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Et voilà que retrouvant un vieux numéro (juillet 1974) de France Nouvelle l’hebdomadaire défunt des communistes français, je tombe sur un article qui – je me souviens bien – fit forte impression sur moi. En une page, un certain Philippe Cazelle détaillait non seulement l’importance de cet extraordinaire jeu mais aussi me livrait clé en mains les raisons pour lesquelles le matérialiste que j’essayais d’être, fuyant (ou croyant fuir) les illusions propres aux idéalistes, s’y intéressait.
En voici les extraits les plus probants.
«Les échecs ne sont pas un jeu facile. Il ne suffit pas de connaître la marche des pièces. Il ne suffit pas d’avoir un certain sens, inné, de la «combinatoire» (et d’ailleurs ce sens n’est pas nécessaire : ce sens s’acquiert). Il faut en outre une certaine culture : la connaissance des principaux débuts, l’acquisition de l’art de résoudre les problèmes au milieu de partie (transformation de l’avantage positionnel en situation gagnante ; et, en sens inverse, préparation des contre-attaques permettant de renverser une situation difficile), la technique des fins de partie. Le jeu d’échecs enseigne que le plaisir s’accroît avec la connaissance».
Et cette dernière phrase se grava probablement dans mon inconscient car j’ai l’impression que ce principe ne me quitta jamais plus et fut un phare essentiel dans ma traversée des Océans. La complexité du jeu me montrait aussi qu’il était impossible de le considérer pratiquement comme un jeu à «information complète». Pas rien pour l’adolescent que je fus. Pas rien pour ma façon d’envisager alors le Monde et pour appréhender le monde de la connaissance.
«Au-delà des enseignements élémentaires de la pratique de ce jeu (entraînement à une attention sans défaillance, estime pour son adversaire – ni le sous-estimer, ni le sur-estimer) le plus important est sans doute celui qui permet de comprendre l’opposition et la complémentarité de la stratégie et de la tactique».
Et pour qui s’intéressait alors à une pratique politique, pour qui commençait à lire Lénine, Marx et tutti quanti, pour l’autodidacte que je fus, tout ceci eut grand attrait et grande jouissance.
«Une partie d’échecs pour des joueurs se gagne en général – ou se perd – sur le plan de la stratégie. Toute la première phase d’une partie est consacrée au déploiement des forces, sans que ce déploiement ait pour objet une percée ou l’acquisition d’un avantage matériel décisif. La stratégie est extrêmement difficile à décrire formellement (…)»
Ce jeu de tendances m’enseigna une autre chose très importante. Il m’apprit la patience (mais pas l’uniformité). «C’est que les échecs n’enseignent pas l’idéologie du «Grand Soir» mais la lente préparation des situations gagnantes». Les échecs m’ont appris le Temps. Et m’apprirent aussi autre chose tout aussi important : le coup tactique qu’est la rupture.
Des phrases qui résonnent encore en moi, si longtemps après. Et aujourd’hui, dans la très difficile situation politique que nous traversons, plus que jamais, je me répète : «dangers du dogmatisme», «analyse concrète des situations».
«dangers du dogmatisme», «analyse concrète des situations»
Nos partis de gauche sont en échec depuis longtemps…mais ont-ils au moins 64 cases?:)