Category Archives: Pensées très politiques
novembre 19, 2015
Bibi
La peur. La peur qui obstrue tout jugement. La peur dont on sait qu’elle peut être une arme de dissuasion massive contre tout éclairage, toute volonté d’explication et de compréhension. La peur, indiscutable, qui vient figer nos corps ou qui accélère notre pouls. La peur qui n’en devient que plus redoutable lorsqu’on se sent isolé. Car la solitude renforce ce sentiment de peur, de cette peur qui n’a rien de pathologique. C’est pour cela qu’il est bon de voir, de lire tous ces messages, ces digressions, ces lettres, ces tweets, ces blagues qui cachent le désespoir, ces sentences sentencieuses, ces éclats de rire, ces coups de colère, bon de parler même à ceux qui n’écoutent que d’une oreille distraite, bon de se répéter…
TS Lawrence écrivait justement ceci : «J’avais peur d’être seul et d’offrir aux vents du hasard une âme vide qu’ils emporteraient». Et lorsque la peur s’incruste, insiste, perdure jusqu’à vous rendre blême du Matin-Courage jusqu’au Soir-Désespoir, il faut faire un énième effort. Sans se voiler la face : le chemin sera long – c’est une épreuve – pour suivre jusqu’au bout Georges Haldas écrivant ceci : «C’est quand on se sent le plus ravagé intérieurement qu’il faut accomplir avec le plus de minutie nos devoirs quotidiens».
novembre 14, 2015
Bibi
Je ne crois pas en Dieu mais je remercie le Hasard. Des très proches qui sont vivants aujourd’hui, qui auraient pu être sur ces 7 scènes du massacre. Au Bataclan, Rue de Charonne ou au Stade de France. Je me répète 148, 148, 148 morts. Je pense aux fans du groupe des Eagles of Death Metal, levant les bras, heureux, enthousiastes puis aux lumières qui s’éteignent soudainement, à la subite confusion, aux cliquetis des armes, aux bruits que font les tirs des Kalachnikov. Une pensée qui t’étreint et t’étreindra tout ce samedi, ce dimanche, toute la semaine prochaine. Des pensées pour ceux, pour celles qui sont morts, aux traumatisés, à leurs familles frappées de plein fouet. Des pensées pour ceux qui écrivent encore ce matin sur les réseaux sociaux : «Où est-il ? Où est-elle ? On n’a pas de nouvelles». Et des pensées pour mes très proches, vivants.
novembre 05, 2015
Bibi
En dépôt sur mon écran Twitter, fourmillent des gazouillis qui citent et re-citent les dernières Odes sondagières. Cette fois-ci ce fut le tour de magnifiques specimen et de quelques groupies pro-hollandistes tous heureux de voir leurs gourous élyséens remonter dans les sondages.
Je me suis alors rappelé avoir lu le livre de Patrick Champagne («Faire l’Opinion») qui avait longuement et justement insisté sur l’importance des sondages (dans les années 90). Pour compléter le tout et le tour de la question, on m’avait refilé ce travail très instructif de Rémi Lefebvre à propos des Primaires socialistes. Un chapitre entier (pages 87 à 122) était consacré à l’emprise des sondages, à l’affaiblissement militant du parti socialiste, à la dégradation du politique et à cette soi-disant rénovation du Parti.
Voilà pour le billet-BiBi n°1495.
octobre 28, 2015
Bibi
Pulsions irrépressibles. Montent la colère puis la rage de tout détruire. Elle dure, dure, dure cette rage et voilà que, soudain, on cherche sur qui, sur quoi se défouler. On ne se reconnaît plus. Aucun argument ne peut tenir contre cette colère froide et ce sang chaud. Pour tout dire, ce jour-là, ce fut ma Journée de la Méchanceté.
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août 24, 2015
Bibi
Jacques Sapir est un économiste «brillant» qui est passé par de fort prestigieuses écoles (et par… de nombreux passages TV/BFM). Nul doute que si j’avais à entamer un dialogue sur l’Euro ou l’Europe avec/contre lui, il aurait le dernier mot. Tu relèves qu’il prône la «coordination» avec le FN qu’il te répond aussi sec que «coordination» ne veut pas dire «coopération». Tu continues en lui donnant la définition minimale du dico («Coordination – et ce n’est pas du russe, ça – «Action de coordonner, HARMONISATION d’activités diverses dans un souci d’efficacité»), il te reprend de haut avec du jargon d’économie anglo-saxonne : «C’est d’une «tacit coordination» dont je parlais»). T’as vraiment envie de lui répondre : «De ton HARMONISATION/COOPÉRATION avec les Chemises Brunes, tu sais où tu peux te les mettre ?»