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Etonnants estoniens.

BiBi en Estonie,
BiBi est de retour des Pays Baltes. Avant son départ, il avait picoré à nouveau dans le livre de Daniel Sibony « Entre-deux. L’Origine en partage». Page 302 : «  Le ressort du voyage est le désir de « se refaire », de produire quelque chose d’autre que soi où l’on puisse se reconnaître, se méconnaître, à travers quoi on puisse fuir l’horreur de soi, apaiser sa soif d’autre, d’autre chose, et pourtant donner au soi une certaine consistance. »

La Lettonie sur tous les tons.

BiBi et la Lettonie

1. Le décolleté généreux des Lettones. Qui a dit que les Pays Baltes manquaient de relief ?

2. Dans le centre de Riga, près du Pilsetas Kanals, il y a un petit pont avec deux rampes de fer. Y sont accrochés des cadenas sur lesquels les jeunes mariés ont gravés prénoms et date de la cérémonie. Le marié se retourne vers le canal et y jette la clé pendant que la mariée scelle le cadenas. On voudrait y voir l’image du bonheur mais BiBi reste perplexe sur ce rituel. Trois mauvaises pensées lui viennent : la rouille attaquera le fer, le cadenas sera celui d’une porte de prison et la vodka au quotidien remplacera dès demain le Champagne russe d’un jour.

3. Les Concerts de l’Arena de Riga pour août et septembre : Deep Purple (Tiens ? ils vivent toujours ?), les Sex Pistols qui ont encore un Future, Queen qui a pourtant perdu son Roi Freddy, REM et Dee Dee Bridgewater.

4. En périphérie, Salaspils, lieu de mémoire de la Communauté Juive exterminée, ne ressemble en rien au Centre-Ville de Riga et à ses couleurs vives. Le gris et la grisaille dominent. Les appartements ont la lèpre. Les personnes âgées, rejetées à la périphérie, sont plus en nombre qu’à Riga. La jeunesse des faubourgs, elle, manque d’argent pour tagger la misère et crier l’insupportable sur les murs des cités.

5. Lutte des classes : au mariage des riches, on vient à l’église et on en sort en Limousine blanche deux portes et dix mètres de long. Au mariage des Pauvres, la robe sort de chez Orego et les mariés demandent au chauffeur de la même Limousine la permission  de poser pour un seul cliché. D’accord mais sans toucher à la carrosserie.

6. A Riga si vous voulez partir pour Vilnius ou gagner un quelconque pays étranger, n’existent que le bus ou l’avion. Le Chemin de fer s’arrête aux villes-frontières. Faut pas trop en demander au train de vie de nos amis lettons : les rails de l’ère soviétique étaient chemins d’(en)fer. Dieu que c’est triste une gare désaffectée, une gare sans les trains qui chuintent et les locos qui ronronnent. Un peu comme un article de BiBi dépourvu d’humour.

Vilnius et tout autour.

Montage BiBi Lituanie

1. Dans le village de Trakai, il existe encore des Karaïtes, petit peuple aux origines juives mais hostile à la tradition rabbinique. Ils vivent en paix dans la Lituanie d’aujourd’hui mais BiBi a relevé des croix gammées sur les plaques commémoratives du quartier juif de Vilnius, BiBi a entendu des insultes contre les « pédérastes » et de bien mauvaises pensées sur les amis Africains.

2. A Vilnius, deux figures de la ville (Romain Gary et Frank Zappa, the Father of Invention) font courir les touristes, BiBi en tête. Sans compter les émigrants qui font joli dans le tableau : Soutine, Chagall, Klee ou Kandinski

3. En lituanien, « Sli fuoti saligatvius » signifie battre le pavé, arpenter les rues sans but précis. C’est ce qui plaît à BiBi : marcher, prendre cette rue ou cette venelle plutôt qu’une autre. Et à la fin d’une journée, finir épuisé mais ravi que la géographie de la Ville soit avec sa géographie intérieure en correspondance intime.

4. Le Top 20 de la Baltique est très américanisé. Les vingt titres sont en langue anglaise. Seul Madonna résonne aux oreilles de BiBi. Pour le reste, voici les trois premiers (KERLI pour Walkin on Air, PUSSYCATS DOLLS pour When I grow up et BRESTA RHYMES & LINKIN PARK pour We Made It.)

5. A Vilnius, un paquet de Winston rouge coûte 1,32 euro et le Président, élu lui aussi pour cinq ans, s’appelle Valdas Adamkas.

6. Ce n’est pas la Lituanie qui aurait appelé au boycott des JO. Tout tourne autour de Beijing 08. La télévision lituanienne a installé pou la première fois un écran géant sur la place de l’Ancien Hôtel de Ville. Les premières images que découvre BiBi sont celles de l’haltérophilie. BiBi se désalthère en levant son verre et attend le premier math de basket de l’équipe nationale de Lituanie contre l’Argentine (gagné au finish par les Verts et Jaunes).

Lascaux : des Origines à la Copie.

Lascaux Grands taureaux

BiBi s’est replongé dans les écrits crépusculaires d’un Georges Bataille subjugué par Lascaux (1). BiBi revient des bords de la Vézère et a visité pour la seconde fois le fac-similé de Lascaux 2. Il n’a pas oublié ensuite de se rendre dans les ateliers de Montignac, parfait complément à sa re-découverte de la Grotte.
BiBi avait en tête ces mots de l’écrivain maudit : « Si nous entrons dans la Caverne de Lascaux, un sentiment fort nous étreint que nous n’avons pas devant les vitrines où sont exposés les premiers restes des hommes fossiles ou leurs instruments de pierre. C’est ce même sentiment de claire et brûlante présence que nous donnent les chefs-d’œuvre de tous les temps ».
Ce qui nous saisit immédiatement c’est la force de la Raison qui a ordonnancé ces figures dans un ordre encore à déchiffrer, c’est l’intelligence qui a construit ces ensembles couplés et c’est l’apaisement joyeux de ces innombrables figures. Elles courent dans ce volume et sur ces parois ornées sans qu’on puisse encore en saisir toutes les subtilités. Aurochs, cerfs, chevaux, grande vache noire, bisons adossés forment une sarabande étonnante, une fresque étincelante. « Séquence unique de toute l’histoire occidentale de l’Art pariétal » comme l’écrit Renaud Sanson, maître des lieux.
Le succès économique et populaire de Lascaux 2 a poussé l’équipe de Renaud Sanson à envisager un Lascaux 3 où chacun pourra voir – autre sujet d’admiration de BiBi – un merveilleux travail de copie « objective » (ouverture prévue en avril 2010). Renaud Sanson fait la visite de ses ateliers et commente avec passion chaque étape de son travail de réalisation de fac-similés. Le travail entrepris restituera les fresques dans le moindre détail (avec seulement 4 mm d’erreur possible). Ceci est rendu possible grâce à l’ordinateur et à la projection de photographies positionnées avec une très grande précision. En une demi-heure, Renaud Sanson fait partager ses hésitations dans les interprétations, ses pointes d’acuité forgées et éprouvées depuis près de 30 années de présence à Lascaux.
BiBi aime ce genre de bonhomme qui, venu du théâtre et du cinéma, n’oublie en rien la précision dans les hypothèses qui naissent et renaissent des observations. Il décrit et donne à voir avec passion,en quelques mots, la Scène du Puits. « Lascaux, dit-il, s’est mis à me parler ».
Qu’il sache que BiBi, lui aussi, tend son oreille.

(1) Georges Bataille. Oeuvres complètes IX (pages 10-102)

Brocante à Montevideo.

Montevideoooo

BiBi ne connaissait pas Patrick Deville. Il est tombé par hasard sur ce petit livre, à peine cinquante pages aux Editions initiales (« Une photo à Montevideo »). BiBi se souvenait précisément que trois de ses potes avaient écumé les rues de la Capitale du plus petit Etat d’Amérique du Sud. Jules Laforgue sur lequel BiBi avait planché à l’épreuve orale du bac, Jules Supervielle et son inoubliable « Oublieuse Mémoire » (1) et Isidore Ducasse dont il aimait la manière de saluer l’Océan. Alors BiBi s’est dit : « Pourquoi pas ? » C’est surtout le titre qui l’attirait car BiBi aime la photo et il aime Montevideo. De ce pays coincé entre l’Argentine et le Brésil, il n’en connaît que l’équipe de foot, la Céleste, qui, en 1952, battit le Brésil au Maracana pour un désastre national. Mais pour lui, le titre – « Une Photo à Montevideo » – était plein de sobriété et sentait par en-dessous l’Etrange, l’Exil et le Déplacement.