Gilles Bernheim, grand Rabbin de France, est intervenu dans le Figaro du 26 janvier ( Article : «La Nouvelle condition humaine d’après Auschwitz»). On ne peut qu’être d’accord avec sa conclusion lorsqu’il écrit : «Qui veut oublier le mal se condamne à le revivre ». Mais, hélas, sa chronique reste bien timide et bien généraliste.
Il évoque «l’individu», les « sociétés », les «civilisations industrielles aux technologies et aux systèmes les plus sophistiqués», il s’offusque de la «barbarie», de «l’ère des Ingénieurs» (!) et il tente de réfléchir sur «l’humanité» et sur «la condition humaine d’après Auschwitz ». Soit.
Mais, il évite soigneusement de citer le Libéralisme qui démolit les «individus », de se prononcer sur cette «société industrielle» qui attaque «l’humanité» au cœur et au corps. Il ne pipe mot sur cette Société qui flirte si souvent avec «la barbarie», il n’a pas un mot non plus pour dénoncer ces Capitaines d’Industrie qui touchent 1,6 million d’euros par an et ces dirigeants politiques UMP (avec lesquels il bavarde au diner du CRIF) qui laisseront 600000 chômeurs sur le carreau fin 2010 sans sourciller.
Silence plus ahurissant encore lorsque Gilles Bernheim lâcha que nous étions dans une ère qui est « plus préoccupée par le souci d’innover que de comprendre l’évènement» et que nous traversions une «époque réfractaire à l’Histoire». BiBi crut alors que le Grand Rabbin embraierait sur les cours d’Histoire prochainement supprimés par Luc Chatel (bien aidé par Richard Descoings son Chien de Garde de Sciences-Po).
Mais là encore, non, incroyablement non.
Pas un seul mot sur cette Société sarkozyste qui veut qu’en 2010 aucun lycéen de Terminale S. n’entendra parler de la Shoah de la bouche d’un Professeur d’Histoire-Géo.
Dans la chronique du Figaro, le Grand Rabbin de France est joliment croqué. On voit son portrait dessiné : il pose en rabbin sérieux, posé, réfléchi, très «penseur de Rodin». BiBi attendait donc des pensées mais, après lecture de sa chronique, il n’a trouvé que des poncifs.