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Tout a démarré avec ces textes choisis et commentés sur la Sociologie de Bourdieu parus en 1986 (en collaboration avec Philippe Corcuff). Une pulsion inconsciente m’avait porté vers les écrits de Pierre Bourdieu. Cette introduction à ses travaux tombait à pic puisque j’étais novice dans ce champ de recherches (pas d’Université, pas de Maître avec qui échanger). Démarche à tâtons, parcours théorique solitaire, épuisant, acharné (souvenirs de longues nuits en croquant du chocolat) mais reconnaissance à jamais aux précieuses balises du livre (présenté ci-dessus en encart).
Ces derniers jours, j’ai replongé dans Accardo en relisant «De notre servitude involontaire» (2013), son petit livre chez Agone (seulement 8 euros). Important cet adjectif d’«involontaire» qui fait écho à l’idée de cette servitude décrétée «volontaire» par la Boétie, l’ami de Montaigne. Je vous laisserai découvrir en quoi l’adhésion à notre système social (capitaliste) ne peut pas se décrire sur le modèle de l’adhésion d’un converti à un credo religieux. Cette sorte d’adhésion reste une démarche à dimension reflexive, elle résulte toujours d’un choix délibéré. A contrario, «Servitude involontaire» veut dire que l’attachement (la «connivence») au système ne résulte pas d’un calcul rationnel. Ce qui fait la force de la domination capitaliste, c’est «l’adhésion inconsciente des agents, connivence non intentionnelle, forme de complicité qui s’ignore parce qu’elle va sans dire et sans y penser».
C’est pourquoi il est inutile de se répandre en animosité épidermique contre ceux/celles qui ont voté pour Macron («bien fait pour eux»).
Mieux vaut comprendre…
Comprendre que cette approbation majoritaire au système libéral, ce «dressage», cet acquiescement à Macron n’a pas pu se faire «sans ces trois formidables ateliers de production symbolique dont le travail, tout en s’adressant à l’entendement rationnel et à la sensibilité consciente de leurs publics, a pour effet de structurer solidement leur inconscient social (1)» (je rajouterai : et ceci depuis le premier jour de notre naissance).
Ce livre paru il y a déjà… 6 ans mettait l’accent sur ces trois énormes institutions sur lesquelles Macron a fait ses premières réformes d’envergure, trois dispositifs que le personnel politique allié du Grand Patronat sait être décisif dans la poursuite de sa destruction des acquis sociaux. (2)
Enumérons les trois dispositifs déterminants sur lesquels Alain Accardo insiste.
Les premières lignes de De Notre Servitude Involontaire (2013)
« Que faire ? » Quand Lénine (se) posait la question, il était loin du ton geignard de ceux qui gémissent devant les difficultés du Monde, qui optent pour le cynisme-la dérision-le j’menfoutisme (propres aux petits-bourgeois), qui se contentent de l’humour des défunts Guignols. Sentiment de rage indignée : comment y échapper ? Comment ne pas hurler devant l’accumulation des saloperies quotidiennes mises en place par Macron, le MEDEF et ses sbires médiatiques ? Mais si nécessaire que soit cette rage pulsionnelle, elle ne suffit pas. De son côté, pour toute réponse, Lénine cherchait comment pouvait être combattue la grande propriété privée : par un travail théorique et une vision claire des rapports de classe.
Accardo, lui, pas plus qu’un autre, n’a le don de double vue. Certes les analyses d’une certaine culture sociologique (rajoutons le livre de Michel Clouscard – Le Capitalisme de la séduction) tombent juste (en désenchantant le plus souvent). Exemple ici avec ce qui risque de se passer dans les luttes (si nécessaires) des cheminots. Terrible réel.
Les analyses de ce sociologue ne nous proposent pas un manuel de savoir-vivre contre la société capitaliste. En ces temps difficiles, on peut voir se dessiner des résistances, des formes de luttes nombreuses, inédites (ou non) avec lesquelles il faut nous montrer solidaires. Mais n’oublions pas, nous rappelle Accardo, de nous pencher sur la façon personnelle dont on a intériorisé la logique du système. Pour lui, il ne faut jamais cesser de mener ce combat intérieur contre cette logique intériorisée. Dans ce combat, chacun d’entre nous doit s’interdire de continuer à se raconter des histoires.
«Ce sur quoi j’essaie d’attirer l’attention, c’est sur le fait que le monde existant n’est pas posé en face de nous comme un paysage extérieur à aménager mais qu’il est aussi nous-mêmes, intérieur à chacune et chacun d’entre nous».
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Accardo est une des raisons, et non la moindre, qui me fait lire le journal La Décroissance.
https://www.youtube.com/watch?v=e3Zsxp49lAs
@ZapPow.
Soutien à La Decroissance. Mon bibillet de 2016.
http://www.pensezbibi.com/categories/revue-de-presse/la-presse-alternative-existe-je-lai-rencontree-18393
Je découvre cette personne ses analyses sont d’actualite à lire , merci BiBi
« Que faire? »
Denis Lachaud dans « Ah! ça ira » écrit: « Nous avons commis une erreur grossière. Nous nous sommes attaqués aux dominants. Or ce sont les dominés qui perpétuent le système. »
« On ne change pas le monde avec des idées. Pour changer le monde, il faut que des hommes et des femmes prennent la décision la décision de mettre en oeuvre leurs idées. Les mutations historiques sont toujours portées par des minorités actives.(…) Nous, non-votants, sommes une minorité. Pourquoi ne pas devenir une minorité active? »