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Aujourd’hui, ce sera toi, Philippe Sollers, ma tête à claques.
Chacun sait dans quels quartiers on peut te trouver : dans… les beaux quartiers of course. Tu es toujours à proximité des niches des Grands Patrons. Admirateur de Venise – la Venise de François Pinault qui a pignon sur eaux là-bas (à Punta della Dogana avec son Musée d’Art) – à genoux devant Frère Lagardère, patron du JDD, tu as toujours su louvoyer, officiant ici pour de succulentes chroniques mensuelles du Journal dominical, flânant là-bas en grand romantique à New-York, Athènes ou Pékin.
Ce jour, Le Point (patron : François Pinault) t’offre un encart pour dézinguer Gérard Depardieu (Lire ici). Je me suis alors arrêté sur ta prose de grand écrivain : «Nul doute, écris-tu, que Depardieu aurait fasciné Staline» C’est vrai ça, Philippe, causons un peu «fascination». Du côté de ta bio, elle n’a pas manqué : des bancs du PCF comme marchepied vers la gloire aux prie-Dieu althusserien et lacanien, du col Mao au col blanc, de la génuflexion devant Balladur/Sarkozy aux belles contorsions hollandaises, tu en auras usé des fonds de culottes et tu en auras tombé des chemises.
En 1971 par exemple, en rebelle de toujours, tu avais défendu magnifiquement Maria-Antonietta Macciochi. Sauf que son livre faisait l’éloge de la Chine maoïste et taisait les impitoyables répressions d’alors.
En 2005, avec Alain Touraine, Bernard-Henry Lévy, Alain Decaux, Jean Peyrelevade, Jacques Attali (entre autres), tu t’engages aux côtés des travailleurs en te prononçant pour la ratification du traité constitutionnel européen – qui sera rejeté, lors d’un référendum en mai, par 55 % des votants.
En 2007, tu ne te tenais plus à propos de Sarkozy. Tu n’en pouvais plus de glorifier les six premiers mois du Petit Monarque de 2007. Sur le Voyage en Egypte de Nicolas et de Carla, voilà ce que tu écrivais dans une sensationnelle chronique mensuelle du JDD : Sarkozy, ce «génie de notre époque», dont «tout patriote français devrait être fier». Notre Président était alors pour toi comme le «soleil nouveau de la République qui se lève sur le Nil». Wow ! Wow ! Nous avions bien lu à l’époque cette petite pépite ! Répétons-la : Sarkozy était pour toi «le-Soleil-qui-se-lève-sur-le-Nil !»
Et en 2012, toujours clairvoyant, tu te tins majestueusement derrière Hollande, ton nouveau Soleil qui se lève sur la Seine nationale et internationale.
Te voilà aujourd’hui bavassant sur ce pauvre Depardieu, hôpital se foutant de la Charité, lui reprochant de louer ton Ancien Maître : «Depardieu n’est pas seulement poutinien, il est aussi sarkozyste».
Ô Philippe ! Tu as connu tant de soleils, tant de soleils ! Mais toujours, toujours tu es resté aveuglé par leurs lumières, aidant à chaque étape tes Amis les Puissants, les guidant dans cette ombre et cette Nuit où ils veulent nous faire mourir.
Bien dit. Je me rappelle d’un papier de Bourdieu sur Sollers…
http://www.liberation.fr/tribune/0101127430-sollers-tel-quel
@des pas perdus
J’avais en effet oublié que le Monsieur avait écrit sur Balladur. Misèèèèère !
Aragon doit bien rire dans sa tombe…