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BiBi rend hommage à Bakchich-Hebdo.

Chacun construit avec ses objets familiers un rapport d’amour, de haine, de tendresse, d’intérêt. Voilà la triste nouvelle de cette semaine : l’Hebdo-Bakchich est mort et plus triste encore, cela n’a pas fait de grosses vagues. Y compris dans la Blogosphère française. Espérons que l’esprit Bakchich demeurera dans le Web. Attendons la nouvelle mouture de Betapolitique et soutenons Dazibaoueb pour leurs inventaires.

Au-delà des difficultés financières, il aura peut-être manqué à Bakchich un réseau et une arborescence qu’il aurait pu pêcher auprès des Bloggeurs par exemple. En s’appuyant sur l’armature naissante des blogs, le journal aurait trouvé des points d’appuis. BiBi avait son propre rapport à l’Hebdo. Pas abonné mais lecteur régulier, il aimait le ton désinvolte derrière lequel se cachait un grand sérieux, il se plongeait avec ravissement dans les articles fouillés, les infos inédites, de nulle part ailleurs. Et même qu’une fois, passant par Paris, BiBi était allé leur rendre gentiment visite.

BiBi se souviendra que lui-même fut « publié», en septembre 2009, dans les toutes premières pages (Vendredi, l’hebdo de Jacques Rosselin y collaborait alors). Bien entendu, avec sa mauvaise humeur légendaire, BiBi grognait contre certains collaborateurs pas toujours en phase avec les combats d’aujourd’hui mais il savait se contenter de cette belle diversité parmi les 15 salariés.

Lecteur assidu du dernier numéro dont peu de médias font cas (un journal qui disparaît, c’est pourtant un recul des libertés, de celle de penser le Monde et de l’améliorer), BiBi vous offre sa dernière lecture en morceaux choisis pêchés dans ce dernier numéro :

1. Parmi les soutiens de Bakchich, applaudissons Isabelle Adjani et réservons nos huées pour les David Douillet, Philippe Val, Eric Besson, Dédé Santini (dont l’humour se fait encore attendre) ou encore le sérénissime Prince Bébert de Monac’ qui ont traîné l’hebdo devant les tribunaux… probablement au nom de leur liberté de la Presse.

2. Dans son billet, Bertrand Rothé note justement que ce n’est pas DSK qui est à l’origine des 35 heures. Stéphane Fouks veut colorier en rouge le joli journal du futur candidat PS. Pour un peu, il nous dirait que DSK lisait Bakchich dans son appartement Place des Vosges ou dans son somptueux ryad de Marrakech.

3. Jean-Luc Mélenchon ne veut pas «concentrer sa parole en 140 signes», c’est-à-dire utiliser Twitter pour y écrire des gazouillis. Il a tort : concentrer sa pensée, la ciseler en peu de mots, c’est aussi un beau travail politique. Il lui sera pardonné car le bouillant Jean-Luc fréquente Pierre Bourdieu et Alain Accardo. Il ne lui reste plus qu’à inviter Luc Boltanski à la pizzeria.

4. Dernière tête de turc de Bakchich (et de BiBi tout autant) : PPDA. Où l’on apprend que le Môssieur  «ne pouvait rien savoir de son plagiat» car son Nègre (Bernard Marck), spécialiste de l’aviation, ne lui avait pas donné à lire ! Bakchich confirme par ailleurs que le Poivre n’est pas d’origine bretonne (il s’est inventé une filiation avec faux aïeul et tutti quanti) et que notre Patrick touche 10.000 euros pour chaque petit billet dans France-Soir.

5. Très sain petit coup de canif à la Suisse qualifié justement de «petit labo des mesures rétrogrades». Qu’on en juge : Interdiction de construire des minarets, vote pour l’expulsion des étrangers délinquants et aujourd’hui, obligation faite aux usagers malades de payer la nourriture dans les hôpitaux (12 euros/jour).

6. Et enfin un petit clin d’œil à Xavier Monnier : le match ETGFC contre l’Olympique de Marseille ne s’est pas joué à Thonon mais à Annecy. Par contre, il aurait pu ajouter deux autres cartons rouges (outre contre ceux de Lizarazu et de Zidane présents dans le staff financier du club de Frank Riboud) : l’un pour Patrick Trottignon, cité au Procès du transfert du joueur de l’OM, Tuzzio, en 2008, l’autre pour Bernard Casoni qui déclare à propos des Années-Tapie : «Je suis content d’avoir connu cette période».

BiBi fera – comme PPDA – un dernier plagiat pour saluer l’équipe de Bakchich et leurs 53 publications débutées en septembre 2009 : «Je suis content d’avoir connu cette période».

Blogs et bloggeurs (à propos du remaniement)

LE COUCOU ET SON NID PRÉSIDENTIEL.

Ce dimanche, on pouvait lire autre chose que le JDD. On pouvait s’attarder sur le Blog du Coucou et rire sur les nominations ministérielles de la République du Rébus : « J’ai longuement hésité toute cette fin de journée sur les nominations au gouvernement de la République du Rébus ».

Ne cherchez pas la place de BiBi : il a été mis au… rebut ! 🙂

COLORATION MAJEURE.

Couleurs d’aencre nous parle de Jean-Marie Bockel, ex-secrétaire d’Etat à la justice, rayé de la carte sarkozyste. Interviewé sur Canal Plus ce lundi, le bonhomme a déclaré «n’être pas tombé de l’armoire» en apprenant son éviction. Pas tombé de l’armoire certes mais quand même mis au placard.

Le tenancier du Blog revient sur la dernière mesure envisagée par cet ex-Chien de Garde pour repérer les bébés délinquants (Billet : Quand-le-moutard-leur-monte-au-nez).

«Le collectif Pasde0deconduite apprend que, dans le cadre d’un rapport sur la prévention de la délinquance juvénile remis au président de la République, M. Jean-Marie Bockel préconise un « repérage précoce» des troubles du comportement chez l’enfant, indiquant que cette « vulnérabilité pourrait être repérée chez les petits entre 2 et 3 ans».

DANS LA NICHE CPOLITIC…

«Sarkozy n’a donc trouvé aucun autre chienchien assez lèche cul s’inclinant avec autant de servilité en face de sa mégalo-mythomanie. (…) Sûr qu’un toutou si bien éduqué que François Fillon, cela ne court pas les rues.(…) Ainsi devant ces déclarations de forfait en masse, le caniche Fifi a donc décroché sans difficulté la timbale».

ABIKER FAIT DANS L’HYPER.

David Abiker veut nous faire croire que Fillon a été imposé à Sarko par l’UMP. Soupe réchauffée et servie par beaucoup de médias pour nous faire croire à une dissension/pluralité internes. Avec ce type de raisonnement qui appuie sur la discorde, on élude le fait que ce partage du Pouvoir – au-delà des humeurs personnelles – est la seule forme possible de solidarité gouvernementale pour ratisser large et gagner en 2012.

BiBi retient cependant une phrase anecdotique mais juste : «La démission de François Fillon n’a-t-elle pas été donnée samedi soir, détournant l’attention des médias vers le remaniement plutôt que sur une première réunion du G20 sans grand résultat ni bénéfice pour son principal animateur ? »

L’IRREDUCTIBLE DOMINIQUE.

Dominique Hasselmann attaque sec : «Le plus haut personnage de l’Etat a donc tranché. Mais comme le titre ce matin Libération, « Fillon garde Sarkozy» (le premier est nettement moins nuisible en étant cadenassé à la tête du gouvernement)».

Mais son bonheur de voir Eric Woerth revenir à Chantilly («Eric Woerth, récompensé à la hauteur d’une ambition enveloppée, retourne brouter l’herbe rare sur son hippodrome de Chantilly (Oise)») sera de courte durée lorsqu’il lira le Blog de Bernard Langlois de Politis.

Le journaliste amène en effet un correctif d’importance qu’il faudrait pilonner : «Eric Woerth, en perdant son ministère et en retrouvant ipso facto son siège de député, (…) gagne l’immunité attachée à la fonction. S’il venait maintenant à l’idée d’un juge de lui poser quelque question gênante sur l’affaire Bettencourt, ou tout autre en rapport avec les tripatouillages financiers du parti majoritaire, il devra demander la permission à ses pairs».

La B.D. DU REMANIEMENT.

Elle s’intitule : « Passation de pouvoir à Matignon». C’est sur le Blog amusant de Martin Vidberg.

LE NOUVEL HERMES.

Le Nouvel Hermès est un moins poète avec ce titre : «Sarkozy l’a dans le fillon».

«Car qui croira désormais à la parole d’un « président » déjà largement dévaluée par des soit disant contrats régulièrement signés, du moins à la une du Figaro, mais jamais concrétisés ? Qui croira que cet homme là, ne sachant pas imposer un premier ministre, incapable de savoir ce qu’il veut, conduisant au jour le jour, selon ses caprices et sans même l’art de l’improvisation , les destinées d’un pays saura avoir l’étoffe d’un Homme d’Etat ? »

HORTEFEUX ET JUPPE CHEZ PLUME DE PRESSE.

Plume de Presse insiste sur nos deux ministres préférés : Brice Hortefeux et l’Ex-Exilé du Canada (Alain Juppé) :

1. «Brice Hortefeux conserve l’Intérieur, tout en récupérant l’Immigration – quoi de mieux pour s’occuper de ce sujet qu’un homme condamné par la justice pour injure raciale ? -, dont il était déja en charge avant qu’Eric Besson ne lui fasse concurrence en zèle dans la persécution des étrangers».

2. Alain Juppé en 2008 : «Je l’ai dit et redit, je ne sais pas comment il faut le dire mais je n’ai pas envie d’aller au gouvernement »« Je n’ai pas changé d’avis et je ne vais pas changer d’avis, ni ce soir, ni demain, ni après-demain »

RIMBUS ET SON CONSEIL DE SURVEILLANCE.

«C’est un bourbier terrible» disait Alain Juppé à propos de l’Afghanistan. Parole rapportée par Rimbus sur son Blog qui avertit  : «Il y a aura un certain intérêt à observer, dans les semaines à venir, la manière dont Alain Juppé s’accommodera de la ligne politique de Nicolas Sarkozy, c’est à dire plus trivialement, comment il baissera son pantalon, jusqu’au genoux ou jusqu’aux chevilles (lui qui se voyait une alternative crédible pour 2012)». C’est vrai : au tour de Juppé car on ne pourra plus dire « A Besson le pantalon».

POUR UNE FOIS, UNE INFO VRAIE SUR Fr2.

France 2 – sur son site – nous parle du remaniement et pose cette question : « Quel est le point commun entre Valérie Pécresse, Bruno Le Maire, Georges Tron, Brice Hortefeux et Frédéric Lefebvre ?»Réponse :

« Ces cinq ministres et secrétaire d’Etat sont tous nés à Neuilly-sur-Seine (Hauts de Seine) , respectivement en 1957 (Georges Tron), 1958 (Brice Hortefeux), 1963 (Frédéric Lefebvre), 1967 (Valérie Pécresse) et 1969 (Bruno Lemaire)».

MARIANNE FAIT AUSSI SA REVUE DE BLOG.

Sur le remaniement, Marianne 2 nous offre des extraits de SarkoFrance, de l’Hérétique, de Bah By CC etc. Bonne lecture.

Promenade dans les Blogs.

BiBi a érigé petit à petit sa blogroll. Pour ça, il a suivi assez régulièrement les bloggeurs et bloggeuses qui méritent – selon lui – un détour. Même si BiBi est de la Génération Papier, il ramène dans ses bagages les souvenirs de son parcours électronique. BiBi est toujours surpris de la richesse des blogs et de la diversité des thèmes abordés. Le Net est un lieu ouvert sur la Vie et c’est probablement pour cette seule raison que notre Président s’essaye à y poser et à y imposer ses barbelés.

1. Arnaud Mouillard est moniteur éducateur habitant près de Rouen. Ce blogueur de gauche non-encarté a fait un retour sur l’Histoire, en particulier sur cette boucherie que fut la guerre 14/18, rappelant à juste titre que nombre de familles comptent en leur sein une tragédie, un drame relatifs à ces quatre années terribles. Le billet s’intitule :  « 11 Novembre 1918, n’oublions pas ». « Le cercle de deuil qui s’étend autour des 1,4 million de morts français concerne toute la nation, parents, grands-parents, épouses, fiancées, enfants, oncles… »

2. Le site Education Spécialisée s’est penché sur «  l’Ethique dans les pratiques sociales« . BiBi a relevé ce passage de Joseph Rouzel qui tient aussi un site à explorer : « Le mouvement des écoles nouvelles, représentées par Célestin Freinet ou Fernand Oury ; celui de la psychothérapie institutionnelle avec François Tosquelles, Lucien, Bonnafé, Jean Oury, Roger Gentis … et bien d’autres, représentent autant de tentatives d’ouverture vers des modes d’éducation ou de soin où le sujet est pris en compte à part entière et non entièrement à part ».

3. BiBi a bien aimé la citation du jour mise en exergue chez Aliciabx. Elle est du philosophe Jacques Derrida :
« Ce qu’on ne peut pas dire, il ne faut surtout pas le taire, mais l’écrire».

4. Chez Aliocha et sa Plume, BiBi a retenu cette double façon d’analyser l’espionnage élyséen sur ses collègues journalistes : « Pour ceux que l’analyse des rapports entre politiques et journalistes intéresse, je recommande cette interview du sociologue Jean-Marie Charon et cet article sur Slate. Mais on peut aussi choisir de rire tant le célèbre film de Lautner (« Attention voilà les Barbouzes ») apparait aujourd’hui prémonitoire dans sa description du raffinement de nos services secrets». D’accord mais Aliocha peut beaucoup mieux faire sur cette question d’importance.

5. Chez Alluvions, c’est la Mère qui parle de son fiston et de ses difficultés : « Mercredi Fiston est allé faire sa première séance d’ostéopathie à l’association EHEO. Un vrai bonheur pour lui. L’ostéopathe qui s’est occupé de lui a d’emblée mis le doigt sur les points délicats qui tiraille Fiston et lui font mal». C’était le clin d’œil complice de BiBi : « Allez, courage p’tit gars».

6. Guy Bibirenbaum nous rappelle l’existence journalistique d’Airy Routier, roi du scoop, empereur du texto ( il rapporta celui – supposé – de Chouchou à Cécilia : « Si tu reviens, j’annule tout»). Airy Routier fut jadis rouge de colère devant les travaux de Denis Robert sur Clearstream. Aujourd’hui, le bonhomme est journaleux à France-Soir au service de la Dynastie russe des Pougatchev, grands amis de Nicolas. Aussi, ne soyons pas étonnés de lire ces propos d’Airy rapportés par Guy Birenbaum : « Le Net colporte ainsi un florilège de stupidités accompagnées de commentaires indignés ou désobligeants, sur les goûts de luxe du chef de l’État dans un pays en crise». Comme quoi tous les Routiers ne sont pas sympas.

7. Captainhaka nous emmène en voyage via la SNCF de Guillaume Pepy. BiBi adresse au Captain un grand salut pour nous avoir raccroché à son wagon.

« Guillaume Pépy, président directeur général de l’entreprise vient, au nom de la SNCF, de s’excuser publiquement pour le rôle de l’entreprise pendant la guerre. Il a exprimé en Floride sa « profonde peine et son regret » . J’avais déjà évoqué ici les déboires de la SNCF aux Etats-Unis (…)  Guillaume le cheminot en chef a décidé tout seul comme un grand qu’il fallait s’excuser afin d’avoir une chance de pouvoir concourir aux appels d’offres sur le territoire amerloque. Il balaye tout au nom d’un réalisme économique approximatif et délétère».

8. Céleste nous fait la visite d’une certaine Italie, celle accro au Supernalotto ( la version italienne du Loto) : « Une petite dame en noir, la cinquantaine fanée, humblement mais proprement vêtue, s’approche du buraliste et lui tend dix euros. En échange, elle reçoit le fugitif espoir d’arrondir ses maigres revenus: cinq tickets à gratter».

9. Nicocerise et Ceriselibertine nous invitent à déguster la Madeleine (de Proust) avec aplomb et grand sérieux. Inutile de dire que BiBi se laisse aller au plaisir incomparable de… la lecture.
« A nouveau Ceriselibertine n’a peur de rien et après la Genèse, la Vénus de Titien et le Citizen Kane d’Orson Welles je m’attaque à la madeleine de Marcel Proust et j’ose affirmer que le clitoris est la vraie madeleine».

Au cours des prochaines semaines, BiBi continuera de vous faire part de ses visites dans sa Blogosphère. A suivre donc.

Le Bloggeur et son Double.

Parfois, BiBi écrit à la première personne…

La Panne.

«Je suis là, un peu hébété, un peu lézard devant mon écran mais – certitude –  je vais m’atteler à un énième billet sans hésiter. Le Monde ne cesse en effet de venir me bombarder de tous ses signes (cris de foules, chuchotements singuliers, bruits de l’ombre, grondements souterrains ou à ciel ouvert) et me somme de répondre. Je n’ai évidemment aucune idée de ce que sera le contenu du post à venir car pour moi, ce ne sont pas les idées qui me guident, ce sont plutôt les mots. A l’entame de ce billet, c’est le mot « Amitié » qui me pousse en avant : je pense à mes lecteurs-amis et à mes amis lecteurs. L’un d’entre eux me répète : «Chanceux que tu es… de ne jamais tomber en panne d’écriture !». Comme je voudrais pouvoir rester avec lui, penser comme lui ! Comme je voudrais réfléchir à son apostrophe mais le Vent – allez savoir pourquoi – m’emporte déjà bien loin, me pousse tout tout au loin».

La Vie donne beaucoup.

«C’est vrai : je n’ai jamais été guetté par le Grand Assèchement devant mon écran, guère été inquiet sur la possible disparition de l’Inspiration. Je ne me suis jamais arrêté devant ces paralysies, devant ces Blancs qui épongent tout désir d’écrire. S’il fallait trouver des raisons à cela, la première serait peut-être que j’ai commencé à écrire sur le tard. Peut-être encore que je considère le ralentissement, le freinage, le point mort comme autant de moments d’écriture ? Peut-être aussi que j’ai toujours eu en moi cette double Croyance basique – impossible à démolir – que la Vie donne beaucoup et qu’inépuisable, elle donne aussi beaucoup à l’écriture ?»

En masse, en force.

«Bien avant de découvrir analytiquement ce qu’est le Surmoi (le Censeur), je l’avais quelque peu tenu éloigné de ce «moi-même». Certains s’échinent toute une vie à faire sauter ce blindage conceptuel, ils cherchent à s’alléger du poids pesant d’un lourd Passé, ils tentent d’enrayer la Machine œdipienne et faire barrage à toutes les autres choses qui empêchent l’Ecriture de se déployer… mais moi, non : j’ai d’autres soucis en tête. Celui par exemple d’arrêter les phrases qui arrivent ici en masse et en force, celui de canaliser les innombrables tournures qui se chevauchent plein écran ou celui, encore, de brider les formules qui s’y étalent avec morgue (ou indifférence)».

L’écriture pauvre.

«J’ai toujours été plus proche (et dans le même temps : à cent lieues) de tous ceux qui ont bourlingué dans les Territoires de Folie : Walser, Bernhard, Blanchot, Haldas. Tous ces noms qui, trop souvent brandis dans notre Jungle de la Starisation, seraient plutôt des étendards de Vanité. Aussi stoppons ici tout autre Inventaire et laissons ces amis, artisans de l’écriture pauvre, à leur nécessaire Solitude».

Muets, mutiques, mutants.

«Ne jamais entendre les écrivains : bouche ouverte sur leurs productions, les voilà aussitôt embarqués dans le Chaudron de la Trahison. Ils perdent le Nord, ils perdent la tête, ils perdent même toute considération à expliquer en détail leurs menus travaux. Ils ne sont alors pas jugés par leurs lecteurs mais par l’Œuvre elle-même qui vient leur dire ceci : «Pauvre Pomme, tu ne m’as pas assez travaillé, tu n’as pas assez souffert pour moi ! Car si tu avais écrit juste, tu n’aurais pas eu besoin de venir m’expliquer et m’exhiber sur toutes les Places publiques».

Photo : back-to-intro.com

Le Blog est une rencontre risquée, un malentendu fécond (réponse à Raphaël Enthoven).

Bon, c’est entendu : un blog n’est pas une œuvre d’art. Mais en avoir créé un, l’alimenter nous rapproche de ce point vif de la création. Pour BiBi, il est même Création continue. A un point tel qu’il s’efforce de le rendre vivant, vivable, visible, transmissible, c’est-à-dire partagé.

La mise en ligne d’un billet est comme la mise au monde : elle s’accompagne de jouissance et de douleur. Douleur et Attente : qu’en pensera l’Autre ? Cet autre prêt à piétiner votre jardin narcissique, cet autre qui répondra, qui sortira sa langue de vipère, qui vous fera sortir de vos gonds ou qui jouera de flatteries pour mieux vous faire taire, qui vous aimera – pourquoi pas… ?

C’est une rencontre risquée, attendue dans le tremblement et la violence du calme.

Et c’est souvent un malentendu fécond.

Dans sa réponse à Guy Birenbaum, Raphaël Enthoven a cette phrase impossible pour BiBi. Il parle de son approche des blogs : « Seulement voilà, en ce qui me concerne, je n’y trouve jamais CE QUE JE CHERCHE – donc je ne cherche plus » écrit-il.

Monsieur Enthoven SAIT donc déjà ce qu’il cherche AVANT même de se lancer sur le Net. Colère enfantine suivra, le voilà trépignant, n’obtenant pas ce qu’il veut. La conclusion est logique, définitive et aberrante : «Je ne cherche plus, na !».

Imperméable à la Surprise, à tout Étonnement du Sujet, à l’Inédit, Monsieur Enthoven se fait donc hara-kiri, refusant toute métamorphose, se fermant à cette part étrangère à lui-même, inconnue de lui-même.

Il reste ignorant de l’espace que produit une Rencontre et fermé à ce lieu d’être, à ce territoire de jeu, de mouvement, de fantasmes, à cet espace de transferts et de passages.

S’ouvrir aux blogs est aussi un appel singulier (pas «égoïste») à un peu d’air frais quand on suffoque, à un peu d’air chaud quand on est prisonnier du froid et du givre. Cet appel n’est pas un hameçon qu’on lance car on peut n’avoir au départ nulle idée du «poisson».

La gageure pour BiBi, c’est qu’on ne sait pas ce qu’on cherche, puisqu’on cherche aux limites d’un Savoir, aux confins d’espaces habités, aux frontières de pays manufacturés et de paroles trop souvent rabâchées. On cherche ce qu’on ne sait pas et souvent à notre insu. On cherche d’ailleurs l’Insu, pour ne pas trop y tomber aussi. Nulle envie d’être déjà tout entendu. Nul désir d’être – a contrario – (comme) cet enfant jamais entendu qui ne peut pas appeler.

Le Blog est un Appel (pas forcément appel au secours, pas forcément « égoïste« ), un appel – pour une part – de reconnaissance, d’existence, de reconnaissance a minima d’existence. Monsieur Enthoven, vous qui aimez citer en abondance les auteurs (Ah, ce désir d’intimider votre lecteur ! Et je te cite du René Char, du Leibniz, du Michel Serres en 20 lignes : chapeau !), voilà ce que disait simplement Michel Leiris :

«On écrit pour être aimé».

Et on écrit aussi pour aimer, rajouterait un BiBi à la fois espiègle et inquiet.

«Internet n’est le lieu ni de l’échange ni du désaccord, mais du consensus, de l’unanimité et, donc, de l’invective et parfois du lynchage ». Vous avez presque raison. Et ce «presque» vous donne tort. Vous ratez cet enjeu de bloggeur et de lecteur de blog : vous évitez la rencontre risquée en terrain vague, vous refusez les malentendus féconds.

BiBi vous laisse à vos Chemins de Sûreté : allez donc reprendre possession de vos terrains sécurisés et balisés de la Connaissance (chaque matinée sur France-Culture).

Après tout, tant pis pour vous.