Non, Denis Robert n’est pas un personnage.

La Boite Noire

Dimanche : je roule pépère dans ma voiture avec France-Info en fonds sonore. C’est un reportage qui dure, dure, dure sur le Luxembourg. On interroge une jeune femme sur la beauté méconnue de ce petit pays avec visite touristique très détaillée. On dit qu’il y a beaucoup de jobs ouverts pour les français avec Bac+3. Postulez ! Postulez ! Vos faiblesses en Anglais seront facilement surmontées.

Je pense aussitôt à Denis Robert et à son enquête sur Clearstream, le Notaire du Monde, la Banque des Banques.

 Le Luxembourg ! Je me souviens avoir découvert ce pays non dans les dépliants touristiques mais dans mon acharnement à comprendre les rouages de cette chambre de compensation (Clearstream). J’avais dégotté les deux livres (Révélations et La Boite Noire de Denis Robert) dans la poussière d’Emmaüs. Depuis, ces troublants Trous noirs de la Finance mondiale ont sérieusement ébranlé ma naïveté et mis à mal ma représentation idyllique du Monde. La veille de ce dimanche, j’étais allé sur le site des amis de Denis Robert et j’avais passé une bonne partie de mon après-midi à visionner l’heure du débat sur latelelibre.fr. On y entendait Paul Valdiguié, le rédacteur en chef de Paris-Match, intervenir souvent. Il donnait de l’accolade et faisait copain-copain avec tous. Puis sur la fin, n’y tenant plus, ce journaliste finit par dire d’un ton condescendant, que « Denis Robert est un personnage ».

Un personnage est, en deux mots, un ego expérimental. Ce n’est pas une simulation d’un être vivant, c’est un être imaginaire et à ce titre, il peut tout faire, tout dire. Veut-on taire et étouffer le travail de Denis Robert ? Alors, il faut dire que Denis Robert « théâtralise », qu’il est «fascinant dans sa façon de mélanger le réel à la fiction ». Et cette fascination exercée par Monsieur Robert serait de… s’inventer sa propre «mise en scène ». Oui, oui, il est assurément un bon écrivain mais… dans le domaine financier, il est moins intéressant, n’est-ce pas ! Le tour de passe-passe est là, dans ce nœud où Laurent Valdiguié tente de brouiller les pistes en taisant le saut allègre qu’il effectue : il déconsidère le Réel en le rabattant sur l’Imaginaire et l’être quasi-imaginaire qu’est Denis Robert-écrivain-de-littérature. « Denis Robert est un poète. Un Jules Verne de la finance ». Edwy Plenel, de son côté, nous joue la même musique : « Denis Robert est l’inventeur de Clearstream ».

Au final, de quoi parle Laurent Valdiguié dans cette prise de position ? Il parle de… sa propre approche journalistique et des fictions qu’il assène chaque semaine via Paris-Match, journal partagé entre les fictions romanesques de Monaco (Stéphanie-Caroline-Albert) et les états d’âme romantiques de l’Elysée (Cécilia-Nicolas-Carla). « Personnage » ? Guignol… ? Comme qui dirait : c’est-celui-qui-y-dit-qui-y-est.

Car imaginaires seraient les listings Clearstream et les milliers de comptes ouverts dans les paradis fiscaux ( consultables sur le site www.dominationdumonde.blogspot.com)? Imaginaires les transactions, les comptes non-publiés ? Fictifs les 106 pays représentés à Clearstream dont plus de 40 sont des paradis fiscaux ? Créées de toutes pièces les filiales de banques honorablement connues (BNP, Crédit lyonnais, Société générale?)? Inventé le témoignage de Régis Hempel l’ancien chef de l’informatique qui assure que la firme effaçait des transactions pour en dissimuler la provenance ou la destination ?

Denis Robert est d’autant plus suspect qu’il n’est plus dans les petits papiers des rédactions et qu’il n’appartient plus à la profession qui fait profession d’être le témoin « objectif » du Monde et de sa Marche. Pourtant plus de 700 journalistes lui ont apporté leur soutien. Pas ceux non plus, bien sur, de Charlie-Hebdo dont on soulignera que Richard Malka, l’avocat de la Banque des Banques qui traine Denis Robert de procès en procès, est celui-là même qui défend… Charlie-Hebdo !

Pendant ce temps-là, les procès contre Denis Robert et… les affaires continuent :  sur l’année entière 2006, Clearstream a enregistré 24,51 millions de transactions, soit une hausse de 20% par rapport à 2005. La société Clearstream refuse toujours tout regard public sur ses comptes et ses transactions qui s’élèvent à hauteur de 250 fois le budget de la France ! Clearstream a ajouté récemment trois nouveaux marchés à son réseau international : la Croatie, la Turquie et la Russie. Il paraît que ce sera la prochaine couverture de Paris-Match : chiche Laurent ?

Enfin, juste un dernier conseil à donner à notre grand journaliste : s’il veut penser BiBi, qu’il continue de travailler du chapeau en pérorant chaque semaine sur le séduisant… bibi porté Carla dans son dernier voyage de Princesse à Londres.

One Response to Non, Denis Robert n’est pas un personnage.

  1. RST dit :

    Effectivement, le plus dérangeant dans tout cela c’est la tentative de décrédibiliser le « personnage » D.Robert pour faire en sorte que même les gens comme moi, comme vous, finissent par se poser des questions sur le crédit que l’on peut apporter au bonhomme.
    C’est une stratégie redoutable de perversité

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