Histoire. Littérature. Vichy 1940-41. (2)

Après le départ de Pétain de l’hôtel du Parc,
une rue de Vichy…

Dans ce second billet, Pensez BiBi poursuit son entretien avec Madani ALIOUA pour son livre « LA GUERRE N’OUBLIE PERSONNE » qui vient de paraître aux Editions L’Harmattan. Ce livre a le Vichy 1940-41 comme toile de fond, un Vichy dont les effets se font sentir jusqu’à aujourd’hui.

La première partie de cet entretien peut se lire ici.

*

Question : Ton travail n’est pas une démonstration directement politique même si on sent que ton fonds historique a été très travaillé. Tu restitues bien toute une ambiance méconnue de Vichy à travers les affres de ton personnage principal : Séraphin Barbe, ouvrier imprimeur descendu de Paris.

A gauche : les locaux du Ministère de l’Intérieur à Vichy.
A droite : Pétain et le Docteur Ménétrel, fidèle du Maréchal, antisémite et distributeur des fonds secrets

Madani Alioua : Au 17 décembre 1940, mon personnage principal, Séraphin Barbe, entreprend d’écrire au jour le jour ce journal de bord sans trop savoir pourquoi (Qu’est-ce qu’écrire ? Pour quelles raisons s’y met-on ?). Ce n’est pas un intellectuel mais il a beaucoup fréquenté les livres et leur fabrication.

Sa vie professionnelle (il a été ouvrier-imprimeur), familiale (mère décédée dans les faubourgs parisiens, frère mort en 1917), sentimentale (Hélène son Amour) sont derrière lui. A Paris, son métier, exercé dans deux imprimeries (Imprimerie Lang et imprimerie de Crimée), lui a permis de rencontrer et de critiquer férocement tout un tas d’écrivains de haut rang et de bas étage, des journalistes de l’avant-guerre qui rappellent les Zemmour et les Enthoven d’aujourd’hui. Je laisse le lecteur découvrir ce que mon héros fera de ce petit monde obscène.

Fin 38, Séraphin Barbe rejoint donc Léon son neveu à Vichy et s’installe chez lui, dans une maison limitrophe à Vichy. Léon, orphelin de père et mère, travaille aux Ambassadeurs, lieu privilégié pour des rencontres entre hauts fonctionnaires français et étrangers. Là, en oreille attentive, il recueille des informations inconnues du « grand public », infos que son oncle Séraphin consigne dans son Journal.

Question : Pour ton héros Séraphin Barbe, l’amitié est importante aussi.

M.A : Oui. Séraphin parle beaucoup de ses deux amis. Il y Paulo l’Italien (malmené par des ultras vichyssois au moment où on apprit que Mussolini s’était joint à Hitler) et Rimbe qui travaille au dispensaire de La Pergola. Cet infirmier permet de calmer les douleurs de Séraphin par les médocs qu’il y subtilise. C’est avec eux et Léon que Séraphin Barbe va se retrouver dans une histoire qui touche au cœur du gouvernement vichyste, de ses hauts fonctionnaires et de ses hommes de sang.

Question : La grande bascule de ton histoire, c’est l’apparition de ton héroïne Marie Vigan.

M.A. : Séraphin Barbe a peu d’occupations hormis celles du populo : manger, dormir, se ravitailler, se chauffer, se soigner. C’est à travers le carreau de sa fenêtre qu’il va voir passer un premier matin puis quotidiennement une inconnue, jeune femme blonde, à bicyclette. Elle se nomme Marie Vigan et travaille au Service de l’Information de Paul Marion.

A partir de là, mon histoire et son terrible quotidien (faim, froid, ravitaillement) se dédouble en se parant des attributs d’un roman noir.

Beaucoup d’interrogations vont en effet porter sur le passage quotidien de cette jeune fille et sur cette soirée du 15 août 1941, date d’une importante réunion sportive au vélodrome de Vichy.

Question : Sans dévoiler la fin de ton livre, ta postface est plutôt une bonne trouvaille. Elle vient donner une hauteur supplémentaire à ta fiction historique.

Vichy. 1er nov 1941. La « Journée du Souvenir ».

M.A. : Il fallait porter plus loin cette histoire avec un dernier témoignage. Cette postface m’autorisait à continuer de parler de notre histoire nationale et d’évoquer les effets de Vichy post-période 1945. Bien sûr, ce sera à chacun de faire des correspondances avec la période actuelle. On pourra s’arrêter par exemple sur les épisodes tragiques du Maquis du 14 juillet (né en 1942 dans la forêt de Tronçais) ou encore sur un de mes personnages s’entretenant avec le philosophe Vladimir Jankélévitch deux années après-guerre, grand philosophe qui n’hésita pas à parler des amis français du Docteur Goebbels sur le retour et qui augura entre crainte et colère, dès 1948, que demain, la Résistance devra se justifier pour avoir résisté. Quand tu disais tout à l’heure que mon livre n’était pas « directement politique », cela m’a fait penser à cette parole de Bertolt Brecht : « Dire à un homme politique : « Défense de toucher à la littérature » est ridicule. Mais dire à la littérature « Défense de toucher à la politique » est inconcevable ».

Question : Dans ton rêve à qui voudrais-tu adresser ton livre ?

Vichy.
En haut : Pétain devant l’hôtel du Parc.
En bas : Pétain et Weygand à l’hippodrome.

M.A. : Il y a le rêve de l’idéaliste qui croit qu’il écrit pour tout le monde. C’est un leurre bien sûr. Idéalement, mon livre s’adresse d’abord à ceux qui comprennent la langue française (rires) jusqu’à ce qu’il… soit traduit dans une autre langue (rires-bis) ! Il s’adresse à des profs d’histoire de classe terminale ou d’université qui aimeraient aider leurs élèveset étudiants à comprendre autrement Vichy. Dans la jeunesse d’aujourd’hui, on voit tellement d’errements dûs aux ratés d’une transmission générationnelle ! Mon livre espère être une petite lumière qui éclaire la terrible Nuit brune des années 40 en France. Il pourrait aussi toucher un lectorat habitué des intrigues de roman noir ou encore des citoyens lambda avides de réfléchir et d’en découdre avec cette période. Un lectorat d’hommes et de femmes qui aime tout simplement la littérature et l’histoire, toutes choses qui font lien avec les questions actuelles qui se posent aujourd’hui de façon si aigüe.

*

Le livre peut se commander dans n’importe quelle librairie. Sur le site de L’Harmattan aussi (en version livre au prix de 14,50 euros et en version numérique à 10,99 euros). Vous pouvez même en lire… une dizaine de pages sur les 140 ici.

Histoire. Littérature. Vichy 1940-1941 (1)

On donne un coup de main à Madani ALIOUA, l’auteur de ce roman historique sans concession sur le Vichy 1940-41, un Vichy de la Collaboration très rarement mis en fiction. Un livre original, punchy, prenant et surprenant au titre de « LA GUERRE N’OUBLIE PERSONNE ». Sa publicité ne passera pas par les instances de consécration (Monde des Livres, Busnel ou Trapenard). Et c’est une chance. Pensezbibi a beaucoup aimé ce roman à l’écriture incisive. Il va s’y arrêter en s’entretenant en deux billets avec l’auteur.

Part 1. Le livre peut se commander dans n’importe quelle librairie. Sur le site de L’Harmattan aussi (en version livre au prix de 14,50 euros et en version numérique à 10,99 euros). Vous pouvez même en lire… une dizaine de pages sur les 140 ici.

Question : Une fiction avec Vichy fin 1940-1941 comme toile de fond ce n’est pas courant… 

En haut : L’Opéra où fut proclamé la fin de la IIIème République.
En bas : vue du Pont de Bellerive.

Madani Alioua : C’est vrai, j’ai trouvé peu de fictions avec le Vichy de la Collaboration en toile de fond. A part le « 1941 » de l’académicien Marc Lambron (une bleuette entre un haut fonctionnaire de l’hôtel du Parc et une beauté résistante), un Remo Forlani qui écrit sur Vichy via une version supposée rigolote (« Emile à l’Hôtel »), des souvenirs personnels de Wanda Vulliez (« Vichy la fin d’une époque »), les auteurs.trices ont déserté la ville de Vichy et ont privilégié le Paris occupé ou la campagne provinciale. On a tous lu les romans de Modiano, le Sac de Billes, croisé du Robert Sabatier, on est tous tombé sur les journaux intimes de Maurice Garçon, d’Hélène Berr ou de Léon Werth. Vichy est resté cinq ans durant la Capitale de la France mais, dans les fictions, on a très peu utilisé le cadre historique (fin 1940-1941) et géographique de cette époque. J’ai voulu modestement et orgueilleusement m’en emparer.

Question : D’où vient ton intérêt pour le Vichy politique ?

Les Ambassadeurs où travaille Léon Barbe…

M.A. : Tout a commencé en Terminale au Lycée Jean Puy de Roanne avec mon professeur d’histoire d’alors (Mr Dieudonné). Ce fut l’année de mon éveil politique. On était à l’époque de la sortie de la France de Vichy de Robert Paxton et du Chagrin et la Pitié. Puis plus tard, vint les lectures de « Déposition » de Léon Werth et de « L’étrange défaite » de Marc Bloch. Mais ce qui a compté ce fut l’énorme bouleversement qui s’opéra en moi en découvrant tous les grands livres d’Annie Lacroix-Riz sur la guerre 39-45 et sur l’avant-guerre. Ce travail de lecture et de compréhension de ce Vichy-là fut décisif pour commencer l’écriture de ce livre. Son travail imparable sur les archives m’a fait comprendre le lien qui unissait banquiers, industriels, hommes politiques, journalistes, militaires et hommes de sang.

Enfin j’ai complété mes lectures avec des ouvrages locaux sur un Vichy 40-45 (Jean Desbordes, Thierry Wirth), des livres qui portaient sur Walter Stucki l’ambassadeur de Suisse et sur la vie quotidienne de ses habitants. De plus, je me rends souvent dans l’Allier et à Vichy en particulier. J’avais déjà en tête les visuels de Vichy 1940 (l’hôtel du Parc, les Parcs, l’hippodrome, le Sporting Club, le petit train etc) et les autres repères géographiques (Bellerive-sur-Allier, Le Mayet-de-Montagne).

Question : Ton livre se déroule de la fin 1940 à la fin 1941. Pourquoi t’être arrêté à cette courte période alors que la guerre a duré beaucoup plus longtemps ?

La période couverte par la fiction de Madani Alioua (déc 40 à déc 41)

Sans dévoiler le cours de ma fiction qui se présente sous forme d’un journal intime, mon livre ne s’arrête pas à la fin de l’année 1941 puisqu’il raconte le devenir ultérieur de tous les personnages via la postface, fictionnelle elle aussi. Mais l’essentiel de ma trame, c’est vrai, se déroule sur une année. Elle part du départ de Pierre Laval au 15 décembre 1940 et s’arrête un peu après la déclaration de guerre des Etats-Unis du 11 décembre 1941. Entretemps, de très nombreux événements se passent à Vichy.

Côté maréchaliste : la Collaboration (avec l’épisode mal connu de l’école du Mayet de Montagne), l’arrivée de l’ambassadeur américain l’amiral Leahy, celle de Darlan et de son équipe, la déclaration de guerre de Hitler à Staline, le décès d’Huntziger, les tractations souterraines des synarques, les coups tordus des cagoulards de l’hôtel du Parc.

Côté quotidien des habitants : le froid, la faim, la misère, les manifestations sportives au vélodrome et à l’hippodrome comme dérivatifs, le marché noir, la chasse aux Juifs avec les deux statuts et la création du Commissariat général aux questions juives en mars 1941 (avec le féroce Xavier Vallat à sa tête).

Ce choix d’une seule année a été imposé par le genre choisi, celui du Journal intime. Je me voyais mal ennuyer le lecteur avec des péroraisons sur quatre années. Il valait mieux resserrer le travail sur une courte période pour donner de l’intensité au texte.

Le journal de bord de Séraphin Barbe touche à son intimité. Mon héros est au crépuscule de sa vie et il s’ouvre à une écriture toute personnelle. Son histoire individuelle recoupe l’histoire nationale. Personne ne peut oublier cette guerre une seule minute. Cette guerre ne laisse personne en… paix. Elle occupe tous les esprits. Voilà le drame et voilà le sens du titre : cette guerre n’oublie personne.

Question : Quelle est plus précisément l’ambiance à Vichy à cette période ?

Pétain, Darlan, Laval devant l’hôtel du Parc.

M.A. : Ambiance ? Il faut préciser. Si c’est l’ambiance dans les hautes sphères économiques, elle tourne autour de l’amiral Darlan qui s’est entouré d’hommes placés par les industriels, les banquiers, tous aidés par la haute hiérarchie catholique, les cagoulards et le service d’ordre légionnaire de Joseph Darnand (qui le transformera en Milice). Exemples : derrière le « syndicaliste » appointé par les fonds secrets René Belin, il y a Jacques Barnaud de la banque Worms, il y a Pucheu sorti de chez la banque Worms (Japy) qui s’installe à la production industrielle, il y a Lehideux de chez Renault et des tas d’autres noms hélas peu connus mais d’une importance décisive etc.

Tout ce petit monde prolonge les échanges économiques très fructueux déjà dans l’avant-guerre (avec l’Allemagne des grands trusts sidérurgico-militaires Krupp, IG Farben qui ont besoin des mines françaises de fer, de charbon, de bauxite). Beaucoup de ces hauts fonctionnaires (dès 1941) savent que les USA gagneront la guerre mais cela n’en fait pas – comme on l’a écrit – des « vichysto-résistants ». Beaucoup restent en poste à Vichy. Certains (Darlan, Pucheu et même Couve de Murville) sentant le vent tourner vont essayer de se vendre aux Américains à Alger, Américains, qui, de leur côté, aiment beaucoup Vichy (et détestent De Gaulle). Les autres fonctionnaires, restés en poste à Vichy, tous au courant des statuts des juifs et de la chasse quotidienne aux Rouges, n’en pensent pas moins. Ils continuent de servir les nazis. Les deux à la fois : voilà ce qu’il faut comprendre.

Les écoliers de l’Allier recopient le cours de Morale quotidien…

Le populo, lui, ignore bien entendu ces tractations au sommet et le désir naissant des hautes sphères de changer juste de tuteur tout en défendant la politique de Darlan. Le populo affamé, pour une part pourchassé (juifs, communistes, francs-maçons), n’est au courant de rien si ce n’est qu’il écoute Radio-Vichy, qu’il lit le Moniteur et/ou les infâmes journaux parisiens. Les maquis tenus principalement par les FTP sont embryonnaires. Il faudra attendre 1942 (que je ne traite pas) et les mesures du STO pour voir leurs rangs grossir.

Cliquez ici pour suivre la seconde et dernière partie de l’entretien.

MARINADES EN MAI.

DARMANIN

Darmanin est un habitué des clubs libertins. Monsieur le ministre veut les réouvrir. En particulier, celui, parisien, des Chandelles. On se rappellera de quelle élégante façon Carla Bruni Sarkozy charria l’ami de Nicolas en ces termes : « Nicolas, lui, ne m’a jamais emmenée aux Chandelles ! » Solidarité oblige, il se murmura que Nicolas défendit non son épouse mais… son ami Gérald. On ne dit pas non plus si l’un ou l’autre osèrent demander à Carla de s’excuser.

10 MAI 1981.

Sur la route, direction Lyon dans ma première voiture. Je suivais la Simca de devant, celle de mon père. Je n’avais pas d’autoradio dans la mienne. Il était vingt heures. On s’était mis d’accord : « Si Mitterrand gagne, tu mets le clignotant à gauche ». Ce fut donc à gauche. Aujourd’hui, il mettrait les feux de détresse.

MITTERRAND ET VICHY.

Lorsque Mitterrand venait voir ses amis au bord de l’Allier, en particulier Michel Charasse, Pierre Coursol ou Guy Ligier (le constructeur automobile), il évitait expréssément de passer par Vichy pour les rejoindre. Pour qui n’en comprendrait pas les raisons, Mitterrand travailla jusqu’à début 1943 dans les Services de la Documentation de la Légion des Combattants. Ses amis d’alors furent Eugène Schneider, André Bettencourt, collaborateurs notoires. Mitterrand ne se hasarda jamais à revoir l’hôtel Cécil, le Castel français,  l’hôtel de Tours (où il déjeunait chaque jour) de peur qu’un photographe ne traîne par là et immortalise un coin de son passé d’extrême-droite, passé qu’il s’évertua à cacher tout au long de sa vie politique.

JEAN D’ORMESSON.

Pour avoir rappelé que Jean d’Ormesson avait minoré l’étendue de son pognon et ainsi échappé à l’impôt, je me suis vu rabroué par nombre d’admirateurs et admiratrices excédés. Faut-il rappeler qu’écrire des livres – bons ou mauvais – sont une chose et que le comportement dans la vie citoyenne en est une autre. Il se trouve que j’ai en horreur la littérature du Sieur D’Ormesson et que d’autre part frauder le fisc n’emporte pas du tout mon adhésion… Disons que je préfère de loin la prose de René Char et son comportement exemplaire devant les Chiens de l’Enfer.

POESIE, LITTERATURE.

Dis-moi ce que tu lis, dis-moi tes écrivain(e)s préféré(e)s et je saurais à peu près qui tu es. L’écrivain admiré de toujours par Mitterrand fut Jacques Chardonne.

BILL GATES ET MADAME.

Ai appris que le couple Gates allait se séparer. En cause le brave Bill qui – paraît-il – faisait des tournées régulières dans les bars de Jeffrey Epstein. Le couple a une fortune qui s’élèverait à quelques 145 milliards de dollars. Chez ces gens-là, on compte en milliards.

MICHEL FOURNIRET.

Certains se réjouissent de la mort du tueur en série Michel Fourniret oubliant la douleur des familles qui auront les pires difficultés à faire leur deuil et à connaître la vérité sur la mort de leurs enfants. Tueurs en série ou dictateurs sanguinaires impunis : voilà que je pense à Pinochet mort dans son lit. Je pense aussi avec effroi aux vautours qui vont se précipiter sur cette affaire Fourniret pour sortir dare-dare des films, des séries TV, écrire des livres, des enquêtes, faire des Unes Paris-Match, promouvoir des émissions spéciales (BFMTV, CNews, LCI) etc.

1930-1940-2021.

Que d’analogies entre les temps présents et ceux qui couvrent la décennie 1930-1940 ! Ici, Niel-Bolloré-Arnault-Bouygues tenant les rênes des Médias; là Le Temps dirigé par l’industriel De Wendel. Ici les fachos et leurs supports promus quotidiennement sur les Chaînes de la Honte; là le pouvoir des ligues et des Cagoulards financés par banquiers et industriels. Ici les Marianne et Valeurs Actuelles faisant feu de tout bois contre l’immigration et les musulmans; là, les torchons antisémites du Pilori à Je Suis Partout. Ici une partie des classes moyennes frileuses, en peur, réclamant un pouvoir fort en 1940; là, la Droite, extrême-droite et Centre unis tentant de s’appuyer sur elles, réprimant toute opposition dans la rue et sur les écrans.

BERNARD CAZENEUVE, EX-MINISTRE DE L’INTERIEUR.

Bernard Cazeneuve, ex-ministre de l’Intérieur, invité régulier des médias, pérorait dans un entretien à L’Express : « Jean-Luc Mélenchon doit être combattu ». Espérons que ce Cazeneuve ne combattra pas le leader de la France Insoumise comme il a combattu Rémi Fraisse avec sa police.

ENFER MEDIATIQUE

NAGUI. Petits arrangements entre mari et femme. France 2 TV a choisi l’animateur-producteur multimillionnaire Nagui pour coproduire un programme de 6 épisodes fictionnels. Jusque-là rien à en redire sauf que. Sauf qu’en regardant de près l’inventaire des acteurs et actrices embauché(e)s pour la cause, on trouve une certaine Mélanie Page qui se trouve être la femme de… Nagui. Une femme qui a beaucoup d’humour : elle refuse avec véhémence que « l’on puisse évoquer le moindre piston ».

PASCAL PRAUD. Cela ne fait aucunement réagir l’Entre Soi médiatico-politique. Tous ces journalistes militant(e)s restent bien muets lorsque Pascal Praud, une de leurs figures adorées, un de mes fox-terriers « préférés », va prendre ses ordres directement dans la niche élyséenne.

C’EST UN JOLI NOM « CAMARADES ».

Dites Camarades, si je verse, plus que d’habitude, dans la « tristesse solemnelle » (Fernando Pessoa) c’est que j’ai de gros soucis à entendre votre Boss Fabien Roussel clamer qu’il est « favorable à des sanctions plus lourdes pour les attaques contre les détenteurs de l’autorité publique ». Et donc – de fait – de réclamer des peines plus légères pour le type qui tue sa femme ou ses enfants. Et comme si cela ne suffisait pas, voilà le même Fabien (bien éloigné du Colonel Fabien) qui vient draguer pour le 19 mai les pires syndicats de la Maison Poulaga. Une semaine donc où j’ai bien peur que mes marinades du moment et que ma tristesse solennelle durent beaucoup plus qu’un quart d’heure.

France Inter : humour et désespoir.

Humour pyramidal.

Ah l’humour, « politesse du désespoir » comme l’écrivait Boris Vian. Humour, politesse du désespoir mais ce sens-là de l’humour n’est pas partagé par tout le monde.

Léa Salamé et Nicolas Demorand du 7/9 de France Inter.

Trois rigolos qui rient… de nous.

Prenons les rires exotiques de Nicolas Demorand et de Léa Salamé intervenant tout de suite après une rubrique de Nicole Ferroni ironisant sur la politique de JM Blanquer. Tout juste après cette écoute, de quoi peuvent donc rire les deux inamovibles du 7-9 de France Inter ? De quoi rient-ils nos deux journalistes de préfecture, fervents admirateurs de l’intelligence de Macron et de l’opiniâtreté de son ministre de l’éducation ? Mon hypothèse écarte tout mystère : ils rient (ou font semblant de rire) pour nous imposer leurs images de grands animateurs dépourvus de toute envie de censure, pour perpétuer leurs images de journalistes prêts à tout… entendre.

France Inter encore.

Le 19 avril dernier, Guillaume Meurice fait une chronique amusante à propos des dépôts de marque abusifs et il y inclut deux saillies percutantes, drôles, très drôles (1) sur ses deux collègues de la famille France-Inter (Léa Salamé et Dominique Seux). Mais – ô surprise – le lendemain matin (avant le journal de 6 h), ces deux blagues (1) sont purement et simplement retirées de sa rubrique de la veille.

Humour et cadre.

On ne peut parler de l’humour des Guillaume Meurice, des Tanguy Pastureau sans parler du cadre dans lequel ils officient. La France a une tradition d’humour politique qui brocarde depuis toujours les puissants. France Inter (2) l’a bien compris. La radio ne peut se passer d’humour car – à censurer cet humour et ses humoristes – elle se couperait d’une bonne partie de ses auditeurs.trices. La présence de Meurice and Co a donc un intérêt… économique : augmenter l’audimat en s’attachant des tranches d’auditeurs importantes, en les fidélisant.

Les bases de ce type d’humour sont des interventions rigolotes centrées sur l’actualité politique. Pour comprendre sa permanence sur les antennes, mettons cet humour en miroir avec son reflet complémentaire, celui-là beaucoup plus sérieux et non-humoristique : celui des Infos. Dans ce dernier créneau, nulle place pour les rigolos et la rigolade. Les « journalistes » versant Infos, c’est de la réflexion, de l’analyse « poussée », de l’échange « très interessant », tout un dispositif bien cadenassé par d’inamovibles « journalistes » chez qui la pensée libérale domine à 99%. Citons-en les supports : Léa Salamé, Nicolas Demorand, Fabienne Sintès, Bruno Duvic, Dominique Seux, Thomas Legrand, Pierre Haski, comme autrefois Bernard Guetta, JM Cavada etc. Rajoutons encore les journalistes-maisons qui tiennent les émissions économiques, les animateurs.trices du « Téléphone Sonne » (avec tri et sélection des questions d’auditeurs, invités préférentiels). Tous ces temps d’antenne sont les chasses gardées de l’Info France Inter. Je rappelerai ici que ce dispositif, ces choix et compositions de rédactions sont ceux de la Macronie 2017 qui a tout fait pour placer Sibyle Veil à Radio France et Vincent Giret à France Info, tous deux sarko-macro-compatibles.

Triste inventaire (ne pas rire SVP).

Difficile de rire et difficile de ne pas verser un tantinet dans le désespoir (préférons lui la révolte) quand on dresse l’inventaire des invité(e)s aux micros et sur les écrans publics et privés d’hier, mardi 27 avril 2021 :

France Inter : BHL et Frédérique Vidal.

France-Info : Marine Le Pen.

RTL : Philippe De Villiers.

Sud-Radio : Nicolas Dupont-Aignan

RMC-BFMTV : Elisabeth Borne.

LCI ( La Chaîne Immonde) : Jean-Pierre Raffarin et Raphaël Enthoven.

Europe 1 : Michel Onfray.

CNews : Gilles Keplel

« L’humour est la politesse du désespoir ». C’est vrai qu’il faut rester envers et malgré tout dans cette politesse-là mais reconnaissons que cela devient – ô combien – difficile !

*******

(1) «Lea Salame a déposé l’expression moment de grâce pour en faire un parfum. Il faudrait aussi déposer Dominique Seux, mais sur le bord de la route».

(2) A France Inter, on n’arrête pas de se marrer avant, pendant ou après chaque émission. Plus particulièrement lors des passages de témoins matinaux (entre A.Trapenard et Sonia Devillers, entre Philippe Bertrand et Nicolas Soufflet) ou encore, pendant l’émission de la Bande Originale (11-12h30) avec les congratulations et/ou petites piques inoffensives de Nagui ou de Leïla Kaddour-Boudadi sur leurs collègues, piques censées nous faire rire, nous faire oublier bla bla bla la dureté du quotidien, nous auditeurs. Misère.

Bouffons les Bouffons.

Au menu de mon repas non clandestin, il y aura du poulet, du poisson d’avril, du gâteau à la poudre de Tagada. Avec, en prime dans le trou normand, une chanson de deux poivrots. Bien entendu, il faut s’attendre à une note salée à payer (autour de 500 euros). Mais pour éviter l’indigestion, j’ai quand-même gardé pour la bonne bouche et les bonnes oreilles, l’ami chansonnier de toujours : François Béranger.

Du poulet au menu (1).

On ne paraphrasera pas le titre du film «  Les Douze Salopards » mais certains, autour de moi, y pensent lorsqu’ils voient Gérald Darmanin intensifier sa propagande Flicage 2022. Il a recruté douze nouveaux policiers qui seront chargés exclusivement de devenir des Communicants dans les Médias. Comme le souligne Le Canard Enchaîné, leur mission sera «d’occuper les ondes et les plateaux de télé pour vanter la politique de la Macronie». Et, soyons convaincus que – comme d’habitude – les TV poubelles seront prêtes à s’ouvrir pour les accueillir.

Du poulet au menu (2).

Les grands restaurants clandestins invitent donc à qui mieux mieux de hautes personnalités politico-médiatiques. Mais avant de servir les repas, leurs Boss ont pris bien soin d’avertir la police darmanienne pour être en règle et ne pas déranger les invités. Un serviteur d’un restau huppé du 8 ème arrondissement témoigne sur Mediapart : « C’est qu’à chaque fois qu’une descente de police est prévue, le patron est avisé en amont ». Et, hop hop, c’est ainsi que les repas se font sans encombres. Aucune crainte pour les invités de tomber sur un os… de poulet.

Chalençon et Vichy.

Ce crétin de Chalençon n’en est pas à une obscénité près. Après avoir fait le bouffon de la Grande Bouffe, le voilà s’érigeant en victime de Vichy. Ce Chalençon n’a rien trouvé d’autre pour se défendre que de s’empresser de choisir la place du juif traqué par la milice de Pucheu, le grand frère de notre Gérald.

Deux poivrots à la fin des repas clandestins.

D’ici, j’entends chanter Jean-Marie Le Pen « Il est des nôtres, il a bu son verre comme les autres » en apostrophant et trinquant avec son ami Chalençon. Une image qui se passe de commentaires. Surtout ceux d’Eric Naulleau, Eric Zemmour, des Grandes Gueules, de Sonia Mabrouk, d’Apolline de Malherbe, de Fogiel. Ils n’ont probablement pas eu le temps de s’insurger, tous occupés à la cafétéria clandestine de leur chaîne.

Sondages (1).

Ne pas être surpris : la Propagande Macron 2022 prendra quotidiennement le chemin du sondage. Le colportage de tous ces résultats mensongers est et sera assuré sans faiblir par les médias-moutons (de BFMTV à France Info, du Monde à Libération). Le plus désolant, c’est que s’y associent gens de gauche qui sont aveugles à la manipulation monstre qu’ils avalisent. Dur de comprendre le déficit théorique de ces derniers sur cette question du support n°1 de la propagande de la Macronie.

Sondages (2).

Une des figures de sondologues à la con est celle de Jérôme Fourquet de l’Ifop Opinion. On connaît le lascar (qui écrivit en son temps un livre avec Jérôme Cahuzac) dont on voit régulièrement la binette sur les chaines publiques et privées. Un autre sondologue de la même maison lui fait concurrence : Frédéric Dabi. J’ai eu la curiosité d’aller voir qui donne la parole et l’image à ce squatteur des médias. Impressionante liste : Cnews, LCI (La Chaîne Immonde), LCP, le Journal du Déchet (JDD), Le Figaro à prendre Dassault, Atlantico, le Monde de Xavier Niel et Delphine Arnault. Pardonnez-moi pour ceux que j’oublie.

Libération 2022.

Preuve ce mardi 13 avril 2021 : Liberation suivra le même chemin que celui de 2017. Sa Une d’aujourd’hui en fait foi avec la soi-disant info qui titille l’entre-soi médiatico-politique parisien : il y aurait donc un duel acharné entre Macron et Mme Hidalgo ! Soyons sûrs que le nouveau dirlo, Denis Olivennes, y apportera tout son savoir de courtisan ambidextre.

Ecologiste ?

France Inter ouvre les portes à Delphine Batho. En allant sur le site de la radio, on a droit – via la journaliste Carine Bécard – à une présentation fouillée de l’écologiste de François Hollande et on indique en fin de panégyrique son livre « Insoumise ». Dommage qu’il n’ait pas été précisé un des plus magnifiques passages du livre (sur Valls).

Bernard Arnault (1).

Capital nous pond un article sur la familia grande des Arnault. On y lit que, comme beaucoup d’ados rebelles dans ces milieux-là, on commence par dire à Papounet d’aller se faire voir. Ensuite, âge et valeurs de sa classe sociale aidant, on retourne au bercail et on suit les entreprises de Papa. On rappelera que Delph’, la fifille, avait bénéficié d’un mariage hors-normes en 2005, avec Alessandro Gancia, avant de se réfugier dans les bras de Xavier Niel. No problem : Delph’ est recasée. Recasé aussi le fiston-à-pistons (44 ans cette année) qui engrangeait déjà, à l’âge de 30 ans, les titres de « Directeur com’ de LVMH, d’administrateur du groupe, membre du conseil de surveillance des « Echos », le torchon du papa. Quant aux autres petits Arnault, pas de soucis non plus : ils ont bénéficié aux premiers jours des cours particuliers de français d’une certaine Brigitte Macron.

Bernard Arnault (2).

Perso, je n’ai aucunement besoin – contrairement à la main mise de B.Arnault sur la pub-presse – de LVMH pour ma petite propagande. Elle vit toujours sans la diarrhée publicitaire. Et je rajouterai que, pour la rédaction de mes billets, je ne compte que sur moi et sur mes lecteurs et abonné(e)s. Du coup, je n’ai pas à surveiller mes arrières. Ce que Fakir aurait du faire en repérant les taupes de Bernard jusque dans son équipe. Rappel : les puissants sont puissants, très puissants.

JDD (Journal Du Déchet)

Le journal dominical de Lagardère risque de passer dans les mains de Bolloré. Fini l’appelation JDD, torchon-Lagardère. Mais au grand Bazar du journalisme de préfecture, il y aura ce nouveau rayon JDD la Serpillère-Bolloré. Et si vous insistez, le gros titre est prêt : « JDD, le Journal Du Déchet ».

François Béranger.

Et comme on a, jusqu’ici, beaucoup parlé de nourriture et de bouffe, continuons par une analogie signifiante chantée par l’éternel François Béranger : « Aux Bouffons« . Aussi, plutôt que le mot d’ordre « Mangeons les Riches« , je proposerai dans la lignée du chanteur, celui plus incisif de : « Bouffons les Bouffons« .