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Le monde des intellectuels est évidemment un lieu de conflits féroces, de luttes haineuses, de guerre ouverte. Un simple coup d’œil sur ces trois extraits donnent une idée de ce champ de bataille de cette Présidentielle 2017. Le premier billet (ci-dessus avec sa dernière phrase ahurissante) a été accueilli par un journal comme Liberation sans commentaire (billet de Thomas Clerc), le second est un extrait de Télérama, le troisième est tiré de L’Express.
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A l’opposé, on peut aussi citer Annie Ernaux (entretien paru dans un de ses derniers livres).
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A quoi travaillent les Intellectuels en ces temps présents ? Voilà ce que je cherchais au hasard, feuilletant les dernières revues à la mode. Pensant ainsi, j’admets implicitement que je vois la vie intellectuelle sur le modèle de la mode (ici mon lieu de lecture est une grande bibliothèque municipale d’une ville de Droite). Ici-même, j’avais déjà surfé sur les numéros de GQ ,du Point, de L’Express (où officient les chiens de garde habituels, Patrick Besson, Christophe Barbier, BHL, Attali etc). Cette fois-ci, mon attention se porta sur la Revue Transfuge et sur ses trois derniers numéros (celui de novembre 2016, de janvier 2017 et d’avril 2017).
Tiens, voilà que passe un certain François Cusset qualifié de «brillant analyste de la Droitisation du Monde». Je jette un coup d’œil sur sa vision du monde politique. Chic ! Il s’attarde sur Jean-Luc Mélenchon. En des termes positifs (au début) : «Mélenchon est un tribun, un très bon orateur, le seul qui ne prenne pas dans l’arène politique les gens pour des crétins». Va pour JLM, c’est donc un beau-parleur, un gars sérieux qui pose sérieusement des questions sérieuses. Mais… ouh la la, arrive alors la drôle de valse des étiquettes : Mélenchon ? «C’est un bonapartiste de gauche, une sorte de néo-boulangiste». C’est qu’on est supposé connaître l’Histoire de France avec ce François, c’est qu’il nous faut savoir à quoi renvoie la notion (hum… ça sent la méchanceté) de bonapartiste de gauche ou encore savoir exactement qui était le Général Néo-Boulanger. Nous devons donc être à hauteur de la grande culture de ce Monsieur pour qu’on puisse le comprendre. Façon pour ce François de te dire, toi, lecteur inculte, si tu n’as pas pigé, tu peux abandonner la lecture et aller voir ailleurs. «T’es pas d’ma bande» comme le chantait Renaud.
Ce qui arrive souvent chez ces critiques, c’est que 1. je te donne des bons-points («Le programme de JLM est plus que les autres du côté de l’insolence et de la rupture» et 2. hop, j’enchaîne dans la même phrase : « …mais il reste de la même bande, l’oligarchie des «représentants», le fantasme des «granthommes». Et que, donc, n’est-ce pas, «il incarne comme les autres la politique par en-haut».
Tour parfait du Magicien ! Car que dit finalement notre François ? Hé bien que, lui, il n’est pas comme les autres, il parle comme hors de l’oligarchie (apprécions ce mot dans sa bouche), il est un petit homme, il n’appartient à aucune bande. Bref, qu’il est libre, libre penseur, quasi sans attache, sans racine, etc.etc.
Sauf que. Sauf que, analysant Macron, le voilà soudainement bien plus enthousiaste. Oh bien sur, son éloge du banquier ne se fait pas à la manière d’une vulgaire groupie. Ainsi écrit-il : «Voter Macron, c’est grotesque (…) mais (tout est dans le «mais») peut s’avérer nécessaire. (Avant de corriger à peine, prudence petite bourgeoise, avec un «Je ne sais pas».
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Un autre qui se dit libre, libre penseur («Je ne suis d’aucun camp» Transfuge de janvier 2017), c’est Yann Moix. Lui qui ne cesse de donner des bons et mauvais points chez Ruquier (et en d’autres temps, au Figaro), grand pote de BHL, le voilà qui se penche sur son livre «Terreur» et le classe lui-même. «C’est un essai sans dogmatisme, bâti sur la solitude, l’humilité, l’errance» car, bien sur, «penser, c’est créer, c’est se retrouver seul sur un chemin de traverse, avec le risque de se perdre».
Dans un passage suivant, et cela va de pair, notre Moix fustige tous ceux qui s’essayent à l’analyse, analyse qu’il assimile directo à de la… «pornographie» ! Haro donc sur le défilé de ces pornographes que sont les «islamologues, sociologues, politologues, historiologues, philologues et tous les «ogues» qui déploient des trésors de finesse pour analyser des choses» (ici le terrorisme). Bah, si tu le dis, Yann. Vieille lune donc de l’intellectuel hors-de-soi, dégagé de toute détermination, de toute contigence sociale, bonhomme qui va et qui vient, qui erre au Royaume des Idées, pas prisonnier mais libre, libre, si libre.
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Philippe Sollers, lui, s’attache plus particulièrement au «corps». (Transfuge n° de novembre 2016). D’un corps dont on pourrait penser que, lui aussi, dépend des contingences sociales et économiques – comme peuvent l’être les burn out, les suicides, les fatigues, les dépressions ou autres folies du XXIème siècle – Mais ce mot («corps») est élevé à un niveau inatteignable, à un niveau qui explique tout et qui ne souffre… d’aucune contestation. Un corps que Sollers nous présente ainsi : «Je suis un écrivain c’est-à-dire quelqu’un qui a un corps particulier (le qualificatif veut dire insaisissable, impossible à analyser, rebelle de part en part) et qui ressent les choses d’une façon physique. Ce physique interpelle, gêne le clergé intellectuel». On peut donc contester l’esprit mais le physique, lui, ne ment pas. Surtout le sien, hein ?
Bon, cher Philippe, que tu possèdes un corps de rebelle, une tenue et des manières de dandy, un fume-cigarette hors-classe ou très classe, pourquoi pas ? Mais permets-moi de poser ici deux photographies de ton corps. Ici, droit, complice, charmeur et charmant, à hauteur de Liliane Bettencourt, et là, avec le Pape Jean-Paul II (ce n’est pas ton Mao Tsé Toung des années 70 mais ta génuflexion est inchangée). Et comme tout béni (oui-oui) qui se respecte, ce sont les autres que tu classes en Clergé (avec, bien entendu, la bénédiction de 40 années de présence dans les-journaux-hebdos-mensuels-revues-chroniques radio-etc). Et l’intellectuel visé reste ce si vilain Pierre Bourdieu qui écrivit sur toi «un document stalinien» et que «la tribu enseignante qui se voulait progressiste» pleura avec moult sanglots au début des années 2000. Pas encore passée cette épine dans la gorge 15 ans après. Un peu comme Edwy Plenel bien énervé quand on lui rapporte ses propos en justice sur Denis Robert (2006 !)
Alors, errant sur son chemin de croix, victime des diaboliques sociologues (ou sociopathes), Sollers peut conclure à la «désagrégation de toute la métaphysique occidentale». Amen.
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Un autre intellectuel qui adopte des manières similaires, c’est Jacques-Alain Miller, psychanalyste de renom, héritier de Lacan. Comme beaucoup de psychanalystes, il a signé l’appel contre Marine Le Pen. Pourquoi pas ? Le danger existe, qui ira le contester ? Mais quand on se rapporte à l’article qu’il a écrit en date du 20 mars, on fronce quelque peu les sourcils à la lecture :
«Se rendre à l’évidence» : voilà qui prête à sourire quand on sait que le bonhomme est un psychanalyste avisé et que son travail justement est de ne pas être dupe des évidences amenées par ses patients, de ne pas les prendre pour argent comptant, de les travailler avec lui. De plus, c’est l’évidence pour qui ? Pour ceux et celles qui pensent-par-sondage, ces sondages qui fabriquent de la «réalité» disant déjà que Macron et Le Pen seront au second tour et qu’il faut donc voter utile (Macron) pour sauver la République. Certes, Jacques-Alain Miller ne le dit pas comme Valls hier ou comme De Rugy avant-hier, mais, devinez qui est derrière sa haine ? Je vous le donne en mille(r) : la haine est dirigée contre «le noyau pur et dur de la gauche». Là, cela devient bel et bien son…évidence : c’est la Gauche de gauche. Et sur quoi se fonde tout son raisonnement ? Sur un seul propos d’une lectrice de Mediapart – supportrice de Mélenchon ? – qui jouirait d’avance à voir Marine LePen élue au premier tour.
Bon, allez, je vous quitte : je m’en vais m’allonger sur le Divan.
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quand j’ai vu yann moix sous la rubrique intellectuel, j’ai failli m’étrangler…
Écoute de la Musique Bibi ça ira mieux et mes amitiés et respects à Denis Roro et à Meluche derniers des grands Mohicans.Moi c’est crise d’Outkast au casque.
Oui, on pense aux larmes de Sartre conscient de sa classe sociale donc sincèrement ému que les flics ne l’embarquent pas avec les ouvriers. Autre temps, autre époque qui amorçait déjà la médiocrité. Intellectuels ?! Ils sont en adéquation avec les journalistes, les politiques…
Le néant sans l’être …
@Gédécé
Quand tu essayes d’analyser le champ intellectuel, tu te rends compte que ce Yann Moix ( comme d’autres de son genre – intellectuel médiatique ou/et intellectuel de cour) occupe pour une grande part le terrain. Donc, que je l’inclus dans mon analyse n’est pas une erreur : il est là, il s’agite TV-Radio-Revue (avec son grand ami BHL)-Comité littéraire-Journaux-Chroniqueur au Figaro etc. Mais si tu prends la notion d’intellectuel hors le cognitif, oui, on peut en rire.
@BourgeoiseBohême
La musique n’adoucit pas forcément mes moeurs, mes pensées-bibi.
Mais elle reste indispensable.
@bibi : tu n’avais aucunement à te justifier. je connais ton sérieux et ta rigueur. C’est juste que j’ai de la fonction d’intellectuel une conception plus noble. Moix n’est qu’un cabotin qui assène ses seules certitudes personnelles, sans la moindre préoccupation de confronter ses idées avec d’autres et de débattre, puisque seules ses perceptions sont les bonnes, les autres étant des cons.
@GédéCé
Sur celui qui prend les autres pour des cons et des connes, voilà deux anciens bibillets sur ce « cabotin » qui a la haine aux lèvres.
http://bit.ly/198daTD
http://www.pensezbibi.com/categories/revue-de-presse/yann-la-hyene-987
Le plus grave est que ces pantins starisés, qui se croient les porte-paroles de l’intelligence, génèrent dans la société une critique des plus crétine: droitisée et raciste.
@RobertSpire
Et souvent à partir de positions qui suintent le « racisme de l’intelligence » comme le nommait Pierre Bourdieu à juste titre.
Hors sol, Yann Moix ? Carrément aéroponique, oui.
[…] Cette tourmente électorale a fait une autre victime, le cercle habituel des intellectuels de profession. Ces derniers pullulent encore sur les plateaux, ils multiplient encore les tribunes sur l’avenir ou la réalité politique du pays, mais qui les écoutent ? Qui les lit ? […]
Pitaing,j’en ai marre des intellos, mais d’une force que si on avait idée on pourrait mesurer l’infini avec une simple règle à calcul.
@lediazec
ça dépend lesquels.