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Messieurs et Dames de ce Monde.

Jack Lang et Georges Haldas

MONSIEUR GEORGES HALDAS : « Contrairement à ce que chacun peut penser, c’est une grâce que de ne pas avoir un pouvoir de Séduction. C’est autant de petites lâchetés et de grands crimes qu’on ne commet pas ». Et puis sur une certaine France : «  Il y a en France un snobisme de la folie, de « l’aventure intellectuelle » etc. qui s’accomode très bien de la tendance à établir des catégories. A tout étiqueter. L’expression parfaite en ce sens étant celles des « poètes maudits ». On est tranquille. On a classé la malédiction. On peut briguer l’Académie».

Et toujours cet œil perçant mais juste : «  Ces embrassades et accolades entre « artistes ». Une sorte de rite. Qui n’a rien à voir avec une fraternité véritable. N’en est même que la caricature. Gens de théâtre, de télévision, de radios. Leurs baisers de Judas. A de rares exceptions près. » Monsieur Georges Haldas, toujours jeune et fringant à 91 ans. 

MONSIEUR JACK LANG : il s’est demandé comment achever sa vie politique. Comme Lénine en son temps, il s’est posé l’épineuse question : «Que faire ? »
Jusqu’alors, Monsieur Jack Lang s’évertuait à ne pas montrer en télévision son profil gauche (il le déteste), il aimait à être cité comme un Politique d’envergure (Monsieur Jack Lang a inventé la formidable Fête de la Musique). Mais cela finissait par être très pesant et très/trop répétitif.
A l’âge qu’il a – Ô vieillesse ennemie – et devant la perspective réelle d’un second Quinquennat promis au Petit Nikos, Monsieur Jack Lang s’est longuement interrogé et a décidé de mettre le scotch Double-Face. Est-ce si étonnant ? Bien sur que non : Monsieur Jack Lang ne s’est jamais soucié que d’une seule chose… de son existence médiatique, la seule qui compte à ses yeux de play-boy. Et pas de meilleure posture de bravitude que celle, très recherchée et très jouissive de Victime et de personne calomniée ! Quant à nos Penseurs de Droite qui pensent que la Chasse à l’Homme-Lang du PS est ignoble… doucement, doucement. Il y a pire, non ? Par exemple, les parties de chasse du Comte Hortefeux.
Le Figaro nous offre un sondage CSA sur l’Opinion publique qui plébisciterait Monsieur Jack Lang à 53 %. Certes mais BiBi y voit un peu trouble lorsqu’il s’approche de plus près : le sondage commandé par le Figaro a été fait par l’Institut CSA… vous savez celui qui depuis la mi-juillet appartient à Monsieur Vincent Bolloré, l’ami qui prête son yacht au Petit Nikos.
Qui s’étonnera que la précision sibylline de BiBi postée dans les commentaires sur l’article (« Jack Lang bénéficie du soutien de l’opinion ») du Figaro n’ait pas été retenue ?

Christophe Tarkos, poète.

C Tarkos 3 fois

« Cela ne peut plus durer. Ça ne peut plus durer comme ça. Ce n’est pas possible. C’est n’importe quoi. Il faut faire quelque chose. Ça ne veut plus rien dire, on ne sait plus ce qu’on fait, il y a tout et rien, ça part dans tous les sens. Ce n’est plus de la poésie. » (Christophe TARKOS ).

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Lorsqu’en 1998, j’ai découvert Christophe Tarkos et ses écrits, le poète n’était pas mort. Il décèdera quelques six ans plus tard, en décembre 2004, entouré de ses quelques amis qui l’accompagneront au Cimetière Montparnasse, entrée 3, Boulevard Quinet.
Cette découverte de Tarkos, je la dois au numéro 1 de la Revue « La Polygraphe », éditée par les Editions Compact. Il y était noté que Christophe Tarkos était « un fabricant de textes et de performances », qu’il était né à Marseille et qu’il vivait en France. La suite disait qu’il fabriquait des textes et des poèmes, des poèmes présentés sous forme de textes imprimés ou de lectures ou de performances avec pour titres par exemple : la vache et le trou, le bidon, le pneu. Les ouvrages, eux, avaient pour titre : le train, l’oiseau vole, farine, Oui (chez « Ulysse en fin de siècle »), processe ». Il était à la recherche d’un éditeur qu’il trouvera avec POL (« Pan » et « Anachronisme ») et une plus petite maison d’édition (Al Dante).
Parmi les 12 textes présentés sous le titre de « Cases du damier », deux d’entre eux m’avaient frappés mais, vous savez comment vont et viennent les pensées : elles entrent en vous, y restent cachées avant qu’à la faveur fortuite de l’arrivée d’un temps printanier ou d’un soleil d’été, elles resurgissent brutalement à la lumière. A redécouvrir ces deux textes, j’ai su alors qu’ils étaient entrés en moi, y étaient restés pour, un jour, y affleurer et me bouleverser. C’est ainsi que renaît un peu BiBi à la vie .
A la lecture de Christophe Tarkos, on se dit tout  de suite qu’il n’y a rien avant lui qui puisse lui être comparé. BiBi avait eu cette même impression de jamais-vu avec les images singulières des films de Jean Eustache et d’Abbas Kiarostami. On oscille entre l’ahurissement, la jouissance de voir ainsi les choses nommées et la surprise d’avoir instantanément des palpitations. C’est presque rien ce déferlement, cette langue ralentie, ce flux en quatrième vitesse mais ça caracole aussitôt à l’intérieur de nous, ça dévale, ça cavalcade. Ce presque-rien nous affole, nous suffoque, nous fait tourner au vertige. D’ailleurs, j’ai accolé cette photographie de Tarkos en pleine performance sonore. Elle traduit cette force et cette intensité que les amis de BiBi reconnaitront en plongeant dans ces deux extraits.

(Bernard) Noël au balcon.

Portes

BiBi est tombé sur un livre « La Castration mentale » de Bernard Noël chez POL.

« L’écriture, écrit ce dernier, s’oppose à l’agressivité malade, à la prise du Pouvoir, à la totalité triomphante parce qu’elle ne vit qu’en se remettant en jeu ». BiBi pense aussitôt à une vieille émission d’Ex-libris où notre récent Chômeur longue durée PPDA parlait d’Antonin Artaud pour en faire une divine éloge, il se remémore Sieur Villepin de Galouzeau nous bassinant avec son Amour des Rebelles dans la Poésie et la Littérature, il se souvient du sérieux de Feu Georges Pompidou et de son penchant pour l’Art poétique, de Feu-bis François Mitterrand qui aurait tout donné pour être un écrivain honoré (et surtout aimé des femmes). Tous un peu castrés mentalement, ces Hommes du Pouvoir, soupire BiBi.
Le Père Noël (Bernard) continue d’écrire : « Nous avons quitté l’infini Divin pour entrer dans l’interminable Humain. Il s’ensuivit un déchirement, un déchirement que l’art et la littérature assument depuis plus d’un siècle, mais qu’aucun pouvoir, aucune forme de pouvoir n’a jamais pris en compte, car tout pouvoir veut au fond rester absolu. Alors, comme au temps des Rois, notre Société fonctionne sur des figures, qui sont autant d’images dégradées de Dieu.
Il y a les figures de l’homme providentiel et le culte de la Personnalité, il y a les champions, les stars, les présidents, la loterie, le loto, le tapis vert. Il y a tout ce qui fabrique du vedettariat ; mais qu’est-ce qu’une vedette ? C’est un tout petit dieu qui ne peut guère vous dispenser qu’un… autographe
. »

Lectures croisées.

Jacq

BiBi fait son canevas : lectures croisées de deux livres sur Picasso. Le premier d’un fidèle ami de Pablo Picasso, Claude Roy (« L’Amour de la Peinture »), l’autre d’une proche, sa petite-fille, Marina qui parle de son « Grand-père » (Denoël). L’un porte le peintre aux nues, l’autre présente un peintre ne vivant que pour son art, sacrifiant presque toute une famille (de nombreuses fois composée et décomposée). Picasso, un mètre soixante, à qui on demandait ce qui lui aura manqué dans cette vie, dira : « Cinq centimètres ». BiBi fait l’hypothèse non vérifiée que ces centimètres manquants à la Toise décidèrent du destin Pablo Picasso à la Toile. Toute une vie pour dépasser Papa, Don José Ruiz Blasco, lui aussi peintre et professeur de dessin à l’école de Malaga. Taille : un mètre soixante-quatre. Le Papa sera plus grand – à jamais – de quatre centimètres mais le fiston fera tout pour être au-dessus et le dépasser. Tout : c’est-à-dire des tableaux à perte de vue, des céramiques, des dessins épurés, des esquisses, des portraits, des cahiers entiers. Une œuvre gigantesque pour être le Géant qui terrasse Papa-Dragon.

Pause de fenêtres.

Fenêtres sur cour

Aux États-Unis, des architectes avaient décidé de faire des buildings d’affaires sans ouverture sur l’extérieur. Ils avaient par contre beaucoup cogité sur un intérieur tout aseptisé. Il y avait là aquarium, jolies peintures aux murs, lumières sophistiquées et grosse moquette sous les pieds. Mais dès le premier mois de travail, les femmes qui étaient au boulot, ont commencé à avoir des migraines, des angoisses, des taticardies, des pertes de connaissances et le rendement s’en ressentait rudement.  Après réflexion,  il s’est avéré que c’était le manque de fenêtres, de velux, de vasistas, de baies vitrées sur l’extérieur, que c’était cette absence d’ouverture sur le Ciel et le Rêve qui avait provoqué le malaise.