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Je ne peux prendre du plaisir ailleurs, prélever un tout petit moment de jouissance, je ne peux pas prendre le rayon de soleil qui revient, prendre part aux conversations sérieuses, y défendre mon point de vue, écouter ce passant éclater de rire. Et aussi essayer de trouver un titre à ce billet. Et jusqu’à même l’écrire.
Je n’ai même plus envie d’aller sur la plage. Je me souviens de ces balades sur la Promenade des Anglais mais ça c’était avant. Il y a cette période de deuil, ce temps d’empêchement, ce deuil non respecté de la décence, il y a ces politiques qui s’écharpent, ces télé à jets d’images continues que je ne regarde plus, supposant qu’elles font tout pour être meilleures que ses voisines.
Il y a ces vies blessées, ces 84 morts avec lesquels je n’ai pas de lien direct. Mais quelle est cette pulsion à l’autre qui fait que tout cela me remplit comme l’écrivait Pessoa, d’une «tristesse solennelle»? Pas plus qu’un autre, je me barde d’élans solidaires, j’ai mes traits d’égoïsme, de fiertés mal placées, de mesquineries (et même de méchancetés). De la colère ? Je n’en suis même plus à ce stade. Il y a (je crois) comme un bouleversement qui tient à la représentation que je me fais du Monde. Un Monde nouveau, inexpliqué. Comme au sortir d’un coma. Et dans cette Nuit qui me tombe dessus (ou ce Jour qui se lève), je cherche quelques réponses, essayant de me dégager des cris de haine (contre qui ?), essayant de ne pas ressembler à ceux qui lynchent, à ceux qui battent à mort des soldats rebelles (comme sur ces images terrifiantes de jeunes turcs haineux). Pas anodin : là-bas, ce sont toujours des hommes. Ici, des Chemises Bleu Marine.
Il n’y a nulle part où aller. Tout pourrait être Beauté. Tout est Douleur. Tout cela tient ensemble. Et puis vient cet autre temps : le temps de l’après-deuil (mais existe t-il seulement ?). Temps où quelque chose de niçois perdurera dans le corps. Reste(ra) cet espace impossible à combler, un espace-souvenir empli de cris insoutenables, de cris d’enfants innombrables fauchés un soir de joie.
Triste pareillement.
Très émouvant billet.
Courage cher camarade.
@SarkoFrance
Du courage, j’en ai…
Même sans cette volonté d’en avoir.
[…] tus. Ils étaient nombreux. Ils étaient les plus nombreux. Cette France silencieuse, citoyenne, meurtrie a conservé son chagrin pour des hommages en tous genres, individuels ou collectifs, comme cette […]