Faire couple… (1)

Dans l'attente

Jean-Luc Godard, toujours aussi lucide, disait à juste titre que «lorsqu’on pensait à quelque chose, on pensait en vérité, dans le même temps, à autre chose». Ce propos du cinéaste me trottait dans la tête lorsque je découvris la récente initiative de l’Ecole de la Cause Freudienne via leur hashtag sur Twitter : deux journées de Colloque autour du thème #FaireCouple. Je me suis donc amusé à intervenir dans cette préparation en lointain visiteur (je ne suis pas psy) en délivrant mes photos(textes) sur le réseau social avec @pensezbibi. En voici quelques échantillons. 🙂

Quand le JDD aime les femmes «rebelles»…

NVB

Le JDD aime les femmes «rebelles».

Faisons d’emblée une petite correction : ces femmes «rebelles» sont celles que le journal de Lagardère décrète être femme rebelle. La question qui suit serait de se demander si c’est la même chose ? (1). Mais laissons cette interrogation de côté.

Dans le Journal du Dimanche, les «femmes» en Une font recette, elles attirent l’œil. «Rebelles» (c’est dit) et «belles» (c’est sous-entendu). Elles se retrouvent donc obligatoirement en Une. Comme lorsque Marine Le Pen fût élevée en icône féminine grâce à des sondages truqués dans cette même couverture. (Voir la Une en fin de billet)

Elle me disait … (17)

Elle 17

Ce sont des souvenirs de jardin qui me reviennent. Et des interrogations. Parlait-Elle à ses fleurs, aux graines qu’elle semait ? Pourquoi restait-elle si longtemps agenouillée devant le basilic ou la marjolaine ? Pourquoi se perdait-elle dans la contemplation de la sauge en fleur, des feuilles d’origan, des branches de thym ?

Son jardin : à la fois lieu des plus grands périls et de son intimité, transformé en carré déserté, laissé en jachère avant de redevenir, jours ou semaines d’après, terreau retourné, émietté, cajolé, très précautionneusement arasé. De minuscules sentes quadrillaient son territoire. Les arpentant à petits pas, Elle se métamorphosait alors en danseuse sautillant dans la brise, en acrobate légère livrée à un impensable bonheur.

Cela faisait si fort contraste avec ces instants où, inexplicablement furieuse, elle piétinait sans vergogne ses fleurs, saccageait ses plants en maudissant la terre entière ! Dans le liseron de ma mémoire, l’épiant de la porte de derrière, je la vois encore tomber à genoux, s’accrochant au grillage, sanglotant infiniment dans le carré des herbes folles.

«Mes pensées, murmurait-elle, jardinent avec la Mort». Citait-elle là un des poètes qu’elle affectionnait ? Allait-elle cesser de rire dans ses larmes ? Mais tout cela, soir tombant, avait-il vraiment existé ? Avais-je vraiment entendu ces cinq mots qu’elle scandait dans les allées, litanie, leitmotiv de ces crépuscules noués entre soupirs et cris à la lune : «Terribles, terribles sont les Temps présents» ?

Singulières synchronicités (à propos du livre de Guy Birenbaum).

Enfant

Lorsqu’au sortir de sa dépression, Guy Birenbaum voit la petite lumière au bout de son tunnel, c’est l’étonnement qui le saisit. De retour dans le Réel, il nous parle des rencontres incongrues qu’il fait, des hasards de situations, de ses surprises et les nomme des «synchronicités».

Elle me disait… (16).

Elle me disait 16

Tant de fois où Elle baissait la voix jusqu’à en être inaudible. Je n’osais lui demander de répéter, sachant que ses phrases ne supporteraient pas la redite. Instants passés, effacés à jamais ; phrases perdues, révolues, disparues.

J’essayais pourtant de m’en souvenir, de rester concentré pour, plus tard, les inscrire une à une dans mes carnets. Je me rendais alors compte que, la plupart du temps, mes transcriptions étaient tronquées, approximatives. Je finissais par me dire qu’au fond peu importait cette infidélité car mon bouleversement, mon bonheur tenaient en grande partie des seuls instants où Elle les disait.

Elle parlait. J’écoutais. Elle se taisait.

J’enregistrais ses silences.

Son débit était toujours très lent, un pas devant l’autre, un mot après l’autre. Elle parlait, elle rêvait, elle marchait. Trois mouvements simultanés. Puis elle se taisait. Parfois, elle relançait ses mots à la volée, elle parlait au ciel sans s’arrêter sur ma présence. D’autres fois, elle marquait une courte halte, posait son regard intense sur moi et je revenais à nouveau dans le jeu.

J’ai appris à aimer ces va-et-vient, ces saccades, ce bain sonore où les idées ne comptaient plus, où le sens se perdait dans les sables, dans les fourrés, dans les forêts, dans le grand vent du grand large.

Et convaincu j’étais que la Terre toute entière, que la mer et les Océans nous chérissaient, nous remerciaient.