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« Vive la Crise ! » (1984-2009)

Le JDD 2009 et Libération 1984

Le JDD de ce dimanche ne nous rajeunit pas. Ce «Vive la Crise » vient comme un écho du numéro spécial de Libération de février 1984, numéro qui faisait suite à une émission de TV diffusée alors sur Antenne 2.  BiBi se souvient de ce supplément hors série concocté par notre tandem toujours en poste dans les Sphères médiatiques : Serge July et Laurent Joffrin. Yves Montand, lui, envahissait alors nos écrans (télévisés). L’acteur y plaidait la cause de l’austérité, se proclamant «de gauche, tendance Reagan ». Son argumentation était simple : les Français refusent de se plier aux nouvelles contraintes économiques, obstinés qu’ils sont à réclamer «toujours plus». Dans son sillage, Pierre Rosanvallon, ex-théoricien de la CFDT, invitait les lecteurs à «apprendre l’austérité». Ah les Belles années des Eighties !

Libé d’hier, JDD d’aujourd’hui : pourquoi ce rapprochement entre ces journaux ? C’est que le Slogan «Vive la Crise » 1984-2009 est un doublon : il intervient dans la bataille idéologique. En février 84, la Propagande libérale glosait sur la  fin des idéologies, sur la futilité de l’Etat-Providence et célébrait le Culte de l’entreprise. Les Français étaient appelés à faire des sacrifices. L’Etat social et  les prétentions  syndicales devaient en rabattre sur l’autel de la rigueur. L’Europe unie applaudissait une Présidente nommée Margaret Thatcher. En janvier 2009, la Populace n’a toujours pas compris : elle défile en piaillant pendant que l’argent file, elle manifeste alors qu’elle devrait se mettre au travail. La Populace ne comprend pas que la Crise représente une «grande mutation», douloureuse, mais finalement profitable à long terme.

En 1984, l’émission d’Antenne 2 donnait la parole et l’image à un jeune énarque vendéen nommé Philippe de Villiers. Sous-préfet démissionnaire, il fut le Créateur de cet incroyable spectacle «libertaire et convivial » des Fêtes du Puy du Fou. En 2009, le JDD continue de nous faire saliver avec du pain et des jeux, du lard et de l’Art. Gloire aux Globes de Cristal avec Attali en vers ! Vive le Louvre et ses expos. Bravos aux braves nantais qui célèbrent leur Bach d’abord ! Grand soit Picasso au Grand-Palais ! Merci, merci, merci à Bernard Arnault en mécène et saluons Europe 1 du Frère Lagardère en fonds sonore qui chipote et chapeaute l’Expo du Gitan.

Doublon donc mais avec les réajustements d’aujourd’hui : la collusion de la Critique Artiste avec la Présence des Milliardaires y est portée à son point maximum (1). L’intertitre est d’ailleurs significatif : «Sans le Mécénat, adieu grandes expositions et festivals de qualité »(2). La Peinture, le Cinoche, la Chanson nous «jouent la mélodie du Bonheur». Dans le même tempo, il nous faut oublier «les lendemains qui déchantent ». Derrière ce Slogan de «Vive la Crise » revenu en première ligne dans la Boîte à Idées de nos Chiens de Garde, BiBi n’y voit aucune ironie, aucun humour distancié de Bobo. Pour lui, ce n’est pas un bon mot de potache, c’est plutôt l’Opération Idéologique du Nouveau Libéralisme : «Soyez fascinés par les traits, les couleurs, les Voix ». Comme nous le dit Jean-Jacques Annaud, il faut éteindre la Guerre du Feu, gommer le Conflit c’est-à-dire le Politique : «La Culture est notre chance, notre vocation, notre solidité et notre destin. Et notre horizon». L’Art – version Mécénat – est rassembleur, il efface les clivages. Enfin réconciliés devant l’énigme de l’Aventure humaine, nous voilà Un parmi d’autres. BiBi tient la main de Sophie Marceau et celle de Charlotte, 18 ans. Dans le Musée, BiBi déambule avec l’anonyme Emilie 24 ans, aux côtés de Bernard Arnault. Tous affluent, hors classes sociales : Mick Jagger comme les mulots, Nicole Kidman comme Eva Mendès et les 18.000 visiteurs derrière.

Le revers du Tableau est bien entendu mis sous silence. Les grondements du 29 janvier n’ont pas une ligne dans le JDD. Pour BiBi pourtant, deux millions d’anonymes ont montré ce jour-là qu’ils aimaient l’Art… l’Art de vivre.

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(1)   Voir Luc Boltanski et Eve Chiapello. «Le Nouvel Esprit du Capitalisme ». Gallimard 2000. (pages 500 – 576)

(2)  Voir Pierre Bourdieu et Hans Haacke. «Libre-échange » au Seuil.

Les amis de BiBi ont adoré aussi :

Thonon-les-Bains, 29 janvier au matin.

Photos du 29 janvier 2009 à ThononPhotos du 29 janvier 2009 à ThononPhotos du 29 janvier 2009 à Thonon

 A Thonon-les-Bains, c’est un froid qui pique ce matin. Mais dans le défilé, on peut compter sur le personnel hospitalier pour réchauffer l’atmosphère. Si on veut gagner plus, ce ne sera pas pour aujourd’hui car les salariés du Casino d’Evian, présents avec leurs banderoles, ont déserté les tables de jeu. Les enfants des professeurs et des parents d’élèves sont là aussi, entourant les instituteurs du Public et du Privé. Le Handicap a déployé sa bannière pour se refaire une santé et les Services Sociaux sont clairement du côté des Usagers qu’ils accompagnent le reste de l’année. A la tête du rassemblement, les lycéens aux porte-voix de l’UNL battent la mesure en chefs d’orchestre. Un bon millier de personnes avance Rue Jules Ferry, passe devant la Mairie en houspillant le Chef de la Cité thononaise, garé à droite, puis le serpentin revient Place des Arts, départ et terminus. Certains poursuivront la Manifestation à Annecy l’après-midi. La France et la Haute-Savoie remuent en profondeur. Il reste que le mécontentement devra se traduire sur la Scène politique. Les syndicats ont montré la voie de l’Unité pour rendre visibles les revendications sectorielles et toutes celles qui touchent au pouvoir d’achat et à l’emploi. BiBi attend toujours les commentaires de Martine Aubry, de Ségolène Royal étonnamment discrets sur ce coup-là.

La recherche d’une unité des forces politiques de Gauche au plus haut niveau devrait être le seul objectif des prochaines semaines, des prochains mois, des deux prochaines années. Sans quoi, le désespoir, la radicalisation minoritaire, le flirt socialiste avec la Pensée libérale redonneront le sourire à Qui-vous-Savez.

La garde-robe de Laurence Ferrari et de B.Henri Lévy.

Laurene, Bernard-Henri et Jane

Les Intellectuels du Prêt-à-Penser se confondent parfois avec les Intellectuels du Prêt-à-Porter. En examinant les garde-robes de Laurence Ferrari et de Bernard-Henri Lévy, BiBi a sorti le beau linge de leurs placards et a relevé leurs pensées bien habillées.
Bernard-Henri Levy a tombé sa chemise (blanche) pendant que Laurence a revêtu son habit de baroudeuse. Finis les planques des Intellos médiatiques ! Il faut tordre le cou à cette idée insultante qu’ils ne travaillent que le temps de leur apparition télévisée. Aujourd’hui, ils vont au cœur de l’action et l’action qui fait la meilleure recette, c’est une bonne guerre : celle de Gaza, celle d’Afghanistan.
Il y a quarante ans, dans le numéro 52 de Tel quel, Jean-Luc Godard avait enquêté sur une image de Jane Fonda au Vietnam et l’avait magistralement analysée. Au contraire de l’actrice américaine en gros plan, cachant presque un combattant vietnamien en arrière-fonds, Madame Ferrari se met légèrement en retrait avec une présence rapprochée du soldat français de l’ISAF. Grande humilité de la présentatrice qui fait discrètement et efficacement son travail de fourmi. Elle y est qualifiée de «Soldat de l’Info».

Mais contre quel ennemi ce Soldat TV est en guerre ? BiBi fait l’hypothèse que cette Combattante est en guerre contre l’Info aseptisée, contre l’Info-Pujadas-dans-son-bureau-et-qui-n’en-sort-pas. Elle est en guerre contre l’offensive de France 2. D’ailleurs, lorsqu’il s’agit de compter les gains et les pertes, cela ne se fait que par des pourcentages d’audience. Le séjour du JT de TF1 en Afghanistan de la semaine de Noël fera remonter Laurence au-dessus de la barre fatidique des 30%. Bataille gagnée (Madame a sauvé sa peau) mais la Guerre continue.
L’évènement, c’est de montrer que Ferrari est en capacité non seulement de faire oublier le bling-bling de Claire Chazal mais qu’elle est en capacité de se démarquer des plans-pantoufle des chaînes publiques. Aussi voit-on Laurence en patrouille, Laurence en déplacement, Laurence en véhicule blindé : un vrai petit Soldat. Pour que cet évènement fasse évènement, il y faut obligatoirement des a-côtés. Aussi, Laurence accordera au Supplément TV de La Tribune-Le Progrès ses commentaires exclusifs (6 pages avec 7 photos) présentés sous forme d’un journal de bord.
Capuchon avec liseré en fourrure (les hivers sont rudes dans cette Nature hostile), veste de baroudeur, veste légère en daim pour les interviews de personnalités, cheveux blonds impeccablement peignés. Négligemment aussi, un carnet de notes à spirale dépasse de sa poche de veston (elle note chaque détail car chaque détail compte dans les guerres). Madame est toujours entourée : pas d’ego surdimensionné… à l’inverse de PPDA, son prédécesseur. Elle pose avec des afghans, des enfants dans la rue, à l’école, des adultes combattants (de qui, de quoi ? Personne n’en saura rien). Tout est fait pour que Laurence apparaisse en témoin unique et en témoin objectif. D’être en Afghanistan est la preuve et la garantie qu’elle sait de quoi elle parle : toute future objection sur sa légèreté et son ignorance est déjà démontée.
Pas de chance pourtant pour Laurence : elle n’est même pas rentrée dans le Top 20 de TVScope (le Hit-Parade de ce même supplément TV de La Tribune-Le Progrès). Pire même : PPDA est à la première place et Claire Chazal à la seconde.
BHL est un habitué des Guerres. C’est un baroudeur qui sait, lui aussi, choisir sa garde-robe. Sur la photo du JDD, il discute (presque) d’égal à égal avec son interlocuteur israëlien, le Général (SVP) Yoav Galant en charge de l’Opération Plomb durci. BHL a oublié ses chemises blanches lavées par Arielle et a revêtu la tenue kaki de combattant. BHL est le nouveau Albert Londres, toujours au cœur de l’évènement ( la guerre), toujours au cœur de la bataille intellectuelle (avec ses réseaux surpuissants, il peut affronter n’importe qui). Ce guerillero des Médias est très aimé au JDD. Déjà, avec Michel Houellebecq, ils avaient eu droit aux grands Honneurs de la Une. Gageons que dans quelques semaines, le JDD ouvrira sur les «Souvenirs de Guerre »  de notre incontournable intellectuel.
La seule grande question qui taraude BiBi, c’est de savoir de quelle couleur sera la chemise sur la couverture de son prochain livre : alors Bernard-Henri, blanche ou kaki ?

Les Amis de BiBi ont apprécié aussi :

Une Presse bien ciblée.

Flèches

LE FIGARO. Intitulé de l’article :«La fin programmée de Guantanamo met l’Europe à l’épreuve ». BiBi croyait que le journaleux allait reparler de l’autorisation donnée en son temps par notre Ami Barroso. Alors Président de l’Europe, ce dernier avait donné son aval pour que les avions de Bush, remplis de terroristes, puissent survoler l’Europe en toute tranquillité. Mais le journaleux du Figaro est amnésique. C’est d’ailleurs pour cela qu’il est au Figaro.
FRANCE-SOIR : le quotidien passe aux mains de Sergueï Pougatchev, milliardaire russe de 45 ans et de son fils Alexandre ( qui a la… nationalité française). Ils vont porter leurs parts de 19,9% à 85%. Sergueï est aussi propriétaire de l’épicerie de luxe Hédiard depuis 2007. C’est à l’ombre de Pavel Borodine –  dont parlait le juge genevois Bernard Bortossa (voir Article de BiBi : « Les Flèches de BiBi-chasseur » ) que le Banquier Sergueï a fait fortune selon le Figaro du 18 janvier. Ce nouveau Boss de France-Soir a le même confesseur que Poutine. Ses intérêts sont dans le charbon et les chantiers navals (48ième fortune russe selon Forbes). Ce Monsieur aime beaucoup la France. C’est à Valberg, près de Nice, qu’il se dore et d’argent au Soleil.
BOLLORE-MEDIA se replace dans l’espace de la Propagande de Little Nikos. Le journal gratuit Direct Soir (500.000 exemplaires) sera dorénavant distribué aussi le samedi dans le métro parisien. Il s’enrichira d’une nouvelle page-Tourisme qui sera conçue par le Figaro-Magazine. A gagner : soit un séjour d’une semaine sur le yacht de Bolloré à Malte, soit un voyage en avion supersonique de chez Dassault.
LE MONDE DIPLOMATIQUE (janvier 2009). Dans son edito, Serge Halimi rappelle les paroles de Little Nikos : «  Alors moi en 2012, j’aurai 57 ans, je ne me représente pas. Quand je vois les milliards que gagne Bill Clinton, j’m’en mets plein les poches ! Je fais ça pendant cinq ans et ensuite, je pars faire du fric comme Clinton ! 150.000 euros la Conférence ! » (Le Point du 3 juillet 2008). Une méchante langue – que BiBi n’approuve pas – crie derrière lui : «Casse-Toi, pauv’ Conférencier !»
Les Experts font un carton. Pas les Experts de TF1, non. BiBi parle des experts politologues comme l’inamovible Roland Cayrol, Gérard Grunberg, Dominique Reynié. Dans son article du Monde Diplomatique, Alain Garrigou rapporte avec malice qu’ils «courent après les micros comme des catholiques après leur salut ». Ces Messieurs qu’on voit beaucoup dans les émissions des chaînes publiques ( C dans l’Air entre autres) imposent leurs verdicts, donnent des notes aux Ministres, pérorent sur le Libéralisme. On se rappellera qu’ils ont joint leurs voix aux béni Oui-Oui lors du Référendum européen.
REFORME : Dominique Reynié, responsable de la Fondation pour l’Innovation politique (créée par l’UMP) déclarait dans le numéro de Réforme (janvier 2007) : «Little Nikos a du courage, de la détermination, de l’ambition, de la volonté, il porte des valeurs qui ne manquent pas de noblesse et qui provoquent l’admiration». Gérard Grunberg, lui, est un partisan de l’économie de marché et le fait savoir à droite et à gauche. Le problème n’est évidemment pas qu’ils donnent leurs opinions, c’est qu’ils occupent tout l’espace télévisuel public.
L’EQUIPE-MAGAZINE a donné à BiBi des nouvelles de sa chère Alexandra Paressant qui habite au Creusot et qui fantasmait sur Tony Parker, Thierry Henry et tant d’autres. Elle va se raconter dans un livre intitulé «Sexe, Scandales et Internet » aux Editions du Rocher. 10000 euros comme a-valoir. Encore un effort, Alexandra et tu dépasseras bientôt la côte du poète local, Christian Bobin.
Huit pages de cette même Equipe-Mag sur… Richard Gasquet, plus la couverture, avec, au final, l’avis de Lagardère sur son poulain. Pas de rapport évidemment avec le fait que le Groupe Amaury fasse en ce moment du pied au Frère Lagardère…BiBi reconnaît quand-même que le portrait-photo de celui-ci est magnifique. Costard-cravate, rasé de près, le mentor-ami-mécène-sponsor-conseiller demande à son protégé (qui n’a jamais rien gagné) de se «faire une carapace » et surtout «de ne rien écouter, de ne rien lire». Même pas les articles de BiBi sur Frère Lagardère ?
TRIBUNE DE GENEVE : Patrick Trotignon, nouveau Président des Croix de Savoie, y réapparaît pleine page sportive. BiBi a déjà tout dit dans son article (voir article de BiBi «Sport double-face»). Propos laudatifs du journaleux suisse : il gomme toutes les aspérités du personnage. Les affaires entre l’OM et le Servette ? Quoi ? Que ? Qui ? Les bizarreries dans la compta de la Berrichonne ? Quoi ? Que ? Qui ? A la fin de l’article soviétique, une phrase qui fait tilt : «L’Histoire du Club haut-savoyard est en marche». Espérons que ce ne soit ni dans le Mur, ni en Marche arrière, ni en Marche droit-dans-le-lac.
Toujours d’après la Tribune de Genève, le Conseil d’Etat (Suisse) a annulé la Manifestation anti-Davos à Genève. Les policiers helvétiques ont obtenu une prime de 850 francs suisses et reviennent au boulot. Ouf ! Les Banques seront à nouveau bien gardées.

Un Agoraphobe à l’interview.

C’est dans les endroits publics et dans des espaces découverts que se manifeste l’agoraphobie, cette peur irrationnelle de la foule qui survient de manière imprévisible et qui suscite une inquiétude grandissante chez le sujet. Cela entraîne, dit-on, un comportement d’évitement. Par exemple, le Sujet fait tout pour ne pas voir les mouvements de foule, les grèves suivies ( toute grève passe inaperçue pour lui), les manifestations d’envergure, les défilés, les cortèges, les parades, les rues pleines et noires de monde. C’est tout cela qui pousse le sujet aux palpitations, à l’accélération de son rythme cardiaque, aux tremblements ou aux secousses musculaires. Parfois, précise la nosographie médicale, il y a une sensation de déréalisation, de dépersonnalisation : le Sujet se croit le Maître du Monde.
BiBi a interviewé un Sujet dont il cachera le nom car il respecte la vie privée de celui-ci. Par défaut, BiBi l’appellera : «Little Nikos ».Toute ressemblance avec des personnages ou des faits réels ne serait évidemment que pure coïncidence…
BiBi : Il se dit que vous êtes sujet à des crises d’agoraphobie de plus en plus intenses.
Little Nikos
: Non, ces derniers temps, il s’agit surtout de cauchemar. Toujours le même. C’est un 14 juillet, je descends les Champs-Elysées dans un char Dassault et je vois une foule immense sur les allées qui m’acclame. Le téléphone sonne et CBS qui me suit en carrosse me dit au portable : «J’ai peur pour Toi ! Ils crient tous : A Mort le Roi !»
BiBi : En effet, ces dernières semaines, vous avez souvent disserté sur ces Français versatiles qui ont coupé la tête à leur souverain et à sa jeune épouse autrichienne. Mais ce n’est pas tout : il y a ces colères cyclothymiques…
LN : A Saint-Lô, oui, dernièrement. A l’extérieur du Centre culturel, il y avait des sifflets, des injures. Des hyènes, vous dis-je ! Des hyènes ! J’ai engueulé mon Préfet, un vrai abruti. J’avais donné l’ordre – comme d’habitude – de nettoyer les rues avant mon arrivée. Ce préfet n’a pas compris qu’une dizaine de personnes suffisait. Des cadrages serrés TF1 sur leurs visages, ça suffit amplement pour faire un effet de foule au 20h de Ferrari, non ?
BiBi : Vous n’allez plus dans les stades aussi.
LN : Oui depuis la finale de la Coupe de France, Bernard Laporte m’a conseillé de ne pas descendre sur la pelouse pour serrer la main aux joueurs.
BiBi : C’était un grand plaisir pour vos prédécesseurs pourtant… De Gaulle, Mitterand…
LN : Ecoutez, il ne faut pas mélanger le Sport et la Politique. Et puis, il y a eu cet abruti de cameraman ce jour-là… Oui, il a eu le malheur de filmer mon arrivée et de la passer sur l’écran géant du Stade, juste cinq secondes. Le stade tout entier a grondé…ça m’a fait peur. Je ne regarderai les matches qu’à la télé.
BiBi : On dit aussi que vous n’allez plus au cinéma.
LN : Vous croyez que j’aurai fait la queue pour voir Bienvenue Chez les Ch’tis ? Et me faire traiter de biloute ? Je préfère faire mon cinéma à la Maison. Tenez, récemment, j’ai vu «L’Impossible Monsieur BéBé ». J’ai dit BéBé… pas BiBi ! Et puis les films avec mon copain Tom (Cruise), ils sont bien, hein ?
BiBi : Avant votre élection, vous aimiez bien vous promener un peu partout. En banlieue par exemple.
LN : Je retourne encore souvent à Neuilly, à Levallois-Perret. Et puis, de la Villa Montmorency, je vois Boulogne. C’est bien, c’est calme, la banlieue.
BiBi : Et les voyages en Province ?
LN : Il faut que je revois mes préfets. Tenez avec le dernier, à Nîmes, tout a été parfait. Aucun symptôme : ni douleurs, ni gêne thoracique, ni mouvements d’humeur.
BiBi : Pas de sensation d’étranglement, de souffle court ?
LN
: C’était bien organisé. Le Maire UMP a tenu les femmes et les enfants à l’écart… et les hommes aussi d’ailleurs. Dès minuit, centre-ville interdit à la circulation. Les élèves du Collège Feuchère sont restés dans la cour. Les terroristes du lycée Alphonse-Daudet avaient eu congé.
BiBi : Vous pouvez dater vos premiers symptômes ?
LN
: Très précisément. Le Guilvinec et le Salon de l’Agriculture. Pourtant j’ai remué Louvrier et Tapiro, mes Conseillers en Com, mais ils n’ont pas su calmer les braillards.
BiBi : Qu’est-ce qui va vous manquer ?
LN
: La visite des usines. C’est beau une usine déserte, délocalisée. Pas un bruit. On s’y sent comme chez soi. L’autre jour, au Centre Peugeot de Vesoul, ils avaient bien suivi mes ordres : les équipes du matin avaient été priées de partir deux heures plus tôt et celles de l’après-midi d’arriver une heure et demie plus tard. Tout a été remarquablement organisé, ça m’a fait plaisir.
BiBi : Vous avez vu l’investiture d’Obama ? Deux millions de personnes l’acclamant…
LN : Ca fait trop de bruit. Aux Marches du Capitole, je préfère de loin le Fouquet’s de la Capitale. Plus cool, plus zen.
BiBi : Vous avez un bon Docteur ?
LN :  J’avais Douste-Blazy mais il manquait de franchise.
BiBi : Mais vous avez le Docteur Kouchner.
LN : Oui, c’est vrai mais, là, il règle ses honoraires chez ce bon gars de Bongo au Gabon. Mais… je ne sais pas si je peux compter sur lui. Il est changeant : hier c’était un Tiers-Mondiste, aujourd’hui c’est deux Tiers-mondain.

(Merci au Canard Enchaîné pour la consultation… de ses pages).