Monthly Archives: août 2011

22, v’la Claude Guéant !

Du côté de BiBi, on aimerait bien entrer dans une Maison de la Presse et trouver les hebdos ou revues sans avoir à les chercher. Si on veut trouver «Le Sarkophage», il faut faire le tour des allées et des présentoirs, jeter un œil derrière, écarter des tonnes de revues, d’hebdos. Puis on dégote enfin le sésame, le numéro 25 : on ouvre à la page 6 et nous voilà direct sur le billet de Laurent Paillard.

Sa rubrique habituelle s’appelle : «Le Coin des Sophistes». Le journaliste politologue y a décidé de prendre son temps pour réfléchir aux propos tenus très récemment par un «gredin» :

«Je peux vous assurer qu’entre la justice et la police, nous allons vraiment unir nos efforts pour que les voyous payent. La place des voyous, elle est en prison».

L’auteur ? Claude Guéant, notre actuel Ministre de l’Intérieur. Tout ça rappelle à BiBi la réponse du cinéaste Jean-Luc Godard. A la question «A quoi reconnaît-on un régime politique ?», l’homme de cinéma répondit : «A son Ministre de l’Intérieur».

Pas surprenant : Claude Guéant nie toute approche éducative vis-à-vis de ces adolescents en rupture de ban. Ce n’est pas nouveau : nous sommes dans une logique ultra-sécuritaire (demandez à l’UMPFN Eric Ciotti qui veut faire appel aux Militaires-Mercenaires pour les «dresser»). C’est vrai ça : à quoi bon la Justice ? Hiérarchiser les infractions en lien avec la gravité des faits ? Pffftt, que de temps de perdu !

Les propos de Claude Guéant rapportés ici concernaient l’Affaire de Sevran où l’on avait affaire à un règlement de comptes.

«Notre Ministre, rapporte Laurent Paillard, adopte exactement la posture des criminels. Il ne dit pas ici que l’Etat doit restaurer la paix en jugeant les auteurs des faits, mais il dit qu’ils doivent «payer». Ainsi, il ne fait pas de différence entre le travail de la police et de la Justice et celui des hommes de main de n’importe quelle mafia. Il place l’Etat dans la logique de la vengeance, celle-là même des auteurs des coups de feu à Sevran. Or, c’est précisément cette logique qui nourrit la violence, contrairement à celle de la Justice qui est censée y mettre un terme en arbitrant de façon impartiale les conflits. En effet, il promet une nouvelle agression, pour faire «payer» et non un acte de justice qui doit se conformer à la loi pour être légitime».

Prêter attention minutieuse aux mots, voilà peut-être le premier des combats. Le magistrat Serge Portelli en a fait une magistrale démonstration sur son blog. Les mots ? «Première dérive, premier combat», écrit-il justement. Et Laurent Paillard de lui emboiter le pas :

«Dans les propos de Guéant, nous avons à faire à une négation du principe de la séparation des pouvoirs puisque, d’une part, c’est le Ministre de l’Intérieur qui dit ce que doit faire la Justice et, d’autre part, il gomme la différence entre le travail de la Police et celui de la Justice, différence permettant justement à ces deux institutions de ne pas sombrer dans la violence en empêchant leurs agents de ses comporter comme des justiciers».

Voilà, c’était le coup-de-pouce-BiBi du jeudi au Sarkophage, un bi-mensuel qui fait honneur au journalisme. Pour le prochain numéro, il nous donne RDV le 18 septembre prochain.

Le sermon de Nicolas Sarkozy à son « frère » Arnaud.

 

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C’est toujours la même double chanson avec Nicolas Sarkozy. Il dit tout et son contraire avec une fierté de petit coq. Ainsi, parle t-il de son frère Lagardère – dont BiBi aime à déchiffrer son vilain Journal du Dimanche (JDD) en sacré donneur de leçons, grondant le petit frangin par devant et tentant de le consoler par derrière :

«Arnaud est vraiment un idiot de s’être livré à cette mise en scène. Cette vidéo est un suicide public».

Bon, on se dit que ce cher Nicolas n’a pas un pois chiche dans la tête et que, voilà, voilà, il reconnaît le ridicule dans lequel a plongé son « Frère ». Mais on se trompe. Le voilà – rapporté par une dame digne de foi, Maïté Paz-Forest, mère de la compagne top model d’Arnaud – disant le contraire :

«Nicolas tenait à réconforter frère Arnaud car beaucoup de choses négatives ont été dites sur lui. Il a aussi dit que Jade devrait rencontrer Carla en ajoutant que Carla avait dû affronter beaucoup de critiques pendant sa… carrière (!). Je pense qu’ils se rencontreront une fois les vacances terminées, et que Carla sera une épaule très forte pour Jade ». (Source : Le Canard Enchaîné du 3 août).

Remarquons en passant que Nicolas ne désire pas inviter son « frère » pendant les vacances (des fois que tu aurais à le nourrir et à payer, hein ?). Mais le plus beau dans les propos de Sarko reste à venir :

«Non seulement Arnaud a fait la connerie de s’afficher de cette façon-là avec cette fille mais, en plus, il ne CONTRÔLE pas sa mère».

Vous avez bien lu ? Dans le Monde Sarkozyste, on a l’obsession du «contrôle». On contrôle, on chasse, on expulse, on interdit. Quant à donner des leçons de maintien à Lagardère que devrait-on dire de ces couples sarkozystes pipolisés (avec leur accord) et de ces incomparables clichés retrouvés par BiBi ?

Quand Carla Bruni Sarkozy joue du piston…

Des nominations se font au gré des humeurs de la Première Dame de France et tout le monde a l’air de s’en foutre. Donc Madame continue. Hier, la nouvelle est tombée via Le site du Nouvel Observateur : «Raphaël Enthoven, philosophe médiatique et accessoirement ex compagnon de Carla Bruni, sera bientôt aux commandes du 21h-23h sur France Inter». (Raphaël ! Tu apprécieras le «accessoirement»!)

Mais dites-voir un peu : notre Carla a de sacrés pouvoirs, non ? On rappellera que tout a commencé par l’appui direct à Consuelo Remmert, sa demi-sœur en 2008. Madame lui trouva un stage pour étudier la faim dans le Monde avant d’être embauchée en CDI… à l’Elysée. D’ailleurs sur la photo, Consuelo s’apprête à partir pour les zones sinistrées de la Corne d’Afrique. La nomination du fils Sarkozy à la tête de l’EPAD avait provoqué une véritable levée de boucliers mais la promotion Consuelo était passée inaperçue.

En 2009, c’est le Point puis Marianne qui nous révèlent l’existence de François Baudot, parrain du fils de Carla Bruni, décédé depuis. Il sera nommé sur coup de pouce de Qui-Vous-Savez à l’administration des affaires culturelles (IGAC). Cela suscite à peine quelques murmures. Et hop ! Un second coup de piston pour un modeste poste d’inspecteur des affaires culturelles.

Entretemps, Frédéric Mitterrand et Philippe Val sont nommés aux plus beaux postes de la Propaganda-Sarkozy. Inutile de rappeler que ce sont des très proches amis de Carla. Mais il y a plus : il reste les copines et les ex-amis de Madame.

Une fois Grégoire Verdeaux, son Conseiller Com’ envoyé chez Henri Proglio, voilà qu’est nommée sans appel d’offres, sans entretien d’embauche, la copine Véronique Rampazzo.

Carla Bruni-Sarkozy la nomme conseillère technique – à mi-temps – pour gérer ses relations avec les médias et faire le lien avec l’équipe, l’agenda et les activités de son Chouchou. Véronique Rampazzo est cette responsable du département femmes de l’agence Marilyn, la plus importante agence de mannequins de Paris. Et c’est bien là qu’elles ont fait connaissance, il y a bien bien longtemps.

Pas rancunière, Carla continue à faire le Bien autour d’elle. Coup de piston à ses ex.

Arno Klarsfeld a été candidat UMP humilié aux législatives de 2007. Après avoir été conseiller pantouflard au cabinet de Fillon, il entre au Conseil d’État à 7 000 euros par mois. Et voilà qu’aujourd’hui, un ex-, père de son enfant, Raphaël Enthoven passe de la confidentialité de France-Culture à la lumière de France-Inter !

On dit merci Qui ?

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(1) En faisant des recherches sur le Pouvoir et le Sans-Gêne de Madame – dont font encore une fois peu de cas les médias – BiBi a retrouvé un article de Bakchich.info. Et… Oohhh, surprise ! La liste s’allonge avec Roger Auque (ambassadeur en Erythrée), Luc Gruson (mari de la gouvernante des Bruni-Tedeschi), Pascal Rotain (photographe de Sarko), Gérard Leclerc de FR3, frère de Julien Clerc, Patrick Zelnik (patron de sa maison de disques), Daniel Schick de France-Info, Yves Repiquet marié à Martine Delavelle (voisine de Carla au Cap-Nègre). On vit vraiment une époque formidable.

BiBi retrouve Georges Brassens dans son grenier.

BiBi poursuit l’exploration de son grenier où il a retrouvé le numéro 72 de Rock et Folk (janvier 73) avec une interview de… Georges Brassens. Il n’était pas inconvenant de trouver Georges Brassens dans les pages d’un mensuel de rock (et folk). Le mélange – Brassens côtoyant ce mois-là Pink Floyd et le Roxy Music de Brian Eno – était parfaitement accepté des lecteurs. C’est Jacques Vassal, journaliste folkeux, qui menait l’interview.

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Georges Brassens avait été libertaire à une époque (vers 1945/46/47). Il écrivait d’ailleurs dans la presse anarchiste des articles extrêmement violents. Il revient sur les bifurcations qui ont suivi :

«Il se trouve que ce n’est pas dans ma nature de faire des chansons de propagande car j’ai l’impression que je ne saurais pas défendre mes idées. D’autres ont plus de talent que moi pour faire ça. La chanson, pour moi, reste surtout un art d’agrément. En dehors de l’homme social que je peux être, je suis auteur de chansons. Quand je chante, je ne suis plus le même. Mais ce sont là des explications très dures à donner et peut-être… fausses».

Jacques Vassal fait alors le parallèle avec Léo Ferré. Souvenons-nous que ce dernier avait participé à une table ronde avec Brassens et Jacques Brel et que R&F en avait eu la primeur (avec photos du regretté Jean-Pierre Leloir).

R&F : Vous avez pas mal de points communs avec Léo Ferré mais vous vous manifestement moins souvent et avec moins d’urgence que lui (…)

G. Brassens : Mon goût me pousse à écrire plus qu’à chanter et j’écris très lentement. En plus depuis quelques années, la maladie m’a souvent empêché ou retardé dans certaines activités. Ce qui fait qu’on me voit et qu’on m’entend bien plus rarement que tel ou tel autre. Cela dit, les problèmes me touchent moi aussi, bien sûr, mais j’en parle indirectement. La Chanson est pour moi une fête, un divertissement ; ça doit plaire, à moi et aux gens qui m’écoutent. Mais ce sont des sujets de toujours que je traite dans mes chansons… et là, je fais un effort pour vous donner des explications. A force de vouloir expliquer les choses, on ne fait plus rien».

Cinq ans après 1968, les esprits étaient tournés vers l’engagement politique. On n’imaginait que très difficilement qu’un artiste devait d’abord faire ce qu’il avait à faire. La tendance était de considérer prioritairement son rôle social (devenir un porte-parole activiste comme quasi-obligation). Les travaux spécifiques sur son art étaient relégués au second plan. C’est pour ça que Jacques Vassal insiste et que Brassens est un tantinet agacé.

R&F : Votre participation l’autre jour à un Gala contre la peine de mort en a surpris plus d’un… pas sur le plan des idées bien sûr mais parce qu’on vous croyait à l’écart de tout militantisme.

G.Brassens : Ce n’est pas ça ! Si par exemple demain, j’apprenais que vous êtes en prison et que j’estimais que vous n’avez pas à y être, ce ne serait pas du militantisme que d’utiliser mon influence ou ma renommée pour prendre votre défense. En fait c’est une affaire de cœur et en dehors de tout raisonnement. J’ai toujours pensé, dès l’enfance, qu’un homme n’avait pas le droit de décider de la vie d’un autre, «coupable» ou non».

R&F : «Mourir pour des idées» a fait beaucoup de bruit…

G.Brassens : Je ne m’occupe absolument pas des réactions : la Chanson est l’art que je place avant tous les autres, et cela me fait toujours plaisir d’écrire des chansons. Dans le temps, on imprimait les chansons sur des «petits formats», des feuilles séparées que l’on distribuait aux gens dans la rue. Après, ils pouvaient les rechanter eux-mêmes (…). Certains peuvent penser que je suis un chanteur rétrograde. En fait, j’essaye de rester dans la lignée des chanteurs traditionnels.

Le seul passage de l’interview sur le travail musical de Brassens n’interviendra qu’à la fin :

R&F : Vous n’avez pas eu envie d’ajouter d’autres instruments à vos accompagnements habituels ?

G.Brassens : Non, je pense qu’avec ma guitare et une contrebasse, mettons une deuxième guitare pour les disques, c’est bien suffisant comme ça. Pour moi, la musique n’est qu’un support à mes textes ; s’il y a davantage d’instruments, cela gênerait la bonne compréhension des paroles…

Nous sommes en 1973. Brassens décèdera le 29 octobre 1981. Immortel Brassens.

Les Rolling Stones créent l’émeute à l’Olympia (Octobre 1964)

Le 20 octobre 1964, le Magazine Cinémonde publie un interview des Rolling Stones. Le groupe à la notoriété ascendante vient à l’Olympia de Bruno Coquatrix. L’hebdo note avec humour : «Le spectacle en vaudra la peine car si vous pensiez que les Beatles étaient, disons, un peu « primitifs», les Rolling Stones vous paraitront «préhistoriques».

Mais moqueries, humour déplacé ne suffisent plus à enrayer le phénomène naissant de la StoneMania.