Category Archives: Frère Lagardère et son torchon JDD

Dominique Wolton ou les Cancans d’un Communicant.

Visage poupon, main au menton en penseur de Rodin, Dominique Wolton a les honneurs du Canard-Laquais en page 22 (JDD du 17 octobre). Ce grand Penseur de la Com’ nous y distille son habituelle rhétorique en prenant fait et cause pour TF1, pauvre victime attaquée de toutes parts, blessée par les propos de… seulement deux hommes politiques (Montebourg, Mélenchon) sur un total de… ?

Contre-vérité.

Les Patrons de TF1 et celui de France Télévisions (nommé par Chouchou) «ne sont pas là pour faire seulement de l’audience». On appréciera l’avis avisé du Directeur de l’Institut des Sciences de la Communication du CNRS, probablement fan de « Secret Story« , de la redif des « Feux de l’Amour » ou du retour de Lagaffe (pas Gaston) dans le fantastique « Juste Prix« .

Amalgame.

Critiquer TF1, écrit-il, c’est critiquer «le public qui le regarde» et «les acteurs qui y travaillent». On appréciera (bis) l’avis très avisé du Directeur de l’Institut des Sciences de la Communication du CNRS.

Charge contre Internet.

«Le journaliste Internet a pour lui et contre lui la vitesse avec le risque d’être manipulé par l’évènement et par lui-même». Idiotie de cette dichotomie ( journaliste/journaliste du Net) mais il s’agit là d’un avis très très avisé d’un Directeur (ter)…. etc, etc.

Censure.

Dominique Wolton construit son raisonnement à partir de trois «dimensions» de bon-sens (le bon-sens se révélant être le sens du néo-conservatisme, le sens du «il y a pire ailleurs, donc chez nous, c’est finalement pas si mal»), trois entités donc que sont «l’opinion publique, les médias, les acteurs».

La vision idéologique du Directeur en poste au CNRS ne se résume pas dans ces trois mots mais plutôt dans cet emploi de déterminants («l’», «les») qui les globalisent.

Cette vision écarte toutes les contradictions qui travaillent «l’opinion publique, les médias, les acteurs».

Pierre Bourdieu, honni du vénérable Directeur, appelait ça des «champs», les «contradictions du champ», avec «les luttes internes qui y sont à l’œuvre» (1). Cette bagarre dans le champ a pour seul but : s’emparer du Maillot Jaune de la Légitimité et le garder à n’importe quel prix.

C’est alors que, derrière BiBi, une bien mauvaise langue – atteinte de mélenchonite aigüe – vient répéter un vieux slogan inventé par un grand ami de TF1 : «Allez, casse-toi, pauv’ Com’».

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(1) Deux exemples :

1. En nov 2008, un certain nombre de journalistes du JDD ont remis une lettre à Arnaud Lagardère pour protester contre l’orientation pro-sarkozyste du journal. Pour connaître les résultats, les demander à Claude Askolovitch, Olivier Jay ou Nicolas Prissette (au choix).

2. Au Figaro, très récemment, des journalistes ont dénoncé la censure sur leurs articles parlant en mal des Pays africains très amis avec Serge Dassault, proprio du canard-laquais. Dans ces pays, Dassault y vendait sa quincaillerie militaire. Pas un mot évidemment dans les éditoriaux de nos grands penseurs et ardents défenseurs de la liberté de la Presse : Olivier Jay et Claude Askolovitch. BiBi attendra avec intérêt la protestation de Wolton dans le prochain JDD.

Le JDD, délicieux canard… laquais.

1. Gaston Lagaffe, l’ami-BiBi, est aussi descendu dans la rue. Il y a rencontré un UMPiste. Cette Une, vous ne la verrez pas dans les Canards-Laquais suivants : dans le JDD et Paris-Match du Frère Lagardère, dans les Echos de Bernard Arnault ou dans le Figaro de chez Dassault.

2. Titre jubilatoire du JDD : «Le Mouvement patine, les Ultras se mobilisent». Qui patine ? La réponse de BiBi montre que c’est plutôt Chouchou qui patine (et qui reste de glace). Quant au Mouvement populaire, n’en déplaise au JDD du Frère Lagardère, il garde son sang-froid.

3. Jusqu’à dimanche, BiBi ignorait l’existence de Laurent Hénart, député UMP. Le JDD, toujours à la pointe du combat de démolition des acquis populaires, lui a offert une demi-page pour fustiger les français toujours aussi fainéants. Rendez-vous compte : de travailler le lundi de Pentecôte a permis de gagner plus de 2 millions d’euros. Gagner ? On ne saura évidemment pas où sont passés les millions gagnés. Ongles manucurés, cravate rouge et chemise rayée, cet ancien secrétaire d’Etat n’hésite pas : «Il faudra demander un jour de RTT aux Français». Allez ! Au turbin ! Et que ça saute !

A la question «Qui va payer ?», la réponse est admirable : «Je pense qu’il faut demander un effort à tout le monde». Merveilleux détournement de sens : «tout le monde» veut bien entendu dire : «Tout-le-Monde-à-l’exception-de-mes-amis-du-beau-monde ».

En promenade avec le Journal du Dimanche…

Les dimanches ensoleillés ne sont pas propices à la lecture. Il aura fallu un effort surhumain à BiBi pour parcourir le Journal du Dimanche du Frère Lagardère sur la plage. Mais il goûta aussi l’eau du Lac (Léman) : décrassage mental garanti.

La Dispute chez Claude Askolovitch.

Claude Askolovitch voit donc d’un très mauvais œil «l’unité du Parti Socialiste» qui serait un «déni de la politique réelle». Il rajoute, un peu énervé : «comme si l’ambition pouvait se vivre sans compétition, et la compétition sans le fiel… »

Deux remarques :

1. C’est vrai, sans ce « fiel » désiré, les ventes du JDD baisseront à n’en pas douter. Allez, chers Socialos, commencez la bagarre pour faire monter le lectorat du Frère Lagardère.

2. «En réalité, c’est de disputes que manquent les socialistes». Bagarreur le Claude ? BiBi ne voudrait pas lui faire de peine mais que le Journaliste se souvienne : en plein débat (dispute) avec BiBi en février 2010, il prit ses jambes à son cou pour courir se réfugier sous les jupons de sa Rédaction. Pourtant, il avait sollicité sa place de follower au compte Twitter de BiBi.

Rappelons l’objet du litige : BiBi attendit en vain une réponse à une quinzaine de tweets qui posèrent la même question : « « Monsieur Askolovitch, aviez-vous signé, en son temps, la lettre au Frère Lagardère des journalistes du JDD qui protestaient contre l’orientation trop sarkozyste du journal ? » BiBi attend toujours. Il attendra encore longtemps.

Au hasard : des titres, des petites phrases.

1. Page 31 : BiBi sursaute à la parole de Philippe Forest : «Le roman doit être du côté du bien ». C’est probablement un choix de rédaction car sur son interview, l’écrivain dit des choses pertinentes et vraies. Le Roman du côté du Bien ? Dans les souvenirs de BiBi, un des premiers livres fondateurs de sa passion de lecteur fut «La Littérature et le Mal» de Georges Bataille.

2. Page 3 : Paul Virilio : «On vit aujourd’hui, de gauche ou de droite, dans un individualisme de masse. Le collectivisme a disparu, Dieu merci d’ailleurs… ». Bizarre ce mot de «collectivisme » car le sens que Virilio lui attribue dériverait assez vite ailleurs. Dans l’analyse par exemple, on n’appréhenderait ainsi la Réalité qu’à travers le prisme de cas individuels, de paroles chocs, de petites phrases singulières, de témoignages individuels, de faits divers isolés. Cette démultiplication de paroles singulières autorise n’importe quelle justification. Et aujourd’hui, on sait où cette analyse nous mène.

Et voilà qu’en fin d’interview, il déclare : «La politique ce ne sont pas d’abord les masses». Pas les luttes collectiv(ist)es, donc ?  Cher Paul, BiBi espère vous voir singulièrement, le 4 et 7 septembre, défiler avec – comme vous le dites – «les corps qui souffrent, qui aiment, qui se battent».

JDD : Olivier Jay et son édito.

Le JDD est aussi embêté que notre Président sur l’Affaire Woerth-Bettencourt. Olivier Jay, nouveau directeur du Journal du Frère Lagardère, est monté au créneau pour colmater les brèches de la Forteresse sarkozyste.

Le titre de son édito  est « Tous pourris ? » Comme si la Question était là. Bien arrangeante cette question car, même à question inutile, tout lecteur salive déjà à lire la réponse. Celle-ci arrive dans les dernières lignes :  » Nicolas Sarkozy doit trancher… C’est aussi la marque des Hommes d’État. Pour rétablir l’idée de justice. Pour éviter la montée insupportable du « tous pourris ». Il est encore temps« .

Jolis envols et jolies envolées pour ce Jay-là avec ces deux maîtres-mots : attendre (« Il est encore temps« ) et promettre (« Nicolas doit trancher« ). Tout cela évite d’interroger le Présent dans le détail. Pourtant, avec cette affaire Woerth, les détails au quotidien fourmillent non ?

Le Journaleux prend bien soin de ne pas écrire une seule fois le nom de « Woerth ». Il nomme l’Affaire du seul nom de « Bettencourt ». Par contre, dès les premières lignes, il cite les deux défenseurs de Woerth, Simone Weil et Michel Rocard et les qualifie de « deux sages« . Ah bon ? Des Sages ? Sage, Monsieur Rocard qui déclarait dans le Monde du 20 novembre 2009 :«Il faut commencer par cela : nous voulons conserver le Capitalisme». Sage Madame Veil, supportrice de toujours de Chirac, de Tibéry et de Sarkozy ?

Mais le plus drôle est à  venir : il paraitrait selon notre Oiseau du JDD que l’Affaire Woerth serait un « roman vrai« . Un Roman vrai ! Oh, merveilleuse trouvaille que voici : le « roman vrai » concilie les contraires et fait perdurer la confusion. Car la « confusion » est le seul stratagème pour éviter que l’Affaire ne devienne claire (ce qu’elle est pourtant). Voyez-en les avantages :

1. Si vous êtes plutôt pro-Sarko, vous tirez du côté du « Roman » (comme élucubrations, fiction, invention…).

2. Si vous considérez que l’Affaire Woerth dit des vérités sur les méthodes exécrables et anti-démocratiques de Chouchou, vous choisissez le « vrai« .

Il faut attendre la page… dix pour lire des infos détaillées sur le plus grand scandale du quinquennat. Le journaleux Laurent Valdiguié reste aphone et ne prononce pas – lui non plus – une seule fois le nom d’Eric Woerth, continuant de pérorer sur « l’Affaire Bettencourt ».

Enfin, dans le petit encart adjacent, on apprend qu' »Eric Woerth » ne veut pas apparaitre en public, qu’il est « épuisé et miné« . Et ce n’est pas dans les Hôpitaux qui vont fermer ( et dont le JDD nous dessine la carte) que notre Ministre va pouvoir se refaire une santé.

Quand Nicolas (Sarkozy) défend son pote Eric (Woerth)

Il est juché sur une petite estrade. Il est amaigri, presque en mauvaise santé. Lorsqu’il parle, il baisse les yeux et il baisse la tête : il regarde certes les caméras mais à la dérobée. On sent que ses tics peuvent resurgir à tout moment. Se contenant à peine, il lâche : «Est-ce que je maintiens ma confiance à Eric Woerth ? Si vous me reposez la même question demain matin, je ferai la même réponse». C’est donc «oui».

Chouchou a quand même du mal à avaler cette affaire Woerth. Peut-être n’est-il pas vraiment au courant des frasques de son ami, trésorier de son propre parti ? ( BiBi le reconnait : hypothèse absurde). Il a fallu pourtant à notre Président convoquer de toute urgence la Pool Connection (Guaino, Levitte, Louvrier and Co. Guéant, lui, intervenant à New York) et, dans le même temps, ménager François Fillon et ses amis râleurs.

Chouchou est à Huntsville, en Ontario et fait donc sa Conférence de presse. Carla n’est pas venue avec lui, elle qui adore les voyages (elle prépare probablement de nouvelles rengaines). Il se sent seul, humainement seul, mais chacun sait que, pour lui, «humainement» ne veut rien dire. Eric son ami, Eric qui en sait long, trop long sur les ramifications financières du Grand Parti, est bien entendu indéboulonnable. Pas question de le démissionner, de sacrifier cet homme-clé qui ouvre toutes les serrures du quinquennat.

Seule stratégie possible : il faut jeter de la confusion, il faudra cravacher en montant sur ses grands chevaux – et au galop s’il vous plait. Il faudra remettre en selle tous ces journaleux – grands ânes de chez Dassault et de chez Lagardère. Les hommes du JDD, par exemple. Le Journal du Frère Lagardère s’est déjà remobilisé ce dimanche pour définir la Stratégie de défense d’Eric : le bonhomme attaque le verbe haut,il  joue les offensés, il garde son calme dans la tempête. Un homme bien, un homme intègre qui, contre vents et marées,se bat,  fait front. Magnifiquement.

Énumérons les subtils détours de ces manœuvres : faire silence sur Florence, éviter de rappeler qu’Eric est l’homme (le mari) qui l’a nommée (pistonnée) chez Clymène, réduire l’affaire au très vilain Patrice de Maistre. Pour exemple, dans l’article de Laurent Valdiguié, le nom de Florence Woerth n’est cité que par la bande (une seule fois). Pas d’interview, pas de billet retraçant sa carrière, pas d’investigation : c’est que la solidarité de caste Patrice-Flo doit être soigneusement gommée. Sur Patrice, on peut lire : « A écouter les enregistrements, il semble au centre de la fraude fiscale ». Vous voudriez que l’on parle de Florence ? Florence-Qui ? Que ? Flo qui ? Florence quoi ?

Le cher Louvrier et son Équipe veulent jouer aux plus malins : déplaçons donc l’Affaire Woerth-Bettencourt en la couvrant avec cette enquête sur les lingots de Robert Peugeot. La Stratégie de Défense de Monsieur Éric est en marche : Dans l’article page 3 sur Peugeot, le journaleux Laurent Valdiguié fait passer Éric pour… «un hystérique du contrôle fiscal» (Bravo Lolo !).

Et qu’on n’attende pas que, dans un article en page 2, Laurent Fabius vienne s’époumoner et hurler au scandale. Laurent Fabius, vous connaissez? Ex-premier ministre, il couvrit, le premier, l’Affaire des Frégates de Taïwan du Secret-Défense. Juste ciel, BiBi ne s’ennuie pas le dimanche. Très guilleret, il chanterait presque l’air plagié d’Enrico : «Ah qu’ils sont jolis les scandales de mon pays, la, la la, la… »