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Reste la rage.
Il y a l’analyse posée, la réflexion qui prend du temps, la collecte d’informations et au bout l’assemblage, les morceaux qu’on recolle. On lève le voile sur ce monde tel qu’il est, on revisite les fondamentaux de nos représentations, on voit poindre les éclairages qui prennent sens. Et au final, nous reste la Rage. La rage née, grandissante de ne pas très bien savoir précisément quelles formes concrètes doit prendre notre indignation. C’est qu’il n’y a pas de manuel anticapitaliste prémâché, pas de recettes toutes prêtes. Alors comment s’inventer des nouvelles formes qui mordent aux chevilles des Puissants ? Comment participer en Utopiste indécrottable à un nouvel art de vivre ? Tout bonnement : comment sortir la tête de ce merdier et que faire ? Il y a de bien pauvres réponses : 1. du merdier, on n’en sort pas. 2. quant au faire, on fait sans trop savoir ce qu’on fait. Puis, désabusées, on lit… avant de balayer d’un revers de main tout ce qui va suivre, tout ce qu’on va lire.
Et au final, hébétés, désenchantés, un tantinet lucides, il nous reste les crocs, la rage, il nous reste le qui-vive.
«Pour entrer dans le club des plus riches, l’argent n’est pas une condition suffisante. L’argent doit s’allier, pour sa propre légitimation, avec de la richesse culturelle, de la richesse sociale et de la richesse symbolique, ce prestige qui vient parachever l’appartenance au «grand monde». (Pinçon p.139)
«Ce qui est important pour les riches, c’est de transmettre leur richesse et leur patrimoine à leur descendance et de créer de nouvelles dynasties familiales comme les Lagardère, les Bouygues, Pinault ou les Arnault qui viendront s’allier aux lignées les plus anciennes comme les Wendel ou les Taittinger».
«Au siège de la holding Les Echos, Bernard Arnault a envoyé son fils Antoine, 35 ans. Ancien dircom de Louis Vuitton, directeur général des chaussures Berluti, célèbre grâce à Roland Dumas, Antoine poursuit son ascension dans les médias ; il a repris en mai 2012 le fauteuil de son père au Conseil de Surveillance du Groupe Lagardère. Le petit promet. D’ailleurs, avec sa sœur Delphine, ils sont devenus bons copains avec Xavier Niel». (Jean Stern p.142)
«Au cœur des trois holdings de Pinault – la Financière Pinault, Artemis et Misarte – il y a les trois enfants de la famille : François-Henri, le patron de PPR, Laurence et Dominique, avocat de formation, refugié fiscal en Suisse». (p.147. Jean Stern).
«L’«argument» de la «nature du peuple français» est très présent dans les médias lors des mouvements de contestation des réformes néolibérales. Les philosophes nomment cela l’essentialisme, c’est-à-dire qu’il est attribué à un groupe d’individus, ici aux opposants, une essence particulière qui expliquerait leurs actions, une nature qui les pousserait à agir ainsi. (…) Ces raisons ne sont plus basées sur la réflexion mais, en quelque sorte, sur des réflexes ou des réactions. On occulte alors les raisons de l’opposition et le débat de fond est escamoté». (Thierry Guilbert. p.100 et svtes)
Qu’on s’arrête sur ces expressions qui accompagnent le quotidien médiatique : «le mal français» fait de «blocages» et de «rigidités» en matière d’ «adaptation» de notre «modèle social» et de la «modernisation de l’Etat». Qu’on s’arrête sur ce lexique néo-libéral, sur les amalgames pour justifier des «réformes», poisons distillés à longueur de journée : «le handicap français», «le bon/mauvais élève de la classe européenne», «l’homme malade de l’Europe», «la marginalisation de la France dans le concert européen», «le français fuit les réformes et les réalités». Ah ces alternatives non-explicitées ! Celle-ci par exemple tiré de la grande presse économique où on se laisse au citoyen ce choix-là : «soit le chômage, soit la flexibilité. C’est-à-dire être embauché avec un contrat précaire et en étant peu payé ou bien ne pas avoir de travail » (Thierry Guilbert. p.122)
Les mots du vocabulaire néolibéral. On ne dit pas «chômeur» mais «sans-emploi», l’allocation chômage devient «l’allocation d’aide au recours à l’emploi». Le plan de licenciement s’appelle «plan de sauvegarde de l’emploi». (Pinçon p.154)
«Une des plumes de François Hollande, Paul Bernard, est l’ancien directeur de cabinet de Maurice Lévy. Publicis Consultants peut ainsi conseiller et défendre des politiciens se réclamant des valeurs de la gauche après avoir fait ce travail pour le précédent gouvernement, celui de François Fillon» (Pinçon p.150)
Le 14 juillet 2006, en présence de DSK, Valls, Claude Bartolone, Sarkozy remet la légion d’honneur à Stéphane Richard : «Stéphane, t’es riche, t’as une belle maison, t’as fait fortune… Peut-être plus tard y parviendrai-je moi-même… C’est la France que j’aime». (Pinçon p.86)
Les grands groupes comme BNP Paribas, Total ou LVMH ont tous des filiales dans les paradis fiscaux (p.53). L’argent des paradis fiscaux prive l’Etat français de 40 milliards d’euros par an » (Pinçot. p.51).
«La critique du système capitaliste ne peut pas s’en tenir aux méthodes traditionnelles de la lutte économique et politique et se contenter de mettre en cause les structures objectives de l’ordre établi mais qu’elle doit en outre et en même temps, mettre en cause la part que nous prenons personnellement, même et surtout si ce n’est pas intentionnel, à la «bonne» marche de l’ensemble. Ce retour réflexif de la critique su système sur elle-même est difficile… » (p.34 Alain Accardo).
«On peut ici évoquer la facilité avec laquelle tant d’étudiants «gauchistes» de Mai 68 sont rentrés dans le rang et se sont intégrés avec bonheur à un système dont ils avaient si furieusement critiqué le fonctionnement ». (p.35 Alain Accardo).
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Et pour finir, un petit encouragement à ceux/celles qui luttent, ce bel aphorisme de Georges Haldas : «Ouvrir les yeux pour regarder la réalité en face. Et les fermer pour reprendre courage».
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Sources :
Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon «La Violence des Riches» (Editions Zones).
Jean Stern. «Les Patrons de la Presse Nationale» (Editions La Fabrique).
Thierry Guilbert « L’évidence du discours néolibéral» (Editions du Croquant).
Alain Accardo «De notre servitude involontaire». ((Editions Agone).
« Les mots du vocabulaire néolibéral. On ne dit pas «chômeur» mais «sans-emploi», l’allocation chômage devient «l’allocation d’aide au recours à l’emploi». Le plan de licenciement s’appelle «plan de sauvegarde de l’emploi». »
Et le pire de tous, «charges» pour «cotisations sociales»…
@JulienlApostat
Oui, toute une langue qui s’incruste et nous salit. Même après un grand bain de lectures.
Oui cette saloperie de LQR, la Lingua Quintae Republicae décortiquée dans un excellent bouquin d’Eric Hazan http://bit.ly/O5xJEp
D’abord se réapproprier le langage.
Arf !
Zgur_
C’est tellement évident que tu es toujours étonné que la masse de nos « compatriotes » comme ils disent ne comprenne pas qu’on nous bouffe la laine sur notre dos et qu’on se fout de notre gueule. + les communicants, les chiens de gardes et ceux qui suivent.
Merci Bibi !