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Lorsque j’ai démarré mon blog fin mars 2008, je ne me doutais pas aussi que le temps allait passer si vite. J’ai compté sur mes doigts : sept ans. 1461 bibillets mis en ligne. Plus d’un million de pages vues. Plus de 560.000 visiteurs. Une grande aventure.
Qui s’essouffle, qui semble doucement aller à son terme.
Pendant toutes ces années-là, heureusement, j’ai rédigé à grande vitesse (vite mais pas… à-la-va-vite), heureusement, je n’ai pas été embarrassé par trop de questions existentielles et je n’ai pas été trop encombré par des minauderies et coquetteries pour écrire ! L’écriture, c’était sur le tas, avec rage, avec le désir de tout casser, avec le désir illico de recommencer. Encore et encore. Une expérience unique.
J’étais cependant loin de penser que faire tourner quotidiennement la Machine psychique et physique (on écrit avec sa chair), à l’insu de mon plein gré, qu’aiguiser mon regard jusqu’à l’exacerbation me conduirait à un déficit d’intérêt, à une indifférence grandissante, à un oasis à sec.
Bref, langue pendante et mots exténués, je me traîne aujourd’hui avec, pour verdict et/ou diagnostic : fatigue généralisée.
C’est qu’on ne s’immerge pas impunément dans l’analyse du Monde. On ne sort pas indemne de cette Course électronique. On sème (bien content de semer à tout va) mais les semailles ne vous rendent pas l’espoir escompté, le blé ne pousse pas d’or et il est difficile de toujours tenter de séparer le bon grain de l’ivraie de votre vie. On se perd, on aime ça, on retrouve ses lecteurs, on s’agace, on maudit, on déteste, on aime, on aime plus que tout, on commente, on pense, on se dépense, on fait le fier, on donne du poing, on joue au tendre et au séducteur, on répond et tout ça, tout ça pour repartir de plus belle et de plus rebelle.
Mais bientôt descendent les sombres nuages, les Oiseaux du malheur.
Aux temps de mes commencements, le Réel et le Virtuel se saluaient, vivaient d’un commun accord, en une osmose réjouissante et imparable. Hier, lien idyllique, bel accord nuptial; aujourd’hui or devenu plomb, vieil ouvrage, histoire ancienne. Ces sept années de souvenirs heureux se sont déjà perdues, noyées dans les brumes, dans l’écume de pages antédiluviennes.
On ne la voit pas – pris par la cadence – cette fatigue généralisée. On la repère via l’insistance et l’impatience justifiée de nos proches à qui on échappe. Tout ce qui était clair vient se brouiller. Au plus serré, au plus vite, au plus soudain, s’annonce le temps de la Casse et des cassures. Avec, toute collée à l’oreille, cette petite voix qui murmure : «Faut que tu fasses gaffe, BiBi, ça pourrait mal finir».
Finir ? En finir ? Pas tout à fait. Car on ne peut déserter les terrains de l’écriture, finir en se drapant dans sa superbe – comme Philip Roth annonçant en César sa retraite. Il nous reste ce chiendent accroché à la pulsion d’écrire, il nous reste cette volonté involontaire de laisser quelques signes sur les pages électroniques (ou autres). Désormais, plus rares seront ici les billets pipolitiques, il y aura aussi moins d’accumulations, plus d’écarts de temps dans les mises en ligne de bibillets. Il restera quand-même ces jets en 140 caractères de chez Twitter, il restera ces gazouillis, ces petits refrains, ces phototextes qui veulent retenir le réel de la vie.
En jachère donc ce blog, en repos transitoire, longue durée peut-être.
L’idée de l’Arrêt est venue comme seule issue possible : quitter la table et le clavier, abandonner l’écran qui fait écran, partir retrouver l’air iodé, parcourir d’autres plages, en finir avec ces pages électroniques pour – pourquoi pas – «aller par la Nature comme avec une Femme» ?
Faire du Neuf.
Bricoler ailleurs.
Se refaire de fond en comble. Se refaire une autre santé de l’autre côté du Monde.
C’est qu’en ce bas Monde, il reste tant d’autres choses à faire. Et si cette Vie est Une, elle est encore divisible. Sept années pour ce blog, ce n’est déjà pas si mal. Pas si mal à l’heure des jointures qui craquent, des rhumatismes naissants. Et, pour tout dire, on veut s’élancer ailleurs, quitter le présent en tension pour gagner un Ailleurs aIlleurs aiLleurs ailLeurs aillEurs ailleUrs ailleuRs ailleurS. Un AILLEURS divisible en plus d’attentions à l’Autre, en reprises en main de manuscrits inachevés, en projets de mise en livre d’ELLE me disait (je tâcherais de suivre le conseil de PasPerdus !), en voyages qui régénèrent (Trieste/Sarajevo).
Le constat devient implacable avec le Temps qui devient denrée de plus en plus rare. Aujourd’hui, me revient la profonde parole de Georges Haldas : «Pas besoin de malheur pour être malheureux. Il suffit que le temps passe».
Je suis triste.
Pas forcément pour BiBi.
Triste pour celles, pour ceux qui me lisent aimablement. Triste comme je l’étais à la fin des colonies de vacances lorsque je voyais Nathalie, Bénédicte ou Dolorès s’éloigner à jamais. Je voudrais saluer mon lectorat un par un, une par une (jusqu’à cette moyenne de 250 par jour), je voudrais prendre le large, prendre congé sans esbroufe, ne pas trop m’attarder, ne pas larmoyer. J’aimerais vous dire l’exaltation des Rencontres passées, demander Pardon aux Offensé(e)s, chercher la bienveillance de mes amis lointains, connus et inconnus et (même) rire avec les imbéciles que j’ai croisés.
Triste et pas triste. Car, dans l’au-delà de cet ici-bas, il reste le Vivant, la poésie, les poètes c’est-à-dire l’Essentiel.
«La poésie est quelque chose qui marche dans la rue. Qui bouge. Qui nous côtoie. Toutes les choses ont leur mystère, et la Poésie est le mystère que contiennent toutes les choses. On passe près d’un homme ; on regarde une femme ; on devine la marche oblique d’un chien, et en chacun de ces êtres se loge la poésie… Je ne conçois pas la Poésie comme une abstraction, mais comme une chose réelle, qui existe». Federico Garcia Lorca.
Le monde du silence BiBi, c’était le premier avril 2013 et pas 2012. Il me semblait bien et j’ai vérifié. Tu avais eu foule de commentaires alors que c’est aujourd’hui le silence. Faut pas faire deux fois le même coup… ;o) Je m’étais fendu de ce commentaire quand BiBi est sorti de sa léthargie le 31 mai :
Ah il aura tenu presque deux mois ! Mais, après avoir pensé que l’annonce du premier avril serait poissonnière, je me suis dis ensuite que ce serait un serment d’ivrogne.
Deux mois sans boire, heu pardon, sans donner de nouvelles sur le blogue !
Maintenant qu’il a repiqué au poison, on ne va plus l’arrêter… Garçon, l’addiction s’il vous plaît !
Bon retour parmi nous !
@partageux
Qui peut prévoir l’Avenir ?
Pas moi.
Ni toi of course.
Fatigué non pas d’écrire.
Fatigué d’écrire des bibillets sans le désir de continuer, sans la rage.
S’arrêter avant de minauder et de faire coquetteries et arabesques. Stopper avant de faire le malin et de jouer au pédant.
Mais le désir d’écrire reste intact. Juste que je m’oxygène… ailleurs.
J’étoffe par exemple ce « Elle me disait… » et le proposerais à un/ une éditrice (Advienne que pourra).
L’écriture n’est pas une addiction. Elle est métamorphose (continue). La grande différence est là.
J’aime ce nouveau temps : temps de lecture ( Fernando Pessoa avec Le Livre de l’Intranquillité / JB Pontalis « Fenêtres » en Folio / Guy Birenbaum, acheté aujourd’hui, à lire).
Et toujours ce temps professionnel avec enfants, adolescents…
La jachère est un état provisoire, une pause salutaire pour ensuite semer, laisser pousser, et récolter plus encore.
Je te l’ai dit dans mes prédictions pour 2015, tu auras le Goncourt pour ton recueil Elle me disait. Les textes sont là, les éditeurs se bousculent, et à la rentrée tu seras dans l’écran à le présenter à la France entière.
J’espère que la gloire ne t’empêchera de partager un verre ou un dîner.
A bientôt !
@pasperdus
J’aime beaucoup tes délires.
Délires quand-même.