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Lecteurs et lectrices du Blog le savent : «Pensez BiBi» ne veut pas dire «Pensez comme BiBi» mais «Pensez singulièrement» ou «Pensez par vous-même». Ce matin, alors même que se pointe la pulsion d’écrire, c’est l’Ankylose. Je sèche devant cet écran bleuté où tout pourtant pourrait s’écrire. Même BiBi appelé à la rescousse, n’y peut rien. Jachère provisoire ? Désespoir définitif ?
Ankylose.
Pourtant, il ne faut pas confondre : il s’agit de mon propre épuisement et non de l’épuisement du Réel car la Source des Signes qu’envoie le Monde, elle, ne se tarit jamais. Cet arrêt, ce Temps de suspension, je les prends comme Signes de vie, certes silencieux, mais Signes de vie, Signes d’une Pensée au travail (au ralenti).
Minutes où la Pensée me renvoie à la Complexité du Monde, à cette impossibilité de la saisir en un seul mot, en une seule phrase, en un seul billet. Hier encore, les Intellectuels – sommités reconnues et admirées – pouvaient (tenter d’) embrasser le Réel en un seul Livre, en une seule intervention, le représenter pour nous le présenter. On se souviendra de ces Prototypes (citons Sartre, Lacan, Bourdieu, Derrida).
La Pensée comme Épreuve majeure.
Et sur ce chemin matinal, que m’arrive t-il ? Non l’impuissance de la Pensée mais son Épreuve.
En ces temps modernes, il n’est plus question de lire la «Réalité» sur le mode binaire (Est/Ouest, Nord/Sud) ou seulement sur le Mode des Topiques (freudiennes). La Crise (la crise de nos représentations du Monde) est à penser sous ses multiples facettes, sous toutes ses coutures. Mais qui le peut ?
Les efforts de ma Raison pour comprendre un tantinet l’Economie restent proches de la ligne-Zéro – malgré l’approche des travaux de Frédéric Lordon ou des Economistes atterrés. Ils me renvoient dans les cordes, direct au désarroi du Non-Savoir.
Milan Kundera dans la Plaisanterie.
«Quoique je fasse, si lucide et si prudent que je me veuille, la vérité des êtres, des choses et de moi-même m’échappe irrémédiablement. Dès que je crois la saisir, elle change de lieu et de visage, se transforme en son contraire et ne me laisse entre les mains que son écorce défigurée, tantôt terrible, tantôt loufoque».
A cette «vérité des êtres, des choses et de soi-même» qui échappe, rajoutons, celle de la vérité sur le Monde.
Complexité du Réel.
C’est qu’il faut se coltiner ce Réel, tout alourdi par la saturation des bruits de fond, par le retour incessant des idées reçues qui, chassées par la porte, reviennent par la fenêtre : radios jamais éteintes du Pouvoir, télévisions aux écrans pourtant zappés, brouillards d’Internet, vagabondages épuisants dans les sites, dans les blogs. Et qu’ai-je (parfois) pour continuer de vivre (de vivoter) ?
Deux armes. Deux armes défensives : le déni et le refoulement collectif.
Le déni de la Réalité.
Il est là pour m’éloigner de la Frayeur que cette terrible Réalité me cause. Le déni est là pour m’en séparer, pour ne plus en entendre parler, pour ne plus la sentir m’envahir. Christophe Brookmyre : «Le déni, c’est la paix de l’esprit acheté à crédit. Un jour ou l’autre, on reçoit la facture avec les intérêts».
La facture ? Partout en Europe on croit à l’Homme Providentiel (aujourd’hui, Sarkozy en visite hospitalière tend la main aux infirmières, se fait photographier avec un dialysé), on s’amourache de la Femme brune en bleu Marine, on porte Orban le Hongrois en triomphe, on acquiesce à Guéant et à ses Chiens policiers. Refoulement collectif : on oublie le 30 janvier 1933.
Mes doigts ankylosés veulent écrire cela. Ils veulent aligner les lettres, les mots, les phrases, les paragraphes mais les voilà en subite jachère matinale. Impuissants (presque), éteints (quasiment).
Mais comme toujours…
Mais comme toujours, ce sont les Poètes, ce sont les Femmes en marge (Hier, Agnés Varda, sur France Inter, citant Manuel de Oliveira – cinéaste de 101 ans : «On a beau dire, ce sont les Forces obscures qui nous gouvernent») qui me soufflent la vie dans le creux de l’oreille : «Le désespoir momentané, voilà ta force. Le Désespoir perpétuel, ta faiblesse».
« Le désespoir momentané, voilà ta force. Le désespoir perpétuel, ta faiblesse » …
Ca c’est du envoyé !! Du très juste et très sage!!
Ne serait-ce que pour cette « méditation africaine » (ou sioux?), le « pensez bibi » est universel, qu’on se le dise!!
@Rem
Tu me croiras si tu veux : je ne sais plus si l’aphorisme est d’un de mes écrivains-for-ever Georges Haldas ou… de moi ! Intertextualité quand tu nous tiens !
Ce qui nous parvient du réel n’est que son écume. Ce que les agences presse et l’opinion générale ont sélectionnées. La réalité est autre. Simplement parce les mots se sont petit à petit détachés des choses. Au point que le langage est parfois traité comme une marchandise. Et je pense que tout être bien né (et vous en êtes Bibi!!!)en souffre. Nous gardons la nostalgie (parfois d’ailleurs beaucoup plus que la nostagie!) d’une période où les mots étaient parole. Un blog est une liberté offerte aussi à ceux qui l’utilisent.
@Rodrigue
Le langage – comment s’en étonner – est une marchandise. Et plus qu’on ne croit. Lire l’article de Frédéric Kaplan que j’ai mis en ligne en novembre dernier http://bit.ly/wm0IJJ
Mais le langage et sa chair nous constituent, nous forgent, nous emportent.
Aujourd’hui, « il est aisé de constater, dans tous les lieux où se fabrique effectivement la Gestion moderne, que celle-ci travaille à produire une enfilade d’écrits dont le sujet s’absente. Dans ces lieux-là, chacun prend les précautions nécessaires, afin de ne jamais être soupçonné de faire corps avec son écrit. Se tenir à distance, le plus loin possible, telle est la règle. C’est autant de gagné pour les fantasmes politiques d’une manipulation universelle : ça écrit pour nous et nous n’y sommes pour rien. »
(Pierre Legendre. Paroles poétiques échappées du Texte… Le Seuil).
Tout est dit ici sur la Différence entre la Com’ et le langage poétique.
11 Janvier 2012…
Dans cette société ou tout se vend et tout peut s’acheter effectivement que pouvons nous faire ?
retrouver le gout d’être ensemble et se battre ensemble pour imposer, une autre vision de l’avenir basé sur le partage, sur l’humain, faire face.
Les syndicats ont perdu leur puissance, les media courroie de transmission des pouvoirs en place font le boulot pour lequel il sont payés….
Ca devient difficile.
Mais lisons Lordon qui nous dit que dans un pays ou le capital finit en liquette est un pays qui a cessé de décliner.
Soyons optimistes