Category Archives: Livres de lecture & Poésie(s)

Paaarlez-moi d’Amour.

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Georges Lebouc, philologue belge, vient de sortir un «Dictionnaire érotique de la Francophonie » aux Editions Racine. Il y répertorie des exemples gratinés, des formules à murmurer, des mots doux aux durs de la feuille en arpentant les couloirs secrets de la Linguistique. Son recensement lexical est à la fois une drôle d’entreprise et une entreprise plutôt très drôle. Dans le paysage traversé, l’universitaire belge a oublié volontairement les expressions du Coq gaulois, ne s’attardant que sur la seule Francophonie-hors-de-France.

Artaud le MôMo.

Mieux que n.importe quel commentaire, BiBi placarde ce texte d’Antonin Artaud qui en crie long sur la liberté toute humaine et sur ses ennemis. A l.heure du Grand Enfermement, Artaud compta sur ses amis Marthe Robert (la traductrice de Kafka) et Arthur Adamov pour le sortir de l.hôpital de Rodez. Voilà qu.aujourd’hui, les Polices Psychiatriques veulent reprendre du Service, rendre muets les Oubliés de la Vie, les murer, les emmurer définitivement. Deux mots d.Artaud et, déjà, les verrous sautent. 

Minutes heureuses.

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BiBi a eu un (fou)rire nietzschéen.
Quand le bourgeois Milliardaire se pâme devant l’Art, devant une phrase de Baudelaire ou devant une figure déchirée de Bacon, chaque sait qu’il n’est pas à sa place. Qu’il veuille amasser des valeurs côtées en Bourse ou s’enrichir de valeurs spirituelles, le Milliardaire est encore supportable (c’est la Loi de la Jungle d’aujourd’hui) mais sait-il seulement quelle prétention il atteint lorsqu’il se pique de poésie ou de peinture ? La prétention d’être l’égal du Poète et de la Poésie par ses avoirs. Pauvre et risible Milliardaire qui confond le verbe Avoir avec le verbe Être. Car un poète, lui, ne doit rien posséder.

Le Poète et la Mythomane du Creusot.

          Le Poète et la Mythomane du Creusot

BiBi est triste.
Au moment où il achevait la lecture des « Lettres d’or » peu emballantes de Christian Bobin voilà qu’il apprend qu’Alexandra Paressant a été placée en détention provisoire et écrouée à la prison des femmes de Dijon et qu’une expertise psychiatrique a été ordonnée à son encontre. Deux stars, deux personnalités élevées au creuset du Creusot. Le Creusot est cette ville de Saône-et-Loire saignée à blanc par le dépôt de bilan de Creusot-Loire en 1984 mais magnifiée aujourd’hui par Arcelor Mittal et Areva et longtemps parrainée par la Famille Schneider.
C’est dans cette ville de Bourgogne de 30.000 habitants qu’un de nos poètes nationaux, Christian Bobin, est né. Dès son enfance, il y préféra la compagnie des livres à celle des hommes. Un vrai poète, quoi ! BiBi est toujours un peu sur ses gardes devant ceux qui font le choix des livres avant celui des hommes. Il est plutôt sur le versant que ce ne sont pas les livres qui sont importants mais plutôt la vie et la Présence vitale qui y circulent. Et donc pas du tout en accord avec cette réflexion du Poète du Creusot : « Je suis fou de pureté. Je suis fou de cette pureté qui n’a rien à voir avec une morale, qui est la vie dans son atome élémentaire, le fait simple et pauvre d’être pour chacun au bord des eaux de sa mort noire et d’y attendre seul, infiniment seul, éternellement seul ». BiBi, lui, n’est jamais seul dans sa solitude, peuplée qu’elle est de Fantômes, d’amis décédés, de femmes vivantes, d’enfants écorchés vifs. Pour lui, le fait d’être aux bords de sa mort noire n’est jamais « simple et pauvre » et si « la beauté parfois le mord, le loup qui lui saute à la gorge » n’est pas forcément… « merveilleux » comme l’écrit le poète.
Le Creusot est une double ville pour notre poète : en premier, « Le Creusot  » et en second «  la ville qui est au dessus, dans les nuages ». La singularité de cette ville est d’avoir été riche, puis appauvrie, brutalement. « Mais dans cette dureté et ce dénuement », nous dit-on, «Christian Bobin montre peu à peu comment il a trouvé la plus grande douceur ». Pas vraiment l’avis d’Alexandra, fuyant l’ennui et la morosité de la Ville, préférant la compagnie des hommes à celle des livres, tentant de vivre sa vie cahin-caha, slalomant entre la folie du Raisonnable et la folie des Grandeurs.
Alexandra Paressant est cette jeune femme qui fit croire aux grands médias, aux plus infectes tabloïds anglais, français et américains qu’elle eut une liaison avec chacune des Grandes Stars du foot et du basket (Tony Parker qui lui réclame quelques… 40 millions de dollars de dommages et intérêts pour diffamation, Thierry Henry, Ronaldo et Ronaldinho etc). Alexandra s’en est allée visiter le Monde, courant, plastronnant, érigeant seule ou dédoublée son propre mythe génial et, somme toute banal et infantile, fuyant son destin prédestiné de RMIste, d’ouvrière précaire, de chômeuse en mal de vivre. Son Narcissisme dévorant finira par l’avaler. Toute à sa Gloire d’elle-même, elle a tenté de construire sa maison du Bonheur sur le Songe et le Mensonge, grugeant les Télévisions et les Journaux qui, aujourd’hui, s’en donnent à cœur joie dans la Vengeance, la Moquerie et leur Méchanceté coutumière.
BiBi a une pensée amicale pour Alexandra en achevant la lecture de Christian Bobin, ce Poète qui aurait gagné à connaître cette jeune femme pour pimenter sa Poésie trop suave, trop lumineuse, trop, trop. Bobin, poète light à qui il manquera toujours la rage, les orages et les mirages d’Alexandra.

Kafka au bordel.

Kafka sans sa geisha

Avec Kafka, l’Histoire est sans fin. On a voulu faire de l’écrivain un Visionnaire anti-totalitaire, un Désespéré, un Anarchiste, un Militant sioniste etc etc. Aujourd’hui, voilà qu’il y aurait une ènième affaire « K », un débat né en Angleterre qui soulèverait une fois encore les passions. Cette fois-ci, il s’agirait de savoir si Franz était oui ou non un… pornographe.
Cette grande Question vient à point pour fêter le 125ième anniversaire de sa naissance. On aurait donc découvert que l’écrivain pragois n’était pas si prude que ça, qu’il n’était pas du tout l’ascète que ses fervents admirateurs auraient décrit tout au long de leur Corpus critique. Un certain Monsieur James Hawes aurait lancé – preuves à l’appui – que notre écrivain idolâtré aurait commis de graves péchés (littéraires) en écrivant de la « prose » pornographique, voire aurait été sa vie durant un abonné aux bordels de Prague et d’ailleurs. Pour la démonstration, il n’y aurait qu’à lire le livre (et d’abord, évidemment : l’acheter) « Excavating Kafka » aux Editions Quercus.