Nous aurons donc un Macron 2. Une réélection avec près de 16 points d’écart.
Le Réel est donc venu confirmer mes dires de… janvier 2014.
Ne m’attribuez pas une vision de visionnaire, un don prédictif ou une descendance côté Merlin l’Enchanteur. Non, il suffisait alors de faire un pas de côté par rapport à l’énorme Machinerie médiatico-politique qui continue de nous submerger quotidiennement et qui broie ou brouille toujours pas mal de consciences. Et ce pas de côté, je n’étais évidemment pas le seul à le faire mais nous n’étions pas alors les plus bruyants.
Exit MLP la fasciste.
Donc second renvoi de la fachotte vers son cher château de Montretout ! Certes, le RN reste le premier parti de France mais ces deux défaites successives auront un effet certain. Lequel ? Celui de ne plus être capable de gagner à l’avenir ? Celui d’un ralentissement voire d’une perte de soutien populaire ? Je ne sais mais dans l’analyse, n’oublions pas l’apparition-promotion des Zemmouroïdes et le poids de leurs menaces imaginaires avec surenchère anti-immigrée et islamophobe.
Regardons plutôt du côté Macron 2.
Avec cette nouvelle légitimité, l’homme du MEDEF n’aura plus besoin d’agiter le hochet du fascisme et de jouer sur la peur de cette monstruosité : le voilà élu. Remarquons en passant que cette soi-disant volonté d’apparaître comme bouclier contre le fascisme n’aura duré que 15 jours (ceux de l’entre-deux-tours). Avant le premier tour, au contraire, ce fut motus et bouche cousue car MLP la fasciste était la candidate à ménager afin qu’elle puisse être présente à tout prix au second. Même stratégie qu’en 2017. Stratégie réussie.
Le fascisme n’est pas le libéralisme mais..
J’ai suffisamment étudié le fascisme français de 1920 à 1945, son implantation, sa matrice (L’ Action Française bien sûr) pour dire d’emblée que le libéralisme à poigne d’un Macron n’est bien entendu pas une copie conforme du fascisme mussolinien ou de l’hitlérisme. Mais la fascisation est là… et la fascisation maximale est en vue.
A chaque fois que Macron a parlé du danger de l’extrême-droite, j’ai tendu l’oreille. Ce qui frappait de la part de celui qui honorait Pétain et qui voulait commémorer Maurras, c’était son absence totale de culture et de raisonnement historique dans ses péroraisons. Hors le fait de dire et de redire ces deux mots « danger extrême-droite », rien.
Storytelling sur 1939-1945 de nos précédents Présidents .
Après le De Gaulle post 47 qui couvrit la non-épuration, un Pompidou qui ne voulait plus entendre parler des dissensions de cette période 39-45, avec un Giscard d’Estaing qui fit entrer Papon dans son gouvernement, avec le filou et maquilleur de génie Mitterrand qui fit tous ses efforts pour cacher son appartenance à l’extrême-droite, après un Chirac qui heureusement rectifia quelque peu le tir en parlant de la responsabilité de l’Etat français dans l’épouvantable chasse aux Juifs mais réduisant cette guerre à uniquement cela (rappel : cette guerre fit 50 millions de morts), un Sarkozy rigolard à la cérémonie du Plateau des Glières, on aurait pu espérer une transmission sur ce qu’a été le fascisme français pour les générations présentes et à venir. Non que celles-ci soient ignorantes. Mais que savent-elles de ces périodes (de celle de l’avant-guerre, de celle de 1940-45) ? Qu’ont-elles retiré des livres scolaires, des documentaires TV ou des livres à succès de nos « grands » historiens ?
Inventaire des contre-vérités sur le fascisme français et sur les années 1930-1945.
Un mensonge d’importance : pour beaucoup d’historiens, le fascisme français n’aurait… jamais existé ! Enumérons ces autres « idées reçues » qui ont la vie dure : le communisme est égal au fascisme; le grand patronat français est resté en dehors du conflit; Vichy n’a rien à voir avec les banquiers et industriels; la Résistance intérieure a été mineure; ce sont les Américains qui ont gagné militairement la guerre; les ligues fascistes d’avant-guerre n’étaient que des épiphénomènes; les pertes soviétiques ignorées; Daladier et Munich oubliés; Charles Maurras était anti-allemand; le fascisme français est né de l’extrême-gauche; les synarques n’ont jamais existé; les grands opposants aux nazis étaient ces pourtant introuvables « vichysto-résistants » etc.
Donc je vous laisse imaginer toute l’étendue du travail historique à faire pour démolir toutes ces affirmations qui se sont si bien installées depuis 30 ans dans la tête de beaucoup de Français et dont s’est habilement servi un Eric Zemmour par exemple pour affiner ses falsifications. Et je crains que – compte-tenu de la force de l’historiographie dominante et du verrouillage universitaire – les futurs historiens ne s’aventureront pas à jouer leur vie professionnelle en présentant des sujets de thèses qui auront des difficultés à être acceptés.
Extrême-violence libérale.
Macron élu, nous n’aurons donc pas un régime fasciste mais la violence va continuer et va s’amplifier jusqu’à un degré dont nous n’avons pas idée. Une violence déjà prévisible dans le corps de nos personnes âgées dont le choix sera de crever avant 65 ans ou d’y arriver exténués. Une violence policière accrue qui ne va pas tarder dès les premières manifestations de l’opposition. Une violence sur le plan scolaire et universitaire qui voudra mettre au pas toute tentative de résistance. Une violence dans le champ du soin avec l’effondrement de l’édifice public. Sans parler de celle supplémentaire réservée aux chômeurs, aux sans domiciles fixes, aux travailleurs précaires, aux non-vaccinés. Une violence médiatique aussi, jamais vue : corsetage des radios et des télés publiques, prédominance des chaines de la honte, éditions, journaux mainstream et hebdos solidement accrochés aux mains de milliardaires omnipotents. Sans oublier les violences sur les femmes (au travail, en privé) et cette terrible violence sur tous les migrants (les Ukrainiens réfugiés vont apprendre ce qu’est l’hospitalité darminesque dans quelques mois) appuyé par un racisme d’Etat, racisme exacerbé, quotidien et public qui sortira des bouches fétides de ces Empaffés du PAF (des jeunes loups entrants aux vieilles canailles).
Complotisme en vue.
N’oublions pas non plus cette violence derrière les théories qui pointent. Depuis plus d’une année, voilà que les débusqueurs de soi-disant fake news ont pris du poids. Regardez-les bien car ils vont s’imposer pour classer et donc pour décider (avaliser ou censurer) tout ce qui leur paraît dangereux. Pour ça, ces instances de dénonciation ont un terme et une hache à la main : « complotiste ».
Au journal Le Monde de Xavier Niel (ami de Mr Macron), avec la complicité de Conspiracy Watch (de Rudy Reichstadt), William Audureau, un de leurs journalistes, est venu déclarer tranquillement que « le marxisme est un complotisme ». Elle est là la nouvelle violence des prochaines années dans le monde intellectuel : affubler toute opposition du qualificatif de « complotiste » et ainsi enfermer, clôturer tout débat. Pesez bien les réponses du journaliste ci-dessus dès lors qu’il est question d’un grand patron (ici le sien, Xavier Niel). Voyez comment le mot de « complotisme » de ce chien de garde vient cacher la stratégie 2013-2017 de la classe dominante française et voyez comment d’UNE situation vraie (la fabrication incontestable d’un Macron par le duo Niel-Bernard Arnault), le journaliste généralise avec son TOUS » les évènements graves du monde ».
Ne sous-estimez pas ces seconds couteaux qui occuperont tous les terrains, des grosses promotions livresques ou radiophoniques aux plus infimes chroniques de presse locale. Ces nouveaux intellectuels sont déjà choisis, déjà promus, déjà bien payés, déjà financés par des gens puissants, très puissants. De tout leur cœur, ils participeront à la justification de la violence de leur système libéral. Il faudra continuer d’engager une lutte à mort contre ces charlatans qui rejoignent objectivement les Trumpistes d’ici qui prétendent que trop de nations d’aujourd’hui sont écrasés par le poids de l’idéologie d’un « marxisme culturel ».
Seconde chance.
Cinq années s’ouvrent devant nous. Et je sais que dès ce lundi, l’amertume et le désespoir guettent beaucoup de Français à la vue de ces résultats. Les cinq ans de la Macronie 1 ont été celle d’un Président haï plus que tout par une majorité de français. Mais cette colère, si légitime soit-elle, n’a pas suffi.
Arrivent en effet très vite les législatives. Pour se donner du baume au cœur, essayons de ne pas rater cette seconde chance.