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C’était le Tome XIII de chez Gallimard. Les œuvres complètes d’Antonin Artaud entrèrent dans ma vie pour ne plus en ressortir. Les effets furent si fulgurants que dès la lecture du «Van Gogh, le Suicidé de la Société», je n’eus qu’un impératif : traverser toute la France, la Belgique et foncer au Van Gogh Museum. En ce matin de visite, il n’y avait pas les hordes organisées d’aujourd’hui. Les 3 étages étaient à moi. Je n’étais jamais entré dans un Musée comme visiteur – même si j’avais travaillé comme Gardien du Musée Déchelette de Roanne pendant plusieurs mois d’été.
Dans nos vies, chacun a ses rares moments de bascule où l’on se dit que «jamais plus rien ne sera comme avant» : ce passage devant les tableaux de Van Gogh en fut un. Et d’importance. De retour en France, je me plongeais dans les Lettres de Van Gogh à son frère Théo. Je découvris alors un Vincent Van Gogh à cent lieux des idées reçues.
Un Van Gogh polyglotte : il écrivit certaines de ses lettres en français, utilisant les italiques pour des expressions françaises qu’il maitrisait bien, il parlait couramment l’anglais.
Un Van Gogh lecteur détaillant ses lectures : il avait lu tout Michelet, connaissait très bien Hugo, Daudet, Erckmann-Chatrian, Dickens, Hoffmann, Edgar Poe etc.
Un Van Gogh épuisant sa force de travail jusqu’à difficilement la reconstituer : «Il n’est pas question de perdre courage ou de renoncer ; la vérité, c’est que j’ai dépensé plus de forces que je ne puis et que je suis épuisé».
Un Vincent Van Gogh qui reste lucide sur lui : «Bien sûr qu’on ne doit pas se faire de mauvais sang, mais il m’arrive parfois qu’on ne puisse tenir le coup, qu’on soit à bout, même si on a la volonté de persévérer».
Un Vincent Van Gogh lucide sur «le triomphe des Médiocres» : «Des coquins et des nullités occupent la place des travailleurs, des penseurs et des artistes (…). Le public, oui, il est mécontent à certains égards mais il applaudit quand même au spectacle de la réussite matérielle».
Un Vincent Van Gogh agacé : «Quand M. me singe et imite ma façon de parler, je lui réponds : « Mon cher, si vous aviez passé autant de nuits humides dans les rues de Londres que moi, ou autant de nuits glaciales à la belle étoile dans le Borinage – affamé, sans toit et frissonnant de fièvre – vous aussi, vous feriez de temps en temps de vilaines grimaces et votre voix en conserverait le souvenir par-dessus le marché».
Vincent Van Gogh se revendiquant Artiste (non pour la distinction mais pour le travail et l’excès).
«En tout cas, un artiste est tout le contraire d’un rentier».
« Je suis un artiste ». Je ne retire pas cette affirmation parce qu’il est évident qu’elle implique : toujours chercher, sans jamais trouver la perfection».
Un Vincent Van Gogh proche de ses «modèles».
«Travailler sur les chantiers, dans les impasses et dans les rues, travailler à l’intérieur des maisons, dans les salles d’attente et même dans les cafés populaires n’a rien d’une partie de plaisir, à moins qu’on ne soit un artiste. Un artiste préfère s’arrêter dans le quartier le plus crasseux qui soit, à condition qu’il y ait là quelque chose à dessiner, plutôt que de s’asseoir à un thé, en compagnie de jolies dames. A moins qu’il ne se propose de dessiner des femmes : dans ce cas, même un thé peut être drôle pour un artiste».
Seul Van Gogh a su faire chanter la nature comme jamais! A la hauteur de son pur idéalisme! J’ignorais que Momo avait tant écrit! Vous avez, Bibi une belle santé pour vous pencher sur ce splendide cabossé que fut Artaud. Anaïs Nin, avait en son temps, essayé de l’aider (elle en parle dans son journal) et, bien qu’elle fut analyste, elle y renonça.
@Rodrigue
Une belle santé ? Comme je l’ai écrit en plaisantant (à moitié): c’est « la Maladie de la Lecture » qui m’a « rendu la Santé resplendissante ».
Il y a deux personnes qui ont compté pour Artaud lors de son « enfermement » à Rodez : Marthe Robert l’essayiste et Arthur Adamov. Tous deux l’en sortirent et organisèrent des collectes auprès des écrivains et admirateurs de Momo pour qu’il continue de vivre.
Sur Artaud, c’est aussi ici, un vieux billet http://bit.ly/yexZLo