-Âge. Je trouve qu’on aurait dû condamner aux galères toute la Commune et forcer ces sanglants imbéciles à déblayer toutes les ruines de Paris, la chaîne au cou, en simples forçats… On est tendre avec ces chiens enragés ». Aujourd’hui, nous avons Christophe Barbier glorifiant Thiers, Luc Ferry et cette Grande Gueule de RMC appelant à tirer sur les gilets jaunes et les « racailles » de banlieue. Sans oublier les refrains de Souchon, Renaud, Lavilliers et consorts à genoux devant le Prince.

MA JOURNÉE DE LA MÉCHANCETÉ.

R Bert

Pulsions irrépressibles. Montent la colère puis la rage de tout détruire. Elle dure, dure, dure cette rage et voilà que, soudain, on cherche sur qui, sur quoi se défouler. On ne se reconnaît plus. Aucun argument ne peut tenir contre cette colère froide et ce sang chaud. Pour tout dire, ce jour-là, ce fut ma Journée de la Méchanceté.

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Quand Sarkozy drague les Intellectuels…

Notre Chouchou a commencé son virage (intellectuel) en voulant changer de… visage. Il lui faut impérativement rallier à sa cause 2012 le Monde Intellectuel. Oh bien sur, pas les Intellos en majorité (cela c’est Mission impossible) mais ceux qui en détiennent les clés (éditocrates, intellos médiatiques prêts à faire les carpettes, faiseurs d’opinion, journaleux-gigolos etc).

BiBi avait déjà parlé des tentatives présidentielles à répétition.

Le Cinoche, pauvre Cloche.

Notre Chouchou voulait impressionner les Cinéastes en leur faisant son cinéma : finies les rodomontades de Christian Clavier et d’Anne-Marie Chazel ! Môssieur regarde Dreyer, Fellini, Capra. (Voir ici la désopilante rencontre avec les jeunes de la Fémis).

A la Manœuvre avec les Grandes Œuvres (littéraires et picturales).

Notre Chouchou reste toujours accroché à la Littérature et sans ostentation, il s’arrange pour le faire savoir. Ainsi, dans l’avion libyen, l’ex-de Carla, Denis Olivennes  le vit se plonger passionnément dans la lecture de… «Guerre et Paix». Incroyable chemin pour notre Président ! Lui qui connaît par cœur les Œuvres Complètes de Barbelivien, le voilà dans la littérature russe (A quand l’Idiot de Dostoievski dans ses bagages ?). BiBi se souvient qu’il était devenu aussi fada de Peinture, allant rendre visite à Pierre Soulages. (Lire ici la rencontre). Avec tout ça, le Peuple n’en revient pas : quelle métamorphose… ou quel bluff ! (Au choix).

Plus Géographe que lui, tu meurs.

Et ce n’est pas fini ! Voilà maintenant qu’il veut jouer à l’Historien et au Géographe.

Au Conseil des Ministres, Nicolas Sarkozy ne peut s’empêcher de fanfaronner. Un Ministre rapporte au Canard Enchaîné : «Au Conseil des Ministres, le Président nous parle surtout de Politique étrangère. Il nous saoule avec la Libye, Lawrence d’Arabie et sa géopolitique de pacotille. Alors qu’on a besoin d’une ligne sur la crise de la dette, il nous fait des cours de Géographie».

L’Amour courtois.

Grace à l’ex-taulard Alain Carignon (qui jadis mit son Intellect au Service de la Corruption), Chouchou accélère ses invitations et ses déjeuners. Cette fois-ci, ce sont 7 historiens (loin d’être les plus reconnus) qui sont allés faire du lèche-vitrine élyséen. (Le Figaro du 16/17 septembre). Pour vous montrer la grande lucidité de ces sommités, l’un d’eux a déclaré – BiBi n’invente pas – qu’il avait été impressionné par la… «Courtoisie républicaine» du Chef de l’Etat. A cet Historien lèche-bottes, il n’y a qu’une seule apostrophe possible : «Allez, casse-toi, Pauvre Con !»

Sarkozy leur fait la leçon.

Les sept historiens, illustres inconnus ( Stéphane Audoin-Rouzeau, Eric Roussel, Annette Becker, Christophe Prochasson…) n’ont pipé mot lorsque le Maître des Lieux lança qu’«Hosni Moubarak était un grand patriote cultivé», que «les Manifestants de la Place Tahrir», c’était «le Café de Flore à Saint-Germain des Prés», notre Chouchou oubliant alors que sa Chochotte Carla Bruni s’y rendait très souvent avec ses ex. Et enfin que dire de son appréciation lancée à la cantonade sur De Gaulle ? «Trop accroché au Pouvoir» ! Les lampistes Umpistes apprécieront. (Source : Le Figaro du 18 septembre).

Stop.

Si BiBi résume, c’est Sarkozy-cinéaste-peintre-érudit-historien-géographe : où s’arrêtera t-il ? BiBi, lui, un peu essoufflé devant tant de prouesses, s’arrêtera là. Aimable et respectueux comme à son habitude, BiBi ne lui cherchera plus d’Histoire.

Deux livres, une interview et les 4 mots de l’Etranger.

1. Ces Mots qu’on dit  «importants » et qui le sont… (Interview d’Arlette Farge à Nouveaux Regards. Juillet/Sept 2005) :

«On a pu parfois se féliciter qu’il n’y ait plus d’intellectuels en France, se réjouir de la mort du Père, signes d’une liberté retrouvée. Mais il faut bien constater qu’à force d’être libres et indépendants de cette manière nous sommes devenus orphelins… J’ai pris lentement conscience de la volonté constante de réfléchir à l’utilisation des mots (…). Peu à peu, je me suis aperçue que mes étudiants sursautaient lorsque j’utilisais des termes comme  «domination», «travailleurs», pour ne rien dire de l’emploi de la notion de «lutte des classes». Ce qui m’a incitée à proposer un séminaire sur ces mots, sur leur histoire, leur emploi, leur trajectoire ou leur disparition, leur euphémisation également.
Mais les réactions de la jeune génération ne font que refléter les reniements de la génération précédente. Les engagements politiques, les appartenances militantes ont été oubliés au profit d’un intérêt pour une douce Europe et la déclinaison d’une pensée «molle» inhabitée par les mots que l’on veut anciens et par la compagnie des êtres humains.
Dans le cadre de la recherche universitaire, de nouveaux termes sont promus pour décrire des réalités sociales sans aucun souci pour la pensée et les stratégies des gens eux-mêmes. Ces stratégies discursives et ces effets de nomination sont assez puissants et visent à disqualifier ou à faire disparaître des acteurs sociaux. On nomme des situations en les euphémisant pour faire advenir des concepts sans aspérité qui gomment le réel».

2. Ces évidences qu’il faut imposer contre les idées reçues du Grand Kapital (Frédéric Lordon. Jusqu’à quand ? Éditions Raisons d’Agir, p. 49):

«Providentiel Kerviel ! De la Société Générale, on aurait pu conter l’histoire de son ralliement au modèle de la banque de marché, faire l’analyse des forces structurelles qui ont distordu ses comportements, mais non : le «voyou» – qui ne fait jamais qu’exprimer à sa manière l’essence du système – portera tout. Le département Banque de Financement et d’Investissement de la Société Générale dégageait 700 millions d’euros de profit en 1999, il en donne 2,3 milliards en 2006 et contribue à lui seul à la moitié du résultat total de la banque, n’y aurait-il pas d’intéressantes choses à dire à ce sujet ?»

3. Cette sensation finement analysée par J.B. Pontalis (Dans « Les Marges du Jour » Gallimard, p.52) et qui traverse ceux qui, dans la France, se lèvent tôt.

Le saut :

« Au saut du lit : ce saut qui – brutalement – c’est pourquoi j’en diffère le moment en prolongeant le demi-sommeil qui me permettra une transition plus douce – nous précipite hors de l’espace du dedans et du hors-temps pour nous projeter dans le monde extérieur.

Quand, douché («moi-peau ») – jet d’eau chaude puis froide, la seule opposition binaire que j’apprécie !- et soigneusement vêtu («moi social»), je traverse la cour de l’immeuble, ouvre la porte cochère, je suis saisi par le bruit, me sens attaqué par la violence de ce bruit, moteurs des voitures, pétarades des motos, marteaux-piqueurs, bétonneuses sur le chantier voisin, je retrouve, accentuée, la même impression d’une coupure entre deux mondes antagonistes ».

4. Les quatre mots de l’Étranger.

L’Etranger, le livre d’Albert Camus, est resté un des plus importants « Livres de Vie » de BiBi. Le destin de Meursault, le héros, a frappé son Imaginaire dès son entrée en lecture. L’incipit de la fiction de l’Algérois de Lourmarin – les 4 mots du début du roman – frappe aujourd’hui BiBi dans le Réel. Quatre premiers mots qui portent son deuil :  » Aujourd’hui, Maman est morte« .