Dans la vie, il y a des carrefours, il y a des voies inédites qui s’entrecroisent pour se fondre en un point nodal. BiBi fut à la croisée du texte de Bernard Noël (1) et de l’instant qu’il passa avec ce jeune tisserand syrien (août 2010).
BiBi ne pouvait faire autrement qu’obéir à cette nécessité de faire du lien, de tisser un petit ouvrage sur sa chaîne de montage. A la croisée de ce clip-vidéo : un texte, une séquence-vidéo et la très belle musique de Titi Robin.
Cadeau de Noël pour les ami(e)s de BiBi qui pensent, eux aussi, beaucoup à la Syrie.
« Le spectacle de ces mains qui lancent le fil, qui le glissent, le passent, le nouent, toujours aériennes dans l’allégresse de leur propre maîtrise – ce spectacle déclenche derrière les yeux du visiteur une crise : rien ne va plus, ni le temps, ni le sens, ni la présence.
C’est que la main, ici et en ce temps, ne fait pas qu’une tapisserie : elle continue et elle projette – continue à inscrire le présent dans la chaîne de la durée ; projette la réflexion dans le geste de telle sorte que chaque point soit dans le voisinage de son avenir. Bien qu’indubitablement «manuel», ce travail ne saurait être défini par opposition à «intellectuel» et à «esthétique» : il inclut les deux et, de ce fait, dérange l’ordre des choses actuel réglé par la vitesse où, perpétuellement, viennent s’accélérer la production et la consommation.
La main introduit dans cet ordre-là un ralenti, qui est son rythme et sa justesse, et qui a pour effet final d’ajouter à l’œuvre terminé un contenu mystérieux».
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(1) Extrait de Bernard NOËL. La Castration Mentale (POL).