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Ces socialistes ne sont pas tout-d’un-bloc : ils voient dans le Réel hollandiste des choses qui fâchent, des impasses, des directives sur lesquelles ils ne sont pas d’accord. Sur le plan national, il y a ces frondeurs et leurs gesticulations politiques (Gérard Filoche). Dans notre vie de tous les jours, il suffit d’ouvrir les yeux et d’entendre (quand, mortifiés, ils ne se taisent pas) amis, collègues de travail, habitants du quartier etc.
Ce simple sympathisant, ce socialiste de cœur dont je parle, est celui qui tweete comme celui qui – en désespoir de cause – va aux réunions HéOh la Gauche (quand il y en a), qui hausse les épaules devant les mouvements de Nuit Debout, qui – au pire – défend mordicus les miraculeux chiffres du chômage quand les Economistes de Bercy le décident. Tous ceux-là ne veulent évidemment pas prêter le flanc à leurs adversaires. On pourrait leur crier «Bravo pour votre tenacité ! Bravo pour votre courage !». Mais… voyons d’un peu plus près ces adversaires.
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Ces adversaires sont au nombre de trois.
Déjà au soir du 21 avril 2002 (14 ans déjà !) on eut droit aux larmes, aux crises de nerfs, aux incompréhensions qui furent vite effacées par des arguments-massues. Si Jospin avait été battu, ce fut la faute de cette pléthore de candidats de la vilaine gauche qui poussèrent «objectivement» (on aime bien faire de la soupe marxiste dans ces cas-là) au Désastre. Gageons qu’au lendemain de la punition 2017, les arguments socialistes seront les mêmes : la faute à Mélenchon, le Diviseur. La faute au Hollande Bashing (sans fondements évidemment). Mais 2017 n’est pas la répétition de 2002. De plus en plus s’accroît le chômage, s’étend la précarité. De plus en plus se dégradent les conditions de vie des français. Et ces transformations vers le pire entraînent de la colère, des protestations, des mouvements moqués par le PS (voir, lire, entendre leurs anathèmes jetés sur la Nuit Debout) et à qui on oppose une violence policière jamais vue et la reconduction de l’Etat d’Urgence.
Rajoutons à tout cela que la candidature de Jean-Luc Mélenchon a pris les Socialistes (et hélas la Direction du Parti Communiste) à rebrousse-poil. Une candidature 2017 qui risque de recueillir autant de voix que celle du candidat PS. D’où panique au Parti Socialiste (comment promouvoir des Primaires ?), d’où S.O.S des députés PS qui ne retrouveront pas leurs postes d’élus, d’où consternation silencieuse chez les groupi(e)s.
Revenons à nos groupi(e)s : ils doivent bien ressentir quelques aigreurs intestines sous les coups de boutoir de la réalité. Mais, pour eux, rassurez-vous, tout ceci est vite surmonté.
Pourquoi est-ce surmonté ? Pour quelles raisons ne reconnaissent-ils pas qu’il faut une autre politique, qu’il leur faut arrêter cette idolâtrie enfantine (avant-hier Mitterrand, hier Valls, aujourd’hui Macron), qu’il leur faut faire le grand ménage, quitter ce troupeau consensuel, admettre l’ouverture au nouveau ? Oui pourquoi cette «volonté de ne pas savoir» ?
C’est que l’«habitus» et ses régulations (dont nous parle une certaine sociologie) reprennent le dessus. Le dessus ? Toujours une propension spontanée (propre aux classes moyennes qui votent socialiste) à adhérer au Monde dans le classement suivant : il y a le Centre-Droit (baptisé par eux, la «Droite») et il y a le Centre-Gauche (baptisée par les mêmes, la «Gauche»). Hors cela ? Les vilains populistes, les méchants extrémistes renvoyés dos à dos.
Dans ce bourbier consensuel «Droite»«Gauche», ils sont bien entendu accompagnés par les Médias (et par leurs «journalistes», et par leurs éditocrates, et par leurs rédac-chefs, et par leurs experts etc qui ont, eux aussi, incorporés jusqu’au trognon l’idéologie libérale).
Je l’ai souligné en une autre occasion (voir billet), ces choix-là ne relèvent pas tant, à proprement parler, «d’une décision rationnelle et réfléchie d’ignorer les aspects dérangeants de la réalité, que d’une compétence pratique, une forme de savoir-être commandée en profondeur par les intérêts les plus incorporés». C’est que ce sens pratique prédispose ces socialistes à ne percevoir, à ne ressentir, à n’examiner, à ne rechercher que ce qui les agrée et que ce qui les gratifie. Et bien sur, ce sens pratique tient à distance, élude, contourne, gomme toute interaction ou situation qui aurait «une grande probabilité objective de contredire le rapport personnel qu’ils ont avec eux-mêmes et avec le monde qu’ils ont construit» (Alain Accardo). Ces socialistes peuvent être embêtés, déstabilisés, mortifiés, ils occuperont toujours la niche de leurs Maitres-ès-Politique).
Voilà pourquoi, hélas, il y aura toujours – retour à mon titre de billet – il y aura toujours des Socialistes.
Comme il y aura toujours des moutons.
Je constate que cette sauterie Hé oh la gauche t’a fait réagir… Ma réaction arrive, j’ai tardé tant j’ai l’impression de me répéter 😉
Les cinq élections intermédiaires depuis 2012 ont été autant de « plans sociaux » de grande ampleur pour les fauxcialistes professionnels.
2017 ne changera rien aux habitudes. Et ça va encore leur faire mal au fondement. Mais ça ne va pas leur servir de leçon. Se souvenir de 2002 comme de pas mal d’autres branlées où les fauxcialistes ont été étrillés sévèrement.
Qu’ils crèvent la gueule ouverte !
Le parti « socialiste » est magique, il parvient à décevoir même quand on n’en attend plus rien. Je suis stupéfait par la niaiserie infantile du slogan « Eh, oh, la gauche ! ». Tant qu’à être dans ce registre, je propose : « Nan mais allô, quoi, la gauche ! ».
Le socialisme conduit à l’échec ou à la trahison quand il est en concurrence avec le capitalisme:
http://revueperiode.net/stalinisme-et-capital-economie-politique-dun-effondrement/
Pour sortir du capitalisme, il faudra « réaction » alternative ou adaptative qui n’émergera (comme pour le climat) que face à une catastrophe imminente.
@RobertSpire
D’accord avec toi sauf sur les réactions populaires qui ne seraient effectives que « face à une catastrophe imminente ». Pas sur que les classes populaires s’unissent face à cette catastrophe. Des pans entiers peuvent se dévoyer vers d’autres partis qui sentent plutôt mauvais.
« Pas sûr » effectivement, j’essayais d’être un peu optimiste! 🙂
Pour se détendre il y a ce petit jeu en ligne, taper sur les touches noires:
http://www.orbis-somnium.com/finkielkraut/