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Fanny Derrien, «journaliste» à Backchich.fr, a fait un compte-rendu de la réunion à la Comète du Kremlin-Bicêtre où un certain nombre de bloggeurs de France étaient au rendez-vous. Voir et lire http://www.bakchich.info/Le-Kremlin-des-blogs,08540.html
Elle y a repris une parole de Mtislav : «Le blog est un lieu de transgression où il n’y a pas de limites, j’y fais ce que je veux». La journaliste a rajouté en commentaire : «Chacun a un droit de vie et de mort sur son blog. Quitte à alimenter les pourfendeurs d’Internet, qui le considèrent comme une zone de non droit. A réguler au plus vite. Bref de l’eau apporté aux moulins des partisans de la loi Hadopi, favorable à une réglementation plus stricte».
BiBi se demande si, dans cette réflexion («Le blog est un lieu de transgression où il n’y a pas de limites») et cette prise de parti («j’y fais ce que je veux»), il n’y a pas une bonne dose d’illusion et une position quelque peu rétrograde et politiquement dangereuse. Attention, ce n’est évidemment pas la personne de Mtislav qui est visée mais bien sa parole.
Faire ce que l’on veut dans son blog, c’est-à-dire ne pas se donner de limites, est-ce faire transgression ? Suffit-il de se lâcher, d’écrire ce que l’on veut pour parer son blog des vertus de la transgression ? Il semble que ce qui est oublié, c’est que la Langue française, notre maitresse à tous, nous interdit de faire (d’écrire) ce que l’on veut. Comme l’écrivait justement Flaubert : «On n’écrit pas ce que l’on veut ». Autrement dit, les mots nous échappent, ils se foutent bien de nos belles intentions, de nos colères, de notre rage. Bref, ils nous «trahissent» beaucoup plus qu’ils nous « traduisent« . Eh oui, ils ne sont jamais vraiment à la hauteur de nos intentions et d’eux, nous n’obtenons jamais tout à fait ce que nous voulons.
La transgression si ardemment désirée n’est pas dans sa proclamation. Elle est dans l’épreuve continue, toujours recommencée, à la Loi, aux limites. Un Monde sans limites a pour synonyme la folie et la folie ne peut ni se dire ni s’écrire. Rimbaud est dans la transgression par rapport aux lois qui régissaient la poésie d’alors. Il fait, il renouvèle la forme (La forme des Illuminations est unique… et pourtant, c’est écrit en français). Rimbaud malaxe la grammaire et la syntaxe, il les renverse mais il n’est pas dans un supposé lieu où il n’y aurait aucune limite. Il y a eu aussi pour lui la Langue, ses pesanteurs, ses contraintes (si, évidemment, magnifiquement «surmontées»).
Cet élan de bloggeur, ça n’a pas raté, a aussitôt été traduit par un rappel… aux limites. Et ces limites, ce sont les pourfendeurs du Net et les soutiens à Hadopi qui se les sont appropriées. Avec une bonne dose de morale politiquement réactionnaire, ces pourfendeurs d’Internet considèrent Internet comme une «zone de non droit ». Ces propos les servent : ils leur permettent de justifier leur action de réglementer ces espaces encore incontrôlés d’eux. On est parti d’une (pseudo) transgression et on va aboutir à «une réglementation plus stricte» ! Est-ce cela que « nous » voulons ? La journaliste, elle-même, ne s’y est pas trompée : cette position du bloggeur, «c’est de l’eau apportée au moulin des partisans de la loi ». En effet : résultat désastreux garanti.
BiBi n’est pas un hors-la-loi (d’ailleurs, il n’y a pas de lieu où la loi n’existe pas). La transgression d’une loi, c’est encore être dans la loi. Que le blog soit un interstice de liberté possible, BiBi le reconnaît et veut le défendre, le consolider (en tenue de blog individuel et en action/soutien collectifs : BiBi soutient par exemple Olivier Bonnet de Plume de Presse dans son combat). Que le blog devienne, essaye de devenir, tant bien que mal, un lieu où l’on combat une certaine idée rétrograde et dangereuse du Monde, BiBi est là encore en total accord. Mais continuer à proclamer l’absence de limites dans la tenue d’un blog serait, en bout de chaine, un désastre. Nous savons combien le Pouvoir manque de prise sur cet espace et combien il enrage d’y voir son impuissance. Malgré ses efforts à mettre au pas une certaine partie importante de la blogosphère, le rapport des forces ne lui est encore pas (pour l’instant…) favorable. A persister à dire que, dans cet espace, il n’y a pas de limites, conduirait à aider ces mêmes Puissants en leur donnant des bâtons pour nous faire battre.
PS : Mtislav répond à mon questionnement sur son blog. Puisse le débat continuer en toute sérénité. http://mtislav.blogspot.com/2009/09/leffet-desastreux-de-linconscience-dun.html
Belle réflexion, bravo Bibi 😉
Merci Céleste : BiBi est au septième Ciel ! 🙂
Une totale liberté ? Alors que tous les blogs sont soumis à la loi de la presse (Injure et Diffamation) même celui qui parle de cuisine et d’aquarelle. Liberté avec Epée de Damoclès.
Ce qui m’ennuie dans ce billet, qui pourrait être juste, c’est que Mtislav et son blog ne collent pas du tout à ta démonstration. L’auteur de l’article l’a sans doute cité hors contexte. Mtislav est un blogueur cultivé, plein de finesse, qui sait parfaitement tout ce qu’écrire signifie.
BiBi a hésité avant de parler nommément de Mtislav mais l’article de Backchich et ses paroles rapportées n’avaient pas été contestées ni par lui, ni par d’autres.
BiBi a quand même précisé 1. que ce n’était pas la personne Mtislav qui était en question mais bien ce qu’il disait et BiBi rajoute que 2. BiBi ne réduit pas Mtislav ( et quiconque)à ses paroles (si malheureuses soient-elles et les siennes l’étaient).
Merci de tes précisions, Coucou.
BiBi ira voir son site… Si Mtislav veut écrire un mot sur l’article de BiBi, c’est volontiers que BiBi lui laissera tout l’espace qu’il souhaite.
Il reste que le blog n’est pas pour moi un lieu de transgression sans limites.
Remerciements réitérés pour le soutien !