Dans un Monde où l’on broie du Noir, où personne n’est blanc comme neige, voici des Instantanés couleur. Petites choses, grands paysages, en bas, en haut et en couleurs, BiBi s’est mis aux coloris d’été.
Dans un Monde où l’on broie du Noir, où personne n’est blanc comme neige, voici des Instantanés couleur. Petites choses, grands paysages, en bas, en haut et en couleurs, BiBi s’est mis aux coloris d’été.
L’an dernier, BiBi s’aventura sur les terres syriennes et en rapporta des billets de voyage. Il s’arrêta trois jours dans la ville d’Hama, vaste métropole de 700.000 habitants (4ième ville de Syrie), ville jusqu’alors inconnue de lui. Aujourd’hui, il pense aux Syriens rencontrés, à leurs silences parlants, à leurs combats du jour.
En 1982, le père de l’actuel président, Hafez al Assad, avait réprimé une insurrection dans la ville qui avait fait 30.000 morts. Les habitants de Hama et les professeurs des Écoles d’ingénieurs que BiBi avait rencontrés s’en souvenaient encore. Aujourd’hui, BiBi pensent à ces étudiant(e)s rencontrés sur une des jolies guinguettes de l’Oronte là où les forces militaires de Bachar Al Assad auraient jeté les corps de plusieurs manifestants.
Le 3 juin, des incidents sérieux avaient déjà fait des morts. Le premier juillet, une manifestation monstre avait rassemblé 150.000 personnes dans les rues pour réclamer le départ de Bachar Al Assad. Le lendemain, le gouverneur de la province avait été limogé et l’armée déployée tout autour de la cité. Des blindés seraient toujours stationnés autour de la ville où on aurait compté 22 morts.
Les Norias (photos), visibles dans le centre de la ville, servent à élever l’eau grâce au courant pour arroser les jardins qui surplombent le lit du fleuve. Espérons que la roue de la répression cessera et que la démocratie et le pluralisme pourront alimenter très prochainement les terres syriennes.
BiBi avait une forte poussée de fièvre qui l’amena jusqu’au délire. Il écrivit en un double billet une rageuse défense de son (futur) statut de vieux, revendiquant de ne pas être nostalgique et d’emmerder un peu tout le monde. Depuis, il vit passer sous sa fenêtre un jeune couple et un Voyageur solitaire. Il prit alors le temps de se laisser bercer par leur jeunesse, leurs voyages, leurs mouvements et leurs musiques. Ne sommes-nous pas à l’heure de la Mondialisation ?
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« Nathan et Pauline se sont rencontrés à Melbourne en 2008.
Trace ta route a été créé entre novembre 2010 et mars 2011, période pendant laquelle ils décident de s’ouvrir au monde et à ces terres qu’ils ont longtemps imaginées dans leur rêveries éveillées.
Ils traversent la Malaisie, le Vietnam, la Thaïlande et l’Inde.
Cinq mois de route côte à côte leur permettent de se chercher, de mieux se comprendre, de se trouver. Le film qu’ils vous présentent est le symbole de cette recherche de soi et de l’autre dans l’immensité du monde dans lequel chacun évolue – la course solitaire de Nathan croisera celle de Pauline et aujourd’hui, ils continuent… ensemble.
Le choix des lieux s’est toujours fait à deux, chacun voulant qu’ils soient représentatifs de l’identité du pays traversé. La musique est un repère essentiel à la trame du film. Elle a été choisie pour la puissance harmonique de la voix qui ne parle pas un langage particulier mais qui chante, donnant au film son sens universel.
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Un salut à Matt, grand Voyageur devant l’Eternel ! Dance, dance, dance !
Dernier volet du Voyage-BiBi à Chypre. Une surprise attendait BiBi dans les derniers lacets de son tour de l’île.
Au détour d’un virage, BiBi découvre un hameau désert, écrasé par le soleil, à l’écart des autoroutes cypriotes : c’est Mirosfilati. Le seul Snack-bar qu’il aperçoit n’est mentionné dans aucun guide touristique. Le Café-Bar appartient à Philippos Stavrou. Cet homme est un dingue, un fan intégral de… Michel Platini : il mange, il prie, il pense, il respire du Platini et mourra probablement enveloppé dans un linceul frappé des lettres bleu, blanc, rouge au nom de son idole.
Philippos se réfère à son Dieu jusqu’à en connaitre et réciter les moindres faits et gestes. Bref, il se shoote à l’ex-Capitaine des Bleus, voyageant de Joeuf à Nancy, de Nancy à Saint-Etienne et des Verts aux Bianconeri de la Juventus. De ses tiroirs, il vous sort des milliers de photos, d’innombrables coupres de presse (en toutes langues), il vous déplie le maillot vert de l’ASSE, celui de Nancy, celui de la Juve, il vous désigne du doigt les posters grandeur nature, les peintures faites sur l’ex-Capitaine des Bleus.
En ce dimanche de hasard, il a bien sûr revêtu un maillot blanc de l’Equipe de France frappé du numéro 10. Il est neuf heures du matin : BiBi n’osera pas lui demander si le pyjama de la dernière nuit était aux couleurs de son Maître. Le plus impressionnant reste les murs et les plafonds tapissés de photos, photos sous cadre, photos plastifiées, posters géants sur glissières latérales et last but not the least, le costume gris foncé du Président de l’UEFA sous cloche.
Mais il y a encore plus fort et plus incroyable : Philippos a accueilli Michel Platini himself, sa femme Estelle et le vice-Président de l’UEFA en juillet 2009. Mosfilati était en ébullition. Les photos et films-vidéos conservent à jamais le souvenir de cette journée mémorable (voir photo 1, offerte par PS). Philippos reçut Michel Platini en toute simplicité et en famille après avoir été invité, la veille, à Nicosie, lors d’un repas-UEFA.
A son retour d’Afrique du Sud (juillet2010), Michel Platini lui envoya une lettre de remerciement pour le Livre-souvenir bourré de photos que Philippos lui fit parvenir au siège de l’UEFA, à Nyon. La lettre siège au-dessus du bar.
Phénomène à la fois dérisoire et fascinant, l’idolâtrie renvoie à l’Idéal du Moi et aux croyances infantiles du Roman familial des Névrosés dont nous parla justement Papa Freud. A peine devine t-on cette rage impuissante de n’être pas né du bon côté du terrain : gloire pour l’un, snack-bar pour l’autre. Il reste que BiBi fit une promesse à Philippos qui l’accueillit si gentiment : celle de parler du site du Supporter de Platini, number One from all over the World. L’adresse où vous pouvez découvrir son Musée : www.clubplatini.com
Voilà qui est fait, cher Philippos.
Entre Larnaka et Agia Napa, les garnisons britanniques sont légion : elles se sont installées en campements géants retranchés, surveillés et grillagés. Évidemment, il est interdit à quiconque de photographier.
Toute la petite famille british est venue et a pris ses quartiers dans des installations où rien ne manque : écoles british, service de bus british, radios british, église anglicane, terrains de foot, de rugby etc. On trouve aussi ce genre de villages ailleurs, dans les montagnes boisées plus au Nord.
Anglais sont aussi les promoteurs éhontés qui saccagent les côtes du Cap Grekko à Coral Bay, la plage chic de Pafos. Ils ont pour nom Aristo Developers, Blue Knight ou encore Golden Land. Les maisons individuelles cossues voisinent avec un chapelet d’hôtels en construction. Des villages entiers poussent comme des champignons et les opérations immobilières sont certainement bien juteuses. Pour exemple, un terrain de 500 m2, proche de la côte Sud, avoisine les 200.000 euros et une petite maison trois pièces le même prix.
Si un Britannique vous parle à tout hasard de blanchiment, ne lui répondez pas « Londres » car les banques « cypriotes » sont de belles places fortes monétaires qui vont jusqu’à ressembler fortement à des Paradis (fiscaux bien entendu). L’Ami anglais sera peut-être encore plus intéressé par un mariage clé en main. Des entreprises anglaises occupent le créneau : elles vous offrent – dimanche comme jour de semaine – votre mariage avec prise en charge complète de vos invités. Promenade sur les quais de Pafos, vidéo en continu sur toute la cérémonie et les à-côtés, bains de minuit, hôtel avec piscine, robes de choix et tenues de soirée. Et si vous êtes laminés dans un bar de plage au petit matin, un Jumpy confortable vous ramènera at home.
Les Russes sont aussi très présents. Ils occupent des hôtels entiers, squattent des coins de plage. Cette histoire entre deux amis cypriotes au téléphone en dit long :
L’un : (sur une plage d’Agia Napa). Je me sens seul, tu sais.
L’autre (à Nicosie) : Mais enfin, tu me dis qu’il y a beaucoup de monde à la plage !
L’un : Oui, tu as raison : il y a du monde à la plage mais je me sens quand-même seul. Je ne suis entouré que de Russes.
Tina (25 ans) est lituanienne. Elle est venue travailler à Agia Napa avec son mari. Serveurs tous deux dans un des innombrables pub anglais de la ville. Le salaire qu’elle perçoit est bien plus intéressant que celui gagné à Vilnius. Tina espère rester deux ans sur l’île et envisagera ensuite un bébé à son retour au pays. Tina et son mari font plus de 50 heures par semaine. Mondialisation oblige, ces forces de travail sont dans l’obligation d’être mobiles, flexibles, corvéables à merci.
« Et encore, nous avons de la chance ! Il y a du soleil ici ! Mais, rajoute Tina, les cypriotes ne sont pas sympas avec les blondes« .
Alors Good Luck quand même à Tina et à Mark, son mari.
Prochain et dernier billet-BiBi sur Chypre : Un cypriote dingue de… Michel Platini.