Sur son blog, Daniel Sibony intervient à propos de l’Affaire DSK. Surprise : lui aussi vient participer à la Grande Foire aux Fictions (d’Innocence, de Culpabilité – peu importe) de la Doxa. Article : Affaire DSK : justice et Jouissance.
En préambule.
BiBi se doit de rappeler combien l’ensemble des écrits du Psychanalyste-mathématicien (des magnifiques écrits «Du vécu de l’invivable» aux concepts féconds de «L’Entre-deux») l’ont marqué dans sa vie intime et professionnelle. Le billet qui suit ne s’attachera donc qu’à la seule intervention qu’il fait sur l’Affaire DSK et à sa lecture attentive.
Bouc-émissaire.
BiBi ira directement à la dernière ligne : «Je n’aime pas la Scène du Bouc émissaire, tout simplement». Et là, accord sur toute sa ligne. Haro sur les dépiauteurs, les journaleux, les intellos éditocrates, médiocrates (hélas jamais comptabilisés par Sibony dans sa vision de la «Doxa»). Haro, oui, (cités cette fois à juste titre par Sibony) sur les Psy et sur ceux qui s’improvisent illico en juges du côté des «Pauvres». BiBi donne mille fois raison à la parole biblique reprise par Daniel Sibony : «Dans sa querelle, ne glorifie pas le pauvre».
Part de jouissance.
Dans cette affaire, «chacun veut d’abord prélever sa part de jouissance en disant ce qu’il a sur le cœur». Dans ce «chacun», BiBi se sent – comme chacun – interpellé. Alors, il précise sa position personnelle en rappelant qu’il a toujours considéré DSK– emprisonné ou non – comme un adversaire politique, un représentant politique au service du Libéralisme à combattre. En témoignent – AVANT l’Affaire – les trois billets-BiBi écrits : «Les Affaires de DSK 1 et 2» et «Sarkozy-DSK : c’est tout Com’». En témoignent les lignes de ses deux billets APRÈS l’Affaire (1 en date du 15 mai et 2). A chacun des ces billets, nulle part une part de jouissance en s’étendant sur ce que BiBi a sur le cœur. Par contre, Sibony, inversant quelque peu le sens de la Doxa, s’est montré un peu aveugle et sourd devant le déferlement de la gentry médiatico-politique qui SOUTENAIT DSK. Pas un mot là-dessus.
Des milliers de jugements, certes.
BiBi s’en désole mais ce qu’écrit Sibony est juste : «Au fond, il y avait une violence plurielle qui attendait cette affaire pour affluer de toutes parts, et s’exprimer largement». De TOUTES PARTS ? Sibony retient la violence de «milliers de jugements». OK mais de qui ? De quoi ? D’où part-elle ? BiBi attendait une analyse contradictoire, différenciée, plus complète, plus fine. Mais il n’aura rien de plus.
Point de désaccord.
BiBi relève 1. «Une loi sur le harcèlement n’y change pas grand-chose». 2. «Il n’y a rien qui puisse régler ABSOLUMENT, en vérité, l’approche des sexes». Mais on peut se battre pour une loi (possible et souhaitable sur le harcèlement) en étant conscient qu’elle ne règle pas ABSOLUMENT l’approche des sexes. Faut-il pour cela renoncer à se battre pour qu’une loi, toujours perfectible, puisse changer un petit-quelque-chose ?
Point d’accord.
«On juge une personne, pas un rapport social ou un symbole». BiBi rajoute que ce «ON», c’est la Justice, c’est ce qui vient faire Tiers indispensable entre la (supposée) victime et le (supposé) coupable. Ce «ON», c’est la Justice (ici américaine – avec tous les aléas possibles dans le rendu de son Jugement). Dans ce «ON», BiBi ne compte ni Sibony, ni BiBi himself, ni la Doxa. Ce «ON», c’est l’appareil judiciaire (même s’il est imparfait). Pas plus, pas moins.
Le cœur de BiBi.
BiBi s’interdit de dire ce qu’il a sur le cœur et d’y prélever une part de jouissance. BiBi a d’autres espaces pour aller jouir et ne dira rien là-dessus. Il ne dira ni son opinion, ni ses ressentis, ni ses pré-jugés, ni ses idées à la con (cela n’a strictement aucune importance). Par contre, il continuera de parler de DSK (de lui et d’autres) comme un adversaire politique à combattre. Il le combattra en adversaire et NON EN BOUC EMISSAIRE. Tous ses bibillets vont et continueront d’aller dans ce sens.
Une étonnante conclusion.
Sibony – hélas, lui aussi – vient nous délivrer «sa part de jouissance» alors qu’il pourfend à juste titre les Psy quelques lignes plus haut qui disent «ce qu’ils ont sur le cœur». Et c’est la phrase suivante qui ne dit rien qui vaille à BiBi : «Cela dit, a-t-on envisagé cette hypothèse sur l’événement ?»
Et hop, hop, puisque « cela est dit« , voilà Sibony qui nous inflige son hypothèse, sa Fiction (d’Innocence ? De Culpabilité ?). Il n’y résiste pas lui aussi. Le voilà qui prend position dans ce capharnaüm alors que tout son début d’article aurait supposé une courageuse position finale d’attente du Procès à venir et de retrait (les SEULES QUI VAILLENT POUR BIBI). Le voilà – via son hypothèse «brûlante» – qui alimente «la violence plurielle» qu’il dénonce.
Hélas, Monsieur Sibony, vous aussi, vous aussi.