« Elle me disait…» (Épilogue).

 Epilogue 222

Rien de tout cela car j’ai l’explication : elle est claire, nette, précise. C’était donc un dialogue? Oui et non. C’était donc une double présence voulue, un échange bien pensé, une mise en ordre pour les besoins d’un futur ouvrage ? De ça, non. Non.

Cette découverte nocturne s’imposa de la façon suivante : des lumières venues de je-ne-sais-d’où s’allumèrent, le jour s’était levé, la fenêtre était ouverte (je dors toujours la fenêtre ouverte), les rayons du soleil étaient très en avance, de petits nuages se cachaient derrière un trop gros cumulus. Je me suis redressé, j’ai rejeté les draps à mes pieds. ELLE disait encore des choses à grande vitesse, éclats sonores démultipliés qui emplissaient toute la chambre.

Et comme foudroyé mais étrangement très calme, j’ai su, j’ai vu, j’ai lu, j’ai compris. Et tout l’Univers d’ELLE prit alors un sens, un sens qui allait me délivrer enfin de ces incompréhensibles obligations de rapporter et de transcrire ses moindres propos. Je compris que j’allais enfin m’en dégager une fois pour toutes, je compris que je ne serais plus désormais assujetti à ses jeux, à ses refrains, à ses litanies, ses humeurs, ses mélancolies, ses plaintes, ses complaintes, à tous ses couplets.

Je me suis réveillé, j’avais recouvré toute ma lucidité, je me suis levé, j’ai fermé la fenêtre. Peut-être que le déclic était venu de cette ouverture sur le Dehors (faudra t-il à l’avenir que je ferme ces appels d’air, que je me préserve de tous ces vents mauvais qui empoisonnent mes nuits ?). J’ai tourné l’espagnolette et tout eut alors un sens. Je sus que tout se tenait dans une seule phrase, que tout se reposait sur ce seul élan, dans ce seul écho :

«J’ENTENDS DES VOIX».

Tout se justifiait. Tout de ce qui m’était arrivé.

J’entendais donc des Voix. Seule explication, corrigée aussitôt par un : «J’entends UNE voix».

Une. Une. UNE Voix. C’était plus juste. La sienne. C’était la seule explication. La seule plausible. Pas d’autre. Une voix. J’entends une voix. C’est donc cela mon trouble de toujours, mon obsession, ma maladie incurable.

Mais elle dira, elle continuera – qui sait – de me dire. D’une voix.

Une. C’est qu’il n’y en a jamais eu, il n’y en aura jamais d’autre.

BiBilan des Régionales : « De l’arsenic dans le Champagne ».

200 600

Ces Régionales, ce sont évidemment un désastre pour les bibis et autres gens de Gauche. Ce n’est pourtant pas l’habitude de la Maison de verser dans le catastrophisme. C’est juste que dans mon analyse du Jour d’Après, je laisserais mon optimisme habituel quelque peu en veilleuse. Et juste que je vois – avec un certain effroi – monter de plus en plus mon inquiétude (partagée ?). Inquiétude non pas devant les pourcentages du FN (il me faudra revenir sur ces « pourcentages » mensongers diffusés massivement, pilonnés par les Médias) mais devant les ahurissantes positions de la Gauche (du PS aux partis de… Gauche) appelant à voter Estrosi et Bertrand.

L’Homme, une saloperie ?

Calaferte

Longtemps j’ai mis sur mon fronton un mes textes préférés, le texte de Louis Calaferte (dans « C’est la Guerre »). Cette fois-ci, à la énième relecture, j’ai bizarrement rechigné sur la dernière phrase : «L’homme est une saloperie».

*

1500 billets et après ?

NNNNNNNNNNNNNNNNNn

On a écrit à BiBi pour son billet 1500.

      « Cher BiBi,

Huit années, 1500 bibillets derrière toi. OK, mais c’est quoi le sens de tout ça ? Le bilan ? Ce que tu as fait ? Tu n’as fait jusqu’ici que dénoncer, trouver les petits défauts de la Grande Cuirasse et tu t’en contentes, hein ? Content de tirer à bout portant sur les Médiacrates, ces faquins de l’Info qui servent les Puissants, à leur tomber dessus à bras raccourcis, d’accord, c’est entendu, mais toi, tu fais quoi d’autre pour améliorer le Quotidien, apporter un peu de bonheur autour de toi ? Tu enfiles tes perles, facile, tu écris ton mille cinq centième billet, toujours facile, toujours à vouloir impressionner ton monde, OK, OK, tu les as amassés ces bibillets, tu t’en glorifies mais pour en faire quoi maintenant ?

*

Des antidotes à la peur : l’inventaire-BiBi.

COURIR

La peur. La peur qui obstrue tout jugement. La peur dont on sait qu’elle peut être une arme de dissuasion massive contre tout éclairage, toute volonté d’explication et de compréhension. La peur, indiscutable, qui vient figer nos corps ou qui accélère notre pouls. La peur qui n’en devient que plus redoutable lorsqu’on se sent isolé. Car la solitude renforce ce sentiment de peur, de cette peur qui n’a rien de pathologique. C’est pour cela qu’il est bon de voir, de lire tous ces messages, ces digressions, ces lettres, ces tweets, ces blagues qui cachent le désespoir, ces sentences sentencieuses, ces éclats de rire, ces coups de colère, bon de parler même à ceux qui n’écoutent que d’une oreille distraite, bon de se répéter…

TS Lawrence écrivait justement ceci : «J’avais peur d’être seul et d’offrir aux vents du hasard une âme vide qu’ils emporteraient». Et lorsque la peur s’incruste, insiste, perdure jusqu’à vous rendre blême du Matin-Courage jusqu’au Soir-Désespoir, il faut faire un énième effort. Sans se voiler la face : le chemin sera long – c’est une épreuve – pour suivre jusqu’au bout Georges Haldas écrivant ceci : «C’est quand on se sent le plus ravagé intérieurement qu’il faut accomplir avec le plus de minutie nos devoirs quotidiens».