«Ce que je sais, c’est que, pour rester vivant au milieu du bûcher, être fidèle au feu qui m’embrase, c’est que, pour toucher au centre de gravité de la lectrice que tu es, mes phrases ont besoin simultanément de ta tendresse et de mon désespoir. En réciproque aussi. Sous l’écroulement de notre prime jeunesse, gardons plus que jamais des forces vives, des pierres brûlantes, des cendres chaudes. Mystère, Beauté de nos Vies à reconstruire, à remettre en partage».
J’aurais voulu lui envoyer ce petit texte. Mais toute cette histoire n’est qu’une histoire toute d’inventions. Invention de toutes pièces que ces marches du bord de mer, ces longues parties de volley, invention que ces arrêts sur le sable, cette montée au sommet des dunes, ces paroles à la sauvette, invention toutes ces biffures régulières sur les pages et rêve, rêve, rêve que cet Incipit impossible, Elle me disait.
De l’esbroufe pour se donner le change et mettre un pied devant l’autre, de l’esbroufe pour sortir indemne des pesantes nuits noires et repasser une fois de plus à la lumière du petit matin. Des inventions, de l’esbroufe qui nous pousse à remettre ça encore et encore, jour après jour. Restent – dérisoires – ces apostrophes, cette multitude de lignes zébrées. D’où viennent-elles ? D’où viennent-elles ? D’où sortent-elles ? Qui les envoie et qui les dépose ?
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