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L’essentiel ? Albert Spaggiari, ce «filou plutôt sympathique», ce «faux fragile» était un ancien de l’Indochine qui, jusqu’à sa mort en 1989, a affiché ses sympathies pour les Mouvements d’extrême-droite et les milieux nationalistes. Après le casse, mégalomane, il aurait affirmé avoir financé une association d’Amérique du Sud, la Catena. «Catena est véritablement une organisation de récupération des nationalistes dirigée par d’anciens SS et qui veut regrouper toutes les forces pour combattre le communisme et rétablir un certain ordre hitlérien. » Une provocation de plus ? » (1) On peut le penser mais les sympathies du bonhomme, elles, ne sont pas douteuses.
Le titre du film sur Spaggiari («Sans armes : ni haine, ni violence»), lui, ne laisse rien présager de bon. En d’autres temps, on avait eu Madonna déguisée en E.Peron où la chanteuse évita de nous parler de l’argent blanchi en Suisse de la diva argentine pour l’Internationale Noire. Là, Jean-Paul Rouve a du se tromper d’écran, confondant Albert avec Robin des bois. Avec les mêmes scénaristes amnésiques et les mêmes producteurs malades d’Alzheimer, on pourrait envisager d’autres films d’aventures avec héros bondissants et gentlemen-séducteurs. Pourquoi pas bientôt sur nos écrans : «Les Vacances de Darquier de Pellepoix à Vichy», «Les fabuleuses Tribulations de Paul Touvier» ou encore un remake d’«Un Eté 42» avec Maurice Papon ? Bastonner sans armes, faire de la politique sans haine et convaincre sans violence, ce pourrait être le credo en continu de ce cher Albert et de ses charmants amis.
Il y a une volonté bizarre, quasi-unanime pour célébrer le côté bandit-seul-contre-tous, Mandrin moderne, « héros » qui vole les riches,«Cyrano de Bergerac, fauché et généreux» (Cinéma-France.com) ou «looser flamboyant» (L’Express), pour forcer cet unique trait. Cette insistance est plus que trouble : elle vient oblitèrer le passé de ce membre de l’OAS qui avait pris pour sa défense l’avocat Jacques Peyrat, alors membre du Front national et futur maire de Nice. Que le personnage soit complexe, pourquoi pas ? Ce sont les droits imprescriptibles de la Fiction mais que veulent dire ces éloges (avec des réserves aussi vite avancées que balayées) ?
Qui Bernard Pivot croit amuser avec sa comparaison sans raison entre Spaggiari et chacun des trois Pieds Nickelés ? Monsieur Apostrophes va jusqu’à nous rappeler que pour Albert, ce fut Mardi-Gras tous les jours. Un grand gosse ! Un Amuseur qui avait gardé son âme d’enfant ! «Quelques mois après l’interview, rapporte Monsieur Pivot, Avenue Mac-Mahon, je m’entendis interpeller joyeusement par mon prénom. L’homme retira ses lunettes noires mais pas sa barbe ni sa perruque. C’était Spaggiari. Paris lui manquait».
Monsieur Pivot nous apprend aussi qu’Albert Spaggiari avait été surnommé Bébert Spaghetti au Collège. Faites attention Monsieur Pivot, BiBi, sans barbe et sans perruque pourrait bien vous apostropher de la même manière…
Du genre : «Ohé ! Ohé ! Bernard-la-Nouille !»
(1) Le Figaro du 14/04/08.
EXCELLENTE conclusion en forme de clin d’oeil culinaire..
un peu abasourdie de références – mais une écriture belle et re-belle .
J’adore, j’adhère !
moi je n adhère pas du tout .. je te trouve gênant parfois Bibi malgré toute la sympathie que j’ai pour toi … ta critique est gratuite et vraiment non fondée Ce Monsieur est un homme bien …
Pour bien des gens un sage … pour moi en tout cas .. Tes combats sont justes et je suis la plupart du temps en accord avec toi .. Mais pas en ce qui concerne ce Monsieur.
@MichelleBrun
Je ne doute pas que Bernard Pivot soit un homme bien.
Il s’agissait – le billet date de 2008 – de le reprendre sur son article du JDD où il encensait Albert Spaggiari, facho notoire. Là BP se glorifiait 25 ans après de ce scoop. Boooouuh ! Et je me demande encore aujourd’hui quelle place avait Albert Spaggiari dans la… littérature.
Sur apostrophes et BP, j’ai aussi exprimé un autre point de vue que les applaudissements unanimes sur son émission. Pas du tout pour me singulariser mais plus profondément sur le sens donné à la littérature.
Quant aux désaccords, d’accord… avec toi. Ma sympathie pour toi n’en est absolument pas affectée.