Dans un de mes premiers billets mis en ligne ici (en 2008), j’avais dit mon admiration et ma reconnaissance à Jim Morrison et à ses travaux poétiques et musicaux. Sans faire de jeux de mots, il fut un des artistes qui m’ouvrit des… Portes. Sous le titre un peu accrocheur/raccoleur («La Dernière Photographie de Jim Morrison»), je présentais mon propre rapport à ce qui fut une belle ouverture (les musiques et les textes de Morrison). Nous étions dans les années 70 et – avec les découvertes de Dylan et de Léonard Cohen (surtout) – je vivais musicalement sur un petit nuage.
HERVE MULLER, rédacteur de la revue Best (que j’achetais assez régulièrement), avait raconté sa rencontre avec le leader des Doors dans un livre que je m’étais empressé d’acheter («Jim Morrison – Au Delà des Doors» chez Albin Michel/R&F, paru en 1973). Hervé Muller m’a fait parvenir ce commentaire que je reprends ici en billet. Il y apporte ses corrections bienvenues… corrections que je fais suivre d’une réponse-BiBi.
Tout le monde ne connaît pas Van Morrison. On connaît beaucoup plus son homonyme Jim Morrison des Doors. L’irlandais de Belfast a bourlingué sur tous les continents, lancé dans la « carrière » par la grande chanson (« Gloria ») qu’il écrivit à Belfast. Van Morrison, 20 ans, ouvrit un petit club (Le R&B Club) à Belfast et forma les Them. Repéré par Bert Berns, le groupe eut une ascension fulgurante dans les charts britanniques avec «BaBy, Please don’t go», «Here Commes the Night» et le célébrissime «Gloria».
Cette dernière chanson devint un classique qui fut repris par les plus grands (les Doors, Jimi Hendrix, Patti Smith et tant d’autres). Dans l’extrait présenté, Van Morrison nous offre un G-L-O-R-I-A juteux à souhaitavec John Lee Hooker.
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En 1966, les Them firent alors une tournée sur la West Coast où ils donnèrent des concerts avec un groupe inconnu alors : les Doors. On rapporte même qu’au concours de beuverie entre Jim Morrison, Eric Burdon (leader des Animals) et lui, c’est Van qui restait debout le dernier. Sous contrat avec Bill Graham, Van Morrison et les Them se produisirent entre autres au Fillmore East Auditorium de San Francisco, temple de la musique de ces années.
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Le « MoonDance » fut le morceau de l’année 68 et resta dans les Charts (Hit-parade) jusqu’en aout 1970. Dans cette chanson, la voix de Van Morrison a gardé ce timbre rocailleux, imparfait et souple à la fois qui a toujours emporté l’adhésion-BiBi.
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L’aura du groupe déclina alors. Van Morrison débuta une carrière en solo, délaissa les hits et mit sa voix au service d’une musique plus noire, plus R&B. BiBi le vit seul à Newcastle en 1973 puis plus tard au Festival de Lucques en Italie, toujours au sommet de sa forme.
Un des albums préférés de BiBi restera toujours le «Saint Dominic’s Preview» avec ces deux fabuleux morceaux que sont les lancinants et troublants «Almost Independence Day» et (surtout) «Listen To the Lion» (présenté ici dans sa version live). Avec Shane MacGowan (les Pogues), Rory Gallagher et Van Morrison, l’Irlande restera toujours au Top.
Jeune adolescent, BiBi a vu son Inconscient colonisé par l’Amérique. Il en a réchappé mais ne regrette pas d’être passé par là. Comme dit l’autre, ce fut « son Destin ». Aujourd’hui, il se souvient en repassant ses refrains sur les sillons de sa mémoire. Il est donc retombé avec Georgie Fame, les Stooges, les Who, Steppenwolf, Mama Cass Elliott et les Doors dans un semi-coma, entre… rage et romantisme.
BiBi a retrouvé une vieille interview de Ray Manzarek dans le numéro de Rock et Folk de février 79. Les propos tenus à Hervé Muller par l’organiste des Doors rapportent des épisodes qui concernent Monsieur Courson surnommé Corky (père de Pamela Courson) et Papa Steve, l’amiral de l’US Navy (père de Jim Morrison).
BiBi n’avait pas beaucoup apprécié le film d’Oliver Stone avec Val Kilmer «Les Doors ». BiBi n’est pas non plus de ces groupies qui hantent la division 6 des allées du Père-Lachaise. Il soupire à ces dévots, ces cocos, ces alcoolos, ces écolos en procession qui viennent se recueillir sur la dernière tombe où l’on cause. Oui, très peu pour BiBi. Si Jim Morrison est un de ses frères de poésie, c’est que le poète américain vit au travers de ses textes, de ses paroles et musique et qu’il a été à l’origine des découvertes littéraires de BiBi (William Blake et Nietzsche en particulier). Rien d’autre. A lire la biographie de Jerry Hopkins, BiBi se rend compte à quel point, pendant toute sa période Doors, le beau chanteur aurait mérité quelques coups pied au cul pour ses conduites inconvenantes de sale gosse et pour ses caprices de star invivable. Nulle fascination donc pour les traits de caractère et les comportements peu dignes de James Douglas Morrison mort en 1971. Voilà : quand BiBi aime bien, BiBi châtie bien aussi !