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Il y a quelques années, BiBi était tombé sur les écrits de Richard Millet, écrivain. «Le sentiment de la Langue» contenait de courtes incises sur son rapport à la langue française. Le livre – pas dépourvu d’originalité – sombrait parfois dans les pires parti-pris : haine des discours minoritaires (page 120 tome 1), incapacité nietzschéenne à rire de sa propre œuvre (page 124), dézingage de Michaux, de Le Clézio, d’Echenoz, fascination pour le Risible, la Mélancolie, le «Rien» etc. La semaine dernière, Richard MILLET, invité du Point, y a écrit un long article, détaillant sa promenade avec Nicolas Sarkozy, le jour de la Célébration de Jeanne d’Arc. Evidemment, BiBi ne pouvait manquer une si belle occasion de les suivre pas à pas.
Richard, la Pleureuse mal aimée.
Dans un autre numéro du Point (novembre 2010), l’écrivain s’auto-analysant, rajoutait la victimisation à son curriculum vitae. Pas gêné du tout, il jouait à se catégoriser (on n’est jamais si bien servi que par soi-même) : «Je suis réprouvé, prétendu mal-pensant, donc «puni» par le politiquement correct (…). On veut ma mort économique, ne pouvant m’atteindre symboliquement : mes derniers livres sont boycottés par la plupart des journaux, notamment les suppléments littéraires de la presse socialo-gaucho-petite-bourgeoise…». Belles paroles extraites du Point, qui – comme chacun sait – est un hebdo politiquement très incorrect tenu par un Capitaine d’industrie politiquement très incorrect, très hors-la-loi (François Pinault) etc.
Troïka.
On avait Yann Moix la Hyène (au Figaro-Dassault), on a découvert récemment Patrick Besson (Le Point-Pinault), voilà donc Richard Millet (re-Point-Pinault). Politiquement incorrects, nos Chiens de Garde trouvent pourtant leur niche d’écriture dans les Journaux très normosés. Bah, ce ne sont pas les premiers et pas les derniers à vouloir nous rouler dans leur farine.
Richard, compagnon de Jeanne & Nicolas.
Depuis ces deux livres de 1986, BiBi n’avait plus jamais entendu parler de Millet (si ce n’est de son homonyme Catherine). Et voilà qu’il tombe sur un des récents numéros du Point où le pleurnichard Richard, invité de l’hebdo, accompagne et détaille sa promenade avec Nicolas Sarkozy le jour de la célébration élyséenne de Jeanne d’Arc.
Que le Grand Intellectuel Nicolas Sarkozy soit honorée d’une telle présence «littéraire», comment s’en étonner ? En trois années, avec tout le boulot qu’il a, notre Président a réussi à passer avec succès des Œuvres Complètes de Didier Barbelivien à – tenez-vous bien – John Steinbeck («Ah, il me fait sentir la poussière de l’Alabama et le parfum des orangeraies de Californie»), à «Braise» de Sandor Marai («si supérieur à Zweig»), à l’«Ensorcelée» de Barbey d’Aurevilly, et au film «Le Jardin des Finzi-Contini» (avec ce rajout : «Micol, c’est Carla»). Prodigieux, n’est-ce pas?
Piteuse Manip’
BiBi voit très bien les dessous de cette piteuse Manip’ et pauvre Opération politique qui consiste à faire émerger le Nouveau Sarkozy en répétant avec force : «Sarkozy n’est pas le Président bling-bling que vous croyez : il a changé». Donc, il est fin prêt, voyez-vous, pour un second mandat.
Citer des écrivains à la limite du connu et du reconnu est du plus bel effet et en impose. Ben oui, BiBi avoue, BiBi baisse la tête, BiBi est inculte, il ne peut rivaliser avec ces deux géniaux intellectuels : BiBi ignore qui est Sandor Marai (Pardon ! Pardon !), BiBi n’a jamais croisé Barbey et même s’il a lu Les Raisins de la Colère, Tortilla Flat ou Des souris et des Hommes de Steinbeck, il n’y a jamais senti les odeurs d’oranges californiennes (Pardon! Pardon !). Tête d’ignare que celle de BiBi ! Tête bien faite que la vôtre, cher Nicolas ! Et pour Monsieur Richard, chapeau bas, chapeau très bas devant votre immense Culculture.
Dans les interventions de Sarkozy au sujet d’Art de Culture, de Littérature ou de Cinéma, BiBi a remarqué que Sarkozy n’use jamais de longues argumentations. Il ne développe pas son opinion : il la clame uniquement sous forme de slogan. Catherine Pégard, Conseillère Com alors à l’Elysée, nous avait déjà fait le même coup. Elle nous assurait que Sarkozy était capable de parler des heures du «désir dans l’œuvre de Proust». Mais qui peut croire sérieusement que Sarkozy puisse parler du désir dans l’œuvre de Proust – ne serait-ce qu’une minute ? Et pis d’abord, tout occupé à gérer la Crise et sa perte des Trois A, notre Chouchou n’aurait – de toutes façons – pas eu le temps.
L’Hypothèse-Carla.
Carla est son mentor intellectuel. Voilà comment ça se passe : Carla lit les livres, elle en fait ensuite de courts résumés que Nicolas s’empresse d’apprendre par cœur. Et ensuite il ressert tout ça, en se pavanant, dans ses «rencontres culturelles». Pas beau, ça ?
Revenons sur le film dont Sarkozy tresse des louanges, film inconnu de BiBi – celui de Vittorio de Sica («Le Jardin des Finzi-Contini»). Pour éblouir notre Richard-grand-Intellectuel, notre Président avance un jugement sur l’héroïne (jugement de connivence) : «Micol – l’héroïne – c’est Carla». Pas de doute, hein ? Sarkozy a vu le film. Qui irait le contester ? Et il peut en parler avec un vrai Intellectuel et… en tête à tête ! (Intertitre du Point). Gommée l’admiration pour Mireille Mathieu ! Éliminée les célébrations de Christian Clavier et autres Bigard ! Vittorio de Sica, nom de Dieu, c’est du sérieux !
A suivre : « Le Corps de Sarkozy et la Génuflexion de Richard Millet » (2)
Un détail qui vaut l’ensemble: « Je suis (…) prétendu mal pensant »… Dans ce cas de prétention Monsieur Millet inutile d’écrire !