Pas de doute possible : le JDD est bien le journal du Frère Lagardère. A l’échéance du lundi où les députés français doivent se prononcer sur la « réforme » constitutionnelle, le JDD fait jouer de la grosse caisse avec en titre (« Le Grand Suspense »). Le JDD a commandé un méga-sondage étiqueté IFOP ( rappelons-nous que l’ancienne directrice de cet Institut de Sondage n’était autre que la Patronne des Patrons, Laurence Parisot, et que cette brave dame est restée actionnaire majoritaire dans l’Entreprise). Les questions sont posées de telle sorte que, oui, les Français sont pour une révision institutionnelle. Le JDD a tôt fait d’en déduire que le peuple français est favorable à celle présentée par le Petit Nikos. Mais bah, peu importe les approximations et les raccourcis.
N’oublions pas non plus de rappeler que, depuis le jeudi 10 juillet, les Maisons qui commandent les sondages ont vu un nouvel arrivant de taille : Vincent Bolloré, grand ami du Petit Nikos, qui a pris le contrôle du l’Institut du CSA. Les amis de BiBi le savent déjà : 60% du capital de l’institut de sondages CSA a été acquis par le groupe français Bolloré. L’acquisition permet à ce même groupe, qui détenait déjà 40 % de capital de l’institut de sondage, d’en posséder désormais la totalité. Bien entendu, pour les vertueux et donneurs de leçons du JDD, cela ne fera pas une ligne dans le journal : ils sont au-dessus de tout ça !
Mais leur sondage IFOP ne suffit pas : il nous faut – pages 2 et 3 – les justifications de François Fillon qui s’est relevé de son lit. Dans l’interview du second Maître du Royaume, on est bien heureux d’apprendre que Nikos et François ont les mêmes problèmes de dos. Auraient-ils conjointement des problèmes de… constitution ?
On ignorait jusqu’alors son nom. Le JDD nous offre son visage : serein, joliment BCBG, discrètes boucles, regard en coin et cheveux châtain, c’est la patronne d’Areva. Ne pas confondre avec l’entreprise Arena, fabricant des maillots de bain. Si la Patronne donne des explications, c’est plutôt mauvais signe. D’abord, le JDD inscrit ce qui s’est passé à Tricastin comme « incident ». Seule ligne de défense : « Nous sommes une industrie transparente ». Madame Anne Lauvergeon devrait savoir que « transparent » est polysémique : transparent… comme si elle disait «Notre Industrie ne se voit pas et donc tous les problèmes qui peuvent exister n’existent pas ». Quant aux ONG qui protestent, le début de l’article donne le ton : « Les incidents (cette fois au…pluriel, tiens, tiens) des uns font le…bonheur des autres ». Plus loin : « Stéphane L’homme, porte-parole du réseau Sortir du Nucléaire, se…réjouit de l’émoi suscité par les deux fuites successives. » Ben, oui, quoi : tout cela est réjouissant ! Rien ne sera dit sur la fuite qui a conduit au rejet dans la nature de 74 kg d’uranium. Rien ne sera dit des mesures de précautions qui interdisent aux habitants des abords du site de consommer l’eau, d’arroser, de pêcher ou de se baigner. Pourtant il ne s’agit que d’un incident, hein ? Rien ne sera dit sur le mécontentement sur place des habitants et des élus de la région qui estiment avoir été « traités en sous-citoyens » et affirment être déterminés à obtenir réparation, jugeant « inacceptable » la manière dont l’incident a été géré par les autorités et Areva. C’est qu’il ne faut pas mécontenter les Amis du Petit Nikos qui tente de placer nos Centrales un peu partout. En tous les cas, pour une première, Anne Lauvergeon mérite bien son surnom d’ «Atomic Ann ».
Un sur lequel, BiBi verse une larme c’est le fils Pinault (Article en… première page : « clap de fin pour l’actrice et le milliardaire »). Monsieur François-Henri a du rompre ses fiançailles avec l’autre bombe atomique, l’actrice égyptienne Salma Hayek. Il a aussi fallu décommander le somptueux mariage et la robe à 315.000 dollars. En voilà de l’Info ! De la bonne ! Bon, allez, remets-toi François-Henry. Pas de bêtises ! Un coup de Pinot et tu repars.