Tag Archives: Bernard Arnault

Du beau, du Bon, du Bono.

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Quand la « Maja nue » regarde Bernard Arnault…

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Cheveux courts et grisonnants, drapé dans un costume noir, bras le long du corps, Bernard Arnault, le Patron de LVMH est là, photographié parmi les visiteurs comme un quelconque quidam. Pourtant, trois choses le mettent en valeur.

1. Les visiteurs sont floutés alors que Bernard ne l.est pas.

2. Les autres regardent la Maja nue mais lui, ne l’a pas regardé (ou bien, seconde hypothèse : il en a terminé avec elle).

3. La légende du JDD rapporte son identité : il est aussi Patron de LVMH et Mécène de l’Exposition-Picasso. Rajoutons le titre de l’article : «L’Economie en crise, la Culture en Fête ».
Le Patron de LVMH est donc notre égal. Il se confond avec la foule mais il ressort quand-même du lot, restant le seul qui soit parfaitement identifiable.

Notre Bernard ne regarde rien en particulier mais peut-être est-il là seulement pour contempler son œuvre, pour se féliciter d’avoir organisé cette Exposition qu’il offre au Public comme il offrira bientôt, fin 2011, au Jardin d’Acclimatation, sa propre collection d’Art ? Peut-être pense t-il aussi à cette vente aux Enchères qu’il organisera à New-York pour financer l’expo d’un de ses designers Steven Sprouse ? Des enchères qui seront destinées à aider les enfants défavorisés de New-York.
Il est à distance du tableau sans se douter que c’est la Maja Nue, placide et goguenarde, qui le regarde et le met à nu. La Maja Nue sait tout des choses de la Vie. Elle connaît tous les secrets cachés de ses Visiteurs, elle qui ne cache rien. Elle sait que derrière le sourire tranquille du Patron se cache un amour vain pour l’art et les Artistes, elle sait que ce Grand Escogriffe, mélange de Pierre Richard et de Bernard Menez, veut se parer et s’emparer de tout ce qui compte de Beauté en ce Monde.

Elle se souvient qu’à l’achat, le yacht de ce Grand Boss s’appelait «One Eagle ». Trop prédateur ! Bernard le débaptisera pour «Amadeus» (plus élégant, non ?) et l’enregistrera aux îles Caïman (Prix de la restauration : 30 millions de dollars).
La Maja Nue a un regard amusé : elle a tout compris de ce Bernard Arnault qui se défile. Elle a eu le temps de lui rappeler sa présence à la Nuit de la Victoire au Fouquet’s et son absence… en rade de Toulon en septembre 2008. Là, où son ami, Little Nikos, brocarda les Paradis fiscaux, îles Caïmans en tête. Elle a lu dans les yeux de Bernard Arnault le montant de sa fortune (la septième du Monde – 21,5 milliards d’euros en 2005, un salaire de 4 millions d’euros).

La Maja nue regarde Bernard Arnault qui s’éloigne : elle sait combien les Puissants peuvent avoir de haine et d’hostilité à toutes les idées nouvelles, combien ils ignorent tous ceux qui, comme son Peintre, affichaient des sympathies pour les idées de la Révolution. Elle devine aussi pourquoi le Grand Bernard est préoccupé : tout à l’heure, il va rejoindre son ennemi juré, François Pinault et ils vont parler «Trêve et Cessez-le-Feu» autour d’une bonne table. Ils y seront avec Albert (Frère) et Alain (Minc). Ils y parleront Luxe et Culture car, pour tous deux, la Culture est à la fois un Luxe et une Marchandise.

La Maja Nue sait tout cela : elle sait qu’un jour, elle devra poser sur les murs de l’un ou de l’autre (Au Palazzo Grassi de Venise pour Francesco, à la Fondation Vuitton pour Bernardo). Elle est en paix. Eux, ils sont en guerre et ils se déchirent pour tout : la Gloire, la Notoriété, la Volonté de Puissance. Ils se battent pour Pucci, Fendi, TAG Heuer, Chaumet, Yquem, Zénith, Moët and Chandon, Dom Pérignon et Veuve Cliquot etc (C’est à Bernardo), ils vont se réconcilier avant de se battre encore pour Boucheron, Balenciaga, Bottega Veneta, Sergio Rossi, le Printemps, la Redoute etc (C’est à Francesco).
La Maja nue, elle, n.a rien d’autre à offrir que sa nudité. Elle sait que son insolente Beauté ne peut s’acheter car la Beauté est sans prix.

Les amis de BiBi ont dévoré aussi :

« Vive la Crise ! » (1984-2009)

Le JDD 2009 et Libération 1984

Le JDD de ce dimanche ne nous rajeunit pas. Ce «Vive la Crise » vient comme un écho du numéro spécial de Libération de février 1984, numéro qui faisait suite à une émission de TV diffusée alors sur Antenne 2.  BiBi se souvient de ce supplément hors série concocté par notre tandem toujours en poste dans les Sphères médiatiques : Serge July et Laurent Joffrin. Yves Montand, lui, envahissait alors nos écrans (télévisés). L’acteur y plaidait la cause de l’austérité, se proclamant «de gauche, tendance Reagan ». Son argumentation était simple : les Français refusent de se plier aux nouvelles contraintes économiques, obstinés qu’ils sont à réclamer «toujours plus». Dans son sillage, Pierre Rosanvallon, ex-théoricien de la CFDT, invitait les lecteurs à «apprendre l’austérité». Ah les Belles années des Eighties !

Libé d’hier, JDD d’aujourd’hui : pourquoi ce rapprochement entre ces journaux ? C’est que le Slogan «Vive la Crise » 1984-2009 est un doublon : il intervient dans la bataille idéologique. En février 84, la Propagande libérale glosait sur la  fin des idéologies, sur la futilité de l’Etat-Providence et célébrait le Culte de l’entreprise. Les Français étaient appelés à faire des sacrifices. L’Etat social et  les prétentions  syndicales devaient en rabattre sur l’autel de la rigueur. L’Europe unie applaudissait une Présidente nommée Margaret Thatcher. En janvier 2009, la Populace n’a toujours pas compris : elle défile en piaillant pendant que l’argent file, elle manifeste alors qu’elle devrait se mettre au travail. La Populace ne comprend pas que la Crise représente une «grande mutation», douloureuse, mais finalement profitable à long terme.

En 1984, l’émission d’Antenne 2 donnait la parole et l’image à un jeune énarque vendéen nommé Philippe de Villiers. Sous-préfet démissionnaire, il fut le Créateur de cet incroyable spectacle «libertaire et convivial » des Fêtes du Puy du Fou. En 2009, le JDD continue de nous faire saliver avec du pain et des jeux, du lard et de l’Art. Gloire aux Globes de Cristal avec Attali en vers ! Vive le Louvre et ses expos. Bravos aux braves nantais qui célèbrent leur Bach d’abord ! Grand soit Picasso au Grand-Palais ! Merci, merci, merci à Bernard Arnault en mécène et saluons Europe 1 du Frère Lagardère en fonds sonore qui chipote et chapeaute l’Expo du Gitan.

Doublon donc mais avec les réajustements d’aujourd’hui : la collusion de la Critique Artiste avec la Présence des Milliardaires y est portée à son point maximum (1). L’intertitre est d’ailleurs significatif : «Sans le Mécénat, adieu grandes expositions et festivals de qualité »(2). La Peinture, le Cinoche, la Chanson nous «jouent la mélodie du Bonheur». Dans le même tempo, il nous faut oublier «les lendemains qui déchantent ». Derrière ce Slogan de «Vive la Crise » revenu en première ligne dans la Boîte à Idées de nos Chiens de Garde, BiBi n’y voit aucune ironie, aucun humour distancié de Bobo. Pour lui, ce n’est pas un bon mot de potache, c’est plutôt l’Opération Idéologique du Nouveau Libéralisme : «Soyez fascinés par les traits, les couleurs, les Voix ». Comme nous le dit Jean-Jacques Annaud, il faut éteindre la Guerre du Feu, gommer le Conflit c’est-à-dire le Politique : «La Culture est notre chance, notre vocation, notre solidité et notre destin. Et notre horizon». L’Art – version Mécénat – est rassembleur, il efface les clivages. Enfin réconciliés devant l’énigme de l’Aventure humaine, nous voilà Un parmi d’autres. BiBi tient la main de Sophie Marceau et celle de Charlotte, 18 ans. Dans le Musée, BiBi déambule avec l’anonyme Emilie 24 ans, aux côtés de Bernard Arnault. Tous affluent, hors classes sociales : Mick Jagger comme les mulots, Nicole Kidman comme Eva Mendès et les 18.000 visiteurs derrière.

Le revers du Tableau est bien entendu mis sous silence. Les grondements du 29 janvier n’ont pas une ligne dans le JDD. Pour BiBi pourtant, deux millions d’anonymes ont montré ce jour-là qu’ils aimaient l’Art… l’Art de vivre.

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(1)   Voir Luc Boltanski et Eve Chiapello. «Le Nouvel Esprit du Capitalisme ». Gallimard 2000. (pages 500 – 576)

(2)  Voir Pierre Bourdieu et Hans Haacke. «Libre-échange » au Seuil.

Les amis de BiBi ont adoré aussi :

Fins mots de l’Histoire.

Lorsque BiBi ouvre son dictionnaire personnel, il trouve des mots dont la définition n’est pas exactement celle qu’il trouve ça et là, dans la Presse bien pressurisée. Aussi le voilà parti pour chercher Querelle de mots. Pour lui, les Querelles de mots ne sont pas si futiles que ça : elles engagent des représentations du Monde contradictoires, en lutte les unes contre les autres. Et à chaque fois, la bataille est féroce.
En cette fin de semaine, BiBi a tilté sur ces quelques tournures qui ne tournent pas rond et qui font grand bruit dans sa tête :

Evidences

Antoine Bernheim, l’ami fidèle du Président.

   Tonio

Little Nikos veut faire populo, il dénigre le Capitalisme financier avec son salaire en or et une véhémence de Grand Rebelle. Cependant il oublie de dire qu’en chemin, il a rencontré l’argent – celui d’ Antoine Bernheim par exemple – pour faire son bonheur

Ce Monsieur est au top de la Grande Finance (troisième assureur de l’Europe des Travailleurs). Peu de journalistes pour aller poser un micro et l’interviewer. Pourtant, il en aurait des choses à dire sur la Crise du Nouveau Capitalisme.
Antoine Bernheim est le Patron français des Generali et il a un sacré réseau. Bien entendu, comme tout homme du réseau, il dit ne pas en avoir. Tonio pour les intimes a constitué son fabuleux carnet d’adresses à la Banque Lazard. Citons ses vieilles connaissances : Hubert Heilbronn, administrateur de la filiale française des Assurances italiennes,  François Voss, membre de l’Automobile Club de France au siège de laquelle se tiennent les réunions du Siècle (voir Articles de BiBi sur « Les affaires du Siècle »). Le bonhomme, bon pied, bon œil a toujours eu un faible pour Jean-Marie Messier, l’homme de Vivendi qui montrait ses chaussettes trouées sur un cliché de Paris-Match, pour Bernard Arnault (Tonio est toujours vice-président du CA de LVMH), pour François Pinault ( il l’a aidé à acquérir les magasins du Printemps) et surtout pour Vincent Bolloré dont le père, Michel, était, avec Tonio, élève à Janson-De-Sailly. Aujourd’hui, les meilleurs potes d’Antoine, sont ceux du fils, principalement au sein du Salotto Buono, c’est-à-dire de l’Aristocratie financière italienne. 
Antoine veut une paire de chaussures ? Il téléphone à Diego della Valle, patron de Tod’s. Il veut un placement en Espagne ? Il écrit à Ana Patricia Botin, présidente de la banque espagnole Banesto. Il veut visiter la Cathédrale de Milan ? Il s’adresse aux banquiers de Mediobanca ( Enrico Cuccia, Vincento Maranghi, Laurent Dassault). Gilberto Benetton, lui, lui offre des pulls pour cet hiver rigoureux et Giancarlo Cerruti, pantalons, vestes, chaussures et parfums.
Si Antoine veut parler français, il trouvera Jean-Philippe Thierry, président des AGF mais aussi Jean Azéma, boss de Groupama. Si le troisième et le quatrième au bridge viennent à manquer, voilà que rappliquent Claude Bébéar (Generali a longtemps été deuxième actionnaire d’AXA) et Patrick Wajsman, éditeur de la revue Politique internationale. Sans oublier la remplaçante, Odile Jacob.
Monsieur Tonio n’a évidemment jamais fait de politique. Il ne traîne pas dans les meetings populaires, n’a jamais mis les pieds à l’Assemblée. Il fréquente plutôt pieusement les allées du Vatican et rend souvent visite à son ami le patriarche de Venise. Il aime s’aérer sur les greens du golf de Morfontaine.
En politique, mis à part les Bolchéviks, il aime tout le Monde : feu Pierre Messmer et feu Raymond Barre (ancien administrateur de Generali) étaient ses amis d’hier mais Tonio a aussi de très bonnes fréquentations aujourd’hui : DSK, les grandes figures révolutionnaires comme Laurent Fabius ou Jean-Paul Huchon. En Italie, Silvio Berlusconi et Romano Prodi viennent souvent le consulter à Trieste dont il est Citoyen d’Honneur.
Antoine Bernheim est un homme très ouvert sur la Culture – comme tout Boss qui se respecte – (Nous ne sommes plus dans le Siècle où l’on chantait « Les Bourgeois, c’est comme les cochons… »). Il aime bien le foot et son amour du sport l’a poussé à engager Zidane et son image pour gagner la partie.
Une de ses dates-fétiches restera ce 22 octobre 2007 où il fut promu au grade de Grand-Croix (comme Marcel Dassault). Cette distinction l’excita comme une puce. Cet honneur est très recherché puisqu’ils ne sont que 75 décorés. C’est évidemment Little Nikos qui lui a remis les insignes. Notre Président fut éternellement reconnaissant à Tonio de l’avoir poussé à poursuivre son combat politique après la déculottée balladurienne. Little Nikos voulait se reconvertir dans les banques d’Affaires mais le Messager de Trieste lui aurait sussurré : «Nicolas ! Tu as encore d’importantes missions à accomplir ».
Il parait que Tonio n’aime pas trop que les journalistes rappellent son âge. BiBi ne dira même pas que notre homme rentre dans sa 85ième année et que la Banque et les Assurances, finalement, ça conserve.

Les amis de BiBi aiment aussi :