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Antoine Vitez, toujours vivant.

Antoine Vitez est mort le 30 avril 1990. Vingt ans déjà que le grand Homme de théâtre a quitté la Scène. De lui, BiBi a retrouvé un petit texte plein de fureur et d’amour pour son art.

Sabine Weiss, photographe d’enfants (un clip-BiBi)


Sabine Weiss, photographe d’enfants (musique :Gypsys Kings)
envoyé par PensezBiBi. – Regardez plus de courts métrages.

Sabine Weiss est photographe. « J’ai photographié de tout : de la publicité, de la mode, de la politique mais ce que je préfère, ce sont les gens ». Ses sujets de prédilection sont les enfants, les artistes (Stravinski, Stan Getz, Giacometti, Cocteau, Dubuffet) comme les gens ordinaires. Avec  Willy Ronis et Robert Doisneau, elle fait partie des grands photographes humanistes.

Sabine Weiss, âgée de 85 ans, est revenue du Laos pour inaugurer l’exposition «Des Enfants » qui se tient à la Galerie de l’Etrave du 27 mars au 4 juin à Thonon-les-Bains.

Sur sa méthode, elle ne s’étend guère sauf à avouer à BiBi : «Quand je vais dans un pays, je ne me dis jamais « tiens, je vais faire du religieux ou des paysages ». Je ne m’attache pas à des sujets précis… »

Sur ses pairs, elle dit n’avoir jamais eu de Maître mais concède que « Robert Doisneau a été le seul photographe important pour moi. En 1952, un jour que j’allais montrer mes photos chez Vogue, il y avait un petit monsieur qui a dit : «  Elle a tout compris ». C’était Doisneau. Le lendemain, l’Agence Rapho et Vogue m’engageaient ».

Elle ne regarde pas beaucoup les photographies des autres (« je n’ai pas beaucoup de temps »). Elle va faire très bientôt un vernissage à Moscou et a inauguré récemment une exposition à Valladolid. Elle a beaucoup aimé les couleurs de l’Inde et a une tendresse particulière pour les Masques du Burkina-Faso ( photos regroupées dans « Le Trou », revue mensuelle suisse).

A propos de sa passion, elle dit ne pas se souvenir de son premier appareil-photo mais plutôt de ses bricolages pour les tirer. Son père était chimiste à Saint-Gingolph et lui fabriqua son premier agrandisseur, sa première tireuse et un trépied.

Sabine Weiss s’est mise au numérique sans en être gênée.  « Au contraire, car à mon âge, je ne peux plus porter le matériel, les objectifs, les lampes. C’est beaucoup moins lourd avec les appareils d’aujourd’hui».

Des enfants, elle dit encore : « J’aime travailler avec eux. C’est un défi de les avoir au naturel. Ils sont spontanés, merveilleux »…  Merveilleux, spontanés à l’instar de ses clichés présentés à la Galerie de l’Étrave de Thonon-les-Bains.

Frédéric Mitterrand : un Ministre en pyjama !

Ahurissant ! Le Monde-Magazine nous délivre un cliché de toute beauté : Un ministre (Frédéric Mitterrand) en pyjama !

On avait eu les godillots UMP, on a eu droit à la veste retournée de Besson, à la Rolex de Séguéla, aux chaussettes trouées de Jean-Marie Messier, aux jupettes des ministres-femmes de Juppé, on aura droit désormais au Pyjama-culte de Frédéric Mitterrand (« Le Monde Magazine » numéro 30 !).

Un pyjama bleu ciel aux fines rayures blanches dont il n’a pas ouvert le col (Cou serré que notre Ministre, non ?) Un pyjama zébré, fait probablement de ce tissu de flanelle qu’adorait le Grand-père de BiBi. Monsieur le Ministre repose sur un lit double sans couette mais avec un drap du dessus, lui aussi bleuté, et un jeté brodé probablement par Mère-Grand. « Le meilleur moment de la journée » précise Freddy. Qu’est-ce à dire ? Qu’il existe d’autres moments de la journée moins apaisants ? On aurait aimé qu’il en dise plus.

Ce qui en dit long, ce sont ces quelques livres étalés au hasard. Une culture éclectique : dans le coin droit, un beau livre sur Dior; sur le lit, négligemment posés (Monsieur, très cultivé, lit plusieurs livres à la fois) : les Mémoires d’Outre-tombe de Chateaubriand (Oh, cette meeeeerveilleuse langue française), le Pol Pot de Philip Short (Hé quoi, Freddy est aussi très politique in-ter-na-tio-nale), un Benoit Duteurtre et, bien en évidence, le 10/18 de John Fante (« Les Compagnons de la Grappe » – dont on ne pourra éviter le mot facile : un… livre à ne pas lâcher).

Un éclectisme à l’image de ce que veut donner à voir Monsieur Frédéric : cultivé dans et hors de nos frontières. Au mur, les photos amplifient l’impression : photos de Venise, de  Mykonos sur ton sépia (toujours cette envie de faire le coup de l’éternelle jeunesse en nous fourguant du Vieux Sentimentalisme à la petite semaine).

Ce premier cliché incroyable aurait été bien entendu ridicule s’il n’y avait eu un correctif – toujours en photo – avec cette image solidaire du Pense-Bête où on peut lire le nombre incroyable de tâches surhumaines à accomplir par notre Freddy («une soixantaine de points »). D’une écriture assurée (la sienne), Freddy se (nous) détaille les endroits à visiter, les lieux à découvrir, les expositions à honorer etc. La légende précise : «Pense-Bête rédigé d’une traite [il a une mémoire d’éléphant, le bougre] par Frédéric Mitterrand UN MATIN AU REVEIL ».

Ainsi donc, ne nous fions pas à cette première image de Lézard matinal. Avec ces deux photos fondues en une, tout s’éclaire : Frédéric commence son travail bien avant de se lever. Elle est peut-être là l’image du Quinquennat : Frédéric Mitterrand (« entre sept heures et huit heures » – bien tard quand-même), c’est évidemment la France qui se lève tôt.

En regardant une dernière fois le cliché du Ministre sereinement couché, BiBi se dit que c’est cette couleur qui l’indispose, cette couleur sépia de chaque cadre accroché aux murs de la chambre de Freddy. Ce sépia marque la Mort d’une époque et le Crépuscule de son Idole (Sarko).

L’ impression de BiBi se double d’une seconde : ce lit Vieille-France, c’est peut-être tout aussi bien le futur lit de mort de Freddy sur lequel se pencheront tous les Oubliés de la Culture pour lui fermer les yeux.

Lire aussi l’article de Dominique Hasselmann qui a dégainé plus tôt que BiBi à propos de la même literie mitterrandienne…

Jean Reno et Sarko dans un même bateau.

Jean Reno occupe les écrans avec « La Rafle » et « L’Immortel ». Pour BiBi, c’est son grain de voix qui a fait son succès, un timbre de voix qui racle la gorge, qui possède une couleur, qui – à défaut d’originalité – doit bien évoquer quelque chose. Reno serait donc une présence ? Bof. Pour BiBi, c’est surtout l’appel de réalisateurs américains qui a propulsé notre Jean au firmament. Elle est là, la clé : être reconnu aux States.

BiBi essaye de se souvenir des apparitions de l’acteur sur les écrans. Rien ne lui vient hormis la persistance d’un électroencéphalogramme plat dans son fauteuil de spectateur : souvenir de nombreux tics d’acteur, d’un monolithisme dans son jeu qui perdure, d’une voix sous-employée et sans nuances. La Suisse aime beaucoup notre Frenchy et cet amour lui a valu un article central dans le « Migros Magazine » avec… Sarko en photo (été 2005). De bons vieux potes très touchants dans ce port corse, non ? Et encore : il manque la famille élargie sur le cliché : Clavier-Chazel- Bigard-Hallyday-Mathy et leur port d’attache commun – sans qui rien n’aurait été possible – Michel Drucker.

D’un côté, l’Acteur préféré des Français crie haut et fort qu’il n’a pas envie de faire de ses enfants «des enfants tordus qui brandiraient l’étendard de leur père ». En effet, «ce milieu est cruel. Mon fils aîné chante comme un dieu, et un jour on saura qu’il est mon fils» (Paris-Match 18 mars) mais on apprend ailleurs (Migros Magazine) que « pour aider ses enfants, Reno n’a pas peur d’activer ses réseaux et de l’avouer : « Le plus grand, il va chanter pour la première fois chez Drucker. J’ai dit à Michel, qui est un ami « tiens, tu vas faire chanter mon gamin ».

Dire une chose et son contraire : pas étonnant qu’il garde Sarko comme pote.

Sur cette amitié, il évacue vite (« J’ai aussi beaucoup de potes de gauche dont personne ne parle». Des potes et des potiches certainement). Reno évacue vite mais pris de remords, il revient à la charge : «Le boulot [de Nicolas] n’est pas facile. De la folie. Jamais, je ne voudrais faire ça ». T’as raison, Jean : «De la folie».

Dans la suite de l’interview, voilà que notre Héros continue de philosopher sur la fameuse imprécation de son ami : «La France, on l’aime ou on la quitte». Il hausse les épaules en regrettant que « les gens aient pris ça pour une insulte ».
Jean joue souvent l’insensibilité à l’éloge et à la critique, il se drape à merveille dans l’indifférence [interview dans le Soir du 24 mars] : « Les professionnels du cinéma français ne m’aiment pas, n’aiment pas mon succès. Plus encore quand on en a en ayant tourné aux Etats-Unis sans être passé par les conditions imposées par le petit monde parisien. Vous savez, je n’ai jamais eu d’agent. Je me suis débrouillé et du coup, j’ai été perçu comme quelqu’un qui voulait gommer ce qui avait existé avant ». Sauf qu’ il rajoute : « C’est un malentendu qui perdure. Cela m’agace car je mérite mieux ». Il mérite mieux ? Pauvre Jean.

Il n’a pas aimé le poing tendu de Maurice Pialat à Cannes : «Il y a des gens qui crèvent de faim, lâche Reno, qui n’ont pas de quoi se loger, et nous, on fait des films et on se plaindrait ?»

BiBi les imagine bien, lui et ses potes (Sarko et Clavier) dans une scène d’un prochain film immortel.

Reno : « Il y a des gens qui crèvent de faim »

Sarko : « Oui, et il y en a qui n’ont pas de quoi se loger ».

Clavier : «Et, nous, on fait notre cinéma ! »

Tous, en chœur : « Et on se plaindrait ? » (Grands éclats de rire).

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« What a Wonderful World ! »


Rumeurs sur le couple Sarkozy-Bruni
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BiBi ne sait pas pourquoi il fit un raccourci entre l’interview de Carla Bruni-Sarkozy sur SkyNews (Les Nouvelles du Ciel !) et l’image de Françoise Lebrun, actrice du film majeur de Jean Eustache «La Maman et la Putain». Ce film de 1972 cloua BiBi dans un fauteuil du Cinéma «L’Entrepôt» à Paris. Entre la futilité au Pouvoir («Je vis un Conte de fées » dit Carla Sarkozy) et la densité, l’intensité du magnifique monologue de Françoise Lebrun, il y a évidemment tout un gouffre, tout un Monde : Mensonge puéril d’un côté ; Colère, Passion, Tumulte et brûlure de l’autre.

De cet entrechoc, BiBi en a tiré son 600 ième article. Il a voulu rendre hommage au cinéma immémorial de Jean Eustache et voulu rappeller ici la forte conclusion d’Alain Philippon dans son livre consacré au cinéaste de Narbonne : « Comment rester un cinéaste de son temps, comment rester cinéaste quand ce temps commence à vous dégoûter ? Telle est la question qui ne cessera de hanter Jean Eustache » .


La maman et la putain eustache
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[A Françoise Lebrun]

« C’est une image de vous que j’ai aimée, une image porteuse de fictions innombrables. Non, ça ne m’avait jamais fait ça, une image de cinéma, une image sans emphase soutenant votre phrasé. Il y a eu là, collusion entre le Monde et vous pour m’apprendre de ce Monde, collision entre vous et moi, accident majeur jamais regretté. Je suis à vous, reconnaissant, je vous l’avoue, à vous, rien qu’à vous. Même si le temps a passé, dites-moi que ce bon temps peut revenir, dites-moi si vous avez vécu d’autres choses, si votre temps a été bien employé, dites-moi si je fais erreur sur votre personne. Dites-moi que vous avez été autrement filmée et que vous n’êtes, au jour d’aujourd’hui, ni figée, ni fixée, ni sur vos tensions d’avant-hier, ni sur vos intentions d’hier, ni sur ce film d’avant-hier. Dites-moi que vous allez toujours allègrement de l’avant, qu’il y a eu d’autres films, d’autres pièces, d’autres créneaux, d’autres châteaux que je connais pas, qu’il y a eu, pour la femme libre que vous êtes, d’autres libertés prises, d’autres prises de vues libres, dites-moi que vous êtes toujours prise, éprise de prises de vues. Alors, alors, me reviendra le temps d’une seconde jeunesse ».