BiBrice Hortefeux ferait-il de la concurrence à BiBi ?
BiBi a aussi beaucoup aimé :
- “Les (Horte) Feux de l’Amour”. Dimanche 18 janvier 2009
- Les Grands de ce Monde. Dimanche 12 octobre 2008
BiBrice Hortefeux ferait-il de la concurrence à BiBi ?
BiBi a aussi beaucoup aimé :
Monsieur et Madame-Tout-Le-Monde.
Les Tendances People sont souvent doubles, troubles et apparemment contradictoires. Des Français, grévistes anonymes, trustent les pages centrales de Paris Match pendant que les Stars, elles, jouent à Monsieur et Madame-Tout-Le-Monde. Sophie Marceau « vit à fond son rôle de mère dans la vie »(1), Véronique Genest va «faire ses courses au Supermarché comme tout le Monde »(2), Danièle Thompson est «une spectatrice de base »(3), Xavier Bertrand fréquente «les fêtes foraines » (4) et Jacques Chirac, lui, descend «dans les petits bars tendance baba cool pour boire une bière bio» (5).
Carla la Sauvageonne.
Les Stars de la France d’En-Haut ressemblent donc de plus en plus aux Français de la France d’En-Bas. Finis les grands airs ! Finies les retenues protocolaires ! Aujourd’hui, les Femmes du Monde ont comme tout-un-chacun leurs travers, leurs défauts, leurs coups de sang et elles le font savoir. Elles sont chipies sans se cacher, elles disent du mal de leur voisine. Pour Carla, c’est difficile à faire passer mais l’habile subterfuge de Michèle Stouvenot du JDD pourrait bien l’aider dans cette Opération-Toilettage. Ainsi il nous est rapporté que Carla a dézingué Rachida. Voilà la première dame de France qui nous devient subitement plus proche : «Carla craque, elle se lâche, se révolte, elle dit enfin ce qu’elle pense» écrit la journaleuse.
Pour Little Nikos, on devra attendre un peu. Pour le moment, son retard est trop important pour qu’il soit césarisé « Fils du Peuple ».
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(1) Supplément La Tribune-Le Progrès-Femina du 25 janvier.
(2) Paris Match ( 8 février)
(3) (5) JDD du 15 février.
(4) «Vivement Dimanche» du 15 février.
Très Tendance, BiBi conseille aussi :
Pas de Une dans le JDD pour nos Français d’Outre-Mer et leurs combats. Ils sont beaucoup moins importants que les quinze Coqs Gaulois en large photo de première page contre les Ecossais. Nos Amis insulaires sont toujours vus sous l’angle de manifestants menaçants qui sèment «un climat de terreur», climat passé inaperçu en métropole selon Claude Askolovitch et Virginie Le Guay. Little Nikos, lui, est mis à distance sauf lorsqu’il s’agit de mettre en place le RSA (qui est l’aumône actuelle du Marché libéral). Notre Président est l’arbitre soucieux et souverain, hors du champs des Passions et loin des Tensions (que sa politique alimente pourtant).
SARA, l’Empire d’Essence est un Monstre opaque. Tout le monde est d’accord là-dessus. Christine Taubira, socialiste, dit l’opacité de la SARA, Société anonyme qui régit en monopole la distribution du carburant. Après enquête, le JDD confirme cette opacité mais le Journal du Frère Lagardère ne nomme pas les responsables pour autant. Il laisse croire que le monde est peuplé de méchants invisibles. On ne saura donc rien sur les détenteurs du Capital : juste pourtant une allusion neutre, discrète sur TOTAL qui en détiendrait les parts majoritaires. Rien bien entendu sur les bénéfices net passés de 5.194.563 euros en 2005 à 50.829.959 euros en 2007.
Le JDD de ce dimanche ne nous rajeunit pas. Ce «Vive la Crise » vient comme un écho du numéro spécial de Libération de février 1984, numéro qui faisait suite à une émission de TV diffusée alors sur Antenne 2. BiBi se souvient de ce supplément hors série concocté par notre tandem toujours en poste dans les Sphères médiatiques : Serge July et Laurent Joffrin. Yves Montand, lui, envahissait alors nos écrans (télévisés). L’acteur y plaidait la cause de l’austérité, se proclamant «de gauche, tendance Reagan ». Son argumentation était simple : les Français refusent de se plier aux nouvelles contraintes économiques, obstinés qu’ils sont à réclamer «toujours plus». Dans son sillage, Pierre Rosanvallon, ex-théoricien de la CFDT, invitait les lecteurs à «apprendre l’austérité». Ah les Belles années des Eighties !
Libé d’hier, JDD d’aujourd’hui : pourquoi ce rapprochement entre ces journaux ? C’est que le Slogan «Vive la Crise » 1984-2009 est un doublon : il intervient dans la bataille idéologique. En février 84, la Propagande libérale glosait sur la fin des idéologies, sur la futilité de l’Etat-Providence et célébrait le Culte de l’entreprise. Les Français étaient appelés à faire des sacrifices. L’Etat social et les prétentions syndicales devaient en rabattre sur l’autel de la rigueur. L’Europe unie applaudissait une Présidente nommée Margaret Thatcher. En janvier 2009, la Populace n’a toujours pas compris : elle défile en piaillant pendant que l’argent file, elle manifeste alors qu’elle devrait se mettre au travail. La Populace ne comprend pas que la Crise représente une «grande mutation», douloureuse, mais finalement profitable à long terme.
En 1984, l’émission d’Antenne 2 donnait la parole et l’image à un jeune énarque vendéen nommé Philippe de Villiers. Sous-préfet démissionnaire, il fut le Créateur de cet incroyable spectacle «libertaire et convivial » des Fêtes du Puy du Fou. En 2009, le JDD continue de nous faire saliver avec du pain et des jeux, du lard et de l’Art. Gloire aux Globes de Cristal avec Attali en vers ! Vive le Louvre et ses expos. Bravos aux braves nantais qui célèbrent leur Bach d’abord ! Grand soit Picasso au Grand-Palais ! Merci, merci, merci à Bernard Arnault en mécène et saluons Europe 1 du Frère Lagardère en fonds sonore qui chipote et chapeaute l’Expo du Gitan.
Doublon donc mais avec les réajustements d’aujourd’hui : la collusion de la Critique Artiste avec la Présence des Milliardaires y est portée à son point maximum (1). L’intertitre est d’ailleurs significatif : «Sans le Mécénat, adieu grandes expositions et festivals de qualité »(2). La Peinture, le Cinoche, la Chanson nous «jouent la mélodie du Bonheur». Dans le même tempo, il nous faut oublier «les lendemains qui déchantent ». Derrière ce Slogan de «Vive la Crise » revenu en première ligne dans la Boîte à Idées de nos Chiens de Garde, BiBi n’y voit aucune ironie, aucun humour distancié de Bobo. Pour lui, ce n’est pas un bon mot de potache, c’est plutôt l’Opération Idéologique du Nouveau Libéralisme : «Soyez fascinés par les traits, les couleurs, les Voix ». Comme nous le dit Jean-Jacques Annaud, il faut éteindre la Guerre du Feu, gommer le Conflit c’est-à-dire le Politique : «La Culture est notre chance, notre vocation, notre solidité et notre destin. Et notre horizon». L’Art – version Mécénat – est rassembleur, il efface les clivages. Enfin réconciliés devant l’énigme de l’Aventure humaine, nous voilà Un parmi d’autres. BiBi tient la main de Sophie Marceau et celle de Charlotte, 18 ans. Dans le Musée, BiBi déambule avec l’anonyme Emilie 24 ans, aux côtés de Bernard Arnault. Tous affluent, hors classes sociales : Mick Jagger comme les mulots, Nicole Kidman comme Eva Mendès et les 18.000 visiteurs derrière.
Le revers du Tableau est bien entendu mis sous silence. Les grondements du 29 janvier n’ont pas une ligne dans le JDD. Pour BiBi pourtant, deux millions d’anonymes ont montré ce jour-là qu’ils aimaient l’Art… l’Art de vivre.
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(1) Voir Luc Boltanski et Eve Chiapello. «Le Nouvel Esprit du Capitalisme ». Gallimard 2000. (pages 500 – 576)
(2) Voir Pierre Bourdieu et Hans Haacke. «Libre-échange » au Seuil.
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